Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Maurice d’E. M. Forster

Posté : 17 février, 2018 @ 4:08 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Classique Maurice

Editeur : Penguin

Année de sortie : 1972 [1971]

Nombre de pages : 215

Titre en français : Maurice

Synopsis : Maurice is born into a privileged way of life. He grows up confident in status, precise in social ritual. Yet although priggish and conforming, Maurice finds himself increasingly attracted to his own sex. Through Clive, whom he encounters at Cambridge, and through Alec, the gamekeeper on Clive’s country estate, Maurice gradually expériences a profound emotional and sexual awakening.

Completed in 1914, Maurice is a powerful condemnation of the repressive attitudes of British society and a plea for emotional and sexual honesty. Aware that its publication would cause a furore, Forster ensured that it did not appear until after his death in 1970.

 

Avis : Je voulais lire un peu de romance en février – vu que c’est quand même le mois de l’amour, tout ça ! – et je me suis dit que ce pouvait être sympa de découvrir Maurice d’E. M. Forster.

J’avais déjà lu A Room With a View il y a un moment maintenant – en 2014 je crois ! – et j’avais beaucoup aimé l’écriture de l’auteur, sa façon de faire vivre ses personnages. Et je n’avais jamais lu de romance gay entre deux hommes ! Beaucoup d’arguments donc pour lire ce livre !! Ce que j’ai adoré dans Maurice, c’est la découverte sexuelle et amoureuse du personnage principal. Le lecteur sent bien que Forster a compris de quoi il parlait ; il n’en rajoute pas, c’est beau et touchant à lire, c’est subtil et progressif. Maurice met un moment à comprendre ce qui lui arrive, et même alors, il a du mal à l’accepter. C’est aussi ce que j’ai aimé dans ce livre : la dénonciation d’une société complètement hypocrite qui tente de réprimer un amour qui ne serait pas approprié, ce qui crée des situations comme celles de Maurice ou de Clive. J’imagine la réception de l’œuvre si elle avait été publiée en 1914, quand elle a été achevée par l’auteur ! J’ai vu quelques commentaires qui regrettaient que Forster « n’ait pas eu le courage » de publier le livre une fois qu’il l’avait terminé ; mais s’il l’avait fait, il aurait sans doute été très mal vu par la société, ses œuvres suivantes auraient été mal reçues ou non publiées parce qu’il aurait dérangé les bonnes mœurs anglaises. Je comprends tout à fait qu’il ait préféré attendre sa mort pour que Maurice paraisse !

Malgré ces bons côtés, Maurice n’est pas un coup de cœur – décidément, en ce moment, j’ai du mal ! L’écriture est toujours aussi bonne, mais j’ai trouvé qu’elle était parfois difficile à suivre, notamment dans les dialogues – après, c’est peut-être aussi moi qui l’ai lu quand j’étais fatiguée ! Quant aux personnages, aucun n’est vraiment attachant. Maurice est très méprisant avec à peu près tout le monde, surtout avec les femmes et les domestiques, c’est-à-dire les gens qui lui sont inférieurs, ou qu’il considère comme ses inférieurs. Cela entraîne une réflexion sur les classes sociales, et ce qu’elles signifient vraiment : est-ce que Maurice, parce qu’il vient d’une famille riche, est meilleur qu’un jeune homme jardinier dont le père est boucher ? J’ai pu ressentir de la pitié pour lui et le comprendre à certains moments, mais cela n’en fait pas pour autant un de mes personnages préférés. [SPOILER] A la fin, cette façon de traiter ses « inférieurs » disparaît puisqu’il tombe amoureux d’un homme d’un rang social plus bas que lui. [FIN DU SPOILER] Bien sûr, il n’est pas nécessaire que les personnages soient attachants pour qu’un livre soit bon, et le narrateur fait plusieurs remarques sur l’attitude de Maurice qui font acquiescer vigoureusement le lecteur ! Mais ici, j’aurais aimé apprécier le « héros » ; [SPOILER] on peut dire que la fin est un peu une sorte de rédemption pour lui : il est tombé amoureux d’un inférieur, et l’amour fait de cet homme un être qui lui est supérieur, montrant ainsi que les classes sociales ne veulent rien dire sur la valeur des êtres [FIN DU SPOILER]. Ce qui m’a surtout fait tiquer, c’est le personnage de Clive. Le changement qui s’opère chez lui à un moment donné m’a semblé très bizarre, et très improbable : [SPOILER] est-ce parce qu’il ne pouvait pas avoir de véritable relation avec Maurice ? Se pensait-il gay parce qu’il se sentait proche des Grecs anciens et de leur philosophie de vie ? Etait-ce juste une lubie ? On ne décide pas d’être homosexuel ou non, [FIN DU SPOILER] je n’ai vraiment pas compris sa situation et ce qui lui arrive !

