Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

The Woman in Black de Susan Hill

Posté : 19 décembre, 2017 @ 5:13 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Classique, Horreur The Woman in Black

Editeur : Vintage Classics

Année de sortie : 2015

Nombre de pages : 207

Titre en français : La dame en noir

Synopsis : ‘I did not believe in ghosts’

Few attend Mrs Alice Drablow’s funeral, and not one blood relative amongst them. There are undertakers with shovels, a local official who would rather be anywhere else, and one Mr. Arthur Kipps, solicitor from London. He is to spend the night in Eel Marsh House, the place where the old recluse died amidst a sinking swamp, a blinding fog and a baleful mystery about which the townsfolk refuse to speak.

Young Mr. Kipps expects a boring evening alone sorting out paperwork and searching for Mrs Drablow’s will. But when the high tide pens him in, what he finds – or rather what finds him – is something else entirely.

 

Avis : J’ai un petit tas de livres gothiques à lire « en urgence » pour le mémoire, alors voici ma première lecture !

Je n’avais pas regardé les notes de ce livre avant de le lire, mais je constate qu’elles sont assez basses comparées à celle que je lui ai mise : c’est un nouveau coup de cœur ! Le mois de décembre est vraiment un très bon mois, si l’on excepte deux livres ! J’ai été complètement transportée par The Woman in Black ! J’étais avec le narrateur dans la maison lugubre d’Alice Drablow, j’essayais de comprendre avec lui le mystère qui entoure la maison ! Bon, c’est vrai, il est assez facile à deviner, mais ce n’est pas le principal intérêt du livre : ce qui fait de ce roman un chef-d’œuvre pour moi, c’est l’ambiance pesante que l’auteur parvient à faire régner en un peu plus de 200 pages ! C’est sombre, c’est étrange, de cette étrangeté familière que Freud a appelé « l’Inquiétante Etrangeté » : ce qui fait peur au narrateur, c’est de se retrouver face à des bruits familiers qui seraient anodins à la lumière du jour. Ce sont les circonstances qui font que le personnage est terrifié, et que le lecteur frissonne avec lui : la nuit, une atmosphère lugubre, pendant une tempête, avec le marécage non loin, les cris d’un enfant – ou est-ce que c’est juste un effet du vent ? -, et une présence dans la maison. L’explication du mystère est très triste, et correspond à une sorte de secret que les habitants de Crythin Gifford ne veulent pas révéler à Arthur Kipps, le narrateur. Quand un enfant est impliqué, c’est toujours une histoire qui va briser le cœur du lecteur, tout en lui mettant la chair de poule. J’ai trouvé des ressemblances entre The Woman in Black et deux autres de mes romans préférés : Bleak House, notamment avec la brume qui entoure Londres, mais aussi la demeure d’Alice Drablow, et Dracula, avec le personnage du clerc de notaire qui part pour un voyage vers l’inconnu, et qui se retrouve face à quelque chose de surnaturel et de malveillant. Enfin, j’ai aimé la façon dont l’histoire est racontée ! Le narrateur commence un soir de Noël, alors que ses beaux-enfants lui demandent une histoire de fantômes. Incapable de la raconter, il se rend compte que, pour s’en débarrasser définitivement, il doit l’écrire, d’où le livre que l’on tient entre les mains ! J’aime ce procédé de mise en abîme !

Ainsi, Arthur Kipps, le narrateur, ressemble-t-il fortement à Jonathan Harker. Rationnel, il ne croit pas aux fantômes et aux superstitions, et trouve ridicules les peurs liées à la maison Drablow des habitants de la petite ville dans laquelle il se retrouve. Persuadé d’avoir raison, il écarte leurs avertissements d’un geste de la main et décide d’affronter la maison, et son occupant. J’ai beaucoup aimé Arthur, qui évolue au fil de l’histoire. J’ai trouvé qu’il passait par les mêmes états que Jonathan dans le château de Dracula : d’abord le déni, il tente de se convaincre qu’il a dû mal voir : puis le bord de la folie, il ne comprend pas comment c’est possible, et il est terrifié ; enfin, l’affrontement, il veut comprendre et, en quelque sorte, remettre le fantôme à sa place. Il passe par une dernière phase [SPOILER] celle de la fuite, puisqu’il sent qu’il va devenir fou ou mourir s’il retourne à Eel Marsh House ! [FIN DU SPOILER] La dame en noir, quant à elle, fait un très bon fantôme !! Elle est effrayante au possible, ne prononce pas une parole, mais son expression suffit à glacer de terreur le narrateur et le lecteur. Une fois que l’on comprend qui elle est, une aura de tristesse encore plus pesante l’entoure. [SPOILER] Elle n’est là que pour se venger de la mort de son fils, en tuant les enfants d’autres personnes, et notamment de ceux qui la voient. Elle a donc une mort aussi triste que sa vie ! [FIN DU SPOILER] D’autres personnages apparaissent comme Mr. Daily, agréable mais mystérieux, qui, comme tous les autres habitants, en sait plus qu’il n’en dit, Keckwick, assez étrange lui aussi, très taciturne, Stella, que l’on ne voit pas beaucoup, mais qui semble rayonnante de vie, et qui est l’équivalent de Mina pour Jonathan, sa seule raison de rester en vie, sain d’esprit. Petite mention spéciale pour Spider, que j’ai beaucoup aimé, qui apporte du réconfort au narrateur comme au lecteur !

