Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Tuer le père d’Amélie Nothomb

Posté : 26 avril, 2019 @ 2:51 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : ContemporaineTuer le père

Editeur : France Loisirs (Piment)

Année de sortie : 2012 [2011]

Nombre de pages : 151

Synopsis : Allez savoir ce qui se passe dans la tête d’un joueur. 

 

Avis : Cela faisait un moment que j’avais lu un roman d’Amélie Nothomb !

Je suis contente d’avoir retrouvé son écriture et, en même temps, je n’ai pas été séduite par Tuer le père. Même le style manquait de quelque chose pour être aussi bon que d’habitude. J’y ai trouvé quelques réflexions intéressantes, mais pas autant que dans d’autres de ces romans. Pour être honnête, je pense que ce livre a souffert de la comparaison avec d’autres œuvres que j’ai lues de l’autrice !

Je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, et je ne me suis pas intéressé à l’histoire. Le sujet était assez inhabituel pour moi, mais je n’ai pas réussi à le trouver attrayant. J’ai pourtant appris certaines choses, par exemple, sur le Burning Man que je ne connaissais pas du tout !

La réflexion centrale sur le complexe d’Œdipe est intéressante, notamment parce qu’elle [SPOILER] ne le reprend pas de manière habituelle. Ici, ce n’est pas tant le fils qui veut tuer le père que le père qui veut garder son fils. [FIN DU SPOILER] La folie prend une place de plus en plus grande dans le roman, ce qui peut être troublant. Je ne suis pas une grande fan de la fin.

En revanche, un trope que j’ai beaucoup aimé dans ce livre : le fait que l’autrice se mette en scène en incluant, dans son roman, un personnage qui s’appelle Amélie Nothomb ! J’adore les mises en abîme et les jeux de ce genre !

 

Donc, pas le meilleur d’Amélie Nothomb, mais il se lit !

 

Les prénoms épicènes d’Amélie Nothomb

Posté : 23 août, 2018 @ 1:22 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Contemporaine Les prénoms épicènes

Editeur : Albin Michel 

Année de sortie : 2018

Nombre de pages : 155

Synopsis : « La personne qui aime est toujours la plus forte. » 

 

Avis : Comme vous le savez peut-être maintenant, je suis une grande fan d’Amélie Nothomb : je lis chacun de ses romans. Les Prénoms épicènes m’a été offert à la sortie du livre ; j’ai voulu faire une pause dans ma lecture obligatoire. Le choix était évident !

J’ai retrouvé ce que j’aime dans les romans de l’auteure : de la poésie, de la surprise, des prénoms étranges, et des événements bizarres ! Pour autant, les deux premiers aspects étaient moins prononcés que d’habitude, ce que je regrette un peu. J’ai aussi eu l’impression, parfois, que l’auteure expliquait des choses sans que ce soit nécessaire. Pour autant, l’écriture est toujours aussi bonne ! L’histoire tourne autour d’Epicène et de sa mère Dominique. On rencontre la première dès sa naissance et, comme tous les enfants chez Amélie, elle est éveillée, très intelligente, et comprend rapidement certaines choses que les adultes autour d’elle préfèrent se cacher. J’adore cet élément : les enfants ne sont pas présentés comme des idiots, des moitiés d’êtres, des humains incomplets mais, au contraire, comme parfois plus compréhensifs et intelligents que leurs parents ! On la suit ensuite pendant son adolescence jusqu’à l’âge adulte. Difficile de ne pas s’attacher à elle ; elle est d’ailleurs sans doute la seule à laquelle je me sois vraiment attachée ! Elle est touchante, certaines de ses pensées m’ont fait rire ; sa situation est aussi tragique. Quant à Dominique, elle m’a d’abord agacée. [SPOILER] elle se laisse trop facilement approchée par un homme qu’elle ne connaît pas du tout, se laisse séduire par un achat exorbitant, se laisse complètement faire par ce mari insupportable, qu’elle idolâtre presque, et qui ne considère que pour son apparence. Il ose quand même dire, à la fin, qu’elle n’existe pas ! Oh ! [FIN DU SPOILER] J’ai fini par l’apprécier parce que j’ai détesté Claude. Amélie Nothomb a un don pour créer des personnages tellement détestables qu’on les tuerait bien nous-mêmes : c’est le cas ici pour cet individu ! Entre arrogance et cruauté, il est d’une mesquinerie !!

