Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Iphigénie de Racine, suivi de Iphigénie à Aulis d’Euripide

Posté : 29 décembre, 2015 @ 7:52 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

IphigénieGenre : Théâtre, Classique

Editeur : Pocket

Année de sortie :2013 

Nombre de pages : 132

Synopsis : 1674. L’helléniste Racine prépare son Iphigénie afin de montrer à la Cour, et « aux siècles à venir » dit-il, comment on écrit une tragédie grecque en français. Dans la rade d’Aulis, un calme plat immobilise la flotte des princes grecs en route pour le siège de Troie. Consulté, le devin Calchas annonce à Agamemnon, leur chef tout-puissant, que les vents ne se lèveront qu’au prix du sacrifice de sa fille Iphigénie. Agamemnon y consent. On fait venir la jeune femme, en lui faisant croire qu’elle va épouser son prétendant Achille. A sa joie de courte durée, succède la résignation. Elle est prête à offrir sa vie pour sa patrie. Mais c’est compter sans l’inconstance des dieux …

 

Avis : Une pièce que je vais prochainement étudier et que j’avais envie de découvrir !

Le synopsis de cette édition est un peu trop complet à mon goût : il dit tout, ce que je trouve dommage. Mais cela n’empêche pas de savourer l’œuvre de Racine. Il reprend ici le mythe d’Iphigénie, fille d’Agamemnon et de Clytemnestre, qui doit être sacrifiée à la déesse Artémis pour permettre à la flotte grecque de partir en mer attaquer Troie. Racine a déjà repris des histoires mythologiques, comme celle d’Andromaque, ou de Britannicus, mais, cette fois, il s’appuie également sur une œuvre antérieure : Iphigénie à Aulis d’Euripide, présente juste après la tragédie du dramaturge français. C’est donc un double livre, si on peut parler de cette façon, qui nous offre deux œuvres complémentaires. Tout d’abord, l’Iphigénie de Racine : la façon de présenter les actes et les scènes est agréable, ainsi que la manière de mettre en place les répliques. L’écriture de l’auteur est sublime, comme on peut s’y attendre, et ses vers sonnent parfaitement. Quant à Iphigénie à Aulis, la typographie est beaucoup plus serrée, ce qui rebute un peu le lecteur, et ce qui est un peu gênant pour le changement de réplique. On sent également que l’on a affaire à une traduction, les tragédies grecques étant écrites d’une certaine manière. Les paroles des personnages semblent moins naturelles, et les stasimons coupent l’action de la pièce. Les deux œuvres ont des fins différentes ; je ne connaissais moi-même pas la même avant de les lire. Celle de Racine est originale, et fait intervenir un personnage qui, me semble-t-il, a été inventé par l’auteur : Eriphile. Une partie de la tragédie se concentre sur elle, et elle participe à son dénouement.

Iphigénie ne change pas entre les deux œuvres : jeune fille qui adore son père, et qui est aimée par lui, elle est douce et courageuse, et la haine ne semble pas pouvoir se trouver dans son cœur. Elle est pure et raisonnable. La seule différence est peut-être l’enthousiasme que dépeint Euripide : la jeune fille se voit comme sauveteur de la Grèce, comme la seule à pouvoir permettre la guerre contre Troie et la réparation des torts d’Hélène. Le lecteur s’attache facilement à Iphigénie, et prend pitié de sa situation : elle ira bien vers l’autel, mais pas comme épouse d’Achille. Agamemnon, à la fois roi et père, se voit déchiré entre ces deux rôles qu’il lui faut jouer. La décision qu’il prend semble inadmissible, comment peut-on tuer sa fille pour aller faire la guerre ? Mais pour les Grecs, c’est un moindre mal : qu’est-ce qu’une fille face à des milliers d’êtres ? De plus, il faut venger Ménélas, qui s’est vu voler son épouse. Agamemnon ne semble donc pas pouvoir trouver d’issue : entre le déshonneur et le crime, c’est le second qu’il choisit. Son cœur parle pourtant, et il ne peut se résoudre à accepter sans broncher le commandement des dieux. Il tente ainsi de les braver dans la pièce de Racine. Loin d’être froid et insensible, c’est la malédiction des Atrides qui pèse sur ses épaules, et dont il ne peut se débarrasser. Il semble aussi porter le poids de sa noblesse, qu’il doit prouver. Clytemnestre, quant à elle, passe de mère heureuse de marier sa fille à femme désespérée qui perd son enfant. Cela annonce les prémisses de sa trahison envers son mari, qu’elle finira par détester. Achille est également présent : il est pris comme prétexte pour attirer Iphigénie à Aulis. Il m’a semblé plus passionné chez Racine que chez Euripide, où il est plus sage et mesuré. Eriphile, personnage apparemment inventé, porte une grande partie de la tragédie. Elément perturbateur et déclencheur, elle joue également un grand rôle à la fin de la pièce. Esclave et désespérée, elle suscite la pitié du lecteur : elle ne sait pas qui sont ses parents, et se voit éprise d’un homme qu’elle n’aurait jamais dû aimer. La fatalité s’acharne sur elle, et les dieux en font leur jouet, autant que les autres personnages. Ménélas n’apparaît que dans la pièce d’Euripide, et son changement d’attitude à l’égard de son frère et de sa nièce ne semble pas cohérent, vu sa rapidité. Il passe pour un frère indigne, puis pour un frère qui se sacrifie, et qui renonce, quand ce n’est plus possible. Ulysse joue ce rôle dans la pièce de Racine : il tente de convaincre Agamemnon avant de compatir à sa douleur.

