Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Macbeth de William Shakespeare

Posté : 29 juillet, 2017 @ 1:39 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Tragedies Genre : Classique, Théâtre

Editeur : Oxford University Press (Guild Publishing London)

Année de sortie : 1990 [1987]

Nombre de pages : 25 (c’est bien le texte intégral, mais écrit en minuscule !!)

Synopsis : Pas de synopsis pour cette édition, donc je vous mets celui de Livraddict : Le général écossais Macbeth revient du combat où il a vaillamment défendu son seigneur Duncan quand, en pleine lande, trois sorcières apparaissent et lui annoncent qu’il deviendra roi. Lorsque Duncan lui rend visite pour le récompenser de sa bravoure, Macbeth, hanté par la prédiction des sorcières et poussé par sa femme, tue son hôte et s’empare du pouvoir. En proie au remords, le couple sombre peu à peu dans la folie…

 

Avis : Cela fait très longtemps que je voulais lire Macbeth, et, je ne sais pas pourquoi, je repoussais toujours ma lecture. Puis, j’ai vu qu’un film était sorti en 2015 avec Michael Fassbender, et je me suis dit que ce serait sympa de regarder avec mon compagnon – bien sûr, pas avant d’avoir lu la pièce !

Shakespeare a un don : il parvient à me faire aimer des personnages, à me faire ressentir de la sympathie pour eux, alors qu’ils ne le méritent clairement pas quand on lit la pièce. J’étais vraiment compatissante envers Macbeth, qui se laisse consumer par l’envie, par l’ambition, poussé par sa femme à commettre des actes irréparables. Dès la prophétie des sorcières, on sent que le personnage va être tourmenté par ce qu’elles ont prédit, que la fatalité va s’acharner sur lui : il sera baron de Cawdor, puis roi. Il ne cesse d’y penser, il en parle à sa femme, et elle le pousse à forcer le destin. Pourtant, Macbeth, au début de la pièce, ne semble pas particulièrement ambitieux : il sert son roi, fait la guerre, mais ne pense pas à la royauté pour lui-même avant que les sorcières ne lui en parlent. Une fois l’idée implantée, elle fait son chemin et conduit Macbeth - ainsi que sa femme - vers le crime, puis vers les remords et la folie. Il est prêt à croire tout ce que lui prédisent les sorcières : il n’interprète pas ce qu’elles disent et se retrouve vite au pied du mur. Comme dans Othello, ce n’est pas celui qui insuffle l’idée qui fait le « sale boulot » ; ce n’est pas Iago qui tue Desdémone ou Cassio, comme ce n’est pas Lady Macbeth qui tue le roi. C’est le personnage principal qui devient criminel, et qui, pourtant, étrangement, reste « sympathique » au lecteur, parce qu’il est manipulé plus qu’il n’est criminel de son plein gré. Rien que pour ça, je ne peux pas ne pas aimer les pièces de Shakespeare !

Ce que j’aime aussi dans cette pièce – excepté le fait que c’est une tragédie – est l’ambiance, plus sombre que dans les pièces que j’ai lues précédemment. D’abord, l’histoire débute par une guerre, et donc, concrètement, par un bain de sang, qui se poursuit avec des meurtres. La pièce est aussi plus sombre à cause de – ou grâce à - la magie présente ici, une magie noire, exécutée par des sorcières qui invoquent le nom d’Hécate, déesse lunaire, protectrice parfois, mais aussi déesse de l’ombre et des morts. C’est cet aspect de la déesse qui est mis en avant ici : invoquée par les sorcières, elle chante avec elles, et les aide dans la concoction d’une sorte de potion. Lady Macbeth, elle aussi, contribue à l’ambiance plus sombre, notamment par le fait qu’elle n’écoute pas son mari quand il doute ; elle le pousse plutôt à réaliser la prophétie des sorcières, quitte à devoir tuer pour y parvenir. Elle est rattrapée par des remords, qui font surface la nuit, sous forme de crises de somnambulisme pendant lesquelles elle revit sa conversation avec Macbeth. Mais, en voulant réaliser la prédiction à tout prix, le général a oublié, momentanément, une partie de celle-ci : Banquo, l’ami du général, lui aussi, s’est vu prédire quelque chose. Autre chose de très appréciable : l’écriture, excellente, un peu difficile parfois, mais agréable.