La fin est AFFREUSE !! Je m’en doutais, mais je tentais de me convaincre que ça ne pouvait pas arriver ! De plus, [SPOILER] il semblerait que raconter son histoire est drainé le narrateur de ses forces ; le lecteur peut deviner qu’il va mourir juste après avoir fini d’écrire ! [FIN DU SPOILER] On sent toute la difficulté de raconter dans la façon abrupte dont l’histoire se termine.

 

Donc, j’ai adoré The Woman in Black, un nouveau préféré, une histoire de fantômes « efficace » en un peu plus de 200 pages ; le livre se lit vite, mais il ne s’oublie pas aussi rapidement !

A Christmas Carol, The Chimes and The Haunted Man de Charles Dickens

Posté : 18 décembre, 2017 @ 4:46 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle, Classique  A Christmas Carol

Editeur : Vintage Classics

Année de sortie : 2009 ["A Christmas Carol", 1843 ; "The Chimes", 1844 ; "The Haunted Man", 1848]

Nombre de pages : 339

Titre en français : « Un chant de Noël », « Les Carillons », « L’Homme hanté ou le pacte du fantôme »

Synopsis : ‘It has it all: a spooky ghost story, a heartwarming redemption and a great plot with a satisfying happy ending’ The Times

Ebenezer Scrooge is unimpressed by Christmas. He has no time for festivities or goodwill toward his fellow men and is only interested in money. Then, on one night of Christmas Eve, his life is changed by a series of ghostly visitations that show him some bitter truths about his choices. A Christmas Carol is Dickens’ most influential book and a funny, clever and hugely enjoyable story.

 

Avis : A Christmas Carol fait partie de ces livres que je voulais lire pour Noël ! Une belle façon de retrouver par la même occasion Charles Dickens, dont j’adore l’écriture et l’imagination !

Cette édition Vintage Classics est composée de trois nouvelles : « A Christmas Carol« , « The Chimes » et « The Haunted Man ». Je pensais, bien sûr, que ma préférée serait la première, puisque c’était celle que je voulais lire le plus, étant donné qu’elle prête son titre au livre entier. Quelle ne fut pas ma déception de constater que je ne parvenais pas du tout à entrer dans l’histoire ! Je ne sais pas si c’est parce que ce n’était pas le bon moment, parce que je n’étais pas d’humeur pour elle, ou parce que je l’ai lue de manière assez découpée, mais j’étais déçue de ne pas l’apprécier pleinement. C’est l’histoire d’Ebenezer Scrooge, un homme grincheux qui n’aime pas Noël : il ne voit pas l’intérêt de cette fête, et ne connaît pas la charité, la générosité, ou simplement la gentillesse. Un soir, il est visité par le fantôme de son associé qui lui montre ce qui l’attend s’il ne change pas d’attitude ; il lui annonce aussi la visite de trois esprits. Au fil de l’histoire, le lecteur se rend compte que Scrooge évolue et comprend ses erreurs. Je sais que je relirai cette nouvelle l’année prochaine, à la même période, et je pense vraiment que je l’apprécierai plus que la première fois ! Peut-être que je ne l’ai pas autant apprécié que je l’aurais souhaité parce que j’avais encore en tête le coup de cœur qu’est Bleak House ! Je comparais donc forcément les deux œuvres, et je n’ai pas été aussi bousculée par A Christmas Carol que par le premier roman que j’ai lu de Dickens ! Aucun livre ne peut être comparé à Bleak House et gagner ! Peut-être aussi ai-je besoin de temps pour entrer dans l’univers de Dickens, car j’ai préféré les nouvelles suivantes !

Vient ensuite « The Chimes« , une histoire qui suit Toby Veck, un vieil homme qui croit entendre des phrases quand les cloches sonnent. Il croit aussi ce que disent les hommes nobles ou plutôt haut placés, et pense vraiment que les pauvres sont mal-nés, qu’ils sont mauvais par nature. Il se permet alors de juger les actes qu’il lit dans les journaux, sans tenter de comprendre leur cause. Bien sûr, chacun de ces nouvelles possède une morale : ici, c’est visiblement de ne pas juger sans savoir ! Les hommes haut placés dans cette histoire me sortent par les yeux : ils sont tellement imbus d’eux-mêmes, tellement persuadés d’être meilleurs !! Leurs idées sont absurdes, mais ils s’y accrochent, et les font gober tellement facilement !! Ces personnages m’ont fait penser aux hommes corrompus de Bleak House : hypocrites, agaçants, et, généralement, ridiculisés par l’auteur !

