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I found myself in Wonderland.

Le roi se meurt d’Eugène Ionesco

Classé dans : Avis littéraires — 23 août 2015 @ 22 h 43 min

Le roi se meurt Genre : Théâtre

Editeur : Folio

Année de sortie : 2009

Nombre de pages : 137

Synopsis : MARGUERITE, se dirigeant vers le Roi : Sire, je dois vous mettre au courant.

MARIE : Non, taisez-vous.

MARGUERITE, à Marie : Taisez-vous.

MARIE, au Roi : Ce n’est pas vrai ce qu’elle dit.

LE ROI : Au courant de quoi ? Qu’est-ce qui n’est pas vrai ? Marie, pourquoi cet air désolé ? Que vous arrive-t-il ?

MARGUERITE, au Roi : Sire, on doit vous annoncer que vous allez mourir.

LE MÉDECIN : Hélas, oui, Majesté.

 

Avis :Je vais normalement étudier cette pièce dans l’année qui vient, donc je l’ai lu, histoire de voir ce que cela donne. J’avoue que j’avais un peu peur de ne pas aimer, surtout que le théâtre de l’absurde n’est pas du tout mon truc !

Dès le début, on comprend que la pièce sera spéciale. La présentation des personnages n’est pas du tout classique, et leur entrée est absurde. Ils entrent et sortent aussitôt. Quand ils sont tous sur scène, ils commencent à parler d’un personnage qui n’est pas encore présent : le Roi, qui se meurt sans le savoir. Derrière l’absurdité de l’histoire d’un roi qui n’accepte pas de mourir et de ne plus rien contrôler, le lecteur peut voir une métaphore du temps qui passe sans qu’on le voit, de l’éphémère existence de l’homme qui ne dure que deux minutes sur une Terre vieille de plusieurs milliards d’années. Sont évoqués le souvenir et la mémoire d’un homme qui meurt : qui se souviendra de lui ? Est-ce qu’il restera quelque chose ? Est-ce qu’il n’y a vraiment rien à faire pour survivre ? Cela fait réfléchir le lecteur, et lui fait prendre conscience, si ce n’est pas déjà fait, de l’insignifiance de la vie humaine comparée à celle de l’univers. Certes, le Roi a accompli de hauts faits : mais il a aussi tout laissé se flétrir, il a tout négligé ensuite, et se retrouve mourant avec un royaume ridicule. Toute la pièce se déroule en huis-clos, avec un décor simple, ce qui intensifie la portée des mots.

Les personnages m’ont semblé bien refléter la nature humaine : le Roi nie la mort aussi fort qu’il le peut. Il passe par toutes les étapes du deuil, ou par toutes celle de la mort, et se rend aussi ridicule que possible. Il refuse de perdre le contrôle qu’il avait sur les choses, et se prend pour un dieu. Il pense que la nature doit lui obéir, et que s’il dit au soleil de se montrer, il apparaîtra comme par magie. Il pense qu’il peut contrôler le moment de sa mort, que c’est lui qui choisira de s’éteindre dans un siècle, deux, dix, quatre-cents, et ne se rend compte que trop tard que la fin est proche. Marguerite, la première femme du Roi, tente de le raisonner comme elle peut et de lui faire comprendre qu’il ne peut rien faire contre la mort. Elle peut passer pour l’oiseau de mauvaise augure, mais je trouve surtout qu’elle est la plus réaliste et la plus terre-à-terre des femmes du roi. Elle a voulu le préparer, mais n’en a pas eu l’occasion, et maintenant, elle veut l’accompagner dans sa descente, et même le forcer à tomber. Marie, la seconde reine, est plus jeune, et beaucoup plus irrationnelle et fleur bleue. Elle influence le Roi en lui montrant qu’elle l’aime toujours, et qu’il peut toujours tout contrôler tant qu’il a assez de volonté pour ça. Elle passe pour l’amoureuse désespérée qui voudrait que son Roi reste éternellement jeune, comme elle. Le Médecin, qui exerce plusieurs métiers assez incompatibles, se range du côté de Marguerite, et tente de forcer le Roi à se rendre à l’évidence. Il constate la décadence du personnage principal et annonce qu’il n’y a rien à faire. Juliette est comme une aide pour les autres personnages : elle sert le Roi, et constate elle aussi qu’il n’est plus le même. Elle est un peu celle qui donne l’avis du peuple en général. Elle est aussi la seule à sortir de scène pour aller dans le monde extérieur, où elle est censée agir, ce que les autres personnages ne peuvent pas faire. Le Garde annonce ce qui se dit dans la pièce, et la répétition que cela engendre est assez comique. Il commente les actions du Roi, comme lorsqu’il tombe, ce qui a un effet (de répétition et de comique de situation) sur le lecteur et le public.

La fin est prévisible, absurde. La disparition est très rapide, tout change en peu de temps, et avant que le lecteur ait pu s’en rendre compte, c’est fini. Finalement, celle qui accompagne le Roi jusqu’à la fin n’est pas la reine à laquelle on peut s’attendre, au vu de la pièce toute entière.

 

En définitive, une pièce du théâtre de l’absurde que j’ai apprécié grâce à la réflexion qu’elle offre au lecteur sur la mémoire, le deuil, l’acceptation de la mort et du peu de temps dont l’homme dispose. Une pièce représentative du théâtre moderne.

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