La fin est, évidemment, tragique : les personnages ont succombé à la folie, Macbeth voit des fantômes et se barricade dans son château, persuadé d’être invincible grâce à une nouvelle prophétie. Il s’est laissé abuser, et le lecteur ressent, quand même, encore, de la sympathie pour lui à la fin.

 

Donc, une très bonne pièce, sombre et bien écrite, et dont les personnages sont appréciés, malgré leurs crimes !

Nightmare Abbey de Thomas Love Peacock

Posté : 11 juillet, 2017 @ 5:19 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Classique The Castle of Otranto, Vathek & Nightmare Abbey

Editeur : Wordsworth Editions

Année de sortie : 2009 [1818]

Nombre de pages : 76

Titre en français : L’Abbaye du cauchemar

Synopsis : The Gothic novel, featuring dark tales of tragedy, romance, revenge, torture and ancient villainies, tinged with horror and the supernatural, became the vogue in the late eighteen and early nineteenth centuries. This unique collection presents the best and the most diverse of this fascinating genre. [...]

With his novel Nightmare Abbey, Thomas Love Peacock satirises the format to great comic effect while still retaining the essential chilling elements. This fantastic collection runs the gamut of Gothic fiction, presenting an entertaining and a thrilling overview of the genre.

 

Avis : Le dernier des petits romans de la collection !

Je pensais que Nightmare Abbey serait le « roman » que j’apprécierais le moins ; et pourtant, c’est celui que j’ai le plus aimé ! D’abord, j’ai aimé le fait que ce soit une parodie-satire : on retrouve des éléments gothiques, mais, au lieu de nous faire peur, ils nous semblent ridicules ! L’auteur se moque aussi du fait que les personnages dans ces romans semblent chercher le malheur : j’ai ri en lisant les dialogues absurdes des personnages aux noms qui en disent long : Toobad, Glowry, Listless, entre autres ! C’est l’œuvre que j’ai préféré des trois, et que j’ai le plus annoté ! On retrouve donc quelques stéréotypes du gothique : la demeure cauchemardesque, tournée en ridicule rien que par son nom, les fantômes, qui en fait, sont des domestiques victimes de crises de somnambulisme, l’amour qui se retourne complètement contre le personnage concerné ! J’ai aimé aussi que certains stéréotypes soient inversés, par exemple, la femme naïve et innocente éperdue d’amour pour le héros sans peur et sans reproches et qui va finir par mourir en bonne héroïne tragique ! Ici, les femmes ne se laissent pas faire ! La seule chose qui a manqué à ce livre, c’est le côté frisson des « vrais » romans gothiques : il n’y a pas de fantastique, tout a une explication rationnelle, et aucune scène ne peut être qualifiée d’effrayante. Sinon, j’ai passé un très bon moment !

 

Donc, un très bon roman qui reprend les stéréotypes du gothique pour les déformer et pour se moquer du genre !

Vathek de William Beckford

Posté : 10 juillet, 2017 @ 6:30 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : The Castle of Otranto, Vathek & Nightmare AbbeyClassique, Fantastique

Editeur : Wordsworth Editions

Année de sortie : 2009 [1786]

Nombre de pages : 81

Synopsis : The Gothic novel, featuring dark tales of tragedy, romance, revenge, torture and ancient villainies, tinged with horror and the supernatural, became the vogue in the late eighteen and early nineteenth centuries. This unique collection presents the best and the most diverse of this fascinating genre. [...]

In Vathek William Beckford developed the form further, introducing Orientalism to the Gothic mix of horror and mystery, creating the finest European imitation of the Arabian Nights.

[...] This fantastic collection runs the gamut of Gothic fiction, presenting an entertaining and a thrilling overview of the genre.

 

Avis : J’ai poursuivi ma lecture des romans présents avec The Castle of Otranto.

