Mithridate de Racine
Editeur : Folio
Année de sortie : 2012
Nombre de pages : 116
Synopsis : MITHRIDATE : J’ai vengé l’Univers autant que je l’ai pu.
La Mort dans ce projet m’a seule interrompu.
Ennemi des Romains, et de la Tyrannie,
Je n’ai point de leur joug subi l’ignominie.
Et j’ose me flatter, qu’entre les Noms fameux,
Qu’une pareille haine a signalés contre eux,
Nul ne leur a plus fait acheter la victoire,
Et de jours malheureux plus rempli leur Histoire.
Le ciel n’a pas voulu, qu’achevant mon dessein
Rome en cendre me vît expirer dans son sein.
Mais au moins quelque joie en mourant me console.
J’expire environné d’Ennemis, que j’immole.
Dans leur sang odieux j’ai pu tremper mes mains.
Et mes derniers regards ont vu fuir les Romains.
Avis : Dans un cours sur les rois, je dois normalement étudier cette pièce de Racine, avec la précédente chroniquée, Le Roi se meurt de Ionesco, et Le Roi Lear de Shakespeare. Comme j’aime beaucoup Racine, la lecture de cette œuvre s’annonçait très bien.
On pourrait penser que les classiques ne nous réservent plus de surprise, car ils sont connus de tous et que leurs formules sont toujours les mêmes. Pourtant, j’ai été surprise par cette pièce ! C’est la première tragédie que je lis de Racine qui se finit à peu près « bien ». Il n’y a pas d’effusion de sang et de morts successives comme dans Phèdre par exemple, où la majorité des personnages, principaux et secondaires, meurt. Dans cette pièce, le lecteur assiste à l’éclosion d’un amour, mais aussi à la lutte d’un père qui a le choix entre faire son propre bonheur ou celui de son fils. Cela donne, comme d’habitude avec les maîtres de la tragédie, à des vers sublimes, harmonieux, qui transpercent le lecteur, et lui font goûter la musique de la poésie, en même temps que la profondeur des sentiments exprimés. De plus, pour moi, l’histoire de la pièce était à découvrir car je ne connaissais pas du tout celle de Mithridate et de ses fils.
Les personnages sont des extrêmes, comme souvent dans les pièces. Mithridate est roi et va se marier avec Monime. Il a deux fils, et se rend compte que l’un d’eux au moins est un traître. Le roi pense alors faire ce qui est juste, mais semble agir trop tard, comme toujours dans les tragédies. La fatalité le rattrape, et les Romains avec elle. Monime m’a un peu fait penser à Phèdre en beaucoup moins extrême et en beaucoup moins maudite ! Elle ne maîtrise pas du tout sa destinée, s’en remet aux mains du Roi qui peut faire ce qu’il veut d’elle. Elle aime en secret et finit par se confier à Phoedime. Elle finit par s’opposer au Roi. Xipharès, le premier fils, a l’air courageux et loyal, obéissant envers son père : jamais il ne penserait à le trahir. Il aime pourtant, et cet amour est contraire aux vœux de son père. Il devra, évidemment, en subir les conséquences. Pharnace est le traître de la pièce. Sitôt qu’il pense son père mort, il tente de s’approprier son Empire et d’épouser sa promise. Il se tourne vers les Romains, les Ennemis naturels de son père, sans le moindre état d’âme.
La fin est évidente, car il faut bien que quelqu’un meurt dans une tragédie, mais surprenante, parce que peu meurent. Elle laisse pourtant présager des temps difficiles pour les personnages survivants.
En définitive, une bonne pièce, avec une histoire à découvrir, et une écriture magnifique qui révèle bien la profondeur des sentiments humains.
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