J’ai adoré la fin [SPOILER] j’étais si contente que ce soit une fin heureuse ! [FIN DU SPOILER]. C’est en lisant ce genre de livres que le lecteur se rend compte qu’il a de la chance de vivre à une époque où il est permis à deux personnes de même sexe de s’aimer, comparé à l’époque de l’auteur. Forster dédiait ce livre à « a happier year », une année plus heureuse. Bien sûr, dans certains pays, cet amour est encore interdit ; donc l’année est plus heureuse, mais ce n’est pas encore LA plus heureuse.

 

Donc, une bonne lecture, et un livre que je relirai sans doute. Je regarderai le film, en espérant qu’il soit bon !

 

Kissing the Witch d’Emma Donoghue

Posté : 5 février, 2018 @ 2:53 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle, Fantasy Kissing the Witch

Editeur : HarperCollins

Année de sortie : 1999 [1997]

Nombre de pages : 228

Titre en français : Pas encore traduit !

Synopsis : Thirteen tales are unspun from the deeply familiar, and woven anew into a collection of fairy tales that wind back through time. Acclaimed Irish author Emma Donoghue reveals heroines young and old in unexpected alliances – sometimes treacherous, sometimes erotic, but always courageous. Told with luminous voices that shimmer with sensuality and truth, these age-old characters shed their antiquated cloaks to travel a seductive new landscape, radiantly transformed.

 

Avis : Depuis que j’ai vu ce livre sur la chaîne de Jen Campbell – eh oui, encore elle ! – j’ai très envie de le lire ! J’ai fini par l’emprunter quand j’ai vu qu’il était disponible !

 

J’ai vraiment aimé ce recueil de nouvelles ! Tout d’abord, il m’a surprise : je ne savais pas que tous les contes étaient liés entre eux, et j’ai adoré le procédé qui permet de les réunir ! Je n’ai pas reconnu tous les contes, mais je connaissais la plupart d’entre eux, ce qui rend la lecture encore plus divertissante ! J’ai aussi aimé l’écriture et la façon dont le livre est imprimé ; mais surtout, ce que j’ai vraiment adoré, c’est la partie féministe de ces contes. Les héroïnes ne sont plus passives, comme dans les histoires d’origine : elles se prennent en main, elles n’ont pas besoin d’un homme pour être heureuse, ou pour vivre décemment, elles ne sont pas définies par eux. Et c’était GENIAL !! Ce livre est aussi LGBT, ce qui est surprenant si on regarde la date de publication, 1997 ! Cela rend ce recueil très différent des réécritures que j’ai déjà lues !

 

Un petit compte-rendu histoire par histoire :

La première nouvelle est appelé « Le conte de la chaussure », une réécriture de « Cendrillon » donc ! J’ai aimé l’aspect psychologique de l’histoire : [SPOILER] ce ne sont pas la marâtre et les demi-sœurs de Cendrillon qui la torturent, qui l’insultent et qui la forcent à travailler comme une servante : c’est elle-même. Ces femmes sont en fait des voix dans sa tête ! [FIN DU SPOILER] Elle va au bal et rencontre son prince, bien sûr ; [SPOILER] mais elle prend une décision tout à fait différente de la Cendrillon du conte ! [FIN DU SPOILER]

La seconde histoire est « Le conte de l’oiseau ». Elle ressemble un peu à « Barbe Bleue », mais ce n’est pas tout à fait la même histoire. Ici, l’héroïne est passive, elle pense qu’elle ne vaut rien parce que c’est ce que tout le monde lui répète ; elle n’est qu’une nuisance dans la vie de ses proches. Et arrive un homme qui vient la sauver – vraiment ?

« Le conte de la rose » est une réécriture de La Belle et la Bête, et donc, une véritable histoire d’amour. C’est une de mes nouvelles préférées de tout le recueil ! La Belle est perdue par son père, exactement comme dans le conte d’origine ; elle part vivre dans le château de la Bête [SPOILER] qui est une femme, la femme qui est censée avoir été tuée par la Bête ! [FIN DU SPOILER]

Puis vient une réécriture de « Blanche-Neige » avec « Le conte de la pomme ». J’aime la façon dont Emma Donoghue a réécrit la relation entre la princesse et a belle-mère, et j’ai adoré la fin ! C’est le père qui crée le conflit entre Blanche-Neige et la « méchante reine », c’est lui qui les compare, et donc, les pousse à se comparer. Et, comme dans les contes d’origine, l’homme est tellement plus âgé que sa femme ici !

« Le conte du mouchoir » est plutôt cruel. Le lecteur suit une servante et une princesse qui partent pour le royaume voisin, afin que la seconde jeune fille se marie et devienne reine. [SPOILER] J’ai trouvé que cette histoire convenait parfaitement à celle de la méchante reine ! Elle est déjà mauvaise jeune fille, et prête à tout pour obtenir une couronne. [FIN DU SPOILER] Elles sont très différentes l’une de l’autre, et cherchent le bonheur à des endroits opposés. J’ai adoré la fin !

