Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Un papillon sous la neige de Daphné Kalotay

Posté : 20 octobre, 2015 @ 5:51 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Un papillon sous la neigeGenre : Drame, Historique

Editeur : France Loisirs

Année de sortie : 2010

Nombre de pages : 576

Synopsis : Du Moscou des années 1950 à Boston aujourd’hui, le tumultueux destin d’une ballerine : passions, secrets et trahisons, une belle saga romanesque qui mêle émotions et mystères. A Boston, Nina, une ancienne étoile du Bolchoï surnommée Papillon, met aux enchères ses précieux bijoux, emportés lors de son exil. C’est alors que Grigori, un homme d’origine russe, la contacte pour lui poser la plus incroyable des questions : est-il l’enfant qu’elle aurait abandonné ? Chassé par la danseuse, Grigori, bien décidé à découvrir la vérité, va fouiller dans la vie de Papillon en Russie, un passé fait d’énigmes et de secrets. Pourquoi s’est-elle enfuie de son pays ? Quel est le mystère qui entoure la mort de son mari Viktor ? En levant peu à peu le voile sur ce terrible destin, Grigori apprendra que la réalité se cache toujours là où on ne l’attend pas …

 

Avis : Tout d’abord, je trouve le synopsis un peu mensonger, après avoir lu le roman entier (j’expliquerai pourquoi ensuite). La couverture est très belle, toute douce, ce que l’histoire n’est pas vraiment !

Le lecteur plonge ici dans un récit polyphonique, où vont se croiser plusieurs histoires concernant différents personnages. D’abord celle de la vie de Nina Revskaïa, ancienne ballerine qui a quitté la Russie précipitamment sans donner de raisons ; celle de Grigori Solodin, de ses recherches et de sa solitude, et celle de Drew Brooks. Le livre commence par la description d’un lot, un bijou mis en vente : chaque chapitre sera précédé par la présentation d’un de ces lots. Puis on entre dans le monde actuel, le Boston moderne. Ce livre mêle en effet les époques et les pays : l’histoire de Nina, le récit principal, si l’on peut dire, relate sa jeunesse en URSS. Grâce à sa vie, le lecteur peut appréhender la vie de l’artiste sous le régime de Staline, les dangers qu’il affronte, les impairs qu’il doit absolument éviter, les obligations auxquelles il doit se plier. Nina rencontre un poète et un compositeur, ce qui offre plusieurs facettes de l’art en URSS, et ce qui est demandé aux artistes de l’époque. J’ai beaucoup cet aspect historique du livre : la découverte du régime et de la vie des artistes apportent une certaine culture au lecteur, une vision de ce à quoi cela pouvait ressembler à l’époque. Le contexte de l’époque fait également que les événements sont plus compliqués, que les personnages s’imaginent des explications invraisemblables sans jamais vraiment chercher de réponse de peur de la trouver, et se méfient de tous, même de leurs proches. Sinon, j’ai aimé découvrir l’univers de la danse à travers l’histoire de Nina : c’est un monde assez cruel, où il faut être la meilleure, et le rester, si l’on ne veut pas redescendre du niveau où l’on est monté avec difficulté. Les tortures que s’infligent les ballerines pour danser m’ont vraiment fait de la peine, mais la douleur ne semble pas vraiment déranger Nina : sur scène, elle oublie tout, sur scène, elle devient quelqu’un d’autre, et j’ai adoré les passages où elle parle de son amour de la danse, de la sensation que cela lui procure, de la liberté qu’elle se sent posséder. Elle exprime par la danse quand Viktor utilise les mots. Un deuxième récit croise celui de Nina : l’histoire de Grigori. Son passé d’adolescent, mais également sa vie d’adulte, sont racontés au lecteur. Le jeune homme qu’il était recherchait sa famille, la vérité sur ses origines. Sa vie avec sa femme nous est également racontée, et introduit l’amour dans le roman. Un troisième récit est celui, plus dissipé et diffus, de la vie de Drew Brooks, de son mariage raté, de ses origines qu’elles recherchent elle aussi, de sa famille qui ne la comprend pas, et à qui elle semble toujours rebelle. Enfin, le récit du Boston actuel réunit tous ses personnages et les fait interagir de façon à mêler leurs intrigues. Ils s’entraident ou se mettent des bâtons dans les roues. C’est ce récit qui amène la rétrospection que sont les autres histoires annexes : la vente des bijoux de Nina Revskaïa déclenche le retour sur le passé des personnages.

L’amour est une notion importante dans ce livre, et elle est présentée de façon différente à travers des couples variés. Tout d’abord, Nina et Viktor. C’est le couple central de l’intrigue, celui sur qui le lecteur et les autres personnages s’interrogent constamment ; je me le suis tout de suite représenté comme le couple modèle, qui n’a pas besoin de se prouver quelque chose pour s’aimer, qui s’aiment simplement, sans artifices et sans nécessité de justifier quoi que ce soit. La jalousie me semblait pratiquement absente de leur relation : elle était donc saine, et agréable à imaginer. Pourtant, quelque chose a motivé Nina à partir sans Viktor ; et lorsque j’ai découvert quoi, je me suis tout de suite rangée du côté de Nina (trop vite, bien sûr, c’était trop évident !). La jalousie et le malaise s’installent tout à coup de façon très violente et toute ma confiance en ce couple a vacillé ! Je ne m’attendais vraiment pas à un tel revirement de situation ! Un autre couple est celui que forment Grigori et sa femme Christine : leur amour est simple, absolu. Ils se connaissent par cœur, et même quand Christine n’est plus là, son mari se souvient de ce qu’elle aurait fait, de ce qu’elle aurait dit. Il est veuf et vit avec le souvenir de la femme qu’il a aimée. J’ai trouvé leur histoire très touchante et très triste. La conception qu’a Grigori de l’amour n’est pas manichéenne, ce que j’ai trouvé très lucide : il sait que l’amour a ses mauvais côtés, que le mariage a changé certaines choses entre eux et qu’ils ne se supportent pas parfois, mais il aime sa femme de tout son être, avec ses défauts. N’est-ce pas la meilleure définition de l’amour ? Un autre couple m’a semblé prépondérant, puisqu’en réalité, ils m’ont semblé à l’origine d’un malentendu dramatique, qui entraînera des conséquences désastreuses pour tous les personnages. Eux aussi s’aiment profondément, et ce qui arrive le prouve. Enfin, Drew Brooks est en mal d’amour, et se demande si, un jour, elle rencontrera celui qui lui conviendra parfaitement. C’est un peu le personnage qui cherche le prince charmant sans le chercher.