Autre petit bémol : j’avais deviné assez rapidement ce qui allait arriver [SPOILER] en tout cas, qui était qui, qui tenait quel rôle, et pourquoi Claude était obsédé par Mme Cléry [FIN DU SPOILER]. Comme d’habitude, dans ses romans, l’auteure aborde différents sujets, ici la relation mère-fille, comme dans son précédent roman, Frappe-toi le cœur, mais ici de manière différente, la relation père-fille, l’amitié, qui est de l’amour au même titre que l’amour amoureux, et qui peut détruire une vie aussi facilement qu’une rupture, l’hérédité, la ressemblance parent/enfant, la question du paraître et de l’être, et d’autres thèmes encore. J’ai aimé les références érudites cachées dans l’œuvre, comme le fait que la professeure de latin s’appelle Mme Caracala par exemple !

La fin est jubilatoire, comme souvent chez Amélie Nothomb !

 

Donc, un bon roman, même s’il ne fait pas partie des meilleurs ! 

Frappe-toi le cœur d’Amélie Nothomb

Posté : 16 octobre, 2017 @ 3:00 dans Avis littéraires | 4 commentaires »

Genre : Contemporaine Frappe-toi le coeur

Editeur : Albin Michel

Année de sortie : 2017

Nombre de pages : 169

Synopsis : « Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. » Alfred de Musset

 

Avis : Le dernier livre que j’avais lu d’Amélie Nothomb était un véritable coup de cœur : Cosmétique de l’ennemi, dont la fin m’a tellement surprise !! J’avais hâte de lire Frappe-toi le cœur tout en voulant le conserver le plus longtemps possible, peut-être parce que je savais que j’allais aimer, que j’allais le savourer. Voyant la date de la dédicace à Lille approcher, je me suis dit qu’il fallait quand même que je l’ai lu pour ce moment ; je me suis donc lancée !

Frappe-toi le cœur traite de plusieurs sujets précis, parfois déjà abordés par Amélie Nothomb, parfois neufs. Ici, le « thème principal » est la jalousie, mais sous une forme très particulière, puisque le personnage concerné, Marie, est jalouse de tout et de tout le monde, et veut provoquer l’envie de tous. Elle est inconsciente de cette jalousie maladive, mais elle n’en est pas moins détestable pour le lecteur : à partir d’un moment, je l’ai haï de tout mon cœur ! Un autre des thèmes principaux est la relation mère/fille, et l’impact de cette relation sur l’enfant. La question de la responsabilité d’être mère est posée, ainsi que plusieurs autres : qu’est-ce qu’être une bonne mère ? l’instinct maternel existe-t-il ? peut-on ne pas aimer son enfant, ou son parent ? peut-il exister du mépris, et même de la haine entre un parent et son enfant ? [SPOILER] Concrètement, Marie n’aurait pas dû être mère : elle est tellement jalouse de sa fille qu’elle la prive du minimum d’amour et d’affection dont un enfant a besoin pour se développer correctement. [FIN DU SPOILER] On atteint même un point dans cette relation mère/fille où on peut penser à une féminisation du complexe d’Œdipe en espèce de complexe d’Electre [SPOILER] jusqu’à la mort effective d’une des mères [FIN DU SPOILER] Quant à la place du père, elle est risible : soit il ne réagit pas du tout à la situation, soit il est complètement absent, tout en étant présent, une espèce de figure fantomatique – je sais, ça a l’air étrange dit comme ça, mais vous comprendrez quand vous lirez ! Dans aucun cas, l’enfant n’est donc vraiment aidé par son père, même s’il est aimé par lui ; il est complètement passif, et laisse sa femme agir comme elle l’entend. Vu l’absence de réaction des parents, les grands-parents prennent une place prépondérante ; ce sont eux qui apportent l’amour nécessaire à l’enfant. Autre thème important : celui de l’ambition et de la transformation qui peut s’opérer chez quelqu’un quand un changement survient. Un des personnages est prêt à tout pour parvenir à ses fins, même à trahir la seule personne qui l’a aidée – encore un peu de haine de la part du lecteur ! Enfin, un des derniers thèmes, plutôt secondaire par rapport aux autres, est la vision de la société et de la famille sur les intentions, le métier des enfants. Il est considéré comme supérieur à tout autre occupation d’enseigner à l’université : ce doit être le but de la vie de chacun, le but de la carrière de tous ; et quand un personnage dévie de ce but idéal, il est mal jugé, à la fois par sa famille et par la société, qui déplorent tous deux ce choix non-conventionnel. Encore de quoi faire grincer des dents au lecteur, quand un personnage explique, par exemple, pourquoi il est mieux d’enseigner à l’université en médecine, de faire de la recherche, plutôt que de soigner de véritables personnes. Concernant l’écriture, je l’apprécie toujours autant ! Et saluons encore une fois ce talent pour les couvertures !! Celle-ci est encore une fois très réussie ! Bien sûr, le titre est expliqué à un moment donné : j’aime toujours ces moments où le lecteur a l’impression d’avoir complètement saisi le sens du livre.