La dernière nouvelle, « The Haunted Man« , est ma préférée. Elle suit Redlaw, un homme hanté par son passé. Un jour, un fantôme lui propose un marché qu’il accepte. Ici, la leçon est plus de nous rappeler que nous sommes qui nous sommes grâce à nos côtés positifs, mais aussi grâce à toutes les choses négatives qui nous sont arrivées. Le bien et le mal sont entrelacés, et se séparer de l’un, c’est se séparer de l’autre ; renoncer au mal, c’est aussi renoncer au bonheur. J’ai particulièrement aimé cette nouvelle grâce au personnage de Milly, qui m’a fait penser à Esther dans Bleak House ! Elles ont à peu près la même personnalité m’a-t-il semblé !  

Comme vous l’aurez constaté, ces nouvelles sont toutes des histoires de fantômes ! Je ne savais pas que c’était une tradition de Noël, sans doute parce que ce n’était pas celle de ma famille ! Comme je l’ai dit, je relirai « A Christmas Carol », donc, peut-être que ce pourrait le devenir !! Enfin, l’écriture de Dickens est toujours aussi excellente !! (mais est-il vraiment besoin de le rappeler ?)  

 

Donc, un très bon Dickens – j’ai envie de dire, évidemment, vu l’auteur ! - mais qui ne peut pas être un coup de cœur face à Bleak House !  

The Bloody Chamber d’Angela Carter

Posté : 25 octobre, 2017 @ 7:20 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Classique, Nouvelle The Bloody Chamber

Editeur : Vintage Classics

Année de sortie : 2016

Nombre de pages : 214

Titre en français : La compagnie des loups

Synopsis : From familiar fairy tales and legends – Red Riding Hood, Bluebeard, Puss in Boots, Beauty and the Beast, vampires and werewolves – Angela Carter has created an absorbing collection of dark, sensual, fantastic stories.

« Magnificent set pieces of fastidious sensuality » IAN McEWAN

« A mix of finely tuned phrase, luscious adjective, witty aphorism, and hearty, up-theirs vulgarity » MARGARET ATWOOD

« The Bloody Chamber is such an important book to me » NEIL GAIMAN

 

Avis : Ce livre était depuis longtemps dans ma wish-list, mais c’est Jen Campbell, en en parlant dans une vidéo, qui m’a poussé à enfin l’acheter et le lire ! Une lecture parfaite pour l’automne et Halloween !

The Bloody Chamber faisait partie de mes prédictions 5 étoiles ; j’étais persuadée que j’allais adorer ce livre, et je ne me suis pas trompée ! Dès la première nouvelle, j’ai d’abord été charmée par l’écriture d’Angela Carter, poétique parfois, parfois crue. J’ai aimé ce qu’elle faisait des contes, faisant ressurgir le contenu latent, ce qui devait rester caché, ce qui n’était que sous-entendu. J’ai aimé aussi le fait qu’elle considère son travail non comme de la réécriture, mais comme de la réinvention, de la réappropriation. Ces « nouveaux » contes choquent, bouleversent, et touchent le lecteur. J’imagine le nombre de personnes qui ont dû détester Angela Carter pour ce livre ! D’ailleurs, l’introduction - qui spoile absolument toutes les nouvelles, soit dit en passant, et que j’ai donc lu à la fin de chaque histoire – évoque des étudiants qui ont refusé d’étudier le recueil parce qu’ils considéraient qu’Angela Carter avait dénaturé et souillé les contes de leur enfance. Vous aurez compris que ce n’est pas du tout mon avis ! Concernant l’introduction, j’ai d’abord trouvé dommage qu’elle spoile toutes les nouvelles, et puis je me suis dit que la dernière partie aurait mieux placé en postface, afin de donner une espèce d’éclaircissement ou d’explication à la fin de chaque histoire. Elle est très bien faite, et permet au lecteur de mieux comprendre le véritable effet de chaque nouvelle sur lui ; par exemple, pour « The Snow Child », j’ai été tellement choquée que je me suis demandée pourquoi Angela Carter avait écrit un tel conte. L’introduction m’a aidé à comprendre, et j’ai pu pleinement l’apprécier. Enfin, d’ordinaire, j’ai du mal avec les recueils de nouvelles, puisque « nouvelles » signifie plusieurs incipits, et j’ai toujours du mal à entrer dans le livre ; il est difficile de m’accrocher immédiatement. Angela Carter a réussi cet exploit pour (presque) toutes les nouvelles !

