Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Bérénice de Racine

Posté : 1 avril, 2014 @ 10:27 dans Avis littéraires | 1 commentaire »

Bérénice Genre : Classique, Théâtre

Editeur : Librio

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 66

Synopsis : « Vous êtes empereur, seigneurs, et vous pleurez. » Un empereur romain ne peut épouser une reine étrangère. Cette implacable loi plonge l’empereur Titus dans le désespoir le plus profond. Amoureux fou de Bérénice, reine de Palestine, il doit cependant se résoudre à la quitter. Sa décision est irrémédiable, il choisit d’assurer sa gloire. Mais à l’idée de l’annoncer à Bérénice, l’empereur chancelle … Représentée pour la première fois en 1670, cette pièce est l’un des plus grands succès de son auteur. Tout en respectant scrupuleusement les règles de la tragédie classique, elle étonne par sa modernité dramatique.

 

Avis : J’aime beaucoup la tragédie, qu’elle soit antique ou classique. J’en ai déjà beaucoup lues, celle-là pas encore, et je voulais la comparer avec celle de Corneille, Tite et Bérénice, que j’avais beaucoup aimée.

Le talent de Racine est indéniable : de magnifiques vers, un sujet tragique, des personnages et un décor antique. Le style est chantant, comme il doit l’être pour une bonne tragédie. On sent l’harmonie des vers, on entend la musique de chacun d’eux. Cela nous porte. On sent vraiment la virtuosité du dramaturge, que l’on peut aisément qualifier de poète. Certains vers sont si beaux qu’on se les répète en en appréciant la mélodie.

Le sujet antique est classique (on peut le dire) pour une tragédie. Titus ne peut pas épouser Bérénice, et elle ne le sait pas encore, elle, éperdue d’amour pour lui. Et lui, qui souffre comme jamais en sachant qu’il doit l’abandonner … Quelle tristesse tout le long du livre … On ne peut que déplorer les choix des différents personnages. Titus, qui ne sait pas prendre de décision claire, et qui semble préférer la gloire et l’empire à celle qu’il aime. Bérénice, qui ne comprend pas ce qui lui arrive et qui sera la dernière à le savoir. Antiochus, qui ne sait pas non plus faire un choix. En réalité, seule Bérénice sait ce qu’elle veut, et comprend peu à peu qu’elle ne l’obtiendra pas. Les hommes semblent se jouer d’elle, semblent se la disputer. Et elle ne peut rien faire. On sait bien sûr que cela finira mal, et pourtant, comme toujours, on s’imagine que ça pourrait bien finir, on se dit : « S’ils font ça, ça se passera bien, si elle lui dit ça, s’il lui dit ça … ». L’histoire est faite de « si » qui ne se réalisent pas. Et la tragédie avance sans que personne n’y puisse rien.

Le contexte est très bien expliqué. Rome ne supporte pas les rois depuis la Royauté et l’abus du dernier roi, Tarquin le Superbe, qui viola Lucrèce. Après que les Romains l’aient chassé, ils ne voulurent plus jamais de roi (l’empereur n’est pas un roi, il n’en porte pas le nom, même s’il a les mêmes pouvoirs). Et un empereur romain n’a pas le droit d’épouser une reine (exemples historiques : César, Marc-Antoine) ; Bérénice en est une. On comprend l’impossibilité de ce mariage, et la tragédie prend tout son sens.

 

En définitive, une belle pièce, tant par son sujet que par son style. Un classique à lire !