Il m’a semblé que cette pièce traitait, à travers la fatalité qui touche Agamemnon, du sort qui peut s’abattre sur n’importe qui à n’importe quel moment. Le roi a beau être tout-puissant, a beau tout avoir, il doit renoncer à quelque chose, il doit souffrir et détruire pour obtenir ce qu’il veut. Cela montre un autre aspect de la royauté, derrière les richesses et le bonheur qu’on leur prête. Il faut soumis à des devoirs qui les oppressent, même si leurs droits sont supérieurs à ceux de leurs sujets. Ils sont menacés par le déshonneur à chaque pas, par l’opprobre, par la colère du peuple, qui peut se soulever pour les renverser. Leur sort n’est pas enviable, ils sont torturés psychologiquement, ce qui les pousse vers la folie.  

La fin des deux œuvres tend à réduire la tragédie, même si quelqu’un meurt tout de même, et que de nombreuses morts suivent dans l’histoire de la famille des Atrides. C’était assez original par rapport aux autres tragédies où de nombreux personnages succombent par folie, amour, ou colère divine.

Petit plus dans cette édition : un dossier dans lequel se trouve toute l’histoire des Atrides, avant et après l’histoire racontée dans la pièce. Un vrai plaisir !

 

En définitive, une très bonne tragédie, différente des autres, et qui nous raconte l’histoire d’Iphigénie.

Stabat Mater Furiosa de Jean-Pierre Siméon

Posté : 23 novembre, 2015 @ 9:06 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 4 commentaires »

Stabat Mater Furiosa Genre : Théâtre

Editeur : Les Solitaires Intempestifs

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 62

Synopsis : Stabat Mater Furiosa, cri solitaire d’une femme qui se révolte contre la guerre et la violence, fut montée pour la première fois en 1999 par Christian Schiaretti. Depuis plus de soixante mises en scène ont été réalisées en France. Cette pièce d’un poète venu au théâtre a été traduite en huit langues et jouée dans quatorze pays. 

« on n’entend pas le pas d’un homme

qui va à son travail

et quand un homme court vers ce qu’il aime

c’est son souffle qu’on entend

mais quand la foule des guerriers se met en chemin

c’est son pas d’abord qu’on entend

son pas qui martèle

oui les coups de marteau sur la terre

le pas qui frappe et qui dit je suis là je suis partout »

 

Avis :Je n’avais jamais entendu parler de ce livre avant qu’un de mes professeurs l’année dernière n’en lise un extrait en cours …

un extrait qui m’avait retournée, après les attentats contre Charlie Hebdo. C’était le passage où la prière commence. En effet, la femme qui parle prie la vie, et s’adresse à « l’homme de guerre ». C’est un cri, un désespoir, mais surtout de la colère que l’on ressent à travers lui. Une colère qui enfle, qui indigne, qui donne envie de hurler. Une colère que l’on comprend, que l’on sent nous aussi car elle est la nôtre. Cette femme dénonce la guerre, son oppression, sa boucherie, son horreur, et le manque de responsabilités des « hommes de guerre », qui considèrent que ce n’est pas leur faute, que ce devait être fait, qu’ils n’y peuvent rien, que la guerre, c’est la guerre, et que cela entraîne des dégâts. Et elle se moque d’eux, et elle les rabaisse, et elle les force à ouvrir les yeux sur ce qu’ils ont fait, à assumer leurs horreurs, à arrêter de se déculpabiliser. Elle évoque les enfants, les « hommes de guerre » de demain, ceux qui prendront la relève si on ne les éduque pas bien. A travers cette dénonciation, elle prône le sentiment, le cœur, l’humain. Elle veut que l’on se souvienne toujours de la Seconde Guerre mondiale pour ne jamais la reproduire.

