Seule en sa demeure de Cécile Coulon
Editeur : L’Iconoclaste
Année de sortie : 2021
Nombre de pages : 334
Synopsis : « Le domaine Marchère lui apparaîtrait comme un paysage après la brume. Jamais elle n’aurait vu un lieu pareil, jamais elle n’aurait pensé y vivre. »
C’est un mariage arrangé comme il en existait tant au XIXème siècle. À dix-huit ans, Aimée se plie au charme froid d’un riche propriétaire du Jura. Mais très vite, elle se heurte à ses silences et découvre avec effroi que sa première épouse est morte peu de temps après les noces. Tout devient menaçant, les murs hantés, les cris d’oiseaux la nuit, l’emprise d’Henria la servante.
Jusqu’au jour où apparaît Emeline. Le domaine se transforme alors en un théâtre de non dits, de désirs et de secrets enchâssés, « car ici les âmes enterrent leurs fautes sous les feuilles et les branches, dans la terre et les ronces, et cela pour des siècles. »
Avis : J’étais intéressée par ce livre parce que, paradoxalement, j’ai lu des chroniques négatives qui m’ont intriguée, notamment des remarques sur l’écriture. Je me suis donc lancée en attendant quelque chose d’assez poétique – et, avec, en tête, l’idée potentielle de le proposer pour un club lecture, donc j’ai pris des notes !
L’histoire est celle d’une jeune femme, Aimée, qui va devenir la maîtresse du domaine Marchère. C’est un mariage arrangé, me semble-t-il – en tout cas, ce n’est pas tout à fait un mariage d’amour, puisque les personnages ne se connaissent pas. D’un côté, Candre est un homme mystérieux, qui garde ses secrets et qui se montre doux, tendre avec sa femme. Pour autant, le fait qu’il cache quelque chose laisse entendre qu’il a une part sombre qui nous sera potentiellement révélée par la suite. Au fil de ma lecture, j’ai trouvé que le synopsis en disait beaucoup trop et était un peu mensonger : SPOILER 1
Concernant l’écriture, comme j’en parlais plus haut, j’ai repéré, au cours de ma lecture, quelques belles tournures de phrase, des jeux sur les couleurs surtout, dès le début, avec les vitraux de l’église et la lumière qui entre dans le bâtiment. J’ai aimé certains paragraphes ; j’ai même eu un espoir lors de l’introduction de la maison qui avait l’air personnifiée. Globalement, j’ai apprécié ma lecture, mais je n’y ai pas trouvé l’atmosphère à laquelle je m’attendais : oppressante, étouffante, envahissante pour la jeune femme qui entre dans le domaine Marchère, ambiance qui me semblait promise dans le résumé, justement, qui m’a semblé vendre un tout autre livre. Si certains éléments tentaient de la créer, j’ai trouvé que c’était un peu raté. De plus, certes, l’écriture est belle, mais elle m’a parfois semblé peut-être un peu trop alambiquée, un peu trop chargée ? J’ai aimé certains procédés, mais d’autres m’ont donné l’impression de sentir les ficelles de l’autrice, ce qui m’a un peu gênée.
J’avais deviné certains éléments de l’intrigue, notamment SPOILER 2
Je comprends la fin mais je la trouve tout de même très décevante, comme d’autres éléments que le dénouement amène. SPOILER 3 Il est possible de rapprocher ce livre d’un autre roman gothique : SPOILER 4
Donc, je ne sais pas si j’attendais trop de ce roman, mais j’en suis sortie déçue.
SPOILER 1 Aimée ne se sent pas menacée par Henria, elle ne se sent pas étouffée par le domaine, même s’il semble insidieusement l’envahir. Elle ne ressent le danger qu’à la fin du livre ; le lecteur qui a lu le synopsis peut donc s’attendre à quelque chose qui vient très tardivement et qui, selon moi, est un spoiler ! La toute dernière phrase du résumé est la dernière phrase du roman !
SPOILER 2 le désir qui allait naître entre Emeline et Aimée et qui n’est pas assez exploité, selon moi ; et l’histoire d’amour entre Aleth et Angelin. C’était assez évident : Emeline, qui est sans doute mon personnage préféré, vient perturber la vie d’une femme qui n’éprouve pas d’amour pour son mari et qui est soudain touchée, à la fois psychiquement et physiquement, par quelqu’un qu’elle admire et qui l’attire. Quant à Angelin, il était palpable que le secret tournait autour de lui. J’avais aussi compris qu’Aleth n’était pas morte ; en revanche, l’implication d’Henria était une surprise – qui aurait été dissipée si j’avais relu le synospis, puisqu’elle m’a semblé insoupçonnable jusqu’à la fin !
SPOILER 3 Je n’ai pas aimé le recyclage de l’image de la vieille sorcière, surtout qu’elle est ici dévoué à un jeune homme qu’elle sert, au détriment de la vie de son propre fils unique. J’ai trouvé la protagoniste assez inutile en fin de compte : elle subit beaucoup mais agit très peu.
SPOILER 4 Rebecca de Daphné du Maurier. Henria peut faire office de Mrs. Danvers, bien qu’elle soit ici dévouée à Candre et non à sa femme précédente. Aimée peut faire penser à la narratrice anonyme mais, ici, elle n’est pas dévouée à son mari ; elle rentre simplement dans le rang au lieu de se sauver – ce qui m’a vraiment énervée comme rarement à la lecture d’un roman. Candre peut, enfin, faire office de Gothic villain, comme Maxim, mais, ici, il n’a pas tué sa femme.