Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Le deuxième sexe, tome 2 de Simone de Beauvoir

Posté : 19 mai, 2015 @ 4:00 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Le deuxième sexe tome 2Genre : Essai

Editeur : Folio

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 652

Synopsis : Comment la femme fait-elle l’apprentissage de sa condition, comment l’éprouve-t-elle, dans quel univers se trouve-t-elle enfermée, quelles évasions lui sont permises, voilà ce que je chercherai à décrire. Alors seulement nous pourrons comprendre quels problèmes se posent aux femmes qui, héritant d’un lourd passé, s’efforcent de forger un avenir nouveau. Quand j’emploie les mots « femme » ou « féminin » je ne me réfère évidemment à aucun archétype, à aucune immuable essence ; après la plupart de mes affirmations il faut sous-entendre « dans l’état actuel de l’éducation et des mœurs ». Il ne s’agit pas ici d’énoncer des vérités éternelles mais de décrire le fond commun sur lequel s’enlève toute existence féminine singulière.

 

Avis : J’ai lu le premier tome du Deuxième sexe il y a presque un an, et je me souviens avoir beaucoup appris en le lisant. J’étais sûre d’en apprendre autant dans le second tome, et je ne me suis pas trompée.

Cette fois, l’essai est plus ancré dans la société dans laquelle vit Simone de Beauvoir, celle d’après-guerre, mais aussi celle des années 70, étant donné que le livre a été revu en 1976. Cela nous indique tout de suite que la condition de la femme évolue, change avec le temps. Le livre est divisé en quatre parties (sans compter l’introduction et la conclusion) qui évoquent toutes la femme différemment. La première est Formation : elle la présente dans les différents aspects de sa vie, de l’enfance à l’âge adulte en traitant aussi le cas particulier de la lesbienne. Il est étrange de constater à quel point l’auteure a cerné la femme dans toute sa complexité, à quel point elle est capable de donner un point de vue général sur elle tout en parlant des exceptions que constituent certaines femmes. Sa formation est celle que lui impose la société, et c’est très clair dans cette partie du livre. Le lecteur féminin peut parfois se retrouver dans certaines situations, se reconnaître dans certaines descriptions, même si, comme l’auteure le rappelle dans l’introduction, ce livre ne donne pas de vérités éternelles. Les femmes et leur éducation ont changé, tout comme la société, même si elle n’est pas devenue à 100% égalitaire. L’on ne peut plus dire aujourd’hui que la condition de la femme en Occident est la même que celle-ci en 1945 et même en 1976, même s’il est vrai qu’il reste à la femme des combats et des défis à relever. En revanche, l’on peut penser que certaines femmes encore aujourd’hui vivent ce que Simone de Beauvoir écrit dans d’autres pays, et qu’elles doivent entrer dans le même processus de libération que les femmes occidentales. La deuxième partie évoque les différentes situations de la femme dans la société, comme celle de mariée, ou de mère. Certains passages font peine à lire, et donnent vraiment aux lecteurs envie de se révolter. Dans tout ce qu’elle entreprend, dans toutes les facettes de sa vie, la femme n’est jamais libre et toujours soumise, même quand elle est prostituée ou hétaïre. Elle a besoin de l’homme et ne peut se passer de lui parce qu’elle a été éduquée d’une certaine façon, et parce que la société ne lui donne pas la chance de faire ses preuves, de montrer qui elle peut être. Le passage sur la vieillesse de la femme est consternant : elle se rend compte qu’elle n’a pas vécu et qu’elle ne peut pas rattraper le temps perdu. La troisième partie se nomme Justifications, et traite de trois types de femmes : la narcissiste, l’amoureuse et la mystique. Le lecteur féminin peut se retrouver à la fois dans plusieurs de ces femmes sans totalement s’y identifier : toujours, quelque chose ne va pas dans la description pour coller parfaitement au lecteur, il lui manque quelque chose d’essentiel que la femme n’a pas à l’époque : sa liberté. La quatrième partie s’appelle Vers la libération et montre ce que serait la femme indépendante. L’on se rend alors compte que les femmes ont remporté des victoires pour enfin prendre leur vie en mains et être libre, mais également qu’elles n’ont pas encore achevé cette libération. Le passage sur l’art et la littérature m’a frappé par sa justesse, même si les femmes écrivains sont plus ou moins reconnues aujourd’hui.

Dans ce second tome, Simone de Beauvoir m’a encore semblé objective, même s’il était possible de constater quelques piques vers certains auteurs ou certaines thèses, mais aussi de l’admiration pour d’autres. Elle a vraiment pris la femme pour sujet d’étude objectif, mais elle s’est aussi servie de son observation de la société pour enrichir son œuvre. Elle parle parfois de personnes qu’elle connaît, qui lui ont permis de prouver ce qu’elle affirmait en donnant un exemple pris dans la réalité. De plus, l’auteure utilise également de nombreuses exemples tirés d’œuvres de femmes afin de soutenir sa thèse, comme Sophie Tolstoï ou Colette, ou d’œuvres de psychologie comme La Femme frigide de Stekel ou Les Obsessions de la psychasténie de Pierre Janet. Certains exemples montrent bien la détresse féminine, comme d’autres montrent des expériences malheureuses ou heureuses, des femmes qui ont guéries ou qui sont mortes.