« Raiponce » est aussi l’objet d’une réécriture avec « Le conte de la chevelure ». [SPOILER] Il est drôle de se dire que c’est un cheval qui raconte l’histoire ; visiblement, les héroïnes ont été transformées, ou ont été réincarnées en personnes / animaux différents au fil des histoires. [FIN DU SPOILER] Exactement comme pour « Cendrillon », Raiponce n’est pas une victime : [SPOILER] c’est elle qui demande à ce que la tour soit construite, pour qu’elle soit en sécurité parce qu’elle a peur de la forêt. [FIN DU SPOILER] J’ai aimé le personnage de Gothel, féroce et sans peur, [SPOILER] excepté celle de perdre Raiponce. [FIN DU SPOILER]

« Le conte du frère » m’a fait penser au Lion, la sorcière blanche et l’armoire magique. Une jeune fille perd son frère, emporté par une dame blanche sur une luge. J’ai adoré cette histoire, et la détermination de la jeune fille à retrouver son frère. Elle ressent toute l’injustice de la situation dans laquelle elle se trouve : elle n’est pas écoutée parce qu’elle est une fille, et elle ne comprend pas pourquoi son frère est emmenée et pas elle.

La dame raconte ensuite « Le conte de la tisseuse », qui m’a fait penser à « Rumplestiltskin ». Elle doit tisser un énorme amas de tissus, et s’en sent incapable. Elle trouve quelqu’un pour l’aider, et cette personne lui demande toujours plus pour rester.

« Le conte du chalet » est une réécriture d’ « Hansel et Gretel ». Cette histoire est racontée différemment par rapport aux autres : Gretel a un problème d’élocution, ce qui peut être un peu difficile à comprendre au début. Elle et son frère sont abandonnés dans la forêt parce que leurs parents ne peuvent pas nourrir toute la famille. Ils tombent alors sur une étrange maison, et une femme qui les accueille. [SPOILER] Encore une fois, Gretel sauve son frère, mais elle reste avec la sorcière, pensant qu’elle a plus de chances de survivre avec elle qu’avec ses parents. [FIN DU SPOILER]

« Le conte de la peau » est une réécriture de « Peau d’âne ». Exactement comme dans le conte, une fille est courtisée par son propre père, et essaie de gagner du temps afin de ne pas l’épouser. Elle part ensuite pour trouver un prince dans un autre royaume ; son père ne pourra pas l’épouser si elle est déjà mariée. [SPOILER] Mais son prince est idiot, et ne la reconnaît pas sans ses robes. [FIN DU SPOILER] Une de mes nouvelles préférées également !

Puis, vient la réécriture de « La Belle au bois dormant », « Le conte de l’aiguille ». J’ai vraiment aimé la façon dont l’histoire est réécrite, avec la jeune fille gâtée, les parents hyper-anxieux et hyper-protecteurs [SPOILER] ils tuent quand même un chat pour qu’il ne blesse pas leur fille ! [FIN DU SPOILER] Ils sont l’incarnation des mauvais parents, ceux qui gâtent/pourrissent leurs enfants, tellement que ces derniers sont convaincus que le soleil se lève exclusivement pour eux tous les jours !

« Le conte de la voix » est la réécriture de « La Petite sirène », donc, une de mes préférées, évidemment ! Comme pour « Cendrillon », j’ai aimé le côté psychologique de l’histoire : [SPOILER] si la jeune fille perd sa voix, c’est parce qu’elle pense que la sorcière l’a prise. Mais elle aurait pu parler si elle l’avait vraiment voulu. La sorcière n’a jamais pris sa voix, donc elle ne peut pas lui rendre. Et, encore une fois, le prince n’est pas un prince, et est un con**** fini ! [FIN DU SPOILER]

Enfin, la dernière nouvelle est « Le conte du baiser », également une de mes préférées ! Elle traite de pouvoir, d’amour. C’était vraiment beau à lire, et intéressant de découvrir la Sorcière de la Mer de manière différente.

 

J’ai l’impression que chaque réécriture était une sorte de leçon : d’abord, de prendre sa vie en main ; puis, de ne jamais laisser quelqu’un nous dire ce que nous devons faire ; comprendre les conséquences de nos actes ; penser avant de demander quelque chose, etc. J’ai aussi aimé cette impression de transmission de femme en femme !

La seule raison pour laquelle ce recueil n’est pas un coup de cœur : il est prévisible. [SPOILER] L’homme laisse toujours tomber l’héroïne, et elle se tourne alors vers l’autre femme/fille du conte. [FIN DU SPOILER] Après les premiers contes, je savais comment chacun d’eux allait finir. Mais c’était tout de même une joie et un vrai plaisir à lire !

 

Donc, un excellent recueil de nouvelles, que j’aimerais relire par la suite, juste pour le plaisir de ces contes féministes !  