La première fois que j’ai entendu cette œuvre, je pensais que c’était un long poème en vers libre. Je n’ai découvert qu’en achetant le livre que c’était une pièce de théâtre, et j’en ai été très surprise. L’écriture de l’auteur est tout à fait poétique ; je ne parle pas de codes comme celui de la rime, mais d’un vers complètement libre et déstructuré, qui correspond tout à fait au sujet abordé. On ressent la lecture, chaque mot a un poids qui nous reste. Je vous conseille une lecture à mi-voix ou à voix haute pour vous rendre compte de toute la portée du texte : il en est d’autant plus bouleversant. De plus, il a été écrit pour être dit, donc ne vous en privez pas !

Cette pièce de théâtre sonne tristement actuelle. La femme ne comprend pas, et la plupart d’entre nous n’ont plus. Elle est notre propre reflet, elle est nous depuis quelques jours, mois, années. Elle ne comprend pas la guerre, et nous ne la comprenons pas non plus, surtout pas celle qui se présente aujourd’hui, sous une nouvelle forme, avec des nouveaux codes. L’intention même n’est pas comprise : c’est un tourbillon de violence sans ordre ni but, que l’on regarde impuissants, que l’on appréhende. On ne peut que se sentir concerné par ce livre, bouleversé par sa réalité.

 

Un vrai coup de cœur, qui nous fait découvrir un auteur à l’écriture poétique qui nous renvoie comme un miroir nos propres pensées.

Look Back in Anger de John Osborne

Posté : 26 octobre, 2015 @ 11:57 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Look Back in AngerGenre : Théâtre

Editeur : Faber

Année de sortie : 1978

Nombre de pages : 96

Synopsis : Lok Back in Anger, wherever it may ultimately stand in twentieth-century British drama, or even in the final accounting of John Osborne’s own work, has its unarguable importance as the beginning of a revolution in the British theatre, and as the central and most immediately influential expression of the mood of its time, the mood of the « angry young man », John Russell Taylor. When the play was first produced by the English Stage Company at London’s Royal Court Theatre, Kenneth Tynan wrote in the Observer : ‘… presents post-war youth as it really is, with special emphasis on the non-U intelligentsia … a minor miracle. All the qualities are there, qualities one had despaired of ever seeing on the stage … the best young play of its decade.’

 

Avis : Ce livre m’a été prêté (et non, je ne respecte pas du tout le challenge PAL à zéro …) Le synopsis ne révèle pratiquement rien de l’histoire, donc je ne savais pas vraiment ce que j’allais lire.

Cette pièce commence comme une pièce ordinaire, avec une scène d’exposition dans laquelle on découvre les personnages principaux. C’est un dimanche, et ceux-ci vaquent à leurs occupations quand la colère de Jimmy éclate. Celle-ci est le centre de la pièce, ce autour de quoi elle tourne. Elle est à opposer à la passivité de sa femme, Alison. La colère est violente, faite de ressentiments, et de mots. Tout le long de la pièce, j’étais sûre que quelqu’un allait finir par être tué ! Cette colère est dirigée contre la société, contre le gouvernement, les êtres humains en général, Alison, Cliff, tout. Elle est universelle, c’est celle de l’homme qui s’ennuie, qui veut faire quelque chose de sa vie sans savoir quoi, et qui la voit passer sans rien en faire. Cette colère semble étrange au lecteur qui ne la comprend pas, surtout parce qu’elle rend le personnage odieux et détestable ; mais il se reconnaît parfois légèrement dans ce sentiment lorsque l’ennui et le découragement guettent. Il peut se souvenir de moments où il n’était pas loin d’exploser, comme Jimmy le fait ici, pour n’importe quelle raison ; tout devient prétexte à la colère : le personnage devient alors compréhensible, ce qui semble intolérable.