Pour les personnages, j’ai adoré Diane. Elle est un peu un personnage « type » chez Amélie Nothomb : un enfant précoce, surdoué, et exceptionnellement belle. Elle est courageuse, bienveillante, pleine de bonté contrairement à sa mère. Elle lutte pour ne pas sombrer dans ce qu’elle appelle « l’abîme », fait à la fois de désespoir et de jalousie. Il est plutôt facile de s’attacher à elle ; le lecteur a envie de la soutenir tout le long du livre ! Quant à Marie, elle est détestable dès le début, par sa relation avec les autres, et notamment avec sa sœur. J’avais envie de la secouer, de lui faire prendre conscience de sa façon d’agir, et des conséquences sur les personnes autour d’elle. Un autre personnage devient aussi détestable, mais je ne peux pas vous en parler sans vous spoiler ! Vient ensuite Olivia, qui fait un peu figure de mère de substitution pour un des personnages. Elle a l’air douce, intelligente, sensible, une véritable amie-mère. Célia, quant à elle, est un personnage ambivalent : elle est victime, et, en même temps, on dirait presque qu’elle le fait exprès, qu’elle aime la situation dans laquelle elle se trouve, en tout cas au début. Quand on voit ce qu’il advient d’elle quand elle a grandi, on constate une sorte d’opinion paradoxale : [SPOILER] la fille qui n’a pas été aimée s’en est sortie, elle est devenue quelqu’un de bien, elle a un métier, une vie sociale, même si elle est tout de même traumatisée par son enfance et est un peu marginale ; l’enfant qui a été gâtée, elle, est devenue une débauchée, incapable d’élever sa fille parce qu’elle a peur d’être comme sa mère, complètement marginale, incapable de vivre dans la société. [FIN DU SPOILER] Assez effrayant, et cela donne une leçon sur la façon d’éduquer ses enfants. J’ai adoré les personnages des grands-parents : ils sont lucides, ils comprennent l’enfant et la mère, et font de leur mieux pour améliorer l’existence de la petite, tout en adoucissant la mère – ce qui, autant vous le dire, ne marche pas. J’ai aussi adoré Mariel [SPOILER] qui m’a clairement semblé être un double de Diane. [FIN DU SPOILER] Le personnage d’Elisabeth, quant à lui, permet à Diane de rester liée au monde social, de rester sociable. [SPOILER] Elle est aussi une sœur de substitution quand Diane ne peut pas se rapprocher de Célia, sa véritable sœur, complètement étouffée par l’amour de sa mère. [FIN DU SPOILER]

La fin ne m’a pas surprise, parce que je m’attendais, en quelque sorte, à ce genre de fin de la part d’Amélie Nothomb ; j’ai beaucoup aimé ! C’était logique que le roman finisse de cette façon, [SPOILER] pour achever cette espèce de complexe d’Œdipe au féminin. [FIN DU SPOILER]


Donc, un très bon roman, qui aborde différents sujets, tels la jalousie, la relation mère/fille, l’ambition, et d’autres encore. Une écriture toujours aussi agréable, et une sorte de façon de voir les moins bonnes manières d’éduquer ses enfants.

 

Cosmétique de l’ennemi d’Amélie Nothomb

Posté : 29 avril, 2017 @ 10:53 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 4 commentaires »

Cosmétique de l'ennemiGenre : Contemporaine

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 123

Synopsis : « Sans le vouloir, j’avais commis le crime parfait : personne ne m’avait vu venir, à part la victime. La preuve, c’est que je suis toujours en liberté. » C’est dans le hall d’un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d’avance. Il lui a suffi de parler. Et d’attendre que le piège se referme. C’est dans le hall d’un aéroport que tout s’est terminé. De toute façon, le hasard n’existe pas.