Fun Home: A Family Tragicomic d’Alison Bechdel

Posté : 25 janvier, 2018 @ 7:54 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : BD, Mémoires Fun Home

Editeur : Jonathan Cape

Année de sortie : 2006

Nombre de pages : 232

Titre en français : Fun Home : une tragicomédie familiale

Synopsis : Fun Home is a fresh and brilliantly told memoir marked by gothic twists, a family funeral home, sexual angst and great books. Like Marjane Satrapi’s Persepolis it’s a story exhilaratingly suited to graphic memoir form.

Meet Alison’s father, obsessive restorer of the family’s Victorian home, funeral director, high school English teacher, icily distant parent and closeted homosexual, who, as it turns out, is involved with his male students and a babysitter.

Through a narrative that is alternately heart-breaking and fiercely funny, we are drawn into a daughter’s complex yearning for her father. When Alison comes out as homosexual herself in late adolescence, the denouement is swift, graphic – and redemptive.

 

Avis : J’ai entendu parler de ce livre, le terme « gothique » a été employé, et je n’avais jamais lu de mémoire sous forme graphique : je me suis lancée !!

J’avoue que je ne m’attendais pas à être aussi émue par ce livre ; et en même temps, j’avais entendu pas mal de bonnes choses, alors je m’attendais quand même à quelque chose. Je savais seulement qu’il traitait du père de l’auteure, et de leur maison gothique. En fait, Fun Home est un mémoire, mais aussi une espèce de biographie de Bruce Bechdel, le père. L’auteur écrit sur son enfance, sur le fait qu’elle comprend qu’elle est lesbienne, et, en même temps, sur sa relation avec son père, un parent froid qu’elle aime quand même, sur la vie de celui-ci, sur ce qu’elle sait de lui. J’ai été émue par l’envie de la narratrice d’avoir une simple conversation avec son père, d’avoir une bonne relation avec lui – un peu une façon de recoller les morceaux, ou de rattraper le temps perdu -, de partager quelque chose. C’est déchirant de la voir incapable de l’atteindre – même quand elle se rend compte qu’ils ont quelque chose en commun ! -, incapable de le cerner et de le comprendre, incapable de lui dire son amour, excepté par ce livre qui arrive après sa mort. Ils sont mal-à-l’aise, embarrassés d’être si proches, et pourtant toujours aussi éloignés. Malgré tout, l’auteure/narratrice se souvient des bons moments passés avec son père, de ces moments où il était joyeux, ou aimant. Il est affolant de se rendre compte, au fil de la lecture, à quel point ces deux personnes, si différentes à première vue, se ressemblent. Ils ont évolué, en quelque sorte, de la même façon, mais n’ont pas réagi à la « révélation » de leur vie de la même façon. Je ne sais pas si on peut parler de spoilers pour un mémoire, mais, au cas où, attention spoiler éventuel : le père d’Alison Bechdel est homosexuel, et elle l’apprend seulement une fois qu’elle a compris qu’elle-même était lesbienne. Elle se sent tellement différente de son père ; et pourtant, elle apprend par sa mère qu’ils ont vécu la même chose ; seulement, son père a décidé de « refuser » son homosexualité, de la refouler en quelque sorte, en se mariant avec la mère d’Alison, et en continuant à rester marié, malgré ses multiples aventures avec des garçons (fin du spoiler éventuel). Tout le long du livre, l’auteure/narratrice tente d’écrire ses souvenirs, tout en essayant de comprendre ce père énigmatique, et surtout, de comprendre sa mort. Elle est convaincue qu’il s’est suicidé, et pense avoir des indices/preuves de cela dans les dernières journées de son père. Les phrases qu’elle écrit pour décrire son impression une fois qu’il est mort sont déchirantes : c’est comme si son absence quand il était vivant était définitivement concrétisée.

Je vous disais plus haut que l’auteure/narratrice comprend ici qu’elle est lesbienne. Ce peut être un peu étrange d’utiliser le verbe « comprendre », mais j’ai l’impression que c’est le meilleur dans ce cas. Elle décrit cette découverte comme simplement une façon de désigner quelque chose de naturel chez elle, d’enfin mettre un mot sur quelque chose qui avait toujours existé pour elle et dont elle n’avait pas conscience. Cela ne s’est pas fait à travers une personne, mais à travers un témoignage qui lui a permis de se rendre compte qu’elle ressentait la même chose. J’ai aimé ensuite son parcours à travers des tas d’œuvres traitant de l’homosexualité – notamment Maurice d’E. M. Forster, que je compte lire bientôt !! J’ai aimé sa façon de parler de sa sexualité, sans tabous, et sans question de honte. Cette question se trouve plutôt du côté de son père.