Médée suivi des Troyennes d’Euripide

Posté : 24 décembre, 2013 @ 5:29 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Médée suivi des TroyennesGenre : Théâtre

Editeur : Librio

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 94

Synopsis : « Une femme d’ordinaire est pleine de crainte, lâche au combat et à la vue du fer, mais quand on attente aux droits de sa couche, il n’y a pas d’âme plus altérée de sang. » Après le fabuleux voyage des Argonautes, Jason prend pour femme celle qui l’a tant aidé dans la conquête de la Toison d’or : Médée. De sang royal mais d’origine barbare, elle restera toujours l’étrangère à Corinthe. Est-ce la raison qui pousse Jason, dix ans plus tard, à rompre leur alliance pour une autre plus avantageuse avec la fille du roi Créon ? Outragée et délaissée avec ses deux fils, Médée est prête à tout. Rien n’arrêtera sa violence, et son intelligence redoutable sera au service de la pire cruauté … Première œuvre entièrement consacrée à Médée, la tragédie d’Euripide a donné à ce personnage mythologique une dimension telle qu’il ne cesse, encore aujourd’hui, d’inspirer les plus grands écrivains.

 

Avis : Comme j’aime beaucoup la mythologie grecque, je me suis intéressée à des mythes comme celui de Médée (j’avoue aussi qu’à cause de certains cours, je suis obligée de lire beaucoup de tragédies grecques …) Je connaissais vaguement l’histoire de Médée et Jason, mais ce livre m’en a encore appris plus. Par contre, je ne connaissais pas du tout la pièce des Troyennes.

Médée. Je comprends tout à fait la haine de Médée pour son mari : qui ne détesterait pas celui qui l’abandonne pour une autre alors que l’on n’a tout sacrifié pour lui ? Il est vrai que Médée est très intelligente : elle joue parfaitement la comédie, elle sait comment utiliser les poisons, comment les rendre indétectables et infliger une mort horrible à ses ennemis. La question de la justice est ici posée : est-ce que les ennemis de Médée mérite vraiment ce qui leur arrive ? Bien sûr, on ne peut pas transposer cette pièce à notre époque, on ne peut pas vraiment s’imaginer ce que cela peut avoir comme conséquences de se faire répudier dans l’Antiquité. De nos jours, chez certaines femmes, les hommes défilent, elles se marient cinquante fois, et cela ne dérange personne : elles font ce qu’elles veulent. Mais à l’époque, une femme n’a de valeur que par rapport à son mari. Lorsque Médée trahit son pays pour Jason, elle lui fait confiance, elle met sa vie entre ses mains. Et lorsqu’il la répudie, il l’anéantit complètement. Elle n’a plus aucune chance d’avoir une vie correcte après ça. Elle n’a nulle part où aller, elle n’a plus de famille à part ses deux fils, elle n’a pas d’alliés excepté Egée. Il est normal qu’elle veuille se venger : après tout, le roi et sa fille connaissent l’histoire de Jason et savent qu’il est marié. Elle peut paraître aveuglée par sa haine, mais l’on se rend compte que ce qu’elle fait est très réfléchi, qu’elle y a longtemps pensé avant de mettre son plan à exécution. Elle s’en prend à ceux qui l’on trahit, à ceux qui l’ont humilié de la pire des manières. Et lorsqu’elle massacre ses enfants, elle explique pourquoi. D’un côté, on peut penser qu’ils n’auront vraiment aucun avenir étant donné ce qu’a fait leur mère. D’un autre, comment une mère peut-elle massacrer ses enfants de cette façon juste pour se venger de son mari ? Ils sont quand même tout ce qui lui reste ! Je me suis aussi dit que son explication était faussée par le début de la pièce, lorsqu’elle regarde ses enfants avec haine : elle les tue peut-être simplement parce qu’elle ne supporte pas leur vue. On peut dire que cette façon d’agir n’est pas juste : eux n’ont pas mérité ça, même si leur mort a des répercussions sur Jason, qui n’a plus rien.