 

Avis : Je partais en week-end prolongé, donc je me suis dit que j’allais choisir de petits livres faciles à lire : Cosmétique de l’ennemi rentrait pour moi dans cette catégorie …

jusqu’à ce que je le lise ! Certes, c’est une lecture très rapide : en deux heures de voiture, je l’avais terminé. Mais je ne pense pas qu’on puisse dire que c’est un livre facile. L’écriture, comme toujours avec Amélie Nothomb, est fluide, et le lecteur passe de mot en mot très rapidement – ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas importants. De plus, le récit est principalement composé de dialogue, ce qui permet d’entrer dans l’histoire rapidement, ce qui donne plus de vie au livre, et ce qui donne des répliques bien senties, mémorables tant elles sont percutantes ! Mais le thème principal abordé n’est pas un de ceux que j’appellerai faciles ! Et surtout, avec le synopsis, je ne m’attendais pas du tout à ce genre d’histoire !! Je ne veux surtout pas gâcher la surprise à ceux qui ne l’ont pas encore lu, donc je ferai des encarts spoilers à chaque fois qu’ils me sembleront nécessaires ! L’histoire en elle-même commence doucement : un homme en aborde un autre dans un hall d’aéroport, et commence à l’importuner, à le suivre, à lui parler sans cesse, à lui raconter les grands événements de sa vie. Le lecteur est ici face à une situation dans laquelle il pourrait se trouver, ce qui lui permet de s’identifier d’emblée à Jérôme, l’importuné, et pas du tout à Textor, l’importun. Il choisit tout de suite un camp, et ce choix ne fera que se consolider au fil des révélations de Textor, assez affreuses pour faire tressaillir le lecteur, pour l’indigner, pour avoir envie d’entrer dans le livre et de lui faire payer lui-même ce qu’il a fait. C’est alors que surgit le premier rebondissement ! Je n’en croyais pas mes yeux !! Tout s’emboîte logiquement pour y aboutir, et pourtant, je ne l’ai pas du tout vu venir !! Je ne m’attendais pas non plus à la réaction des deux personnages ! Quant au second rebondissement, il m’a achevée ! Je n’étais pas du tout arrivée à cette conclusion, cela m’a vraiment surprise ! Amélie Nothomb a le don de faire croire à son lecteur qu’il a tout compris, alors qu’en fait, il est complètement à côté de la plaque ! Ainsi le thème principal est-il [SPOILER] la schizophrénie, le fait qu’un homme ait deux personnalités complètement opposées, et que l’une agisse indépendamment de l’autre. Ici, Textor rencontre Jérôme pour lui faire comprendre qu’ils sont deux, et que si le meurtre de sa femme n’a jamais été résolu, c’est parce que c’est lui-même qu’il l’a commis en oubliant qu’il est le meurtrier au moment de reprendre sa « première » identité. Cela pose aussi la question de la culpabilité après un crime, de la façon de chacun de le porter, ainsi que la question de savoir comment une personne peut se retrouver avec plusieurs personnalités, savoir ce qui cause ce trouble, cette division de l’être normalement unique. Cela pousse le lecteur à se poser des questions : qui sommes-nous vraiment ? nous connaissons-nous vraiment ? [FIN DU SPOILER] Complètement bluffant ! Petites remarques : avec la personnalité de Textor Texel et ses révélations, celui-ci m’a fait penser à Prétextat Tach dans Hygiène de l’assassin, surtout dans sa façon de parler ; de plus, leurs noms sont proches maintenant que je les écris côte à côte ! Ce nom, d’ailleurs, amène une réflexion sur le texte et le tissu, ce qui donne une belle mise en abîme. Enfin, le lecteur apprend toujours quelque chose avec Amélie : ici, l’étymologie de « cosmétique » par exemple !