Le livre traite aussi de l’anxiété, représentée ici par des espèces de TOC : l’auteure/narratrice commence par douter de ses souvenirs, puis elle se force à compter les choses, à faire des choses de manière ritualisée – par exemple, le fait que ses chaussures doivent être parfaitement parallèles, et qu’aucune ne doit dépasser l’autre. L’auteure semble analyser ces manifestations anxieuses, puisqu’elle écrit à un moment donné qu’elle doit donner autant d’amour aux deux chaussures, qui représentent en fait ses parents. Honnêtement, il est très difficile d’apprécier le père ou la mère. Bruce est un parent affreux, qui ne donne aucune affection à ses enfants – excepté pendant certains moments de grâce – ; obsédé par la restauration de sa maison, il oblige ses enfants à l’aider, et peut être violent, que ce soit avec eux ou avec sa femme, notamment lors de leur voyage pour voir un de ses amis d’enfance. L’auteure/narratrice ne cache pas ses défauts ; mais elle montre aussi combien elle l’aime. Ce livre n’est pas débordant de haine contre un père tyrannique ou absent ; c’est une déclaration d’amour posthume. Alison dépeint aussi son père dans ses bons moments ; elle tente de comprendre sa façon d’être et d’agir ; à la fin du livre, il en est presque touchant. La mère – dont j’ai oublié le nom -, est aussi très peu appréciable : elle aussi est obsédée par quelque chose, et ce n’est pas ses enfants ! Elle fait une thèse, et est comédienne ; elle doit donc travailler, en plus de faire les tâches ménagères et de répéter pour ses spectacles. Débordée, elle est, en quelque sorte, elle aussi absente. Elle aussi semble gênée quand, une fois, Alison lui parle de ses règles. En fait, l’auteure/narratrice, enfant et adolescente, ne peut parler à personne de ce qui lui arrive, ne peut pas se confier, et garde tout à l’intérieur d’elle, ou dans des petites expressions dans son journal. Sa relation avec ses parents est difficile, source de gêne, et de peur aussi parfois.

Parlons un peu de la maison : il est vrai qu’elle est gothique, et permet à l’auteure, en quelque sorte, de comprendre en partie son père. Ce « manoir » est sa passion ; il l’a restauré à neuf, l’a remeublé comme il l’était avant, et y a installé une bibliothèque/bureau dans un style très aristocratique. Alison déteste cette maison ; l’auteure donne une raison pour cela : son père considère ses meubles comme ses enfants, et ses enfants comme ses meubles. Il se fiche des goûts de sa fille quand il restaure sa chambre : il y met le papier peint qu’il veut, et les objets qu’il veut. Cette maison est, en quelque sorte, son œuvre ; il en est fier, même si elle lui prend absolument tout son temps.

Le lecteur découvre aussi l’origine du titre du mémoire : Fun Home est l’abréviation de funeral home. En effet, Bruce est professeur de littérature, mais il est aussi croque-mort. Alison et ses frères sont donc dans un milieu qui leur permet de découvrir la mort dans son aspect le moins sentimental ; leur père prépare les morts, ce qui implique de les vider – ce qui donne une scène peu sympathique, à la fois pour le lecteur et pour l’auteur/narratrice. Ayant vécu dans une maison funéraire, l’auteure/narratrice est, d’une certaine façon, détachée de la mort, comme son père lorsqu’il s’occupait des corps. On ressent son désespoir à la mort de son père d’une autre manière, pas par ses pleurs, ce qui le rend d’autant plus touchant. 

J’ai aimé les nombreuses références littéraires : l’auteure/narratrice les associe à des situations, à des événements, et même carrément à ses propres parents, à sa relation avec eux. On peut dire que cela lui vient, en quelque sorte, de son père, qui, le lecteur s’en rend compte, faisait la même chose. Le parallèle avec Ulysses de James Joyce est énorme. Sont aussi mentionnées, comme je l’ai dit, des œuvres traitant de l’homosexualité, parmi elle Sodome et Gomorrhe. Les livres ont une place importante dans la vie d’Alison Bechdel et dans celle de son père : ils sont partout, les accompagnent presque constamment ; la narratrice se demande même à un moment donné si un livre particulier que son père lui a prêté n’était pas un message qu’il tentait de lui faire comprendre. Dans tous les cas, les livres permettent des moments de partage entre Alison et Bruce, moments qu’elle chérit et qu’elle veut faire durer le plus longtemps possible. J’ai aussi adoré les références mythologiques !! (Etrange d’ailleurs que j’avais ensuite prévu de lire The Penelopiad ; j’adore quand mes lectures se retrouvent liées d’une façon ou d’une autre !)

La fin est une dernière façon de briser le cœur du lecteur : l’auteure/narratrice se remémore le dernier moment passé avec son père – l’image et la façon de les dessiner tous les deux dans des fenêtres séparées, ce que l’on retrouve à plusieurs moments dans le livre augmentent l’intensité de la scène -, et son dernier souvenir est agréable.

Petite remarque importante : je ne pensais pas être fan de la façon de dessiner d’Alison Bechdel. Et finalement, j’ai adoré. C’est simple, mais efficace ; les expressions et les décors sont facilement représentés. J’ai aussi aimé que les photos que l’auteure/narratrice reproduit soient dessinées d’une façon différente – la scène où elle compare sa photo et celle de son père … et le cœur se brise à nouveau.

 

Donc, un excellent mémoire graphique, proche du coup de cœur, qui sonne comme un cri d’amour.