La première nouvelle, « The Bloody Chamber » est une réappropriation de « Barbe Bleue« . La fin m’a été spoilée parce que je n’ai pas pensé que l’introduction la raconterait … Mais c’est tout de même ma préférée ! Malgré le fait que je savais comment tout finissait, le suspense était présent jusqu’à la fin, j’étais complètement dans l’histoire avec l’héroïne ! Celle-ci n’a pas de nom, mais est la narratrice de sa propre histoire. Le lecteur peut donc peu à peu s’identifier à elle, notamment avec la curiosité qui pousse l’homme à faire ce qu’on lui a expressément interdit de faire. Elle paraît superficielle au début de la nouvelle, attirée dans les bras d’un homme par les cadeaux qu’il peut lui offrir, mais l’on s’attache peu à peu à elle, elle se rend compte de son erreur, de sa vénalité. Bien sûr, si le lecteur connaît « Barbe Bleue », il se doute du contenu de l’histoire, mais cela reste surprenant ! [SPOILER] La découverte des épouses est assez affreuse, notamment la dernière, enfermée dans une Iron Maiden ! [FIN DU SPOILER] Cette nouvelle est la plus longue du recueil, à peu près soixante pages. La fin est surprenante pour qui ne la connaît pas déjà, mais je l’ai tout de même adoré !

La seconde nouvelle, « The Courtship of Mr. Lyon« , raconte une dérive de « La Belle et la Bête« . Cette histoire est plus « mignonne » que la précédente, moins sanglante et moins effrayante. Bien sûr, l’héroïne s’appelle Beauty, et son père va enfreindre les règles de la Bête dans son jardin. Beauty ressemble beaucoup à la Belle que l’on connaît : généreuse, elle désire sauver son père, en tout cas, ici, réparer les torts qu’il a pu causer à la Bête en volant une rose blanche dans son jardin. Elle accepte donc de vivre avec Mr. Lyon pendant un certain temps. Celui-ci ressemble également pas mal à la Bête que l’on connaît : il parle comme les hommes, mais a retrouvé des instincts animaux. J’ai adoré le chien cavalier King Charles qui fait presque office de gouvernante ! Une excellente réappropriation !!

L’histoire suivante, « The Tiger’s Bride« , est aussi une « réécriture » de « La Belle et la Bête« , mais bien moins « mignonne » que la précédente ! La première phrase donne déjà le ton : « My father lost me to The Beast at cards » (Mon père m’a perdu aux cartes contre la Bête). En gros, le père de la Belle est incapable de s’empêcher de jouer, et mise sa fille, qu’il perd, évidemment. La Belle a beau de ne pas se laisser faire une fois chez la Bête, elle reste tout de même, et ne cesse d’être appelée Lady par un étrange majordome simiesque. La Bête, ici, ne parle pas, et ressemble vraiment à une bête fauve, le tigre du titre. Je ne vous dis pas comment cela termine, mais j’ai vraiment aimé cette fin tout à fait différente des réécritures habituelles, très originale, et qui remet en perspective toute l’histoire du conte ! 

Vient ensuite « Puss-in-Boots« , inspiré du « Chat Botté » ! C’est la nouvelle la plus légère, celle à la lecture de laquelle j’ai ri, ce qui semble impossible avec les autres histoires. Puss est un chat acrobate qui parle, et qui aide son maître à séduire le plus de demoiselles et de dames possibles, jusqu’au jour où il tombe sur une jeune fille enfermée, apparemment inaccessible. Impossible de prendre cette histoire au sérieux, notamment quand on se rend compte que [SPOILER] la jeune fille n’est pas si pure et innocente que ça ! Les scènes sexuelles sont vraiment drôles, mais peuvent choquer ceux qui n’ont pas l’humour facile ! [FIN DU SPOILER] La fin est agréable à lire, et fait sourire le lecteur après tant de péripéties !

The Erl-King » n’est pas inspiré d’un conte de fées, mais d’une légende allemande selon laquelle un gobelin malveillant hante la Forêt Noire et tue les personnes qui s’y perdent. La nouvelle est l’une des plus poétiques, vraiment très belle, mais aussi très triste. Le point de vue est celui d’une jeune fille qui se perd dans la forêt et qui se retrouve face au Erl-King. La présence des oiseaux et de leur chant fait beaucoup pour la poésie et la mélancolie de l’histoire, ainsi qu’une sorte d’amour étrange et condamné. L’Erl-King fait figure de roi tyrannique, mais il semble plus faire ceux qu’il attire dans la forêt prisonnier parce qu’il ne veut pas être seul plutôt que parce qu’il est foncièrement mauvais. J’ai adoré l’atmosphère mélancolique de forêt abandonnée, hantée, où la joie n’est présente que parce qu’elle est enfermée.

Vient ensuite « The Snow Child« , inspiré de « Blanche-Neige » ! C’est, pour moi, la nouvelle la plus choquante et la plus directe du recueil, sans doute à cause de sa brièveté – la nouvelle ne fait que deux pages. Le contenu latent du conte est clairement mis en avant, mais je ne veux pas trop vous en dire pour ne pas vous gâcher la lecture. C’est poétique, puis violent d’un coup, le lecteur en reste bouche bée, il ne comprend pas.