Les Troyennes. J’ai trouvé cette pièce très émouvante, comparée aux autres pièces antiques que j’ai déjà pu lire. La détresse des Troyennes est horrible, tout d’abord parce qu’elles n’ont rien fait pour mériter ça. Elles ne sont que les victimes d’Hélène, qui prétend avoir été enlevée par Pâris, alors qu’Hécube fait remarquer qu’elle n’a pas tenté de fuir de Troie, ni d’alerter quelqu’un pendant son enlèvement. Le désespoir des femmes est principalement exprimé par Hécube, qui a tout perdu : son royaume, son mari, ses enfants, sa dignité, sa liberté. Elle sera emmenée en esclavage en Grèce, comme les autres femmes. Le cas de plusieurs Troyennes célèbres est évoqué ici. L’on voit Andromaque être emmenée par le Grec qui l’a choisi. Son fils, Astyanax lui est arraché car il est susceptible de rebâtir Troie quand il sera plus grand, étant donné qu’il est le fils d’Hector. Leur séparation est vraiment émouvante. L’on s’imagine très bien la scène. Cassandre apparaît également, et je pense que son cas est particulièrement affreux : elle est une des prêtresses d’Apollon, mais il l’a maudite car elle s’est refusée à lui. Jamais personne ne l’écoutera et ne croira ce qu’elle dit. Ainsi, elle a juré d’être chaste toute sa vie, et elle prédit tout ce qui arrivera à Troie sans que personne ne l’écoute jamais. Elle voit également la mort de sa mère, la sienne et celle de celui qui va l’emmener en Grèce, Agamemnon. Elle voit même la malédiction des Atrides. Lorsqu’elle apparaît dans la pièce, tout le monde pense qu’elle est en délire total, alors qu’elle voit simplement l’avenir. Elle sera emmenée par Agamemnon qui la prend pour femme, et souhaite, évidemment, consommer son mariage. Ainsi, Cassandre se voit comme celle qui maudira la lignée des Atrides. Elle parle de sa mort par la hache, ainsi que de la vengeance d’un fils, Oreste, sur sa mère, Clytemnestre. Sa détermination est déchirante, parce que tout ce qui a constitué sa vie jusqu’à maintenant, elle doit l’abandonner. Enfin, l’on voit le sort d’Hélène, celle à cause de qui Troie a été détruite, qui est censée être mise à mort en Grèce sur ordre de son mari, Ménélas. En voyant cela, on peut se demander pourquoi la guerre de Troie a eue lieu, à quoi elle a servi, dans la mesure où à la fin, l’objet de la guerre est finalement détruit.

 

En définitive, deux pièces très instructives, dont la deuxième est vraiment émouvante. Je les conseille à ceux qui aiment la mythologie grecque, mais aussi à ceux qui s’interrogent sur la justice et l’intérêt de la guerre.  

L’Orestie : Agamemnon, Les Choéphores, Les Euménides d’Eschyle

Posté : 18 octobre, 2013 @ 8:03 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

L'Orestie : Agamemnon, Les Choéphores, Les Euménides d'Eschyle dans Avis littéraires couv24516833-180x300Genre : Théâtre

Editeur : GF

Année de sortie : 2001

Nombre de pages : 409

Synopsis : Elle est l’unique trilogie dramatique que l’Antiquité nous ait léguée. Elle est l’œuvre de l’aîné des trois grands tragiques athéniens. Elle témoigne de la souveraine maîtrise d’un poète qui fut aussi un metteur en scène sûr de ses moyens et de ses effets, composant et montant son spectacle à soixante ans passés, fort d’une expérience théâtrale sans égale. Ombre, sang et lumière : la scène est à Argos, dans le palais des Atrides … Agamemnon _ Où la chute de Troie est annoncée après une attente de dix ans. Où l’on assiste au retour triomphal du roi Agamemnon dans sa cité d’Argos. Où la captive Cassandre, prophétesse que nul ne croit, annonce sa mort. Où Clytemnestre tue son époux et en expose les raisons. Les Choéphores _ Où Electre prie sur la tombe de son père pour que se lève un vengeur. Où Oreste, son frère, revient dans son pays sur ordre d’Apollon. Où Clytemnestre est égorgée par son fils. Où les Erinyes, déesses de la vengeance, se déchainent contre Oreste. Les Euménides _ Où Oreste, purifié à Delphes, doit subir une longue errance. Où Athéna fonde un tribunal pour juger son acte. Où les Erinyes et Apollon opposent leurs conceptions du droit. Où les vieilles déesses, déboutées, deviennent les bienveillantes Euménides.

