Les Métamorphoses d’Ovide
Editeur : GF
Année de sortie :2010
Nombre de pages : 395
Synopsis : « Le premier goust que j’eus aux livres, il me vint du plaisir des fables de la Métamorphose d’Ovide. » Montaigne
Avis : Cela faisait longtemps que ce livre attendait dans ma PAL ; j’avais très envie de le lire, mais j’avais peur de m’y mettre, peut-être peur d’être déçue, ou de m’ennuyer.
Je ne me suis jamais autant trompée ! Les Métamorphoses sont divisées en quinze livres qui semblent progresser chronologiquement. On part de l’origine du monde pour arriver au temps de l’auteur et à celui d’Auguste, empereur de Rome. Contrairement à ce à quoi le lecteur aurait pu s’attendre, les histoires s’enchaînent de façon cohérente, et non dans un ordre arbitraire, ce qui, je pense, augmente le plaisir du lecteur : il a l’impression de lire un roman plutôt qu’une succession de petites histoires sans rapport les unes avec les autres. Se trouvent ainsi, dans ce livre, la majorité des mythes grecs : un véritable régal pour ceux qui aiment la mythologie ! Tout y est, d’Orphée à Cassiopée, des Géants à Atlas, de Jason à Hercule, tout le monde y trouve son compte ! Les métamorphoses touchent autant les humains que les demi-dieux, nymphes ou dieux à part entière : souvent, elles sont la conséquence d’un crime, d’un danger encouru par le métamorphosé, ou d’un souhait. La plupart de ces histoires sont touchantes, malgré leur ancienneté : j’ai retrouvé l’origine sans doute de Roméo et Juliette chez Pyrame et Thisbé, et j’ai adoré l’histoire de Philémon et Baucis, si belle. L’émotion ressentie par les différents personnages rejaillit sur le lecteur, positive ou négative : on ressent l’horreur, la tristesse, la joie, l’injustice, que ce soit celle des dieux ou celle des hommes, la pitié, la compassion. Concernant l’écriture : la traduction a l’air très bonne étant donné que tout fait sens, mais le traducteur a également rajouté des effets de style qui collent très bien à l’esprit de la mythologie, qui renforcent son côté « féérique ».
Je ne peux pas vraiment parler de personnages ici ; on en suit plusieurs, dieux, demi-dieux, humains, divinités inférieures. Orphée prend une place importante : il est la voix d’un livre, et sa mort est racontée dans le suivant. Enée, lui aussi, tient un rôle prépondérant, puisque les derniers livres lui sont consacrés, à lui et à sa descendance. La plupart des grandes figures mythologiques apparaissent ici comme Hercule et Ulysse. Les dieux sont évidemment présents, et se montrent assez féroces, que ce soit Jupiter ou Vénus, Junon ou Minerve : leur justice est impitoyable, et les humains qui commettent le péché d’hybris peuvent le regretter tout le reste de leur vie – si on peut appeler certains parcours de ce nom ! Ainsi Arachné, Niobé ou les Danaïdes ! Surpuissants, leur courroux ou leur tristesse entraînent la métamorphose de nombreux autres personnages, et donc l’apparition de nouvelles espèces de fleurs ou d’animaux, de rochers aussi. Pourtant, ils ne sont pas capables de contourner le destin, et ne peuvent pas réparer leurs erreurs, ce qui les poussent à rendre hommage à ceux qui ont souffert par leur faute. Ainsi, les humains sont souvent les victimes des dieux, arrogants ou impuissants, coupables ou innocents.
La fin ramène le « roman » au temps présent de l’auteur, c’est-à-dire, au règne d’Auguste, fils adoptif de César. Cela le rattache à l’histoire romaine, ce que je trouve très intéressant, et ce qui montre l’impact de la religion grecque sur la romaine.
Donc, un excellent livre, que je conseille à tous ceux qui aiment la mythologie, mais aussi à ceux qui aiment les atmosphères un peu féériques, les histoires mêlées de guerre et d’amour, où les humains sont jouets des dieux tout en étant parfois convoités par eux, qui souvent, les repoussent.