Puis vient « The Lady of the House of Love« , qui n’est pas inspiré d’un conte mais qui reprend la légende du vampire transylvanien. C’est l’histoire d’une comtesse qui vit seule dans un manoir, avec un gardien et une servante (il me semble). Elle se tire régulièrement les cartes pour connaître son avenir, et désespère de sa condition de vampire qui l’empêche de connaître l’amour. Le manoir fait très gothique, ainsi que le personnage de la vampire, et l’histoire qu’elle vit dans la nouvelle. [SPOILER] La fin voit la vampire mourir par amour, parce que son aimé veut la « guérir », et l’amoureux part ensuite pour la France ; la phrase laisse présager qu’il y meurt. [FIN DU SPOILER]

Les trois dernières nouvelles sont différentes réappropriations du « Petit Chaperon rouge« . « The Werewolf » est la plus courte, introduit bien les trois personnages typiques du loup, du chaperon rouge et de la grand-mère, mais fusionne deux de ces personnages de manière assez originale, ce qui rend la fin elle-même surprenante et originale ! La petite fille est plus aguerrie que dans « The Company of Wolves« . Ici aussi, nous retrouvons les personnages typiques du conte, mais, avant l’histoire elle-même, le lecteur se retrouve à lire une sorte d’essai sur le loup, très intéressant et qui donne bien le ton de l’histoire qui va suivre. La fin, encore une fois, est originale, mais aussi étrange, [SPOILER] puisque le comportement du loup change radicalement en quelques instants : il passe de violent, à vouloir manger le petit chaperon rouge, à tendre, quand il dort avec elle. [FIN DU SPOILER] Enfin, la dernière nouvelle, « Wolf-Alice«  est aussi celle que j’ai le moins apprécié, sans doute parce que c’est celle qui m’a paru la plus confuse et la plus obscure de tout le recueil. En effet, on passe d’un personnage à un autre, d’un lieu à un autre, on ne comprend pas exactement le pourquoi de ce qui arrive. Mais, j’ai apprécié la découverte de son corps par Alice ; comme elle n’a pas été éduquée par des hommes, elle est seule face à son anatomie, aux secrets que son corps renferme, aux choses étranges qui peuvent se produire.

 

Donc, ce recueil était excellent, un vrai coup de cœur ! Je suis ravie d’avoir découvert Angela Carter, et j’ai hâte de lire d’autres de ses œuvres !

The Romance of the Forest d’Ann Radcliffe

Posté : 1 octobre, 2017 @ 1:01 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Genre : Classique The Romance of the Forest

Editeur : Oxford World’s Classics)

Année de sortie : 2009 [1791]

Nombre de pages : 363

Titre en français : Les Mystères de la forêt

Synopsis : The Romance of the Forest (1791) heralded an enormous surge in the popularity of Gothic novels, in a decade that included Ann Radcliffe’s later works, The Mysteries of Udolpho and The Italian.

Set in a Roman Catholic Europe of violent passions and extreme oppression, the novel follows the fate of its heroine Adeline, who is mysteriously placed under the protection of a family fleeing Paris for debt. They take refuge in a ruined abbey in south-eastern France, where sinister relics of the past – a skeleton, a manuscript, and a rusty dagger – are discovered in concealed rooms. Adeline finds herself at the mercy of the abbey’s proprietor, a libidinous Marquis whose attentions finally force her to contemplate escape to distant regions.

Rich in allusions to aesthetic theory and to travel literature, The Romance of the Forest is also concerned with current philosophical debate and examines systems of thought central to the intellectual life of late eighteenth-century Europe.

 

Avis : Je devais lire ce livre pour mon mémoire, et je dois dire que j’entrais déjà avec pas mal de préjugés.