 

Avis : Dans le genre synopsis énervant, je pense qu’on ne fait pas mieux. Je ne me suis pas arrêtée à ça, et je me suis dit que, comme j’aimais la mythologie, il fallait que je me laisse porter par le texte. La couverture montre une main tenant une flèche, sans doute celle d’Apollon, ce qui montre l’importance de ce Dieu dans la vie des Atrides, maudits par le sacrilège subis par Thyeste et ses enfants.

J’ai bien aimé Agamemnon, même si la pièce est courte, et que le roi n’a pas le temps de revenir qu’il est déjà mort. Les personnages sont difficiles à imaginer : au théâtre, on ne les connait qu’à travers leurs paroles donc on a du mal à se faire une idée de ce à quoi ils ressemblent. Grâce aux mythes, on les connait déjà et on sait déjà comment cela se terminera, mais c’est intéressant de découvrir comment Eschyle raconte le mythe. Agamemnon est présenté comme un roi triomphant, et j’ai l’impression que l’on oublie un peu qu’il a donné sa fille, Iphigénie, en sacrifice à Artémis, pour apaiser la déesse du sacrilège qu’il avait commis. On ne parle pas de son crime, on le vénère comme un dieu, et même s’il refuse cet honneur, et qu’il regrette le sacrifice, il est tout de même coupable et personne ne l’accuse à part sa femme, Clytemnestre. Et même s’il a commis ce sacrifice pour la déesse, il a tout de même fait tué sa fille. Je comprends donc la réaction de la mère qui perd son enfant. Le crime de Clytemnestre est d’avoir trompé son mari avec Egisthe ; mais j’ai trouvé normal qu’elle venge la mort de sa fille. J’aime beaucoup le personnage de Cassandre : elle représente la victime des dieux, puisqu’elle s’est refusée à Apollon et qu’il la punit en lui laissant son don de prophétesse, mais en la maudissant : personne ne croit ce qu’elle dit. Elle sait donc tout ce qui arrive sans pouvoir avertir les personnes concernées, et elle ne peut pas non plus se prémunir contre sa propre mort, liée à celle d’Agamemnon. Je me souviens de la première fois où j’ai entendu parler d’elle : j’ai lu Le miroir de Cassandre de Bernard Werber, que je conseille à tous !!

Les Choéphores est basée sur les enfants d’Agamemnon, Electre et Oreste, qui vont décider de venger leur père. Oreste est fidèle à son père, comme sa sœur, et il sait qu’il est de son devoir de venger son père, tué par sa mère. Il sait qu’il a sacrifié sa sœur, mais, encore une fois, personne ne semble s’en soucier. Quand Clytemnestre essaie de lui en parler, il l’a fait taire en lui disant qu’il ne veut rien entendre. Dans la civilisation grecque, l’homme avait tous les droits : bien sûr, on ne peut pas juger cette civilisation par rapport à la nôtre, et ici, chacun doit être puni pour son crime. Ainsi, Oreste finit par tuer sa mère, ce qui revient en un cercle vicieux : chacun tue quelqu’un, donc chacun doit être puni en conséquence. Electre n’apparait qu’au début de la pièce, et ne reparait plus après avoir donné son avis sur la question : son père doit être vengé, sa mère est indigne de vivre, tout comme son amant Egisthe. Oreste est ensuite maudit par sa mère, ce qui annonce Les Euménides.

Dans cette pièce, il est poursuivi par les Erinyes. Apollon, qui le protège depuis le début et lui a dit de tuer sa mère, apparait pour la première et lui annonce qu’il expiera son crime petit à petit, mais que les Erinyes finiront par le laisser : il doit aller jusqu’à Athènes, où Athéna le protègera. Il finit par y parvenir, et un tribunal est mis en place pour juger le cas d’Oreste : doit-il mourir parce qu’il a tué sa mère, ou acquitté parce qu’il a vengé son père ? Nous découvrons deux visions du droit qui se valent, mais, de nos jours, l’argument d’Apollon sur les femmes ne tient plus (encore une fois, il faut lire la pièce dans son contexte : la Grèce antique). Finalement, tout se finit bien.