Une investigation est également menée dans ce livre, et c’est là que j’ai trouvé le synopsis mensonger. Ce n’est pas Grigori qui parvient à rassembler les pièces du puzzle. Il a cherché à connaître la vérité pendant des années sans jamais l’obtenir. C’est la vente des bijoux qui enclenche un retour vers le passé des personnages, mais aussi la levée du voile sur le mystère de la naissance de Grigori et du départ de Nina. Drew tient donc un rôle prépondérant. Il a déjà fouillé la vie de la ballerine sans rien trouver de vraiment concret ; elle ne lui a rien livré : c’est au lecteur qu’elle raconte tout sous forme de souvenirs, plus ou moins douloureux.

Egalement, dans ce livre, le lecteur découvre la vie artistique sous un régime totalitaire : tout est contrôlé. Aucun artiste ne peut se laisser aller à faire ce qu’il veut, à dire ce qu’il pense, à innover. C’est un système clos sur lui-même, dans lequel on dit au peuple et aux artistes ce qu’ils doivent penser, et ils ne doivent déroger de cette règle sous aucun prétexte. Une remarque sur la musique de Prokofiev rapportée par Gersh est significative : tout doit être lissé et doit servir le parti. Sans cela, l’artiste risque son art, sa liberté, et surtout sa vie. Ils ne doivent jamais dépasser de la norme, ou parler sans contrôle de ce qu’ils disent : où qu’ils soient, ils sont entendus, espionnés. Ils ne sont en sécurité nulle part et ne peuvent parler de leurs affaires personnelles qu’à l’extérieur, dans un lieu public ou isolé.

Concernant les personnages, je me suis très vite attachée à la jeune Nina : elle est courageuse, très travailleuse, et ouvre peu à peu les yeux sur le monde dans lequel elle vit. Elle se rend compte du régime, de l’espionnage, de la méfiance constante qu’elle doit conserver face à tous. Elle n’a vraiment confiance en personne. Lorsqu’elle rencontre Viktor, c’est un peu un conte de fées pour elle, conte de fées dans lequel sa belle-mère, exécrable, joue le rôle de la marâtre. Il semble être tout pour elle, si l’on ne compte pas la danse. Elle considère que celle-ci, en plus de l’amour, sont tout ce qu’elle a pour vivre. Et puis, à un moment clé du livre, Nina m’a agacée. Elle se comporte comme une adolescente, ne se rend sans doute pas compte de ce qu’elle fait (ou si, ce qui est encore pire !), et abandonne tout sans explications (le lecteur comprend, mais pas les autres personnages). Elle agit comme une fugitive, et ne m’a pas semblé du tout réfléchir. Elle agit par passion, par bêtise. Cela m’a vraiment déçue. La Nina plus âgée m’a également agacée : elle se cache toujours derrière son indifférence, traite très mal les gens, et se permet un comportement hautain de vieille dame respectable. Il est vrai qu’elle a souffert, et qu’elle se protège ; mais par là, elle fait du mal aux autres en le sachant pertinemment, ce qui est d’autant plus énervant. Sa réaction à la fin m’a soulagée : elle agit enfin ! Quant à Grigori Solodin, lui aussi vit un peu dans ses souvenirs. Il a perdu sa femme et ne cesse de penser à elle, à comment elle aurait réagi, à ce qu’elle lui aurait dit. Je me suis attachée à elle à travers lui, et donc un peu à lui aussi. Il fait de la peine au lecteur par la souffrance que lui occasionne la méconnaissance de ses origines et de sa véritable famille. Il ne sait pas vraiment qui il est, et s’est inventé une identité, ainsi que des parents idéaux. Il a tenté de rassembler des preuves, qui semblent tout à fait fonctionner ensemble : le lecteur lui-même y croit et pense déjà tout savoir quand la surprise arrive ! Tout paraît prévisible ; or, ça ne l’est pas vraiment. Il finit peu à peu par se sortir de ses souvenirs et à tenter de vivre dans le monde réel, qu’il trouve très médiocre par rapport à celui dans lequel il vivait dans sa jeunesse : il ne cesse de critiquer l’université et les étudiants, ce qui pourrait être un écho aux véritables pensées de l’auteure. Drew Brooks est le dernier personnage vivant important : elle dirige la vente des bijoux de Nina Revskaïa, ce qui, elle aussi, la plonge dans des souvenirs et des réflexions qui la mènent vers la vérité. Elle est ambitieuse, et aime le métier qu’elle pratique : elle aime découvrir les origines des gens et des choses, donner une histoire à un objet qui n’en avait plus. Je me suis également attachée à elle : elle rêve d’amour sans le trouver, elle se demande si, un jour, celui qui lui correspond apparaîtra (prévisible, prévisible !!) Son histoire « actuelle » prend un tour évident, très prévisible, que le lecteur repère de très loin ! D’autres personnages apparaissent dans ce livre, comme Viktor, personnage très important auquel je me suis beaucoup attachée, sans doute parce qu’il est poète et qu’il semble sincèrement aimer Nina ; ses poèmes ont l’air très mélancoliques, il m’a semblé assez romantique, ce que renforce ses origines cachées à la société ; Gersh, compositeur virtuose conspué par le régime car il est juif ; Vera, amie danseuse de Nina, qui se trouve au centre de l’intrigue, je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher à elle, excepté à la fin, Nina ne la voit pas d’un très bon œil, même si c’est son amie ; Polina, une autre amie danseuse dans une situation difficile ; Zoïa, assez difficile à cerner en ce qui concerne ses sentiments, collaboratrice du parti tout en voulant protéger celui qu’elle semble aimer ; la mère de Nina, douce et protectrice, que la jeune femme délaisse peu à peu ; d’autres membres du Bolchoï ou du parti, et même Staline, qui apparaît deux fois ; Cynthia, l’infirmière de Nina, une femme forte et courageuse, qui aide la vieille dame dans sa vie de tous les jours.