Lettre à Hervé d’Eric Sagan

Posté : 12 décembre, 2017 @ 1:47 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Contemporaine Lettre à Hervé

Editeur : Auto-édité

Année de sortie :2016 

Nombre de pages : 102

Synopsis : Pour parler de ce livre, il faut raconter l’histoire du livre lui-même.

Il était une fois un garçon d’une vingtaine d’années. Qui tombe amoureux d’un mec. D’un mec hétéro. Rien de très original. Mais ce garçon se met en tête d’écrire une lettre. Dans cette lettre, il va raconter sa vie, son enfance, ses peurs, ses péripéties d’enfant normal, ou presque, péripéties touchantes, souvent drôles, parfois choquantes, toujours humaines.

Cette lettre, il la donne à Hervé. Et il la donnera également plus tard à ses parents, en se rendant compte qu’il n’avait jamais rien écrit de mieux pour expliquer qu’il était différent.

Des années passent. Il reçoit alors l’appel d’un inconnu : le psychologue de son père. Il apprend que son père s’était lui aussi servi de cette fameuse lettre, pour parler de son fils sur le divan. Pourquoi ce psy avait-il appelé ? Pour demander l’autorisation de faire lire cette lettre à un autre patient, dont le fils était gay, lui aussi. Pour l’aider à accepter son fils.

Cette histoire, vraie, et d’autres événements de la vie, allaient finir par convaincre l’auteur de publier cette lettre, sous forme de fiction, en présentant l’authenticité de l’original.

Voici donc « Lettre à Hervé ».

 

Avis : J’ai lu ce livre parce qu’un ami l’avait acheté et lu, et je me suis dit que ce devait être une belle histoire et, peut-être, une belle leçon.

Et quelle leçon ! Mais ne commençons pas tout de suite à être négatif, commençons par les côtés positifs de ce livre ! J’ai aimé les réflexions sur la normalité – en gros, ça n’existe pas vraiment, et ce que l’on considère comme étant normal est toujours subjectif, donc rien à voir avec une norme, sinon une norme personnelle – et sur l’amour, complexe, parfois passionné. J’ai aussi aimé l’émotion que le lecteur peut ressentir à la fin. Mais ces bons côtés sont complètement détruits par une misogynie qui m’a énervé à un point !!!!! L’auteur écrit tout de même un truc du genre « J’ai compris que les femmes ne sont pas moins intelligentes que les hommes, c’est dire. » C’est dire quoi ? Qu’il fait exactement ce qu’il demande aux autres de ne pas faire. Il se permet de dénoncer les homophobes et les personnes qui considèrent que l’homosexualité est anormale, il se permet de défendre sa cause, tout en écrasant les femmes au passage, tout en ayant un point de vue discriminatoire à son tour. Honnêtement, ça a complètement démoli mon appréciation du livre.

Sinon, pour revenir à quelque chose d’un peu plus objectif, l’histoire est celle de l’auteur, visiblement, puisque la première lettre est une lettre réelle qu’il a envoyé à une personne réelle. En revanche, le reste de l’histoire est apparemment fictive. Le narrateur raconte son enfance à un garçon dont il est tombé amoureux, pour lui faire comprendre l’existence d’un cahier qu’il a trouvé dans ses affaires, et qui a dû le surprendre. J’ai aimé certains passages – jusqu’à ce que la misogynie du personnage apparaisse -, mais j’ai relevé pas mal de fautes d’orthographe ou de frappe.

 

Donc, un livre qui m’a agacé plus qu’autre chose, et que je ne peux pas recommander.

A la recherche du temps perdu, tome 4 : Sodome et Gomorrhe de Marcel Proust

Posté : 7 septembre, 2016 @ 7:44 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Sodome et Gomorrhe Genre : Classique

Editeur : Folio

Année de sortie : 1972

Nombre de pages : 599

Synopsis : (Aucun synopsis à cette édition, si ce n’est la liste des tomes d’A la recherche du temps perdu).

 

Avis : Etant donné que cette édition n’a pas de synopsis, je me suis un peu lancée dans l’inconnu, même si j’avais une idée du sujet avec le titre.