Je ne m’attendais pas à autant apprécier ma lecture, malgré le fait qu’Ann Radcliffe soit considérée comme une pionnière du gothique. J’avais vu un commentaire qui se plaignait de la longueur du livre, du manque d’action ; j’ai trouvé, au contraire, qu’il se passait toujours quelque chose. Certes, ce n’est pas de l’action en mode *film d’action qu’on voit à la télé*, mais il se passe quelque chose, les personnages ne restent pas passifs ou ne stagnent pas. Au contraire, les personnages sont contraints de fuir, ils se retrouvent dans des situations compliquées, parfois apparemment inextricables, et, dans ce roman, le voyage tient une part importante. L’héroïne est également la victime de rebondissements de situation constants qui relancent l’intrigue ; le roman est tissé de mystères et de secrets peu à peu révélés. Peut-être cette impression de manque d’action apparaît-elle à cause des nombreuses descriptions, de paysages ou de bâtiments ; mais ces descriptions font partie inhérente du gothique d’Ann Radcliffe. Ces paysages représentent la liberté et le bonheur que l’héroïne ne connaît pas ; elle ne se trouve bien que dans la nature, où sa mélancolie peut éclater au grand jour. Quant aux bâtiments, dans de nombreuses œuvres gothiques, ils participent de l’ambiance lugubre, ils sont quasiment un personnage, notamment l’abbaye dans laquelle se trouve Adeline. Donc, définitivement, on ne peut pas dire qu’il ne se passe rien. L’un de mes plus gros préjugés concernait l’héroïne gothique d’Ann Radcliffe, ici, Adeline. Elle était souvent dépeinte comme naïve, agaçante, trop sensible, exagérée. J’ai été surprise à la lecture de constater que ce n’était pas vraiment le cas. Adeline est proche de la nature, elle est très mélancolique et ne cesse de ruminer les malheurs de son passé ; certes, elle est assez naïve dans le sens où elle fait confiance à des étrangers qui la trahissent, et dans le sens aussi où elle est prête à pardonner, même quand ce qu’elle a subi semble impardonnable ! C’est le seul trait agaçant du caractère d’Adeline et, même là, je me suis identifiée à elle. Contrairement à ce que je pensais, elle a tout de même un caractère affirmé, elle ne se laisse pas faire, et ne se soumet jamais à faire des choses qu’elle ne veut pas, même quand cela pourrait la sauver. Après la lecture d’un article sur Ann Radcliffe, je suis d’accord pour dire qu’elle est assez féministe : le mariage n’est pas pour elle une libération mais un fardeau, tout ce qu’elle désire, c’est sa liberté et récupérer ses droits. Le livre est aussi parcouru de réflexions sur divers sujets, notamment sur la philosophie du bonheur, le système judiciaire et les préoccupations de l’époque. L’émotion est présente, et l’écriture est très belle. L’auteure a placé des poèmes dans son roman, ainsi que des citations de Shakespeare et d’autres auteurs. Il existe tout de même quelques points négatifs qui font que ce livre n’est pas un coup de cœur. Tout d’abord, les éléments gothiques sont nombreux, mais, parmi eux, tous les éléments qui pourraient être fantastiques sont en fait explicables. Donc, pas de fantômes, ni de démons ici. Les seuls fantômes présents sont ceux engendrés par la culpabilité ou par l’imagination de l’héroïne. Cela m’a un peu déçue, je ne m’y attendais pas vraiment.

Concernant les personnages, j’ai déjà parlé d’Adeline, qui n’est pas du tout comme j’imaginais une héroïne gothique typique. En revanche, le « méchant » de l’histoire est très stéréotypé quand on considère les « méchants » dans le genre gothique ! En effet, le Marquis de Montalt est le vilain par excellence. Cruel, égoïste, avide de richesses et de luxe, il est prêt à tout (mais, vraiment, TOUT) pour parvenir à ses fins. Il est détestable, évidemment, et le lecteur attend son châtiment avec impatience. Je l’ai assimilé à Ambrosio dans The Monk – même si on ne peut pas être aussi détestable que lui je pense ! On trouve aussi Theodore, également plutôt stéréotypé, le jeune homme parfait mais qui ne peut absolument rien faire pour l’héroïne [SPOILER] D’ailleurs, chose drôle, c’est elle qui finit par le sauver ! [FIN DU SPOILER] La famille La Motte est également importante, puisqu’elle est au centre de tout ce qui arrive à Adeline. Le père est assez mystérieux et difficile à cerner, presque désagréable jusqu’à ce qu’on découvre ce qu’il cache ; la mère est agaçante, puisqu’elle applique ses préjugés à Adeline ; le fils est à plaindre, puisqu’il est le chaînon en trop du triangle amoureux. D’autres personnages apparaissent par la suite, comme La Luc, adorable, et Clara, sa fille.

La fin est typique des romans gothiques que j’ai pu lire jusqu’à maintenant. Elle clôt bien le roman et ne laisse aucune question.

 

Donc, un très bon roman gothique, qui montre les fondements du genre appelé « gothique féminin » mis en place par Ann Radcliffe, avec une héroïne typique de ce genre, un féminisme auquel je ne m’attendais pas, et des éléments fantastiques expliqués.

The Monk de Matthew Lewis

Posté : 10 août, 2017 @ 11:23 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Fantastique, Classique The Monk

Editeur : Wordsworth Editions

Année de sortie : 2009 [1796]

Nombre de pages : 324

Titre en français : Le Moine

Synopsis : Prepare to be shocked. This novel, written in 1796, is a Gothic festival of sex, magic and ghastly, ghostly violence rarely seen in literature.

The Monk is remarkably modern in style and tells a breathless tale of temptation, imprisonment and betrayal. Matthew Lewis recounts the downfall of Ambrosio, the holier-than-thou monk seduced within the walls of a Madrid abbey until he heads for the utter corruption of the soul.

Meanwhile, two sets of young lovers are thwarted and the reader thrills to pursuits through the woods by bandits and is chilled by the spectre of nuns imprisoned in vermin-ridded and skeleton-crowded vaults.

Late eighteenth-century audiences were polarised in opinion as to the novel’s merits. Lord Byron and the Marquis de Sade were impressed by Lewis’s daring, while Coleridge warned parents against the suitability of The Monk for their sons or daughters describing the novel as ‘poison for youth’.

If you want a novel that still terrifies, over two hundred years after it was written, there is none finer than The Monk.

 

Avis : Toujours en pleine recherche et lecture d’œuvres gothiques, j’avais été intriguée par le synopsis de The Monk !