La révélation de la fin a été une vraie surprise pour moi, et pour les autres personnages aussi apparemment. Tout ce que j’avais imaginé est parti en fumée. J’ai ressenti une vraie déception face à cette situation : quelle tragédie pour si peu ! La communication n’était pas le fort de cette époque, et il me semble que ça n’a pas vraiment changé aujourd’hui. La confiance est très difficile à gagner, et si facile à perdre ! La toute fin m’a également déçue : on ne sait pas vraiment ce qui arrive aux personnages, même si le dénouement a eu lieu, et que tout semble se mettre en place pour que chacun obtienne ce qu’il veut. J’aurais aimé revoir Nina, savoir ce qui lui était arrivé, si elle avait agi autrement encore.

 

En définitive, un bon livre, qui montre bien la vie des artistes en URSS et nous présente une histoire dont le lecteur a envie de connaître la fin, fin assez frustrante et un peu décevante.    

L’Héritage Boleyn de Philippa Gregory

Posté : 31 juillet, 2015 @ 10:23 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 16 commentaires »

L'Héritage Boleyn Genre : Historique

Editeur : Archipoche

Année de sortie : 2011

Nombre de pages : 538

Synopsis : 1539. Henri VIII d’Angleterre épouse Anne de Clèves – faire alliance avec les Protestants est d’une importance stratégique. D’abord éblouie par les fastes de la cour, la nouvelle reine se sent vite prise au piège. Et surtout menacée par la très jeune Katherine Howard, nièce de l’ambitieux Thomas, duc de Norfolk … Faisant suite à Deux sœurs pour un roi, où Philippa Gregory racontait avec brio la rivalité de Marie et Anne Boleyn, L’Héritage Boleyn plonge à nouveau le lecteur dans les coulisses de la cour du monarque le plus craint de son temps.

 

Avis : J’ai lu Deux sœurs pour un roi il y a un moment maintenant, et je me souviens avoir vraiment adoré ! J’ai également lu The Constant Princess sur Catherine d’Aragon (adoré également). Je me suis donc dit que la suite ne pouvait pas me décevoir ! De plus, je trouve la couverture magnifique, et le titre assez ironique.

Petite précision avant de vraiment commencer : je lis la saga des Tudor dans l’ordre chronologique des événements qui surviennent dans les livres, pas dans l’ordre de publication. Quand je parle du premier tome de la saga, je parle de The Constant Princess. Je considère donc ce livre comme le troisième tome.

La Cour est un monde cruel ; depuis le premier tome, le lecteur l’a découvert. Et rien ne change dans ce nouveau volume. La nouvelle reine va bientôt découvrir que les amis n’en sont pas lorsque l’on séjourne en Angleterre sous Henri VIII. Le lecteur assiste ici aux événements qui ont suivi la mort d’Anne Boleyn (relatée dans le second tome) et celle de Jane Seymour. Le souverain recherche une quatrième épouse et laisse un de ses plus proches conseillers la choisir : Thomas Cromwell, qui privilégie donc Anne de Clèves. Dans les tomes précédents, le lecteur n’avait qu’un seul point de vue sur la situation : celui de Catherine d’Aragon, puis celui de Marie Boleyn. Ici, trois femmes nous racontent la vie à la Cour : Jane Boleyn, que j’avais détesté et qui m’avait dégouté dans le second tome, mais qui ici, semble nous montrer un autre aspect de sa personnalité ; Anne de Clèves, la nouvelle reine qui découvre la Cour et le roi. Elle aime l’Angleterre, adopte immédiatement ce nouveau pays, mais sa première rencontre que son époux est désastreuse, et marque son destin ; Catherine Howard, une jeune fille, et même, une gamine, qui semble ne rien avoir dans la tête. Ces trois femmes sont les opposées les unes des autres, ce qui nous donne vraiment des visions différentes des personnages ou des événements qui surviennent. De plus, le lecteur est ainsi sur plusieurs fronts, il est un peu omniscient, et se rend facilement compte du piège qu’est la Cour et de la perfidie des courtisans. J’ai retrouvé dans ce tome ce que j’avais aimé dans Deux sœurs pour un roi : un savant mélange d’intrigues de Cour complexes, de trahisons stupéfiantes, d’adultère, de folie, de passion qui fascine le lecteur. Les excès du roi d’Angleterre sont hallucinants et le lecteur n’en croit pas ses yeux. Certaines scènes montrent bien que la Cour fait tout pour contenter le souverain, même lui mentir si cela est nécessaire. Tout le monde semble comploter contre tout le monde, même au sein des familles, et une femme à qui vous confiait un secret peut signer, le lendemain, un témoignage qui prouve que vous êtes une sorcière, ou que vous avez tenté d’assassiner le roi. Dans cet endroit où les lions côtoient les serpents, le but ultime de tout individu est le pouvoir et l’argent. Toute l’intrigue n’a été montée que pour cela. Le bonheur est exclu de la vie courtisane, tout comme la volonté, car il faut suivre celle du roi, que l’on soit courtisan, dame d’atour ou reine d’Angleterre. Le souverain a droit de vie et de mort sur quiconque vit dans son pays. Tout comme dans le tome précédent, le roi châtie comme bon lui semble, et certaines morts sont vraiment atroces … Le lecteur ne peut pas même imaginer ce que l’on doit ressentir, que ce soit pendant l’attente ou pendant l’exécution. Concernant l’écriture, le traducteur (et donc l’auteur je suppose) a fait l’effort d’employer un vocabulaire d’époque afin de vraiment faire plonger le lecteur dans l’Histoire. C’est également un plaisir d’imaginer les divers lieux traversés par les personnages. Aussi, il y a tant de rebondissements d’un chapitre à l’autre, tant de pression sur les différents personnages que le lecteur est captivé et ne peut reposer le livre avant de l’avoir fini !