Je m’attendais, je ne sais pas vraiment pourquoi, à moins aimer ce tome par rapport aux autres. Et finalement, j’ai apprécié cette lecture autant que Le Côté de Guermantes, voire plus ! Ici, le livre est découpé en quatre chapitres de longueur totalement irrégulière, chapitres précédés d’un résumé en quelques phrases de ce qui va être raconté. Le fait que le tome ne soit pas écrit d’un bloc permet d’avoir des repères, contrairement à La Prisonnière, qui arrive ensuite, et qui ne comporte aucun chapitre ! L’écriture est toujours aussi excellente, toujours aussi poétique, faite de très longues phrases qu’il peut être parfois difficile à suivre, mais, avec un peu d’effort, le lecteur met tous les mots à leur place et comprend. Les paragraphes sont eux aussi immenses, ils font parfois plusieurs pages, ce que je n’avais jamais vu avant chez un auteur ! (c’est même plutôt l’inverse, on dirait que certains auteurs ont peur de faire de trop longs paragraphes). Concernant la couverture, les couleurs sont harmonieuses et renvoie à la focalisation sur Albertine et sa vie sexuelle présumée ; j’ai remarqué que les couvertures choisies pour ce tome, même dans les autres maisons d’édition, ne sont pas particulièrement belles comparées à celles des autres livres, que j’aime beaucoup ! Quant au titre, je savais que c’était une référence biblique, et une référence à l’homosexualité, mais je ne me souvenais plus tout à fait du mythe : j’ai donc fait de petites recherches, qui ont confirmé mes vagues souvenirs. Sodome et Gomorrhe sont des villes qui ont été détruites par Dieu parce qu’elles étaient pécheresses. Apparemment, le type de péché n’est pas spécifié, mais il est considérée comme étant l’homosexualité : Sodome est la ville des hommes qui aiment les hommes, et Gomorrhe, celle des femmes.

Et, en effet, ce tome est entièrement dirigé vers l’homosexualité et les deux personnages qui la représentent : M. de Charlus et Albertine. Cette focalisation m’a semblé apporter quelque chose de nouveau par rapport aux autres tomes, même s’ils étaient eux aussi focalisé sur des personnages : Swann ou la duchesse de Guermantes. Ce qui est surtout nouveau, c’est le sujet : je ne m’attendais pas à trouver un tome entier sur la sexualité de certains personnages que le narrateur connaît et apprécie. Ainsi, le narrateur nous raconte comment il a compris que M. de Charlus était un « inverti », et les discours sur l’homosexualité m’ont d’abord paru à double tranchant : elle est appelée « maladie », « vice », la société et la religion sont contre, ce doit être caché au maximum, personne ne doit savoir (sans doute des propos à remettre dans leur contexte même si, malheureusement, certains disent encore ce genre de choses !) Mais, d’un autre côté, il est difficile (contrairement au tome précédent) de ne pas s’attacher à M. de Charlus : il ne peut jamais être lui-même, il est moqué et raillé par des gens qui lui sont inférieurs en rang, il se fait manipuler par un simple violoniste des plus agaçants, il devient quasiment fou d’amour pour un homme qui ne l’aime pas. Il m’a fait mal au cœur, ce qui me l’a rendu sympathique. De plus, on sent la solitude que l’homosexuel doit supporter, puisque même ses amis se méfient de lui. Albertine, quant à elle, représente Gomorrhe dans l’esprit du personnage principal. Il n’a aucune preuve tangible, mais en voit partout depuis l’intervention de Cottard une fois qu’il a vu la jeune fille danser avec ses amies. Alors, le poison de la jalousie ronge le narrateur / personnage à un point tel que le lecteur sent qu’il est vraiment prêt à tout pour empêcher Albertine de céder à nouveau à son vice supposé. Cela explique déjà les titres des tomes suivants, La Prisonnière et Albertine disparue. Le narrateur devient paranoïaque, et son attitude envers Albertine est ambivalente : l’amour qu’il ressent pour elle n’en est pas, mais il a besoin qu’elle soit à lui. Il est cruel, puis doux, agressif, puis passionné. Le lecteur peut être agacé par ces revirements de situation et avoir plus l’impression qu’il joue avec elle plutôt qu’il ne l’aime véritablement ! On sent encore aussi une certaine naïveté dans les réflexions du personnage principal, qui s’imagine que, si Albertine aime les femmes, il n’a rien à craindre des hommes. Ainsi, la sympathie du lecteur va-t-elle aussi à Albertine, dont on ne connaît pas exactement les sentiments.

Autre élément important dans ce livre : les salons, qui sont toujours présents. Ici, l’aristocrate (ou bourgeoise) qui m’a le plus agacée est Mme Verdurin. Tant d’hypocrisie, de dédain, de stupidité, de lustre dans une même personne … Elle ne pense qu’à son bien-être personnel, à la tenue de son petit salon. Elle a des « fidèles » qui doivent venir tous les mercredis ; en somme, leur vie doit tourner autour d’elle. Encore une fois, tout n’est qu’apparence dans le milieu mondain. C’est à celui qui reçoit le plus, ou qui semble le plus comme ci ou le plus comme ça. Quand on tient salon, il faut penser à ne pas inviter untel en même temps qu’untel, parce qu’ils ne se supportent pas, et il serait bien d’avoir untel, mais il est dans une société bien plus élevée, alors on fait comme si c’était notre choix qu’il ne soit pas là. C’est un monde fait de faux-semblants, de jalousie, de coups bas, de rumeurs, de préjugés, de fausseté, d’hypocrisie ; ce doit encore être le cas de nos jours bien sûr. Le narrateur, lui, va dans les salons sans prendre garde à qui est invité ou ne l’est pas, et mentionne qu’il se fiche du rang social de ses amis. Il fait pourtant attention à ne pas commettre d’impair, parle comme il se doit à chaque personne, devine même comment leur plaire, notamment avec Mme de Cambremer. Le traitement de la mort, également, dans les salons, est choquante : quelqu’un qui avait l’habitude de venir meurt, mais on ne doit surtout pas le pleurer, on doit faire comme d’habitude, après tout, ce n’est pas si grave ! (!!!!)

