Genre : Classique, Théâtre
Editeur : Bloomsbury
Année de sortie : 2001
Nombre de pages : 332
Synopsis : The Arden Shakespeare is the established scholarly edition of Shakespeare’s plays. Now in its third series, Arden offers the best in contemporary scholarship. Each volume guides you to a deeper understanding and appreciation of Shakespeare’s work. This edition of Othello provides: _a clear and authoritative text, edited to the highest standards of scholarship ; _detailed notes and commentary on the same page as the text ; _a full, illustrated introduction to the play’s historical, cultural and performance contexts ; _an in-depth survey of critical approaches to the play ; _a full index to the introduction and notes ; _a select bibliography of references and further reading. With a wealth of helpful and incisive commentary, The Arden Shakespeare is the finest edition of Shakespeare you can find.
Avis : J’ai, évidemment, beaucoup entendu parler de ce livre, et je pensais connaître l’intrigue – une histoire d’amour teintée de jalousie qui finit mal – mais je me trompais ! Cela prouve qu’il faut toujours lire l’œuvre en elle-même ; sans cela, on ne la connaît jamais vraiment. Comme vous pouvez le constater, le synopsis de l’édition Bloomsbury ne nous apprend absolument rien sur la pièce ; de plus, le choix de la couverture m’a semblé très énigmatique avant lecture.
J’avais imaginé cette histoire autrement, je ne m’attendais pas vraiment à ce que j’ai lu. Bien sûr, je connaissais déjà le talent et la virtuosité de Shakespeare, notamment avec Roméo et Juliette que j’ai aussi lu en VO ; c’est l’intrigue en elle-même que je ne voyais pas comme cela. J’en ai tellement entendu parler que je m’étais forgée une idée d’Othello sans jamais l’avoir lu ; j’en avais également entendu parler en cours de philo’, pour donner un exemple de la passion terrassant l’homme. C’est exactement ça, c’est vrai ; mais le cheminement pour en arriver là est spectaculaire. C’est grâce à cela que l’on découvre toute l’imagination et l’ingéniosité de l’auteur. Iago, un des officiers d’Othello, est l’instigateur de tout ce qui va se passer, et l’on suit ses stratagèmes tout le long de la pièce. Les autres personnages ne se rendent compte de rien : tout est révélé quand il est trop tard, bien sûr. L’intrigue se met en place autour d’Othello et Desdémone, qui sera l’instrument de la chute du Maure, comme tout le monde l’appelle. Le mensonge et la jalousie sont les thèmes maîtres de cette pièce. Et la naïveté des personnages nous paraît aberrante : comment Othello peut-il croire Iago ? Pourquoi ne cherche-t-il pas à savoir par lui-même ? Le fait qu’il délègue va le mener à sa perte, et à celle de celle qu’il aime. L’on comprend rapidement la couverture, et elle aussi a quelque chose de tragique, quand on se rend compte de ce qu’elle signifie.
Concernant les personnages, Othello semble ici être l’incarnation de la jalousie, et de celui qui se laisse aveugler sans réfléchir. Trop porté par sa passion, il commet des actes irréversibles. Il se fait berner très facilement ; l’on dirait presque qu’il n’avait déjà pas confiance en les personnes contre qui il va agir. Desdémone, quant à elle, semble représenter la pureté, la femme dévouée à son mari, qu’aucune pensée impure ne touche. Elle ne comprend pas non plus ce qui lui arrive, et elle ne le saura jamais. Son rôle est ambivalent : elle est à la fois celle que tous les hommes admirent, et celle qui sera utilisée contre son mari. La religion est également attachée à ce personnage, qui ne comprend pas le comportement des femmes adultères, ou le vice qui s’empare des hommes. Cassio est également un instrument entre les mains de celui qui manigance tout. Lui non plus ne se rend compte de rien, tout concentré qu’il est sur son idylle avec Bianca et sa place de lieutenant d’Othello. Il semble facilement manipulable et crédule. Iago est clairement celui qui ne pense qu’à son propre intérêt et se fiche des répercussions que peuvent avoir ses actions sur les autres personnages. Il ira très loin pour satisfaire ses ambitions, comme on le voit dans la scène 2 de l’acte V. Les deux personnages-instruments, Desdémone et Cassio, ont chacun un adjuvant : Emilia, la femme de Iago, et Bianca ; cette dernière ne fait pas grand-chose pour aider son amant, mais on peut dire qu’elle est la seule à ne pas être un de ses opposants. Emilia, quant à elle, soutient Desdémone, quoi qu’il arrive. Elle ne croit que ce qu’elle voit, et elle aussi se rendra compte trop tard qu’elle a été l’instrument de Iago.
Le fait de lire la pièce en anglais ne m’a pas autant dérangée que je le pensais. J’avais peur de ne pas tout comprendre, mais l’édition Bloomsbury, The Arden Shakespeare est vraiment très bien faite, et les mots que je ne comprenais pas parce qu’ils étaient en ancien anglais ou parce qu’ils étaient abrégés pour les besoins de la métrique étaient expliqués. Je ne vais pas dire que c’était super facile, mais j’ai tout compris, et je peux dire que j’ai vraiment apprécié cette lecture.
La fin est logique : c’est bien une tragédie. Le remords, la culpabilité triomphera de celui qui a voulu punir ceux qui étaient innocents. Personne ne s’en sort bien, on peut le dire. Après avoir refermé le livre, je me suis aperçue que j’avais vraiment aimé cette pièce, qu’il me tardait, tout au long de l’œuvre, de voir les fils se nouer et se dénouer avec la révélation finale et que je m’étais attachée aux personnages, ce que, d’habitude dans une pièce de théâtre, j’ai du mal à faire.
En définitive, une très bonne pièce, très bien écrite. Je peux dire que c’est une de mes préférées !