Le premier personnage que l’on rencontre est Jane Boleyn, un personnage abject que j’ai en horreur depuis Deux sœurs pour un roi. Je n’avais même pas parler d’elle dans mon article : je voulais seulement l’oublier. Ici, le lecteur semble découvrir une nouvelle facette de cette femme. En effet, dans le tome précédent, il avait le point de vue de Marie ; dans L’Héritage Boleyn, Jane a une version tout à fait différente de ce qui s’est passé en 1536, lors de la condamnation de son mari George, et de sa belle-sœur, Anne. Elle semble vraiment se repentir et m’a fait mal au cœur (je l’ai même plainte parfois !) : elle ne cesse de répéter qu’elle aimait George, et elle se sent coupable tout en se disant qu’elle ne l’est pas tout à fait. Les fantômes des morts la hantent, la poursuivent même dans les couloirs des lieux où elle vit. J’ai trouvé ce personnage assez paradoxal : d’un côté, elle est indépendante, elle sait ce qu’elle fait, c’est une manipulatrice patentée, et elle n’a besoin de personne pour comploter ; d’un autre, elle se sent le jouet du duc de Norfolk à qui elle obéit, quoi qu’il lui dise. Elle pense d’ailleurs qu’il est responsable de la mort de son mari. Elle se pense une honnête femme (ou cherche-t-elle à s’en convaincre ?) et une alliée de choix. Elle connaît toutes les ficelles de la Cour, ainsi que le roi. Elle se sent importante et nourrit des espoirs de retrouver un jour une vie « normale ». Elle est convaincue qu’elle ne mourra pas exécutée car elle sert le roi comme personne. Anne de Clèves, la nouvelle reine choisie par Thomas Cromwell pour Henri VIII, m’a tout de suite été sympathique. Elle ne ressemble ni à Marie ni à Anne Boleyn, elle n’a rien de charnel, et les histoires de cœur ne semblent pas l’intéresser. Tout ce qu’elle veut, c’est remplir son devoir et profiter de sa nouvelle liberté. Elle m’a, elle aussi, fait mal au cœur quand elle imagine tout ce qu’elle peut faire pour l’Angleterre et pour ses sujets. Elle rêve sa vie de reine, et se retrouve bien bas lorsque l’humiliation arrive. C’est un personnage très courageuse (elle m’a un peu fait penser à Catherine d’Aragon), douce et gracieuse, digne d’être une reine, même si, à son arrivée, elle est qualifiée de laideron sans charmes. La Cour, qu’elle pensait raffinée, se trouve être un lieu à la fois discipliné, craintif et débauché. Elle mène les choses comme elle le peut, mais n’a aucun pouvoir sans l’appui du roi. Ce qui lui arrive par la suite est à la fois affreux et merveilleux : affreux parce que c’est une humiliation publique, aux yeux du monde entier ; et merveilleux parce qu’elle est la seule à bénéficier de ce traitement. Son manque de rancune m’a surprise, mais cela prouve simplement que c’est une femme d’exception. Catherine Howard m’a, dès le début, parue agaçante, une gamine stupide, égoïste et vaniteuse, qui ne pense qu’à ce qu’elle possède ! Ses seules qualités sont de reconnaître ces défauts, mais aussi d’être tout de même sensible parfois. Elle se rend compte des erreurs qu’elle a commises contre des personnes qu’elle appréciait. Elle veut avoir l’apparence d’une reine, veut se faire respecter par tous, mais ses frivolités et ses manières la montrent comme une catin. J’ai eu pitié d’elle à de nombreuses reprises, malgré mon agacement : elle aussi rêve à sa vie, et s’imagine que rien de mauvais ne peut lui arriver. Elle pense que tout ira bien pour elle et pour ses proches, qu’elle a de bons alliés, qu’elle aime, et que la vie est belle. Henri VIII est vraiment un roi fou, un enfant gâté qui fait des caprices et qui casse ses jouets dans un excès de colère. Il est craint de tous, est devenu laid, adipeux, horrible, et se pense encore beau comme dans sa jeunesse, frais et jeune. Il m’a fait froid dans le dos à de nombreuses reprises : la vie ne tient qu’à un fil entre ses mains, il joue avec elle comme il jouerait avec des boules pour jongler. Il est tellement horrible que je n’ai pas réussi à avoir pitié de lui. Le duc de Norfolk est le manipulateur par excellence, sans cœur et sujet à la colère quand ses ordres ne sont pas respectés. Il m’a vraiment dégouté par son manque de parole, d’honneur et de loyauté. Il utilise les gens comme ses pions et ne se préoccupe pas de ce qui peut leur arriver ensuite. Il rêve (lui aussi !) d’être puissant, et son ambition l’amène à faire des choses à sa famille qui font froid dans le dos. Le roi et lui sont la face, et le dos d’une même pièce : l’horreur déclinée à la Cour. Le lecteur rencontre d’autres personnages plus ou moins importants : Thomas Culpepper qui prend peu à peu de l’importance et qui connaîtra le courroux du roi ; les demoiselles de chambre de Catherine, des débauchées qui ne connaissent ni la loyauté, ni l’honneur ; tout un tas de courtisans et de demoiselles, mais aussi des personnages historiques qui, pour la plupart, finissent mal, comme Thomas Cromwell, Margaret de la Pole, Marie Tudor, Elizabeth Tudor, Edouard VI et autres.