Je ne sais pas si on peut vraiment parler de roman pour Vathek, puisqu’il est sous-titré « conte arabe ». On retrouve certains aspects de ce type de conte : le lecteur suit un prince riche, beau et intelligent ; sa mère veut le voir dominer le monde, et son peuple l’adore. Jusque là, tout va bien. Mais ce prince, Vathek, veut plus que le pouvoir sur le monde : il veut s’asseoir sur les trônes des rois préadamites, ceux qui vivaient avant la création de l’homme. Il veut être tout puissant, ce qui va le pousser à renier sa religion et son prophète, l’Islam et Mahomet, pour servir le Giaour, un démon qui lui ouvrira les portes de l’Enfer s’il fait tout ce qu’il lui demande. Je dois dire que Vathek est assez agaçant : très influençable, il obéit à sa mère et au Giaour, mais il a des crises de révolte pendant lesquelles il demande à Mahomet de le sauver, sans jamais faire ce qui doit être fait pour être pardonné. Il semble clairement coupable d’hybris, un orgueil démesuré. Le lecteur ne sait pas trop ce que veut vraiment Vathek ; en effet, c’est sa mère, Carathis, qui désire entrer en Enfer, parce qu’elle est une disciple d’Eblis. Elle pratique la magie noire tout le long du conte, et apporte énormément d’éléments gothiques au roman, notamment les scènes de sacrifice, les momies, la magie. C’est une sorcière plus qu’une princesse, et elle se sert de ses pouvoirs pour pousser son fils vers le trône des rois préadamites. J’ai aimé cet ajout de l’orientalisme, qui rend le conte original par rapport aux autres romans gothiques ; il est dit que Vathek est la meilleure imitation de conte arabe réalisée en Europe, et il est vrai que le lecteur est transporté dans l’univers que l’auteur crée autour de ses personnages. L’histoire, elle aussi, m’a intéressée : le prince veut être damné en quelque sorte, parce qu’il pense qu’il sera alors maître du monde et de l’Enfer en plus, qu’il siègera aux côtés d’Eblis – un démon qui a refusé de se prosterner devant Adam -; il se rend compte que trop tard de ce qu’il a souhaité.

Mais, malgré le petit nombre de pages, j’ai parfois trouvé le conte long. J’avais du mal à rester intéressée tout le temps, et les divagations des personnages, la façon qu’a Vathek de tout le temps changer d’avis, m’ont agacée. Parlant de Vathek, les personnages, comme dans The Castle of Otranto, sont très stéréotypés. Autant cela ne m’a pas gênée dans le roman précédent, autant j’ai trouvé cela pesant ici. Enfin, l’image de la femme est déplorable : toutes sont soit des sorcières, soit des tentatrices. Carathis est la sorcière par excellence, celle qui est prête à tuer n’importe qui pour entrer en Enfer auprès d’Eblis. Une des femmes du prince, Dilara, - parce que, logiquement, dans les contes arabes, les princes sont polygames – est liée aux Magi, sans doute des femmes liées à la magie noire, et elle désire plus que tout régner auprès de Vathek à Istakar. Enfin, Nouronihar, promise à son cousin Gulchenrouz, le laisse complètement tombée pour tomber dans les bras du Calife, qu’elle voulait s’amuser à séduire. Ainsi, les femmes dans ce conte sont-elles versatiles, séductrices et mauvaises. Enfin, j’ai parfois eu l’impression d’une parodie de conte arabe, sans savoir exactement si c’était mon imagination, ou si, effectivement, l’auteur se moque un peu du genre.

La fin est, encore une fois, tragique et à peu près tous les personnages sont punis.

 

Donc, un conte gothique plutôt original dans sa façon d’imiter un conte arabe, mais que je n’ai pas su apprécier à cause d’une impression de longueur, et de l’image de la femme qu’il donne.

The Castle of Otranto d’Horace Walpole

Posté : 9 juillet, 2017 @ 10:28 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Classique, Fantastique The Castle of Otranto, Vathek & Nightmare Abbey

Editeur : Wordsworth Editions

Année de sortie : 2009 [1764]

Nombre de pages : 95

Titre en français : Le Château d’Otrante

Synopsis : The Gothic novel, featuring dark takes of tragedy, romance, revenge, torture and ancient villainies, tinged with horror and the supernatural, became the vogue in the late eighteen and early nineteenth centuries. This unique collection presents the best and the most diverse of this fascinating genre. In Horace Walpole’s The Castle of Otranto, often regarded as the first true Gothic romance, we have a template for such works, which other writers adopted and adapted. WIth its dark cruelties and fiercely passionate dramas, the power of Walpole’s prose remains magically potent today.

[...] This fantastic collection runs the gamut of Gothic fiction, presenting an entertaining and a thrilling overview of the genre.

 

Avis : Comme je vais étudier le gothique l’année prochaine, je me suis dit que ce serait peut-être bien de lire quelques œuvres classiques du genre, et The Castle of Otranto est considéré comme le premier roman gothique !