 

En définitive, une trilogie intéressante pour ceux qui aiment les mythes grecs et veulent la découvrir, ainsi que la vision des Grecs sur certaines choses. 

Romeo and Juliet de William Shakespeare

Posté : 22 juin, 2013 @ 1:29 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Romeo and Juliet de William Shakespeare dans Avis littéraires couv56783619-177x300Genre : Classique, Théâtre

Editeur : GF

Année de sortie : 1993

Nombre de pages : 275

Synopsis : Two households, both alike in dignity, / In fair Verona, where we lay our scene, / From ancient grudge break to new mutiny, / Where civil blood makes civil hands unclean. / From forth the fatal loins of these two foes / A pair of star-crossed lovers take their life; / Whose misadventured piteous overthrows, / Doth with their death bury their parents’ strife. [...] Deux anciennes Maisons d’égale dignité / Dans la belle Vérone où se tient notre scène / Font un nouvel éclat de leur antique hargne, / Le sang civil salit les mains des citoyens. / Or dans le sein fatal de ces deux ennemis / Deux amants prennent vie sous la mauvaise étoile; / Leur malheureux écroulement très pitoyable / Enterre en leur tombeau la haine des parents. / Les terribles moments de leur amour mortel / Et l’obstination des rages familiales / Que rien sinon la mort des deux enfants n’apaisera, / Pendant deux heures nous le jouerons sur ce théâtre; / Et si vous nous prêtez une patiente oreille, / Tout défaut, notre zèle le rachètera.

 

Avis : Cette fois, j’ai voulu lire la célèbre tragédie en anglais, pour voir un peu ce que ça donnait et si j’arrivais à comprendre.

Finalement, c’était une bonne expérience. Parfois, je me suis dit : « Génial, je comprends tout ! » Et d’autres fois, je désespérais de comprendre ne serait-ce qu’un seul mot ! Certains passages sont vraiment compliqués à comprendre. Certains mots sont écrits en vieil anglais, comme « thou » ou « art » mais, une fois qu’on est habitué, on remplace ces mots par ceux que l’on connait, et on comprend mieux. Certaines indications scéniques sont déplacées dans la version française, et la traduction est parfois plus longue que la version originale.

Sinon, l’histoire est magnifiquement triste. C’est une série de coïncidences, de petites choses ridicules qui aboutissent à la mort des trois personnages principaux à cinq minutes d’intervalle … pour rien ! Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que, si elle s’était réveillée dix minutes plus tôt, rien ne se serait passé, ils seraient tous heureux ! En même temps, les parents n’auraient jamais accepté cette histoire, Roméo aurait été tué, Juliette se serait suicidée et Paris se serait retrouvé tout seul. Shakespeare montre bien ici les conséquences horribles que peuvent avoir des haines ridicules. On ne sait même pas d’où elle vient ! Si les parents étaient plus intelligents, moins égoïstes et réfléchissaient plus, peut-être que rien de tout cela ne serait arrivé. Quant aux personnages, Roméo agit toujours précipitamment, il ne réfléchit pas beaucoup, agit sur des coups de tête et finit par se tuer quand il vaut Juliette « morte ». Juliette, elle, est courageuse, tente de faire de son mieux pour concilier son amour pour son ennemi et celui qu’elle ressent pour sa famille, mais, finalement, rien n’a marché comme il le fallait. Paris ne se rend compte de rien : ni que Juliette ne désire pas se marier avec lui, ni qu’elle ne l’aime même pas. Quant aux personnages masculins, excepté les frères et les messagers, ils ne pensent qu’à se battre, comme s’ils avaient besoin de tuer ou d’être tué pour prouver leur virilité. Quand la nurse tente d’aider Juliette, sa mère lui apprend qu’elle n’a pas le choix, qu’elle doit se marier avec Paris, alors que son cousin, Tybalt, personnage que je ne supporte pas, vient de mourir. Il y a tout de même un moment où l’on se dit que, peut-être, cela marchera, que personne ne mourra. On ne peut pas s’empêcher d’espérer. Mais dès que l’on connait l’histoire de la lettre, on comprend.