Encore une fois, ce tome montre la documentation de l’auteure. Bien qu’il y ait sans doute des passages inventés, elle a fait des recherches approfondies et nous offre un roman complet qui fascine et captive le lecteur, qui se retrouve vraiment plongé dans l’histoire de l’époque. Elle nous offre des portraits des personnages qu’elle semble connaître, ce qu’elle invente pour lier les événements entre eux est tout à fait cohérent, et j’apprécie vraiment sa façon de nous apprendre l’histoire de l’Angleterre tout en nous permettant de lire un roman passionnant.

La fin est multiple, au vu des différents points de vue. Pour Jane, le lecteur la voit enfin sous son véritable jour, et ne peut que la mépriser de tout son cœur. La note de l’auteure la concernant ne m’a pas vraiment étonnée. Pour Catherine, la fin était évidente, même si elle ne s’y attendait pas. Elle est très choquante quand on sait pourquoi elle advient ! C’est Anne qui clôt le livre par une espèce d’épilogue bienvenu !

 

En définitive, ce livre est un coup de cœur, un excellent roman historique captivant, où l’on apprend énormément de choses et où l’on vit vraiment l’ambiance de la Cour. J’ai tout de même préféré Deux sœurs pour un roi, qui ne me semble pas pouvoir être égalé ! Je lirais sans aucun doute la suite de cette saga !

Louis XIV : L’hiver du grand roi de Max Gallo

Posté : 18 juin, 2015 @ 11:19 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Louis XIV, l'hiver du grand roi Genre : Biographie, Historique

Editeur : Pocket

Année de sortie : 2011

Nombre de pages : 342

Synopsis : Cet hiver 1683 semble marquer le crépuscule d’un règne unique. Le roi malade mène une lutte courageuse. Car Louis le Grand ne capitule jamais. L’Europe entière résonne du bruit de ses victoires. Alors que la mort emporte ses conseillers et les membres de sa famille, le roi doit dicter son rythme à la Cour … Une comédie que cet homme inquiet, vieillissant, peine à jouer de plus en plus. Jusqu’à la fin, Louis gouverne, décide, du sort de la France comme de son propre salut.

 

Avis : J’ai lu le premier tome il y a plus d’un an, et je voulais retrouver la Cour, le roi et sa famille, l’ambiance joviale du début du règne.

L’atmosphère a nettement changé ! Elle est maintenant lugubre, sombre par rapport à la première partie du règne. Cette deuxième partie est dominée par le froid : même dans les saisons chaudes, le lecteur a l’impression qu’il fait froid dans le cœur du roi. Il est aussi vrai que les hivers ont été très rudes à certaines périodes du règne de Louis XIV, ce qui n’arrange rien au moral des courtisans, et à l’ambiance du château de Versailles. La deuxième partie du règne est surtout centrée sur la religion qui prend une importance considérable pour lui : elle est incarnée par Mme de Maintenon, qui le pousse à devenir dévot. Il veut racheter les péchés qu’il a commis au début de son règne, comme le double adultère avec Athénaïs de Montespan. Cette partie est également envahie par la mort : de nombreux personnages la trouvent, membres de la famille royale ou conseillers. Elle hante le roi, qui ne cesse de ressasser le fait qu’il va mourir, qu’il va rejoindre tous ceux qui sont partis avant lui. La mort est partout autour de lui et frappe même les plus jeunes : elle prend majoritairement des gens plus jeunes que le roi, qui se dit que c’est Dieu qui l’épargne tout en lui montrant qu’il peut lui reprendre la vie qu’il lui a donnée s’il le décide. Le sentiment qu’éprouve Louis XIV est vraiment horrible, et ne lui laisse pas de repos. Le lecteur ne peut que compatir, et comprendre le désespoir que ressent le roi quand il voit toute sa famille s’éteindre avant lui. Lui, ce n’est pas la mort qui le prend tout de suite, mais la maladie qui le ronge peu à peu. Certains passages sont vraiment affreux : le roi doit se faire traiter pour différents problèmes, et rien que le fait de lever un bras le met au supplice. Tout son corps souffre, il n’a plus rien du jeune homme qui dansait au milieu de la Cour : il doit se résoudre à vieillir et à devoir renoncer à certains plaisirs comme la chasse. Louis XIV fait peine à voir, mais il reste courageux et brave car il est le roi, et il doit gouverner la France. L’on retrouve donc ici des intrigues de Cour, mais surtout des problèmes plus urgents pour le roi : ceux de la guerre avec les puissances qui l’entourent comme les Provinces-Unies, l’Angleterre et l’Empire Germanique, et ceux de la religion, qu’il veut exclusivement catholique, sans huguenots. L’attention du roi est donc partagée entre la peur de la mort pour lui et ses proches, et les guerres qu’il mène dans et à l’extérieur de son pays. Il compare d’ailleurs ces guerres à celle qu’il mène contre la maladie.

