Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Melmoth the Wanderer de Charles Maturin

Posté : 11 octobre, 2017 @ 12:59 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Genre : Classique, Fantastique Melmoth the Wanderer

Editeur : Oxford (World’s Classics)

Année de sortie : 1998 [1820]

Nombre de pages : 542

Titre en français : Melmoth, ou l’homme errant

Synopsis : ‘How hollow and dismal is the sound of the blast! – It chills me though the night is sultry! – and those trees, they cast their shadows over my soul! Oh, is this like a bridal night?’

Written by an eccentric Anglican curate in Dublin, Melmoth the Wanderer (1820) brought the Gothic novel to a new pitch of claustrophobic intensity, surpassing the quiet tremors of Ann Radcliffe’s romances in its reckless accumulation of cruelties and blasphemies. Its tormented villain, a Faustian transgressor desperately seeking a victim to release him from his fatal bargan with the devil, was regarded by Balzac as one of the great outcasts of modern literature. Intended partly as an attack on Roman Catholiscism, Maturin’s intriguing novel teeters giddily over abysses of sacrilege and raving paranoia, in moments of delirious panic worthy of Godwin or Poe.

 

Avis : Encore un roman gothique traditionnel pour continuer à explorer ce genre !

A force de lire des romans gothiques, on pourrait croire que j’en ai assez, que c’est toujours la même chose, qu’ils se ressemblent tous. Et pourtant non ! Certes, on retrouve quand même certains éléments, qui sont devenus des stéréotypes au fil du temps, comme les endroits en ruine, les héroïnes harcelées par des « villains » cruels, qui ne cherchent qu’à les mener à leur perte, la malédiction qui touche une famille ou un individu en particulier, la critique de la religion – pas dans tous les romans gothiques, mais dans celui-ci oui, critique du catholicisme -, la critique de la société, ou d’un aspect en particulier de la société, les manifestations fantomatiques, les pactes avec le diable – qui ne sont pas présents dans toutes les œuvres gothiques non plus ! -, la présence du sang et de scènes d’horreur, la question de l’inceste, etc. Toujours une petite touche d’amour aussi ! Mais tous ces romans ont aussi une particularité qui les rend excellents et uniques ! Melmoth the Wanderer ne fait pas exception à la règle ! Le roman reprend la plupart des stéréotypes du gothique, mais ajoute, par exemple, une critique de la guerre, de son inutilité et de son absurdité, et, surtout, il fait de son héros, Melmoth, un « villain » que le lecteur ne parvient pas à haïr ! En effet, par exemple, dans The Monk, j’ai détesté Ambrosio de tout mon cœur à cause de sa lâcheté notamment ; ici, on ne peut pas dire que Melmoth est lâche, et même s’il est cruel et tente de séduire le plus de victimes possibles, il reste étrangement touchant. Le lecteur n’apprend jamais la raison pour laquelle il se trouve dans cette situation, mais il ne peut s’empêcher d’avoir pitié de lui. Concernant la question de la religion, il est possible, cette fois, de rapprocher Melmoth et The Monk : en effet, les deux livres critiquent le système monastique, son hypocrisie, sa cruauté, sa brutalité, son absurdité, son manque de tolérance. Elle est parfois ridiculisée par certains de ses représentants, comme Fra José, et par ses pratiquants, comme Donna Clara. L’Inquisition est présente dans Melmoth, ce qui donne une scène proche de celle impliquant Agnes, punie par la mère abbesse. L’écriture est excellente, elle fait une grande partie de la valeur du livre, puisqu’elle donne envie de recopier de nombreuses citations qui parlent directement au lecteur. Ce qui m’empêche de faire de ce livre un coup de cœur est le fait que je ne m’attendais pas à lire des histoires enchâssées. En effet, je pensais lire la vie de Melmoth, et non celle de toutes ses victimes ! Bien sûr, c’est une façon pour l’auteur de nous faire découvrir le « héros » à travers ses actions, ce qui est ingénieux ; mais cela fait du récit un jeu de matriochkas complexe. On ne sait plus parfois qui raconte quoi à qui, qui a vécu quoi, à quelle époque on se trouve : tout ce que l’on sait, c’est que le lien entre toutes les histoires est Melmoth lui-même. Au début du roman, quand Melmoth (pas l’homme errant, son descendant) rencontre un Espagnol qui commence à lui raconter sa vie, je me suis dit que cela devenait long, et qu’il était temps de revenir à l’histoire principale. Je me suis vite rendue compte que c’était l’histoire principale ! Je me suis fait à la façon de raconter, mais mon temps d’adaptation m’a empêché de pleinement apprécier ma lecture ! De plus, qui dit « récits enchâssés » dit « plusieurs incipits », et j’ai souvent du mal à entrer dans un livre, il faut vraiment que ce soit fait d’une façon particulière pour que je sois dedans dès le début. Les histoires que j’ai préférées sont celles d’Immalee et d’Elinor, d’une tristesse … Dernier bémol : le synopsis en dit beaucoup trop et ne laisse pas au lecteur le plaisir de découvrir le mystère qui entoure Melmoth !