Concernant les personnages, Jimmy est le représentant d’une génération désillusionnée. Il m’a fait penser à Musset et au mal du siècle. Il semble bien incarner le mal de son propre siècle : il est né à la mauvaise époque, elle ne lui convient pas, il était fait pour vivre avant. Il est odieux, et le lecteur a très souvent envie de le faire taire ou de le secouer pour qu’il comprenne le mal qu’il fait, même s’il comprend peu à peu qu’il le sait et qu’il le fait quand même. La façon dont il parle à sa femme m’a donné des envies de meurtre ! Alison, quant à elle, est tellement passive qu’elle en devient énervante et choquante ! Elle semble complètement soumise, à part à certains moments où sa propre colère semble faire surface pour replonger aussitôt dans les abysses. Elle a été transformée par son mariage, et par sa vie avec Jimmy et Cliff. Ce dernier est un personnage assez ambigu. Il semble apporter un équilibre au couple qui se déchire dans cette pièce, mais il a une relation particulière avec Alison. Il est une sorte de pilier, même s’il essuie tout de même la colère de Jimmy. Helena, une amie d’Alison, semble aussi détestable que Jimmy, parce qu’elle est tout son contraire. Elle est très froide, cérébrale, et semble bourgeoise jusqu’au bout des ongles. Je l’ai appréciée au début parce qu’elle tente de défendre Alison. Le gros revirement de situation de la pièce la concerne ! Enfin, le Colonel représente une génération passée, qui fait irruption dans le livre et ne rencontre pas la génération présente, Jimmy. Son siècle est révolu, et il ne s’est pas adapté au nouveau, ce qu’il explique à sa fille.

La fin est inattendue et vraiment surprenante ! Elle est marquée par d’énormes revirements de situation auxquels je ne m’attendais pas du tout ! L’amour est incompréhensible et complètement aveugle ici ! La toute dernière scène est elle aussi surprenante, mais logique avec du recul.

 

En définitive, une bonne pièce, étrange à première vue, et qui surprend vraiment le lecteur !

Les Combustibles d’Amélie Nothomb

Posté : 25 août, 2015 @ 3:18 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Les Combustibles Genre : Théâtre

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2001

Nombre de pages : 89

Synopsis : La ville est assiégée. Dans l’appartement du Professeur, où se sont réfugiés son assistant et Marina, l’étudiante, un seul combustible permet de lutter contre le froid : les livres …
Tout le monde a répondu une fois dans sa vie à la question : quelle livre emporteriez-vous sur une île déserte ?
Dans ce huit clos cerné par les bombes et les tirs des snipers, l’étincelante romancière du sabotage amoureux pose à ses personnages une question autrement perverse : quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu’on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ?
Humour, ironie et désespoir s’entretissent subtilement dans cette parabole aux résonances singulièrement actuelles.

 

Avis :Il me semble qu’Amélie Nothomb n’a écrit qu’une seule pièce de théâtre, et j’ai eu envie de la lire, histoire de voir ce que cela donnait !

Rien qu’à l’idée de brûler un livre, je me sens mal : c’est vous dire le malaise que j’ai ressenti parfois en lisant ! Bien que certains considèrent que les livres ne soient que du papier et de l’encre, c’est beaucoup plus pour les lecteurs qui ne parviennent plus à s’en passer. L’importance de la littérature est mise en valeur ici par sa destruction : en détruisant les œuvres qui lui sont chères, l’homme se détruit lui aussi, détruit l’humanité en lui, sa dignité, et ce qui lui reste face à la guerre. Certes, la vie est plus importante, car si l’on meurt, on ne peut plus lire de toute manière ; mais sa préservation amène à son annihilation. Le froid tue lentement, mais l’immolation de ce que l’on aime aussi. L’auteure a inventé les noms des écrivains et des livres qu’elle cite, ce qui nous permet de ne pas imaginer totalement la destruction des œuvres que l’on aime, ou que l’on connaît : cela nous permet une certaine distance avec ce qui arrive dans le livre. J’ai eu énormément de mal à m’imaginer à la place des personnages, je ne me suis pas du tout identifiée à eux : que ce soit par leurs comportements, ou par leur façon de penser. En tout cas, j’ai retrouvé dans ce livre l’écriture très spécifique d’Amélie Nothomb, un écriture que j’aime toujours autant, à la fois cynique, sérieuse, poétique.

Les personnages, comme dans la plupart des romans de l’auteure, sont étranges pour le lecteur, qui a du mal à s’imaginer à leur place. Le professeur, d’abord : il nous montre une facette du métier d’universitaire qui est assez surprenante, même si elle n’est pas forcément vraie pour tous. Il semble une véritable contradiction, et pourtant, le lecteur comprend pourquoi il agit de la sorte. Il est un peu loufoque, et peut sembler assez pervers. Les livres ne semblent finalement pas avoir une grande importance pour lui, ou l’on peut penser qu’il a sombré dans la folie. Daniel est le personnage avec lequel le lecteur peut le plus facilement s’identifier : il garde ses principes et ses idéaux jusqu’au bout, et ne comprend pas que les autres ne fassent pas de même. Il veut les défendre bec et ongles, veut rester humain coûte que coûte, veut protéger les livres, sans rien pouvoir faire pour les sauver. Enfin, Marina est celle qui est la plus surprenante, et en même temps, la plus banale peut-être. Je ne me suis pas du tout identifiée à elle : elle réagit selon l’instinct animal, l’instinct de conservation semble-t-il. Elle ne pense qu’à se réchauffer, et les livres ne semblent plus compter que comme des combustibles, c’est d’ailleurs elle qui donne l’idée de les brûler.