L’on s’attache facilement à certains personnages, et l’on se méfie d’autres. Le roi, tout d’abord, nous montre son courage et sa détermination, mais aussi sa peur et son impuissance. Il voudrait tout contrôler, que tout aille bien, mais tout meurt autour de lui : les récoltes, sa famille, son peuple. Il ne peut que prier Dieu qui est son dernier recours, notamment grâce à Mme de Maintenon. Elle est très discrète, se fait quasi toute petite, mais elle est là, comme un pilier pour un roi, un pilier sur lequel il peut se reposer, à qui il peut confier ce qui le hante, devant lequel il peut montrer ce qu’il ressent vraiment, qui il est vraiment. Elle ne s’oppose pas à lui, mais lui dit ce qu’elle pense, même si c’est un avis contraire à celui qui deviendra son mari. Elle est très dévote, se repose sur Dieu, et le temps ne semble pas l’altérer comme il le fait pour le roi et les autres membres de sa famille. L’on découvre aussi que sa foi la rend un peu influençable, et que cela se ressent aussi sur le roi, qui compte sur elle. Le lecteur côtoie ici tout un florilège de personnages : Monsieur, qui veut profiter de la vie au maximum avant de mourir et ne se soucie pas du fait que ces plaisirs sont interdits ; Madame, qui a une plume acérée, qui déteste Mme de Maintenon, et critique le roi sans que celui-ci juge nécessaire d’intervenir, c’est une langue de vipère qui a fini par m’exaspérer ; le Dauphin, qui ne pense qu’aux plaisirs ; ses enfants, le Duc de Bourgogne, qui a du succès sur le champ de bataille, le Duc de Berry, qui ne comprend pas sa femme, et craint qu’elle ait des relations incestueuses avec son propre père, Philippe d’Orléans ; Marie-Adélaïde de Savoie, le rayon de soleil de Louis XIV, une princesse divine qui apporte de la joie à Versailles à nouveau ; Philippe d’Orléans, débauché et que l’on soupçonne d’inceste, qui doit être le régent du duc d’Anjou, futur Louis XV ; Mme de Montespan, que l’on aperçoit, et de laquelle on nous rappelle l’histoire des Poisons et les messes noires ; ses enfants avec le roi, des bâtards légitimés puis faits princes et princesses de sang ; les ministres, maréchaux, généraux et conseillers du roi : Colbert, Louvois, Chamillart, Villars, Villeroi, Vauban, etc. C’est une époque ancienne que l’on redécouvre, et l’on apprend beaucoup de choses sur la façon de vivre et les différents personnages. C’est une autre façon de s’intéresser à l’histoire, en entrant dans la tête du roi, même si l’on ne sait pas vraiment qu’elles étaient ses pensées et ses sentiments.

Je dois dire que, malgré tout, j’ai été déçue par l’écriture de l’auteur. Je n’aime pas du tout son style. Il m’a semblé monotone, monocorde, et j’y ai trouvé de nombreuses répétitions. Cela donne l’impression d’une non-relecture ou que l’auteur pense que le lecteur est susceptible de tout oublier très vite. C’est dommage.

La fin est chargée d’émotion car le Soleil s’éteint à 77 ans. Il a lutté contre la maladie, puis contre la mort, pendant de nombreuses années, et elle a fini par le rattraper. J’avoue avoir eu les larmes aux yeux en lisant ce passage, mais aussi d’autres, où le roi pleure la mort de ses proches.

 

En définitive, un bon roman historique malgré des répétitions et une écriture monocorde. C’est un livre très sombre, où la mort peut surgir sans crier gare à chaque page, et où la maladie et le froid envahissent le corps et le cœur du roi.

Ainsi puis-je mourir de Viviane Moore

Posté : 8 juin, 2015 @ 11:48 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Ainsi puis-je mourirGenre : Historique, Contemporaine

Editeur : 10/18

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 425

Synopsis : En faisant des amours interdites de Marguerite de Ravalet le sujet de son nouveau roman, Gabrielle Dancel ne peut se douter à quel point son destin va se mêler à celui de son héroïne. Quatre cents ans après ce drame qui défraya la chronique sous Henri IV, la malédiction semble se répéter et faire de la jeune romancière sa dernière victime.

 

Avis : Ce livre m’a été prêté par ma cousine qui, me semble-t-il, l’avait beaucoup aimé ! Il m’intriguait déjà, donc je me suis lancée ! Petite remarque avant de parler de cette œuvre : en ce moment, j’ai remarqué que je lisais beaucoup de livres aux couvertures bleues !

Deux intrigues s’entremêlent dans cet ouvrage : celle de Gabrielle Dancel, romancière, dont la vie change du tout au tout et qui va apprendre beaucoup sur ses proches, mais aussi sur elle-même ; celle de Marguerite de Tourlaville, femme de l’époque de Henri IV qui rencontra un destin tragique. Il est intéressant de retrouver deux romans en un : le livre est à la fois historique et moderne, on se retrouve dans la vie de l’époque, auprès de Marguerite et de sa famille, mais aussi dans la « vraie vie », la vie actuelle, avec Gabrielle et ses proches. Cet enchevêtrement peut perdre le lecteur entre deux mondes, tout comme l’héroïne semble l’être. J’ai été captivée par certains passages et j’ai aimé l’alternance plus ou moins régulière entre les deux intrigues. Le lecteur en apprend beaucoup sur Marguerite de Tourlaville, puisque la romancière se met dans sa tête pour rendre ses sentiments et ses pensées. J’ai aimé le fait aussi que ce soit l’histoire d’une femme qui écrit un roman sur une dame de l’époque, ce que fait en réalité l’auteure de Ainsi puis-je mourir. Cela donne une mise en abîme intéressante. J’ai également aimé le fait que l’auteure mentionne des œuvres historiques, mais aussi littéraires, comme Le Horla, mon favori de Maupassant. Il y a également du suspense, si je peux dire : on se pose les mêmes questions que les personnages, on cherche à comprendre ce qui arrive à la romancière, comprendre le lien étroit qui existe entre elle et Marguerite. Le lecteur voit l’histoire se répéter tout en se disant que c’est invraisemblable. Quelques petits bémols pour ce livre : j’ai trouvé qu’il y avait un peu trop de répétitions, et qu’avec la confusion de Gabrielle, le lecteur lui aussi ressort confus.