C’était donc un plaisir de le découvrir, puisqu’il fixe déjà quelques règles du genre : le château hanté, et même, la demeure vivante en quelque sorte ; les manifestations fantomatiques ; l’inceste ; le roi qui devient tyran, dirigé par ses passions et qui, pourtant, semble avoir un bon fond ; la prophétie, qui pousse le roi à tout faire pour que sa lignée ne s’éteigne pas ; les morts tragiques. J’ai aussi retrouvé certains aspects de contes de fées, notamment la reconnaissance de l’héritier à la fin, ou le coup de foudre de la princesse pour l’héritier au premier regard, alors qu’elle ne sait pas encore qui il est. Bien sûr, c’est un conte de fées qui tourne très mal. Ce livre, comme la plupart des œuvres gothiques, est fait pour faire frissonner le lecteur, pour provoquer l’émotion aussi, notamment dans plusieurs scènes dramatiques ; le sachant, je ne pensais pas que cela marcherait sur moi, et pourtant, ce fut le cas ! Je m’attendais aussi à trouver une écriture peut-être difficile à lire – The Castle of Otranto date quand même de 1764 – mais pas du tout ; c’est très agréable à lire ! Certes, il y a quelques traces d’ancien anglais, du genre « thou », « thy », ou l’ajout de « st » à la fin des verbes à la troisième personne, mais ça ne gêne pas du tout la lecture ! 

Je me suis un peu renseignée avant de lire The Castle of Otranto, et j’ai vu qu’il était possible d’avoir deux interprétations du livre : soit c’est une histoire sérieuse, conservatrice, qui met en valeur la place de la noblesse dans la société, la nécessité pour elle de retrouver ce qui lui est dû, et la punition de ceux qui s’y opposeraient, des usurpateurs ; soit c’est une histoire absurde, controversée, qui tourne en ridicule le fait que la pureté de la noblesse ait un lien avec une supériorité divine. Il est difficile de choisir une interprétation définitive, mais, j’ai lu The Castle of Otranto comme une œuvre sérieuse. En effet, Manfred et sa famille sont punis pour avoir usurpé le château d’Otranto à son héritier légitime ; de plus, les manifestations fantomatiques font forte impression sur les domestiques et sur la famille de Manfred : elles sont toujours gigantesques, et il est impossible à quiconque de s’opposer à elles. La seule chose qui contrecarre l’interprétation sérieuse est le ridicule des personnages parfois, notamment le père d’Isabella et Theodore. J’ai aussi lu que ce texte pouvait être rapproché d’Hamlet, et je suis tout à fait d’accord ! Malgré le fait que j’ai beaucoup aimé ma lecture, The Castle of Otranto ne peut pas être un coup de cœur pour plusieurs raisons : une certaine misogynie, sans aucun doute due à l’époque, mais qui m’agace tout de même – j’ai aussi eu l’impression qu’elle était soutenue par un personnage féminin, Hippolita, ce qui était encore plus agaçant -, une présence excessive de la religion, ce qui est un trait caractéristique de certaines œuvres gothiques – mais, encore à cause d’Hippolita, la religion devenait assez agaçante -, l’instalove, ou deux personnages qui viennent à peine de s’apercevoir tombent éperdument amoureux l’un de l’autre, des personnages très stéréotypés, comme le prince caché de qui on découvre l’identité à la fin, ou la princesse qui veut aller au couvent, mais qui rencontre le prince et qui tombe amoureuse de lui au premier regard. Comme ils sont stéréotypés, ils ne sont pas très développés, ni très « réalistes » : Manfred, par exemple, le roi devenu tyran, n’est pas un personnage manichéen, mais il se laisse tellement guidé par ses passions qu’il finit par demander l’inacceptable à la fiancée de son fils et à sa propre femme. Il se laisse régulièrement attendrir par certains personnages, ce qui leur évite la mort. De plus, Manfred est sujet à l’hybris, c’est-à-dire l’excès d’orgueil. Il insulte un représentant de Dieu et lui ordonne de faire des choses contraires à son éthique religieuse ; se plaçant ainsi, en quelque sorte, au-dessus de Dieu, il doit se repentir ou en payer les conséquences. La reine Hippolita est assez agaçante, parce que c’est typiquement le genre de reine complètement dévouée et soumise à son mari : il peut faire ce qu’il veut d’elle, elle lui obéira en tout. Elle a influencé en cela sa fille Matilda, qui veut entrer au couvent parce qu’elle ne ressent pas d’amour, et veut donc se tourner vers Dieu. Seul le personnage d’Isabella s’oppose à Manfred et refuse de se soumettre. Autres personnages : Theodore, ou l’archétype du héros parfait et frère Jérôme, qui tente de faire comprendre au roi qu’il prend une mauvaise décision, et qui se retrouve lui-même dans une situation difficile entre ses choix religieux et ses choix personnels.