Les personnages ne sont que deux en scène, malgré la proximité d’une foule dans un hall d’aéroport, ce qui donne une impression de huis-clos, renforcée par les révélations de Textor. Celui-ci est un personnage abject, impossible à aimer, et qui possède une conception de l’amour, de la liberté et du désir toute particulière ! Dès le début, dès son irruption dans le champ de vision et le champ auditif de l’autre personnage, il devient agaçant, quelqu’un dont on aimerait se débarrasser, quelqu’un qui ne vit que pour importuner les autres autour de lui. Ses révélations le rendent d’autant plus ignobles qu’il ne semble pas se rendre compte de la gravité de ce qu’il a fait : pour lui, ses actes étaient tout à fait normaux, et il les explique avec force arguments, énervant encore plus le lecteur et Jérôme, qui devient alors comme son reflet dans le texte. Celui-ci semble être un homme ordinaire, celui que l’on rencontre justement dans les halls d’aéroport en train d’attendre, agacé par son retard. Il est banal, même si, selon Textor, il est plutôt charismatique. Obligé de subir la présence de Textor, il l’écoute et réagit, avec ironie ou indignation, à ses multiples confessions. Mais il prend une dimension tout à fait différente dès le premier rebondissement ; cela est renforcé après le second rebondissement. [SPOILER] Si Jérôme était bien une figure du lecteur, celui-ci se retrouve dans une situation où lui-même est confronté à son être intérieur, à son propre Textor, à sa schizophrénie non-déclarée, à ses multiples facettes de sa personnalité, facettes qu’il cache, pour la plupart, parce qu’elles ne sont pas conventionnelles, ou qu’elles déplairaient à son entourage. Il se sent alors mal à l’aise, pris dans l’histoire d’une façon à laquelle il ne s’attendait pas, acteur par procuration d’une situation dans laquelle il ne veut jamais se trouver. [FIN DU SPOILER]

La fin est monumentale, tout comme l’est le second rebondissement. C’est le moment de vérité, le lecteur s’attend à tout ; la fin est divisée en deux parties, laissant le suspense entier : [SPOILER] en effet, le lecteur pourrait croire qu’elle vient quand Jérôme a achevé de tuer Textor, et qu’il s’en va ; mais en réalité, la véritable fin se trouve à la page suivante, séparée du corps du texte, comme un épilogue, et l’on se rend bien compte que Textor était bien Jérôme, une création de son esprit, un Mr. Hyde, son double projeté sous les yeux ! [FIN DU SPOILER]

 

Donc, un livre qui m’a grandement surprise, qui m’a troublée et mise mal à l’aise, qui aborde un thème important qui m’est cher. Bien sûr, un coup de cœur !

Riquet à la houppe d’Amélie Nothomb

Posté : 29 septembre, 2016 @ 9:16 dans Avis littéraires | 4 commentaires »

Genre : ContemporaineRiquet à la houppe

Editeur : Albin Michel

Année de sortie : 2016

Nombre de pages : 188

Synopsis : « L’art a une tendance naturelle à privilégier l’extraordinaire. »

 

Avis : Ce livre me crie de le lire depuis un moment, je ne pouvais plus résister !

D’abord, cette couverture !!! Plus on avance, et plus j’ai l’impression qu’elles sont de plus en plus belles ! J’adore l’ambiance de celle-ci, le petit sourire, les couleurs aussi ! Le lecteur retrouve ici une nouvelle réécriture, cette fois de « Riquet à la houppe ». J’en ai déjà lu une de ce conte chez Pierre Dubois, et c’était la meilleure nouvelle de son recueil !! Ici, pas de comparaison possible il me semble : le genre n’est pas le même, et le conte réinventé est si différent chez les deux auteurs qu’elle ne semblerait pas pertinente – soit dit en passant, je n’ai toujours pas lu l’original de ce conte … Shame ! Certains aspects du conte sont repris – comme je ne l’ai pas lu, je ne peux pas être précise - comme les deux personnages. Ici, Riquet ne s’appelle pas Riquet, mais lui ressemble énormément. J’ai adoré lire son histoire, ainsi que celle d’un autre personnage – je ne donne pas les prénoms ici, toujours aussi originaux, je ne voudrais pas vous gâcher le plaisir de les découvrir ! On suit les personnages de leur naissance à la fin du roman : on passe donc par leur enfance, leur adolescence, leur début dans l’âge adulte ; j’ai aimé les suivre, m’attacher à eux. J’ai eu du mal avec la souffrance qu’ils sont obligés d’endurer : qu’elle vienne d’eux-mêmes ou de la réaction des autres, tant de rejet m’a touchée. On retrouve de nouveaux thèmes et de belles convictions ; les thèmes d’abord : la laideur, et la réaction à cette laideur, la contemplation et le très peu de place qu’on lui accorde dans nos sociétés, la cruauté des enfants et l’hermétisme des adultes pour des êtres qu’ils ne comprennent pas, l’intelligence que l’on ne suppose pas à l’enfant, et qui est présente ici, enfin, la beauté, comme un joyau précieux, que ce soit celle d’une personne, d’un bijou, d’un animal, d’un objet du quotidien qui apparaît quand on le regarde véritablement. Quant aux « convictions », si on peut les appeler ainsi : la supériorité des oiseaux, que j’ai aimés découvrir ici ; j’ai souvent songé à apprendre leur nom à tous, et finalement, j’ajoure toujours, il est peut-être temps de s’y mettre, leur liberté, leur différence fondamentale avec l’homme, leur caractère « sacré » – j’ai aimé que l’auteur nous parle de la place des oiseaux dans l’histoire et dans les religions – ; le fait que l’homme recherche avant tout l’utilité, ce qui place les oiseaux, – et dans ce cas aussi, la littérature, si l’on ne recherche que ce qui peut servir pratiquement – au rang de choses négligeables, l’homme a oublié que la vie ne tourne pas autour de l’argent et de l’utilité, il en vient à se foutre de la disparition de quoi que ce soit si cela ne lui est pas utile dans la vie … vive l’homme ! ; la place de l’amour dans la littérature, et le cas particulier des fins heureuses, j’ai aimé trouver ici l’opinion même de l’auteure, qui prend la parole explicitement à ce moment-là, et qui parle aussi un peu d’elle-même – j’avoue que j’étais impressionnée par ce qu’elle dit ! L’écriture est toujours aussi belle, poétique, peut-être moins cynique qu’à l’accoutumée ; j’ai souri, j’ai ri, j’ai acquiescé, j’ai été étonnée, j’adore !