Quant aux personnages, j’ai trouvé Gabrielle un peu énervante. Elle ne prend pas du tout sa vie en mains et se laisse complètement aller. Elle se pose beaucoup de questions à elle-même sans jamais oser les poser aux personnes concernées. Elle ne prend pas vraiment de décisions, ou fait preuve de faiblesse quand il est temps de parler. Elle a tout oublié de son passé, l’a réinventé, et continue à vouloir tout effacer, sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. J’ai pensé que quelque chose de terrible avait dû lui arriver, mais il n’en est pas fait mention, excepté pour l’histoire du château, ce que sa grand-mère lui racontait et la rupture qu’elle a mal vécue. J’ai trouvé que c’était une héroïne qui exagère et qui vit dans l’outrance. Philip, en ce qui le concerne, a un comportement étrange à travers les yeux de Gabrielle. Il m’a semblé très peu supportable pour une autre femme : l’héroïne est si effacée qu’elle se tait, et n’ose jamais vraiment se rebeller contre lui. Il est secret, mystérieux, et même suspect à partir d’un certain moment. Ce personnage opère presque un retournement de cerveau chez Gabrielle ! Mathias est aussi mystérieux que Philip, mais le lecteur, me semble-t-il, lui accorde plus de confiance, sans doute à cause de l’entêtement de l’héroïne et de la façon dont elle le voit. Terry, quant à elle, est effrayante. J’ai eu du mal à la comprendre avant d’avoir découvert son secret. Elle met mal à l’aise, autant les autres personnages que le lecteur. Marguerite, la deuxième héroïne de ce livre, est courageuse, brave, amoureuse. J’ai ressenti de l’admiration pour elle, mais aussi de la pitié et de la compassion. Quel pauvre destin … Julien, son frère, tente de lutter contre ses sentiments avec courage et dignité. Il aime tendrement sa sœur qu’il veut protéger à tout prix de tout ce qui peut la faire souffrir. Il est un peu l’exemple du preux chevalier des contes de fées. Comme dans presque tous les romans, il existe un personnage détestable, et ici, il se nomme Jean Le Febvre de Haupitois. Il est abject, immonde, et tous les adjectifs négatifs que l’on voudra. C’est l’exemple type des hommes que le lecteur rencontre dans les romans ou dans l’Histoire en se demandant comment il est possible d’être si cruel et vil.

Ce livre nous offre également une réflexion sur le mélange entre la réalité et la fiction (même si ici, il s’agit d’Histoire), mais aussi sur le poids de l’Histoire, ou de quelque chose qui nous tient à cœur dans nos vies. Si Gabrielle est quasiment habitée par Marguerite, sa vie tourne autour d’elle, et elle a l’impression que tout est comme à l’époque, qu’elle revit la même histoire ; elle est l’exemple du romancier qui est tellement dans son livre qu’il rapproche tout ce qui l’entoure de son histoire. C’est comme si elle vivait dans son roman, ce qui donne une impression d’irréalité et de confusion au lecteur, confusion que ressent aussi le personnage.

Cette histoire est centrée sur l’amour, d’un côté la romance entre Philip et Gabrielle, et de l’autre, les histoires de cœur de Marguerite. Pour le premier couple, tout semble compliqué. Il n’y a pas de communication entre les deux personnages, ils ne se parlent pas de leur passé ou de ce qu’ils ressentent. Leur amour paraît compliqué. Pour la seconde, le synopsis parle d’amours interdites mais je ne m’attendais pas à ça ! Son amour est mêlé de tristesse, de désespoir car il est impossible.

Enfin, pour moi, la fin est mitigée. Je l’ai trouvé un peu décevante parce que je me suis dit : tout ça pour ça ?! J’ai été tenue en haleine tout le long du livre, et j’ai trouvé qu’il tombait à plat, et que la fin était trop rapide. D’un autre côté, c’est une fin assez logique, qui fait écho à la réflexion sur le monde envahissant d’un roman dans la vraie vie.

 

En définitive, un bon roman à l’héroïne un peu énervante, mais qui nous apprend pas mal de choses, qui nous fait vivre dans deux univers différents, qui nous tient en haleine jusqu’à la fin qui m’a paru décevante.

Geisha d’Arthur Golden

Posté : 21 avril, 2015 @ 12:29 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

GeishaGenre : Historique, Aventure

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 601

Synopsis : A neuf ans, Sayuri est vendue par son père à une maison de plaisir de Kyoto. Dotée d’extraordinaires yeux bleus, la petite fille se plie avec docilité à l’initiation difficile qui fera d’elle une vraie geisha. Art de la toilette et de la coiffure, rituel du thé, science du chant, de la danse et de l’amour : Sayuri va peu à peu se hisser au rang des geishas les plus convoitées de la ville. Ecrit sous la forme de mémoires, ce récit a la véracité d’un exceptionnel document et le souffle d’un grand roman.

 

Avis : Cela faisait un moment que je voulais lire ce livre (comme à peu près tous les livres de ma PAL …), mais une amie m’a poussé à commencer par celui-ci, en me disant que je ne le regretterais pas. Appréciant particulièrement de découvrir le Japon, et pouvant difficilement résister à une telle couverture, j’ai plongé !

Dès le synopsis, le lecteur sent que ce sera triste, et difficile pour la jeune héroïne. N’étant encore qu’une petite fille, elle est vendue par son propre père, et quitte son petit village de pêcheurs pour une ville dont elle ne sait rien, Kyoto, afin de devenir geisha. Avant de lire ce livre, j’avais un certain nombre d’a priori sur ce métier japonais. Je le rapprochais des prostituées ordinaires, mais je me suis vite rendue compte que cela n’avait pas grand-chose à voir. L’essentiel du métier de geisha n’est pas sexuel, il consiste à divertir des hommes par les arts, ou simplement en leur tenant compagnie. J’ai donc complètement plongé dans la découverte de cette nouvelle facette du Japon. Plus j’en lis sur ce pays, et plus je me rends compte que je n’en sais pratiquement rien ! Chaque lecture qui le concerne m’en apprend beaucoup, mais pas encore assez me semble-t-il. Revenons à l’histoire en elle-même ! Découvrir le quartier de Gion, et même les différents paysages de Yoiroido, Senzuru et Kyoto avant la Seconde Guerre mondiale, m’a vraiment fait voyager. La petite Sayuri avait l’habitude de se baigner dans un étang, dans son village, et elle nous le fait découvrir, comme la maison de M. Tanaka à Senzuru, ou l’okiya Nitta à Gion. Le lecteur aurait presque envie de se promener dans ces endroits que l’on ne trouve pas en Occident, où la tradition pèse sur les personnes qui doivent l’honorer. En effet, Sayuri, ainsi que toutes les autres geishas ou apprenties geishas, doivent s’y plier afin de conserver leur rang, ou d’en acquérir un plus élevé. Certains passages sont simplement étranges, puisque très éloignés de notre éducation occidentale ; mais d’autres sont aussi choquants. Pour se faire connaître, ou détruire une rivale, les geishas sont parfois prêtes à tout, comme Hatsumomo. La carrière d’une geisha peut être compromise par une simple histoire inventée. De plus, Arthur Golden a choisi la narration à la première personne, ce qui nous permet vraiment d’entrer dans le monde des geishas. Sayuri nous raconte son histoire, et la poésie naturelle des Japonais se retrouve dans son récit, avec les nombreuses images qu’utilise la jeune fille. C’est vraiment une très bonne façon d’inclure le lecteur dans un univers qu’il ne connaît pas. De plus, le prologue donne l’illusion d’une véritable histoire, d’une personne qui a vraiment existé et qui désire vraiment nous raconter sa vie. Enfin, avec cette narration, le personnage principal peut nous expliquer certains rituels ou certains termes que l’on ne peut comprendre sans cela, comme mizuage, danna ou la cérémonie des sœurs, mais aussi mieux nous faire éprouver des sentiments comme la tristesse, la haine, ou le dégoût qu’elle ressent.