J’ai vraiment appris énormément sur la femme en lisant ce livre, mais également sur l’homme, sur les rapports qu’ils entretiennent l’un avec l’autre et sur la société en général. Je pense que ce livre peut autant apporter aux femmes qu’aux hommes, et qu’il est important que tous deux le lisent pour se rendre plus pleinement compte de ce qui constitue leur passé, mais aussi leur vie, parce que certains aspects de l’essai sont encore vrais aujourd’hui.

 

En définitive, un livre exceptionnel sur la femme, l’homme, leurs rapports, la société, qui apprend beaucoup de choses aux lecteurs et qui leur permet de se rendre compte que tout n’est pas encore gagné : dans de nombreux pays, la femme n’est toujours pas libre, et cet ouvrage pourrait bien refléter leur vie. Il est important de connaître son passé pour se construire un avenir, et je pense que ce livre aide vraiment à le faire.

Le deuxième sexe, tome 1 de Simone de Beauvoir

Posté : 7 août, 2014 @ 1:07 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Le deuxième sexe 1Genre : Essai, Philosophie

Editeur : Folio

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 408

Synopsis : Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique. Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la « réalité féminine » s’est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l’Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu’il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s’évader de la sphère qui leur a été jusqu’à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain.

 

Avis : Je voulais lire ce livre depuis un moment, d’abord parce que je suis une femme, et ensuite parce que je me demandais ce que Simone de Beauvoir pouvait bien dire sur elle. Je me demandais de quoi elle allait parler, si elle allait rester objective, ou la passion l’emporterait, si son livre allait être virulent ou plus sage.

J’ai appris beaucoup de choses dans ce livre, et il m’a ouvert les yeux sur certains aspects de la condition féminine, notamment avec la biologie, la psychanalyse et la littérature, dans la dernière partie. Je me suis rendue compte que je m’étais souvent demandée pourquoi les hommes étaient considérés comme supérieurs aux femmes sans jamais obtenir de réponse à ma question. On peut dire que ce livre m’en a fourni une ! Le discours est très structuré, et ce premier tome traite d’abord de la vision que les hommes ont des femmes, en trois parties, Destin, Histoire et Mythes. La première partie est surtout centrée sur la biologie – bien que la psychanalyse et le matérialisme historique se trouvent dans la même partie -, et bien que je ne sois pas une scientifique dans l’âme, cela m’a beaucoup intéressé. La partie Histoire était elle aussi très intéressante, et nous apprend beaucoup de choses. La dernière partie, celle des Mythes, remonte à l’Antiquité, à Astarté et Cybèle, et je dois dire que j’ai été surprise de la lire ; l’on y apprend beaucoup. Il est visible que Simone de Beauvoir s’est documentée et a longtemps étudié la question avant d’écrire son livre, que l’on peut dire complet en ce qui concerne la vision de la femme par l’homme.

Simone de Beauvoir m’a semblé assez objective dans toute son œuvre, bien qu’elle nous prévienne dans l’introduction qu’un point de vue purement objectif est impossible : que l’on soit homme ou femme, l’on est juge et parti, et l’on aborde toujours la question d’un certain angle. J’ai trouvé quelques remarques que l’on peut dire subjectives, mais elles sont peu nombreuses, et l’on peut dire que la philosophe a tenté ici d’être la plus neutre possible, de regarder le problème avec des yeux d’ »étudiante », et non de femme en tant que telle.

Bien sûr, il faut aujourd’hui remettre ce livre dans son contexte : il a été écrit en 1949, soit plus de cinquante ans avant que nous le lisions. La situation des femmes a évolué, et heureusement ! Mais, parfois, les femmes ne sont pas encore considérées comme les égales des hommes. Certains d’entre eux sont toujours plongés dans leur machisme et ne pensent même pas à reconsidérer la question.  De plus, la condition des femmes a évolué dans une certaine partie du monde, mais pas partout. Dans certains pays, les femmes restent opprimées, n’ont aucun droit, et, pire encore, certaines pensent vraiment que là est leur place et qu’elles ne sont pas égales aux hommes, qu’elles doivent vivre soumises. Les mères éduquent leurs filles – et leurs fils – dans cette optique, et la situation tourne en rond. Il y a donc encore beaucoup à faire pour les droits des femmes, même si certains pensent que tout est déjà fait.

 

En définitive, un livre enrichissant, très intéressant, que je conseille à toutes les femmes et à tous les hommes. Je lirai bientôt le deuxième tome.

Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes

Posté : 1 avril, 2014 @ 4:28 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 1 commentaire »

Fragments d'un discours amoureux Genre : Philosophie

Editeur : Editions du Seuil

Année de sortie : 1997

Nombre de pages : 277

Synopsis : S’abîmer, Absence, Adorable, Affirmation, Altération, Angoisse, Annulation, Ascèse, Atopos, Attente, Cacher, Casés, Catastrophe, Circonscrire, Cœur, Comblement, Compassion, Comprendre, Conduite, Connivence, Contacts, Contingences, Corps, Déclaration, Dédicace, Démons, Dépendance, Dépense, Déréalité, Drame, Ecorché, Ecrire, Errance, Etreinte, Exil, Fâcheux, Fading, Fautes, Fête, Fou, Gêne, Gradiva, Habit, Identification, Image, Inconnaissable, Induction, Informateur, Insupportable, Issues, Jalousie, Je-t-aime, Langueur, Lettre, Loquèle, Magie, Monstrueux, Mutisme, Nuages, Nuit, Objets, Obscène, Pleurer, Potin, Pourquoi, Ravissement, Regretté, Rencontre, Retentissement, Réveil, Scène, Seul, Signes, Souvenir, Suicide, Tel, Tendresse, Union, Vérité, Vouloir-saisir

 

Avis : Ayant des cours sur l’amour en philosophie, nous sommes passés par ce livre, un classique quand il s’agit de ce sujet. Fabrice Lucchini en parle dans son spectacle Le Point sur Robert, et nous avons visionné quelques extraits. Cela m’a vraiment donné envie de lire le livre dans sa totalité !

Avant de commencer vraiment le livre, l’auteur nous explique pourquoi il a entrepris de l’écrire. Selon lui, le discours amoureux n’est soutenu par personne, personne n’ose le revendiquer, le porter aux nues, même s’ils le parlent dans leur cercle privé. L’auteur, lui, décide de le soutenir, de l’expliquer, de montrer ce qu’est l’état d’amour. Il nous parle de toutes les étapes de l’amour, en passant de sa naissance à sa mort. Il s’appuie sur de nombreux auteurs pour soutenir son propos, et notamment Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. Le livre est parcouru par cette œuvre, d’où l’auteur tire de nombreux exemples. Ne l’ayant pas lu, je pense que j’ai été désavantagée ; mais Barthes m’a donné envie de lire l’œuvre de Goethe dès que possible ! Elle a l’air d’illustrer toutes les étapes de l’amour, et, par la même occasion d’illustrer Fragments d’un discours amoureux.

L’expérience vécue pendant la lecture de ce livre est vraiment très étrange et très impressionnante ! On dirait que Barthes a lu dans nos pensées, qu’il a vécu exactement les mêmes choses que nous. En effet, presque tout ce qu’il décrit a effectivement été vécu. Tous nos sentiments, toutes nos sensations, tout ce qu’on s’est dit : tout est dans ce livre ! On dirait le manuel des pensées d’un amoureux, la prédiction de ce qu’il va faire, de ce qu’il n’a pas encore fait, et la mémoire de ce qu’il a déjà fait. On se retrouve tellement dans ce livre qu’on en ait parfois choqué : par exemple, j’ai compris pourquoi je n’aimais pas que l’on me réponde simplement « moi aussi » quand je dis « Je t’aime ». On parcourt les pages, et l’on a l’impression de se lire. C’est vraiment troublant, un peu effrayant. Bien sûr, les détails de chaque histoire sont différents, et certaines définitions ne seront peut-être jamais vécues, mais l’on a vraiment un sentiment de familiarité, de vécu en lisant cette œuvre.

Les définitions sont appuyées par des exemples, et, comme je le disais, sans avoir lu Les Souffrances du jeune Werther, cela donne envie de le lire. Et même en ne l’ayant pas lu, on comprend. D’autres auteurs sont cités comme Winnicott, Nietzsche, Freud ou Stendhal ; les exemples ou citations viennent de romans, d’essais, de correspondances ou de journaux. On peut vraiment dire que c’est un livre complet, dans lequel on se retrouve, et dans lequel les nombreux renvois à d’autres ouvrages montrent la recherche de l’auteur sur le sujet. Enfin, l’auteur donne aussi des exemples tirés de sa propre vie, et l’on s’en rend compte. Il a donc vraiment vécu ce qu’il nous raconte, et l’on s’en aperçoit avec la façon dont il en parle. 

 

En définitive, un livre très intéressant, bien écrit, qui nous laisse un sentiment étrange, entre fascination et trouble. A lire pour tout amoureux (et même pour ceux qui ne le sont pas !)

1234
 

Baseball fans gather zone |
Eaudefiction |
Ici même |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Kpg1221gpk
| Elenaqin
| la saltarelle des baronnes