La fin est tragique, comme elle doit l’être dans ce genre de romans. Elle clôt très bien le livre !

 

Donc, une très bonne lecture ; j’ai apprécié voir les différentes règles du gothique mises en application ici !

Bleak House de Charles Dickens

Posté : 6 décembre, 2016 @ 9:38 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 3 commentaires »

Bleak House Genre : Classique

Editeur : Vintage

Année de sortie : 2008

Nombre de pages : 880

Titre en français : La Maison d’Apre-Vent 

Synopsis : ‘Dickens’s chilling tale of murder and betrayal’ Sunday Times.

‘The one great principle of the English law is to make business for itself.’

Jarndyce and Jarndyce is an infamous lawsuit that has been in process for générations. Nobody can remember exactly how the cas started but many different individuals have found their fortunes caught up in it. Esther Summerson watches as her friends and neighbours are consumed by their hopes and disappointments with the proceedings. But while the intricate puzzles of the lawsuit are being debated by lawyers, other more dramatic mysteries are unfolding that involve heartbreak, lost children, blackmail and murder.

 

Avis : Je n’avais jamais lu Dickens avant de lire Bleak House, et, honnêtement, j’avais un a priori sur ce livre, comme sur l’auteur. J’avais peur de me retrouver face à un livre pénible et à une écriture trop solennelle.

Comme je me trompais ! Bien sûr, c’est une lecture très longue, mais tellement excellente que la longueur ne compte pas ! Elle ne m’a pas du tout dérangé ; en fait, j’ai ressenti quelque chose d’assez paradoxal en lisant : je voulais finir le livre pour pouvoir lire d’autres choses, et, en même temps, je ne voulais pas que l’histoire s’arrête tant je me sentais bien en la lisant. J’avais l’impression d’être chez moi, que l’œuvre était faite pour moi, et c’est un sentiment si merveilleux que je ne voulais pas que la lecture se termine. Plus objectivement, c’est vrai que Bleak House peut faire peur : 880 pages sur un procès avec un nombre de personnages impressionnant, il y a de quoi se perdre ! C’est une histoire qu’on ne comprend pas tout de suite, où l’on nous présente successivement beaucoup de personnages qui ne semblent pas avoir de liens entre eux ; mais – j’ai presque envie de dire bien sûr ! – les pièces du puzzle s’emboîtent parfaitement à la fin ! Aussi, ce n’est pas un roman fait d’action pure et d’adrénaline : ici, nous sommes plus face à une critique du système de la justice, de sa lenteur, de son indifférence, de sa capacité à faire traîner des affaires pendant très longtemps, tout en laissant l’espoir infime aux concernés qu’elles seront bientôt résolues. Cette critique est acerbe, ironique, faite avec humour, mais, derrière le rire, on peut sentir l’indignation pour un mécanisme qui joue avec les gens, les appauvrit et les fait ressortir de la Cour exsangues. Est aussi traité le thème de l’amour à travers différents couples que je ne nommerai pas – je ne voudrais pas vous gâcher les surprises potentielles. Il est parfois fait de passion, parfois fait de dévotion, et parfois juste un prétexte. Concernant l’écriture : elle est formidable, et je regrette vraiment de ne pas avoir osé lire Dickens avant ! Je ne m’attendais pas à cet humour, à cette ironie, et à cette poésie en même temps ! Le narrateur joue parfois avec le lecteur, il est parfois présent dans le texte pour faire des commentaires ; aussi, le récit est à la fois à la troisième et à la première personne : nous avons donc un narrateur qui nous raconte ce qu’Esther Summerson, elle aussi narratrice, ne sait pas. La voix du premier est celle qui est pleine d’humour, d’ironie et de poésie – j’aime notamment quand il se moque des personnages ridicules du livre ! – ; celle d’Esther est très différente, tout aussi agréable, mais d’une autre manière : c’est sa personnalité qui fait de son histoire un récit touchant et que l’on apprécie. Mention spéciale aux petites choses que j’ai particulièrement aimés dans le livre : l’allusion au vent, les nombreuses métaphores, la façon de décrire ou de présenter, le suspense qui se dégage aussi de l’écriture des deux narrateurs – qui anticipent parfois sur ce qui est déjà arrivé, ne laissant pas beaucoup d’espoir au lecteur. Enfin, j’aime la couverture du livre, qui fait allusion à un élément du texte qui semble sans grande importance, mais qui en a beaucoup pour le personnage concerné !