Concernant les personnages, je les ai trouvé très réalistes et complexes : ce ne sont ni des caricatures ni des simplifications de personnages. D’abord, il est très facile de s’attacher à Sayuri. Lorsqu’elle commence son récit, elle n’est plus geisha, et elle parle directement au lecteur pour lui dire qu’elle va lui raconter son histoire. Un lien se crée tout de suite avec ce personnage qui va nous guider dans un monde que l’on ne connaît pas. Tout commence pour elle dans un petit village, Yoroido, où elle vit avec son père, sa mère et sa sœur, Satsu. Elle y sera arrachée et sera emmenée de force à Gion, dans une okiya où vivent Mère, Granny, Tatie, Pumpkin et Hatsumomo, la grande ennemie de Sayuri. Elle éprouve alors, au fil de son histoire, tout un tas de sentiments assez contradictoires parfois. De la tristesse et du désespoir d’avoir perdu son foyer, de la reconnaissance pour ceux qui l’aident, de la haine pour ceux qui la méprisent et la maltraitent, de la joie face à ses réussites, de l’amour aussi pour un personnage qu’elle n’oubliera jamais. Dans certains passages, la réaction du personnage pourrait être la nôtre, mais parfois, il est difficile de s’imaginer dans sa situation, lors du mizuage, ou du passage du théâtre à Amani par exemple. Tout le long du livre, Sayuri se bat pour réussir, travaille, tente de montrer qu’elle peut devenir une grande geisha, et reçoit une aide à laquelle elle ne s’attendait pas. Elle fait aussi des choix étranges parfois, mais reste guidée par le désir de conquête de celui qu’elle aime. Hatsumomo, quant à elle, est un personnage détestable, cruel, égoïste, qui ne recherche que son propre intérêt et tente d’écraser ses rivales. C’est grâce à elle que l’on découvre Mameha. La rivalité entre ses deux femmes est une clé importante de l’histoire. Elles sont l’opposé l’une de l’autre. Hatsumomo fera tout pour gâcher la vie de Sayuri, quand Mameha n’use pas de ce genre de moyens pour détruire quelqu’un : elle se sert plutôt de ce que la personne est déjà. La fin de la première m’a fait pitié, bien que je l’aie détesté la majeure partie du livre ; quant à la seconde, le lecteur peut s’attacher à elle tout en ayant une certaine réserve parfois, puisqu’elle est aussi prête à tout, notamment dans le passage du couteau de la cuisinière. Pumpkin est un personnage qui évolue dans ce livre : elle passe d’enfant à adulte, mais se trouve aussi sous la férule d’Hatsumomo, ce qui n’aide pas son amitié avec Sayuri. Elle m’a parfois fait pitié, et je me suis un peu attachée à elle ; mais un passage nous fait tout remettre en question sur ce personnage. Il est possible de comprendre son attitude, mais elle n’en est pas moins choquante. Tatie, Mère et Granny sont les femmes qui se trouvent à l’okiya Nitta : la première est assez attachante, et est proche de la petite Sayuri ; j’ai trouvé les deux dernières détestables du début à la fin, de vieilles mégères qui ne pensent qu’à l’argent. Les hommes sont parfois importants eux aussi, c’est notamment le cas d‘Iwamura Ken, personnage récurrent mais à propos duquel on ne sait pas vraiment se faire d’opinion car la narratrice n’est pas objective quand elle nous parle de lui ; Nobu Toshikazu, un homme bon au physique repoussant à qui le lecteur peut s’attacher, et que l’on plaint parfois ; le Baron, ou l’homme le plus haïssable du livre. D’autres personnages marquent le lecteur, comme le personnage de Satsu, la sœur de Sayuri, vouée à un destin malheureux à première vue, les parents de Sayuri, et surtout sa mère.

Les geishas sont parfois très jeunes quand elles commencent leur formation, et leur mizuage est convoité par certains hommes. Les pratiques qui tournent autour de lui sont assez choquantes. Un passage raconte la découverte du sexe par Sayuri : elle se voit expliquer ce qui se passe lorsqu’un homme « se couche sur » une femme. Ce récit peut faire rire, car la tradition et la façon de présenter le sexe ne sont pas du tout les mêmes dans le Japon traditionnel et en Occident actuellement, mais il peut aussi alarmer le lecteur, car la fille est jeune et comprend ce qui se passe par images. C’est aussi une façon plus poétique d’en parler que de le dire crûment.

La fin m’a assez surprise, je ne pensais vraiment pas à ce genre de scénario, mais, en prenant du recul, il y avait quelques indices. J’ai trouvé que c’était plutôt une belle fin.

 

En définitive, un livre coup de cœur qui nous fait découvrir une nouvelle facette du Japon, et qui m’a donné envie d’en découvrir encore plus !

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