Genre : Fantasy
Editeur : L’Homme sans nom
Année de sortie : 2022
Nombre de pages : 323
Synopsis : Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous ; calez-vous contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons ; de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Avis : J’ai lu ce livre dans le cadre du Plib 2023, puisqu’il est un des finalistes !
J’ai eu un peu de mal en commençant ce roman, notamment parce que je n’étais pas du tout dans un mood fantasy, mais davantage tournée vers les classiques et la SF. J’ai donc eu des difficultés à m’y mettre, à entrer ; j’ai même préféré le poser pendant un petit moment, histoire d’y revenir avec plus d’entrain ! J’ai fini par être tout à fait à l’aise seulement vers la fin, lorsque le lecteur se trouve au cœur des campements avec les personnages qui attendent une bataille. Pour autant, j’ai alors vécu un de ces rares moments que j’adore quand je lis : un de ceux où je me sens bien avec les héros, je veux être avec eux au cœur de l’histoire. C’est comme si j’étais à leurs côtés, que je vivais l’aventure avec eux : je peux les imaginer, ils sont là, j’entends ce qui se passe autour d’eux, je les vois, je suis devenu, moi aussi, un personnage. Rien que pour m’avoir permis de vivre ce moment, j’ai adoré ce roman !
Je dois dire aussi que j’ai adoré l’onomastique pour certains personnages, notamment Sile, Lohengrin et SPOILER 1 Cela place l’action dans un temps de légende, dans un monde semi-connu du lecteur parce qu’il a déjà entendu ces noms ou leurs consonances. En revanche, j’ai eu beaucoup de mal avec le prénom du héros, Bran. Je n’arrivais pas à l’imaginer autrement que sous les traits qu’avait pris pour moi Bran Stark dans A Song of Ice and Fire ! De plus, SPOILER POTENTIEL SPOILER 2
J’ai été un peu gênée parfois par la place que prenait la romance – et notamment par une scène sexuelle que j’ai trouvée un peu longue. Pour autant, cette relation entre les personnages permet de décupler les émotions du lecteur par la suite : il est clairement investi dans l’histoire grâce à eux, il est attaché à eux et donc ce qui leur arrive le touche tout particulièrement.
Outre la romance, les scènes de batailles prennent, elles aussi, une assez grande place dans le roman. Elles ne sont pas forcément décrites en détails, mais l’auteur réalise une sorte de zoom sur certaines parties du combat : il s’avère violent, sanglant, sans pitié, comme nos héros quand ils se trouvent au cœur de la guerre.
Concernant les personnages, j’ai eu, donc, un peu de mal avec Bran – SPOILER 3 - et avec Sile SPOILER 4 mon préféré est Caem. SPOILER 5 Dévoué au héros, il ne le quitte pas d’une semelle ; leur amitié est belle à voir et le lien qui se forme entre eux est touchant. J’ai également adoré qu’il soit accompagné de loups : ils le rendent à la fois impressionnant, « cool », attendrissant et lui donnent une touche sombre. SPOILER 6
Avant d’aborder la fin de l’œuvre, je me permets de vous prévenir : l’auteur torture littéralement ses lecteurs !! SPOILER 7
Je dois dire que j’ai eu un peu peur en m’approchant de la fin. Voyant que les pages défilaient et que le dénouement n’arrivait toujours pas, je me suis demandé comment l’auteur allait faire pour la rendre parfaite tout en lui consacrant « peu » de pages. Elle est réussie pour moi, surtout parce qu’elle est intense, c’est le moins qu’on puisse dire ! L’explication finale, plausible, reste affreuse et cruelle et SPOILER 8
Donc, c’est un très bon roman qui m’a surprise et m’a quasi dissoute dans mes larmes à la fin : bravo à l’auteur pour ce tour de force impressionnant !
SPOILER POTENTIEL j’ai, à un moment donné, confondu les deux conteurs. Je ne sais pas si c’était voulu – si le lecteur était censé penser qu’il n’y en avait qu’un – ou si c’est moi qui n’ai pas fait attention.