Esther est à la fois le personnage principal et la narratrice de sa propre histoire – comme je l’ai dit, un autre narrateur nous dit en parallèle ce que la jeune fille ne sait pas, ce qui fait que le lecteur en sait plus que les personnages, et se rend compte des choses avant eux ! Je me suis beaucoup identifiée à elle ; c’est aussi le genre d’héroïnes qui peut énerver certaines personnes. Elle est énormément reconnaissante et très dévouée à ses proches, ce qui fait qu’elle pense plus aux autres qu’à elle-même et qu’elle est prête à sacrifier son bonheur pour faire celui d’un autre. Elle peut paraître un peu naïve et fleur bleue ; elle est aussi lucide, et prend souvent les bonnes décisions. Elle est un peu le pilier de la vie de tous ceux qui se trouvent autour d’elle, sans s’en rendre compte, puisqu’ils sont les piliers de la sienne ! Je l’ai beaucoup aimée, même si j’avais parfois envie de lui ouvrir les yeux, ou de penser à elle. Aussi, elle est attachée à presque tous les personnages, et c’est aussi ce qui la rend touchante : elle les aide tous, souffre avec tous, et tente de tous les rendre heureux, avec plus ou moins de succès. J’ai aimé les surnoms qui lui sont donnés ! John Jarndyce est, quant à lui, un personnage agréable, que j’ai fini par adorer. Il est très mystérieux au début, on ne sait pas trop à quoi s’attendre [si vous ne voulez pas savoir, arrêtez de lire ce que je vais dire à propos de lui !] Il est un peu le symbole du père aimant et protecteur, capable de protéger des enfants qu’il ne connaît pas, de les accueillir chez lui, et de ne surtout pas vouloir qu’ils les remercient ! C’est lui qui fait toujours référence au vent : j’ai trouvé cela assez poétique, une manière de dire que quelque chose ne va pas ou va mal tourner sans le dire vraiment. Richard Carstone est peut-être le personnage que j’ai le moins apprécié parmi ceux qui sont le plus mis en avant : il est trop ambitieux, trop sûr de lui, trop certain d’avoir raison contre tous. Le lecteur est capable de sentir que quelque chose de mauvais va sortir de sa façon d’être. Ada, quant à elle, est un ange. C’est un soleil dans la vie des autres personnages, une sorte d’incarnation de la joie. Elle semble plus fragile qu’Esther, plus noble aussi – sans doute à cause de la façon dont la narratrice la traite. Il y a tellement de personnages que je ne peux pas parler de tous : mes préférés : Miss Flite, que j’ai trouvée touchante dans sa folie, George, une espèce d’ours qui se révèle avoir un cœur d’or,  Allan Woodcourt, un jeune homme parfait, que j’ai aimé découvrir, Charley, qui m’a fait mal au cœur à la première rencontre, et que j’ai été ravie de retrouver dans la position qu’elle occupe !, Candy, pour qui je ressens à peu près la même chose que pour Charley même si les deux jeunes filles sont très différentes ! D’autres personnages sont ridiculisés par les deux narrateurs : M. Guppy, dont je ne commenterai pas l’attitude, il suffit de voir les quelques scènes qui le concernent pour se rendre compte de quelle catégorie d’hommes il fait partie, ou M. Turveydrop, et d’autres ne peuvent tout simplement pas être aimé, : M. Tulkinghorn, un des personnages les plus cruels et les plus insensibles qu’il m’ait été donné de rencontrer ! Mention spéciale à Lady Dedlock, qui n’est pas du tout telle qu’on la considère au premier abord.

La fin, comparée à tout le livre, est plutôt riche en rebondissements et en « action ». Tout se passe plutôt rapidement, le lecteur peut ne pas s’y attendre, considérant la longueur du livre, et être emporté par les mots. J’ai aimé le dernier chapitre, qui dresse un bilan de la vie de tous après le roman ! C’est une fin complète, sans frustration, même si elle n’est pas sans tristesse.

 

Je suis donc ravie d’avoir découvert Dickens, son écriture est une de celles que je préfère. J’ai hâte de lire d’autres de ses œuvres ! Bleak House est un des meilleurs livres que j’ai lus !

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