Le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne suis pas déçue !! C’était une lecture intense, qui m’a fait éprouver des sentiments très différents : dégoût, agacement, tristesse. J’étais pressée d’avancer pour savoir ce qui allait arriver aux personnages ! Je pensais mettre pas mal de temps à le lire, et j’étais tellement dedans que je n’ai pas vu les pages défiler ! Comme le dit le résumé, c’est l’histoire d’un moine, et de deux couples : le premier se croit au-dessus de tous, plus vertueux que n’importe qui. Bien sûr, nous sommes dans un roman gothique, alors les amoureux vont se retrouver séparés par plusieurs obstacles ; le lecteur se demande s’ils vont finir par être réunis ou pas. En effet, contrairement à certains romans dans lesquels le lecteur sait, sans aucun doute, que les personnages vont finir ensemble, ici, rien n’est sûr. N’importe qui peut mourir, les amants peuvent être séparés, le « méchant » peut s’en sortir. Du vrai suspense quoi ! Le lecteur se retrouve aussi avec des tas d’éléments gothiques : corruption, fantômes, innocence menacée, vilain effrayant, débauche, démons, sorcières, cimetière, abbaye, château hanté, bandits – un peu de picaresque ici -, amour menacé - un peu de tragédie ici -, meurtres, sang, crimes, ambiance gothique à base de passages obscurs éclairés à la bougie, de couloirs de catacombes. On ne peut vraiment pas dire qu’on s’ennuie ! Cela donne aussi des scènes révoltantes, pendant lesquelles on a envie soit de balancer le livre, soit de tuer le personnage !

J’allais dire, « Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce livre, c’est », mais, en fait, j’ai tout aimé dans ce livre ! Il est écrit dans le synopsis que The Monk est moderne dans son style ; honnêtement, on ne dirait pas que le texte a été écrit en 1796. Il se lit très bien, sans difficultés particulières. J’ai aimé le fait que le narrateur fasse des commentaires, s’adresse à nous, comme pour nous prévenir de ne pas nous attendre à un miracle pour certains personnages. Le lecteur sent qu’il est dans une autre époque avec les traditions et la place de la femme, avec l’importance de la religion, mais, sans cela, on pourrait presque penser à un roman moderne. Surtout, l’auteur met en avant le ridicule et l’hypocrisie de l’Eglise et de la religion ! On trouve ici une critique de la vie monastique, qui éteint les qualités et n’apprend pas la vie aux novices, ce qui donne des êtres orgueilleux comme Ambrosio ; de plus, Agnes, par exemple, ne veut pas de cette vie, qu’elle considère comme austère et ennuyeuse, comme c’est le cas pour d’autres personnages ! Certains autres, que l’on suit, sont opposés à la vie monastique, à la superstition, ou à la religion en général : c’est le cas d’Elvira, qui mange de la viande le vendredi, ce que sa logeuse considère comme un blasphème. De manière générale, les personnages dévots comme Jacintha sont tournés en ridicule. De plus, l’hypocrisie des religieux est mise en avant ; c’est même le thème principal de l’œuvre. Ambrosio s’est considéré comme l’homme le plus vertueux, incorruptible et au-dessus de tous les hommes, pour qui les portes du Paradis sont déjà ouvertes et qui a déjà sa place près de Dieu. Et c’est cette haute opinion de lui-même, ainsi que sa réputation, qui font de lui cet être hypocrite. Il se cache derrière l’apparence, et commet ses forfaits en tentant de se rassurer, en se disant qu’il a encore le temps de se repentir ! Hypocrisie aussi dans le couvent de St Clare : la mère supérieure est tout simplement odieuse, et se cache derrière la religion pour être cruelle. Les valeurs de la religion, la pitié, la clémence, l’indulgence, sont des principes oubliés par Ambrosio et la mère supérieure ; c’est pourquoi ils se retrouveront dans des situations où les autres personnages ne feront pas preuve de pitié pour eux. Autre manière de critiquer la religion : les « gentils », qui prient, qui sont purs et innocents, qui se sont placés sous la protection d’un saint, ne sont absolument pas aidés par le dit-saint. Au contraire, ils semblent complètement abandonnés ; le narrateur dit souvent que l’un des personnages est né sous une mauvaise étoile, et que personne ne peut le sauver. Concernant la condition de la femme, comme presque tous les romans gothiques et les romans de l’époque, évidemment, elles ne sont pas libres, n’ont pas le droit de vote, n’ont rien à dire, et doivent obéir à leurs parents. Ici, j’ai trouvé que l’auteur les défendait – parfois – plutôt qu’il ne les incriminait. Je me suis d’abord dit que c’était un peu misogyne [SPOILER] parce qu’Ambrosio est « séduit » par une femme, même si, en fait, il est aussi responsable qu’elle, c’est juste qu’il est lâche et préfère rejeter la faute sur elle. Mais, en fait, on apprend à la fin que Matilda n’était pas une vraie femme, mais un démon envoyé par Satan pour corrompre Ambrosio. Donc, ce n’est pas la femme qui séduit, mais le démon sous la forme d’une femme. Il y a une nuance : si la femme séduit, elle est responsable, et on se retrouve dans un livre misogyne. Si c’est un démon sous la forme d’une femme, Satan connaît juste la faiblesse d’Ambrosio, et s’en sert. Etant donné que l’homosexualité est interdite par l’Eglise, et que son livre est déjà très scandaleux à l’époque, le démon ne peut que prendre la forme d’une femme. [FIN DU SPOILER] Pour les autres femmes : Antonia ne sait absolument rien de la sexualité, et la situation dans laquelle elle se trouve peut faire penser que l’auteur déplore ce manque d’éducation chez les filles. Agnes, elle, est soumise à ses parents, objet de la jalousie de sa tante, puis soumise à l’ordre de St. Clare. Malgré sa « faute », on sent qu’elle n’est pas considérée comme une femme perdue, mais qu’elle est, au contraire, mise en avant par le narrateur comme étant forte. Quant à Elvira, enfin, elle est un peu dans le même cas qu’Agnes : abandonnée par sa famille, sans alliés, elle doit protéger sa fille du monde, et le fait comme elle peut, même si c’est une erreur.