SPOILER 1 Grimoald.
SPOILER 2 Je pensais que le conteur était Bran ; j’ai apprécié découvrir l’identité de ces deux personnages, l’une ne m’a pas surprise (Suantraige), l’autre, beaucoup plus ! (Ianto)
SPOILER 3 non seulement « à cause de » son prénom, mais aussi parce qu’il est un peu trop focalisé sur la romance pour moi, peut-être. Il est incapable de penser à autre chose qu’à Sile et il est enclin à la répétition des mêmes phrases en boucle lorsque le lecteur se trouve dans sa pensée, ce qui peut vite m’agacer
SPOILER 4 parce qu’elle ne m’a pas semblé « vraisemblable » ; quelque chose m’a dérangé chez elle, même si j’ai fini par m’attacher et que j’ai eu mal au cœur lors de sa fin. Elle paraît inhumaine, très éloignée, peut-être parce que le lecteur n’a jamais son point de vue et ne la découvre qu’au travers du regard de Bran ? C’est un personnage féminin « fort », parce que c’est une guerrière, mais cela ne l’empêche pas non plus d’être mère, ce qui semble la rendre heureuse et la faire sourire à nouveau. Je ne sais pas, elle m’a un peu fait penser à un stéréotype, je n’ai pas réussi à l’imaginer « vraiment ». J’ai aussi eu du mal avec le fait qu’elle éloigne, inconsciemment, Bran et son homme lige. En effet,
SPOILER 5 J’ai rapidement deviné qu’il était amoureux de Bran et je l’ai trouvé d’autant plus touchant – même si j’avais envie d’assommer le prince incapable de comprendre !
SPOILER 6 J’ai trouvé touchant qu’il soit leur alpha parce qu’il a dû tuer leur mère ; c’est, en quelque sorte, sa responsabilité. Sans lui, ils seraient morts, petits et sans défense, dans la nature.
SPOILER 7 Caem meurt (affreux) ; Grimoald meurt (doublement affreux) ; Sile meurt (okay, je pense que mon cœur ne peut pas assumer plus, là) ; Bran meurt (*bruit de fissure très inquiétant*). Mais alors, le pire reste le fait que Ianto pleure sincèrement la mort de son frère, qu’il a pourtant cherchée et qu’il n’ait pas tué Grimoald, mais l’ait recueilli et éduqué avant de le remettre à Sigebert (personnage que je trouve étonnamment adorable par ailleurs) pour qu’il devienne ensuite roi de Lonan et de Riveste. Ce qui m’a vraiment touchée, profondément, c’est cette rédemption d’un personnage que j’ai fini par haïr dans le roman tant il faisait de mauvais choix, tant il paraissait cruel et irrécupérable. C’est ça qui m’a fait pleurer à chaudes larmes : Ianto, parce qu’il a survécu à toute cette histoire, sacrifie sa vie à son tour pour faire vivre la légende de son frère et Sile, et pour sauver le monde. J’ai pleuré ce châtiment qu’il s’inflige à lui-même pour réparer une faute impardonnable ; j’ai pleuré l’explication de Suantraige à propos de Baile qui ne rêve plus et qui a besoin d’une véritable tragédie. C’était ingénieux, c’était cruel, c’était vicieux et ça fonctionne parfaitement. Le lecteur en vient presque à pardonner Ianto : il n’a pas tué Grimoald, ce n’est pas lui qui a tué Sile, même s’il l’a ordonné et/ou ne l’empêche pas, il n’a pas réussi à tuer Bran, il a éduqué son neveu et consacré la suite de sa vie à conter la guerre qui l’a opposé à son frère et à Sile, revivant les horreurs qu’il a commises pour qu’ils ne soient pas oubliés et que la brumenuit ne revienne pas. *explosion du cœur*
SPOILER 8 ne peut pas faire ressentir au lecteur l’impression du « tout ça pour ça » parce que le monde était en danger. C’est tout de même affreux d’imaginer une telle intrigue pour sauver Oestant …
#ISBN9782918541752