La fin est évidente : après avoir détruit la littérature, l’homme s’autodétruit. Il y a un dernier espoir qu’un livre survive, et les hommes avec lui.

 

En définitive, j’ai trouvé que ce livre montrait bien l’importance de la littérature dans la vie de l’homme, et l’insignifiance de celle-ci si les livres disparaissaient. Une bonne œuvre, qui fait réfléchir, même si je préfère les romans de l’auteure.

Mithridate de Racine

Posté : 24 août, 2015 @ 2:32 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

MithridateGenre : Théâtre, Classique

Editeur : Folio

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 116

Synopsis : MITHRIDATE : J’ai vengé l’Univers autant que je l’ai pu.

La Mort dans ce projet m’a seule interrompu.

Ennemi des Romains, et de la Tyrannie,

Je n’ai point de leur joug subi l’ignominie.

Et j’ose me flatter, qu’entre les Noms fameux,

Qu’une pareille haine a signalés contre eux,

Nul ne leur a plus fait acheter la victoire,

Et de jours malheureux plus rempli leur Histoire.

Le ciel n’a pas voulu, qu’achevant mon dessein

Rome en cendre me vît expirer dans son sein.

Mais au moins quelque joie en mourant me console.

J’expire environné d’Ennemis, que j’immole.

Dans leur sang odieux j’ai pu tremper mes mains.

Et mes derniers regards ont vu fuir les Romains.

 

Avis : Dans un cours sur les rois, je dois normalement étudier cette pièce de Racine, avec la précédente chroniquée, Le Roi se meurt de Ionesco, et Le Roi Lear de Shakespeare. Comme j’aime beaucoup Racine, la lecture de cette œuvre s’annonçait très bien.

On pourrait penser que les classiques ne nous réservent plus de surprise, car ils sont connus de tous et que leurs formules sont toujours les mêmes. Pourtant, j’ai été surprise par cette pièce ! C’est la première tragédie que je lis de Racine qui se finit à peu près « bien ». Il n’y a pas d’effusion de sang et de morts successives comme dans Phèdre par exemple, où la majorité des personnages, principaux et secondaires, meurt. Dans cette pièce, le lecteur assiste à l’éclosion d’un amour, mais aussi à la lutte d’un père qui a le choix entre faire son propre bonheur ou celui de son fils. Cela donne, comme d’habitude avec les maîtres de la tragédie, à des vers sublimes, harmonieux, qui transpercent le lecteur, et lui font goûter la musique de la poésie, en même temps que la profondeur des sentiments exprimés. De plus, pour moi, l’histoire de la pièce était à découvrir car je ne connaissais pas du tout celle de Mithridate et de ses fils.

Les personnages sont des extrêmes, comme souvent dans les pièces. Mithridate est roi et va se marier avec Monime. Il a deux fils, et se rend compte que l’un d’eux au moins est un traître. Le roi pense alors faire ce qui est juste, mais semble agir trop tard, comme toujours dans les tragédies. La fatalité le rattrape, et les Romains avec elle. Monime m’a un peu fait penser à Phèdre en beaucoup moins extrême et en beaucoup moins maudite ! Elle ne maîtrise pas du tout sa destinée, s’en remet aux mains du Roi qui peut faire ce qu’il veut d’elle. Elle aime en secret et finit par se confier à Phoedime. Elle finit par s’opposer au Roi. Xipharès, le premier fils, a l’air courageux et loyal, obéissant envers son père : jamais il ne penserait à le trahir. Il aime pourtant, et cet amour est contraire aux vœux de son père. Il devra, évidemment, en subir les conséquences. Pharnace est le traître de la pièce. Sitôt qu’il pense son père mort, il tente de s’approprier son Empire et d’épouser sa promise. Il se tourne vers les Romains, les Ennemis naturels de son père, sans le moindre état d’âme.

La fin est évidente, car il faut bien que quelqu’un meurt dans une tragédie, mais surprenante, parce que peu meurent. Elle laisse pourtant présager des temps difficiles pour les personnages survivants.

 

En définitive, une bonne pièce, avec une histoire à découvrir, et une écriture magnifique qui révèle bien la profondeur des sentiments humains.

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