 

En définitive, un bon classique à connaitre, un peu compliqué en VO mais tout de même superbe !      

Lorenzaccio de Alfred de Musset

Posté : 10 juin, 2013 @ 9:26 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Lorenzaccio de Alfred de Musset dans Avis littéraires couv22166241-177x300Genre : Théâtre, Classique

Editeur : GF

Année de sortie : 2008

Nombre de pages : 277

Synopsis : Dans la Florence des Médicis, le jeune Lorenzo projette en secret l’assassinat de son cousin, le tyran Alexandre. Tentative désespérée de changer le cours de l’Histoire en faisant triompher la cause républicaine ? Ou œuvre d’un individu d’exception, désireux de laisser son nom à la postérité ? Sous le masque de ce personnage « glissant comme une anguille », double de Brutus l’Ancien comme de Hamlet, se laisse entrevoir, de loin en loin, le moi déchiré de l’auteur, enfant du siècle. Entre cynisme et idéalisme, débauche et héroïsme, la figure énigmatique de celui que l’on surnomme Lorenzaccio a inspiré à Musset ce chef d’œuvre du drame romantique.

 

Avis : La couverture est très symbolique : le rouge, symbole du sang, mais aussi de la révolution ; le bras tenant l’épée, reculé pour frapper ; le décor rappelant une ville Romaine (Rome ou Florence ?). On ne peut s’empêcher de penser que ce bras est celui de Lorenzo, tuant le duc tyrannique de Florence.

J’ai particulièrement aimé le personnage de Lorenzo. Je le trouve courageux, avec ses rêves de liberté, de gloire et de république. Avoir abandonné sa vie, sa jeunesse, ses occasions pour devenir un débauché et atteindre un but qui, finalement, ne lui apportera rien, c’est faire bien plus que tout ce qu’auraient fait les républicains, velléitaires et hypocrites. Lorenzo est un personnage très ambigu, notamment par le fait qu’il appelle le jour de son meurtre, le jour de ses noces et qu’il semble douter du bien-fondé de son geste. Doit-il tuer le duc, qui ne lui a pas fait de mal personnellement ? Doit-il abandonner l’idée de son meurtre et supporter la tyrannie auprès de sa mère et de sa tante, Catherine ? Il hésite ainsi tout le long du livre, tout en sachant pertinemment qu’il finira par assassiner le duc. Celui-ci, d’ailleurs, est un personnage assez agaçant : lui aussi ne cesse d’hésiter entre défendre Lorenzo, qu’il semble aimer plus que comme un cousin (étant donné qu’il l’appelle mignon) et affirmer son pouvoir face au cardinal Cibo, à Sire Maurice et à Valori. Il est libertin, débauché et tyrannique, mais il ne semble pas se rendre compte des conséquences de ses actes. Le véritable détenteur du pouvoir est le cardinal Cibo, qui manipule autant le duc que la marquise Cibo, une femme forte prête à sacrifier son mariage pour la République. Les Strozzi jouent un certain rôle dans l’intrigue : Philippe nous révèle qui est vraiment Lorenzo, Pierre complote contre le pouvoir sans savoir que ce qu’il entreprend de faire sera fait par quelqu’un, et la pauvre Louise est la victime suprême de la débauche florentine.  

Musset dénonce ici, à travers l’histoire de Lorenzo de Médicis, la société de son époque, qui confisqua la révolution aux républicains. Il y a beaucoup d’allusions aux années 1830 disséminées dans le récit. Certains personnages correspondent à des gens de son époque. On retrouve également des allusions à la république : le bonnet phrygien, les pavés, les barricades ; et même des critiques d’intellectuels de l’époque comme Victor Hugo, accusé de défendre tour à tour la monarchie et la République.

 

En définitive, une pièce complète, facile à comprendre, et qui nous montre deux histoires à la fois : celle de Lorenzo de Médicis, en Italie, et celle de la Révolution avortée de Juillet 1830 en France.   

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