Concernant les personnages, j’ai rarement détesté un protagoniste autant que je déteste Ambrosio. Il est l’incarnation de la lâcheté, tout ce qui peut exister de mauvais en l’homme. Quand il commet un crime, c’est la faute de la victime, souvent une femme, parce qu’elle la séduit, parce qu’elle était trop belle pour qu’il résiste ; mais, bien sûr, lui n’en porte pas la responsabilité ! Il a été manipulé enfin ! Cette hypocrisie m’a sidérée pendant tout le livre. Il se cache derrière son habit monastique, il se cache derrière sa vertu, derrière son innocence, mais c’est lui le criminel, et non ses victimes !! Il tente de se convaincre que Dieu est miséricordieux et qu’après avoir expié ses péchés, il trouvera sa place au Paradis ; je l’ai écrit plusieurs fois dans le livre : Ambrosio est un idiot et un égoïste. Il ne pense qu’à lui-même ; c’était même déjà le cas quand il était un « bon » moine ! Il ne faisait les choses que par orgueil, pour que les autres l’admirent, et pas pour respecter les principes de la religion. Et ses ouailles qui se prosternent à ses pieds … Bouh ! Cet homme est affreux ! On peut désespérer de l’Humanité en voyant un être pareil ! Le lecteur rencontre aussi Lorenzo, ou l’opposé, en quelque sorte, d’Ambrosio. Loin de la vie monastique, Lorenzo lui est même opposé. Quand il apprend que sa sœur a décidé de devenir nonne, il veut tout faire pour l’en empêcher. Il ne comprend pas qu’elle s’enferme dans un couvent alors qu’elle est si vive. Lorenzo est, aussi, le stéréotype du personnage noble : héritier, courageux, il ne croit pas à la superstition et reste dubitatif face aux pratiques des religieux. Un personnage que l’on veut voir réussir ! Vient ensuite Antonia, ou l’ange, la fille tout innocente et pure, à qui sa mère n’a pas appris comment sont les hommes, ce qu’ils veulent, ce qu’est le sexe. Elle ne connaît absolument rien des vices, et elle lit une Bible tronquée des histoires les plus horribles, ou qui pourraient la corrompre – oui parce que le narrateur nous dit que la Bible peut corrompre la jeunesse ! Evidemment, on se dit tout de suite qu’elle est dans de sales draps, avant même que le roman commence vraiment. Elle est l’héroïne – et la victime – gothique par excellence. Quant à Agnes, elle est moins naïve et innocente qu’Antonia. J’ai vraiment ressenti de la compassion pour elle. Elle est plus « réaliste » - de nos jours – qu’Antonia, ce qui m’a permis de me sentir plus proche d’elle. Raymond est un peu comme Lorenzo, en moins fort et moins résistant.

J’ai failli être déçue par la fin ! [SPOILER] Après la mort d’Antonia, les proches de Lorenzo veulent absolument lui faire oublier la jeune fille et veulent le pousser dans les bras de Virginia. Cela m’a agacé, comme si l’amour de Lorenzo était facilement à oublier, comme si Antonia n’avait aucune importance. Heureusement, Lorenzo ne cède pas - en tout cas, pas immédiatement ! [FIN DU SPOILER] La toute fin apporte une révélation : le lecteur reste bouche bée, il ne se demande d’où ça sort, comment c’est possible, et il se souvient des indices ! J’ai aimé la petite ironie du sort ! [SPOILER] Tant j’ai détesté Ambrosio, j’étais heureuse qu’il soit puni et, surtout, qu’il se soit mis dans cette situation désespérée alors qu’il était sauvé ! Imbécile ! [FIN DU SPOILER]

 

Donc, un excellent roman, intense, violent, qui m’a transporté, et qui devient un coup de cœur !  

12345...8
 

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