Riquet (dont je ne donnerai pas le nom !) est un personnage attachant. D’apparence repoussante, et même manifestement monstrueux, il compense par son intelligence supérieure qui lui permet d’arriver à ses fins sans même que les autres s’en rendent compte. Il a conscience de sa laideur et sait qu’il doit, d’une manière ou d’une autre, s’en accommoder, et faire en sorte que les personnes autour de lui passent outre sans s’en apercevoir. Sa passion pour les oiseaux apporte une nouvelle culture au lecteur – si celui-ci ne l’avait pas déjà, ce qui était mon cas ! Sa solitude, et son absence total de besoin des autres le rendent encore plus à part. Conscient d’être différent, il n’a pas envie de devoir changer pour les autres ; s’ils ne peuvent pas l’accepter, lui ne fera pas non plus d’effort. Certaines de ses répliques – même celles relayées par le narrateur quand il est bébé – m’ont fait rire ; Riquet n’est pas un personnage sinistre, ou qui se plaint sans cesse de son apparence, du rejet des autres, ou de quoi que ce soit. Quant au second personnage – vous n’aurez pas son nom non plus ! – elle – vous saurez juste que c’est une fille – est dans la contemplation, dans le regard vraiment porté sur les choses, une attention que les autres ne leur accordent pas. Elle aussi est rejetée, en raison de sa beauté et du fait qu’elle ne parle pas beaucoup, et préfère regarder. Elle est vite catégorisée - joli préjugé quand on ne cherche pas à comprendre les gens. Je me suis aussi beaucoup attachée à ce personnage : j’ai adoré l’endroit où elle grandit, la personne qui l’élève, la particularité de cette personne aussi, qui va un peu pousser la jeune fille vers son avenir. D’autres personnages se trouvent dans ce livre, je ne vous donnerai pas les noms non plus – c’est un plaisir pour moi de les découvrir, je ne voudrais gâcher celui de personne ! – : les parents de Riquet, stupéfaits par l’apparence de leur fils, d’excellents parents – j’ai adoré le passage avec le directeur !! – ; les parents du second personnage, que je n’ai pas du tout apprécié, le père est complètement effacé et la mère m’a semblé insupportable ; la grand-mère du second personnage, que j’ai adoré, si attachante et douce, si persuadée de l’intelligence supérieure de sa petite-fille ; d’autres personnages secondaires qui poussent les protagonistes d’un côté ou d’un autre, leur font emprunter des chemins qui les mènent irrévocablement vers …

La fin. Je l’ai aimé, je l’ai trouvé belle. Je ne peux pas trop en dire, mais j’ai aimé aussi le « mystère » qui reste tout de même entre les personnages.

 

Donc, un très bon roman, presque un coup de cœur, il ne manque pas grand-chose, juste l’émotion particulière que m’ont procuré mes Nothomb préférés. Tout de même en très bonne place dans l’ordre de mes favoris !

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