Genre : Historique, Fantasy
Editeur : Scrineo
Année de sortie : 2020
Nombre de pages : 352
Synopsis : 1991, France. En triant les affaires de sa sœur disparue cinq ans plus tôt dans des circonstances tragiques, Luzia retrouve son vieux médaillon ainsi que son journal intime. À sa lecture, elle s’interroge : et si son suicide était lié à ce bijou et à la mort de leur tante vingt ans auparavant à Évora ?
Quand elle commence à être assaillie de cauchemars et d’hallucinations, la jeune femme se lance sur les traces de la vérité. Une quête qui la plongera dans le passé de sa famille, dans un Portugal déchiré par la dictature de Salazar…
Trois époques.
Trois femmes.
Trois destins.
Une volonté : être libre.
Avis : Ce livre se trouve dans ma wish-list depuis un moment ; étant présélectionné pour le plib, il en sort enfin !
Je ne sais pas trop ce à quoi je m’attendais pour ce roman. Je me souviens avoir lu le synopsis il y a longtemps et avoir accroché ; mais c’est surtout le titre qui m’a appelée ! J’adore l’Antigone d’Anouilh et Des œillets pour Antigone m’a aussi fait penser, après réflexion de mon compagnon, à Des fleurs pour Algernon, un roman que j’ai adoré ! De plus, la couverture est très belle, ce qui a achevé de me convaincre !
J’ai passé un très bon moment avec ce roman ! L’écriture est agréable, j’ai aimé suivre différentes timeline et différentes héroïnes avec elles, malgré quelques petits éléments que je n’aime pas trop dans la narration à la première personne. La narratrice principale est Luz, dont la sœur s’est suicidée il y a cinq ans (TW) – nous sommes en 1991. Malgré leur inimitié réciproque, elle décide de comprendre pourquoi Sabine en est arrivé là et quels secrets se cachent derrière le médaillon qu’elle trouve dans ses affaires. Ce livre, pour moi, n’est pas du fantastique : le doute que pouvaient avoir le lecteur et les personnages s’estompe rapidement pour laisser place à la certitude. Quand c’est le cas, l’histoire bascule dans la fantasy paranormale pour moi. Je n’en dirai pas plus, histoire de ne spoiler personne !
En plus de Luz, le lecteur suit Alma en 1971 – en point de vue interne à la troisième personne, si je ne m’abuse – et Sabine, à travers son journal, en 1986. Alma nous permet de découvrir le Portugal post-Salazar, dirigé par Caetano ; Sabine, elle, nous permet de lire ses derniers mois, d’assister à ce qui lui est arrivé. J’ai adoré le lien entre Alma et Valente, son Lusitanien ; je n’avais jamais lu de roman qui traiterait d’un amour particulier entre cavalière et cheval. Davantage qu’une monture ou un simple animal, Valente est l’ami d’Alma et j’ai adoré les scènes où le lecteur les voit ensemble ! SPOILER 1 Quant à Sabine, elle est une ado de 15 ans typique au début de son journal : elle évoque ses amis, ses amours, sa famille, ce qui la passionne, et écrit comme une ado ! Lentement, insidieusement, après un été au Portugal, sa situation change …
Autant que l’histoire et l’écriture, j’ai aimé les sujets traités dans ce roman :
- le Portugal post-Salazar et les rébellions contre l’Estado Novo. Je n’ai lu qu’un seul livre traitant du Portugal et il se concentrait sur la guerre d’indépendance de l’Angola : Le Cul de Judas d’Antonio Lobo Antunes. J’ai retrouvé des éléments au sujet de cette guerre dans ce roman, mais je ne savais pas grand-chose du Portugal et de son histoire. J’en ai donc appris un peu plus ici !
- les relations sororales. Sabine et Luz se détestent tant que c’est parfois difficile à croire. Elles n’ont jamais appris à se connaître et sont deux étrangères l’une pour l’autre. C’est la première fois que je lisais un roman où les relations entre deux sœurs sont aussi mauvaises !
- le SIDA (TW). Le roman s’ouvre, du point de vue de Luz, sur la mort de Freddie Mercury. En plus de perdre son idole, la jeune femme est assurée de perdre également un ami, même s’il suit un traitement. Je crois que je n’avais encore jamais lu de roman qui traite aussi ouvertement du SIDA, sans embellissement. Cela permet également d’aborder la question de l’homosexualité, difficilement acceptée par les proches et par la société en général.
- la corrida. Elle est, certes, au second plan, mais c’est un sujet qui enflamme Alma, qui refuse que les chevaux de son père ne soient des chevaux de corrida.
- la musique et la poésie. Elles sont présentes du début à la fin du roman grâce à des citations assez fréquentes et à l’amour des personnages pour la musique, dit de diverses manières, exprimé par leur besoin de jouer, d’écouter ou de chanter.
La fin m’a beaucoup émue. Je suis passée de l’indignation à la tristesse. SPOILER 2
Donc, ce roman est une belle découverte, à la limite du coup de cœur ! C’est la première fois que je lisais Charlotte Bousquet ; ce ne sera sans doute pas la dernière !
SPOILER 1 : Comprendre que la première scène que nous lisons est la mort de Valente est d’autant plus émouvant que nous assistons, juste après, à l’enterrement/apaisement d’Alma et des chevaux qui l’entourent.
SPOILER 2 Cet adieu n’est pas seulement celui d’Hélio, Thiago et Luz à Alma, mais c’est aussi celui de Julien à Luz. Le jeune homme sait qu’il va mourir et tient à délivrer un dernier message à son amie.
#ISBN9782367408361