Aussi, le narrateur, qui a perdu ses illusions au tome précédent, continue tout de même ses comparaisons mythologiques que j’adore, mais plus seulement à propos des aristocrates : c’est plus la nature, ou un homme « normal » qui sera comparé à un dieu. Cela apporte d’autant plus de poésie au livre. Le nom est toujours important, et son étymologie est ici décortiquée, ce que j’ai trouvé intéressant (back en cours d’ancien français haha !) ; malheureusement, cela lui fait aussi perdre de sa magie, comme dans le tome précédent les noms des aristocrates. Ainsi la poésie du nom est-elle retirée au lieu. L’humour est également présent (ce qui peut sembler étrange) notamment dans les scènes de salon, où les personnages se rendent parfois tellement ridicules ! Le lecteur ressent aussi de l’émotion, puisque le narrateur ressent le contre-coup de la mort de sa grand-mère, mais aussi par rapport à M. de Charlus, comme je le disais plus haut. Enfin, comme dans le tome précédent, même si je ne l’ai pas mentionné, le narrateur fait des allusions à ce qui va arriver ensuite dans d’autres tomes, ce qui crée une espèce de suspense, comme le fait de mentionner qu’une décision est une erreur, comme le lecteur s’en rendra compte plus tard. Petit plus : petit jeu du narrateur avec le lecteur au début du tome !

Concernant les personnages : comme je le disais tout à l’heure, le narrateur / personnage, toujours double, peut paraître ici agaçant, surtout dans sa façon de traiter Albertine. Le lecteur peut avoir l’impression que sa paranoïa va le rendre fou, tant elle empiète sur sa vie et lui fait faire des choses qu’il n’avait pas l’intention de faire, comme dans la scène finale ; il est très contradictoire et se laisse diriger par ses émotions. Il est aussi naïf, comme je l’ai dit, mais aussi dans le sens où il ne voit pas, par exemple, quand les gens sont amoureux ; en revanche, il est très lucide en ce qui concerne les demandes voilées des personnes qui lui parlent. Il sait comment leur parler, comment leur demander quelque chose si besoin est, il est moins timide que dans le tome précédent. En plus d’Albertine et de M. de Charlus, le lecteur retrouve d’autres personnages ici, comme Saint-Loup, plus effacé en raison de la focalisation sur la jeune fille et le baron, mais tout de même présent. Le narrateur s’éloigne de lui pour passer la majeure partie de son temps avec son amie, et éprouve même de la jalousie envers lui, qu’il connaît pourtant très bien ! ; la duchesse de Guermantes, effacée elle aussi puisqu’elle n’apparaît qu’au début, pendant la soirée de la princesse de Guermantes, ainsi que son mari, le duc ; les « fidèles » de Mme Verdurin, Brichot, très cultivé, qui aime parler de ce qu’il sait, mais qui ne se rend pas compte qu’il ennuie la majorité des convives, alors même que ce qu’il raconte est intéressant !, Cottard, médecin qui se croit le seul à pouvoir parler de médecine, mal élevé et imbu de lui-même, sa femme, bien plus effacée que lui, qui semble pourtant sympathique, la princesse Sherbatoff, exilée de Russie, qui ne peut pas aller dans un autre salon que celui de Mme Verdurin et qui affecte donc une aversion du monde tout ce qu’il y a de plus hypocrite, Morel, lui aussi mal élevé, imbu de lui-même, qui veut qu’on le prenne pour quelqu’un de haut placé alors qu’il est au bas de l’échelle sociale, Swann, qui apparaît brièvement, et que j’apprécié toujours autant, dont la valeur est rehaussée par tous les aristocrates que l’on découvre ici, sa femme Odette, qui commence son ascension sociale, et donc, prend les manies des autres, les amies d’Albertine comme Andrée, avec qui le personnage principal la soupçonne d’avoir des relations, la mère du narrateur, qui a radicalement changé depuis la mort de sa mère, ce qui est assez impressionnant.

La fin est assez rapide, puisque le chapitre 4 fait 20 pages. La décision du narrateur / personnage est prise sur le vif de l’émotion qu’il ressent, alors même qu’il avait décidé le contraire la veille : ce sont sa jalousie et sa paranoïa qui parlent. La transition est faite avec La Prisonnière.

 

Donc, un excellent tome, qui aborde un sujet que je ne m’attendais pas à voir dans A la recherche du temps perdu, un personnage qui change de comportement et qui montre ainsi les ravages de la jalousie et de la paranoïa. Le lecteur peut déjà s’imaginer que tout ne va pas bien se passer dans le tome suivant !

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