Pour les personnages, comme je le disais, Melmoth est étrangement touchant et impossible à détester. Certes, il fait des choses horribles, il corrompt autant que possible, il tente de détruire l’innocence et la pureté des autres personnages, mais, d’un autre côté, il semble le faire parfois à contrecœur. Il semble plus écœuré de la vie, de la religion et de la pseudo-bonté des hommes que content de corrompre. En effet, dans ce livre, on peut trouver une réflexion sur le fait que les hommes ne sont pas bons, et que ce sont eux qui attirent le mal à eux, ou qui le font, sous couvert d’innocence, de religion, pour la richesse, etc. La plupart des personnages se transforment en monstres sous l’effet de la misère : c’est le cas de la veuve Sandal, ou d’Aliaga. Melmoth ne fait que profiter du mauvais côté de ces hommes pour prospérer. En fait, au fil du livre, j’ai presque eu l’impression qu’il se tournait à chaque fois vers les mauvaises personnes à corrompre, comme s’il voulait échouer. Au lieu de tenter Immalee, pourquoi ne pas tenter Aliaga ? Au lieu de tenter Elinor, pourquoi ne pas se tourner vers la veuve Sandal ? Il ne tente que ceux qui sont dans la misère ou l’ignorance, alors que ceux qui vivent dans l’opulence semblent plus facilement corruptibles. [SPOILER] La solution est sans doute qu’aucune personne déjà malveillante ne voudrait échanger sa place avec Melmoth ; seule une personne pure et innocente pourrait le faire, et toutes refusent. [FIN DU SPOILER] Melmoth erre donc à travers le monde et le temps, en quête de victimes, toutes plus misérables les unes que les autres. La première est Stanton, un homme dont Melmoth (descendant) trouve le journal dans la maison de son oncle. Puis vient Monçada, l’Espagnol qui raconte sa vie, et celle des autres victimes de Melmoth, à son successeur. Son histoire permet déjà la critique de la religion, et notamment du système monastique. Vient ensuite Immalee, jeune fille innocente et ignorante, mais qui a le caractère des héroïnes gothiques : bien qu’elle soit amoureuse et dévouée, elle a du caractère, et ne se laisse pas faire. Elle est touchante quand elle découvre le monde des hommes, et met le lecteur face à l’absurdité de la religion, de la guerre, de nos comportements en général. Puis c’est au tour de Walberg, dont l’histoire est racontée par Melmoth à Aliaga (encore un récit enchâssé !). Walberg, ou ce que la misère et l’espoir peuvent faire subir à un homme. Enfin, vient Elinor, qui m’a brisé le cœur. Son histoire est celle que j’ai préférée, tant elle est bien écrite, et tant elle est triste !

Le livre s’achève sur la fin de l’histoire d’Immalee, et, bien sûr, sur celle de Melmoth ! J’ai été un peu déçue par les dernières pages, je m’attendais à quelque chose de plus … pas spectaculaire, mais plus important, compte tenu de l’ampleur du roman !

 

Donc, un très bon roman gothique, à l’écriture excellente, aux histoires enchâssées captivantes, qui critiquent à la fois le catholicisme et la société de l’époque, son absurdité, sa cruauté et son manque de tolérance qui mènent à des situations catastrophiques qui permettent l’intervention de Melmoth.

Les Larmes rouges, tome 1 : Réminiscences de Georgia Caldera

Posté : 26 août, 2017 @ 12:50 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Genre : Fantastique Les larmes rouges, tome 1 : Réminiscences

Editeur : J’ai lu

Année de sortie : 2013 [2011] 

Nombre de pages : 761

Synopsis : « Le temps n’est rien, il est des histoires qui traversent les siècles … »

Après une tentative désespérée pour en finir avec la vie, Cornélia, 19 ans, est assaillie de visions et de cauchemars de plus en plus prenants et angoissants.

Elle se retrouve alors plongée dans un univers sombre et déroutant, où le songe se confond à s’y méprendre avec la réalité.

 

Avis : J’étais un peu intriguée par cette série ; ma sœur a aimé et m’a prêté le premier tome !

Résultat : moi qui m’attendais à aimer, j’ai un avis très mitigé sur ce livre. Commençons par le côté positif ! J’ai trouvé les décors très beaux, comme les costumes : ils donnaient une bonne ambiance sombre, et un peu gothique que j’ai beaucoup apprécié. Mais – et c’est un gros mais ! – cette ambiance est alimentée également par des scènes d’horreur (en tout cas, très sanglantes) qui ne m’ont pas semblé avoir leur place. C’était tellement décalé par rapport à ce qui se passe le reste du temps que j’ai trouvé que c’était un peu trop. Et, il faut avouer que la plupart de ses passages sont gross, expression anglaise qu’utilise Stephen King dans Danse Macabre pour dire qu’elles sont dégoûtantes, au point de donner envie de vomir. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de demi-mesure : soit on a une scène « normale », soit la scène donne envie de vomir. Normalement, on les trouve dans les slashers, les films où on montre du sang pour montrer du sang, ou disséminés dans un film d’horreur, comme la scène du repas dans Alien, au début – vous savez, quand la bestiole a décidé de sortir par le ventre, hein … En voyant que les influences de Georgia Caldera sont Bram Stoker et Edgar Allan Poe, je me suis dit qu’elle aurait dû mettre des scènes qui faisaient peur, ce qui ne veut pas forcément dire des scènes où il y a du sang partout. Autre bémol : les clichés. Certes, l’auteur joue avec eux, et semble s’amuser de les trouver là – le narrateur dit même qu’une scène fait cliché. Mais ceux-ci ne sont pas là juste par rapport au vampire : Cornélia, elle aussi, est un cliché. Elle a besoin d’être protégée, ne peut pas se défendre toute seule, elle a même carrément besoin qu’on la force à manger et à prendre soin d’elle sans quoi elle se néglige, elle est belle mais elle ne le sait pas, elle ne voit pas ce qui saute aux yeux, etc. Etrangement, elle m’a fait penser à Bella Swan dans Twilight ! Et l’intrigue aussi y ressemblait légèrement : une petite ville, des disparitions étranges, un vampire à la beauté envoûtante, évidemment mystérieux et ténébreux et pas du tout commode (au début), qui la fuit autant qu’il la suit. Pas très original tout ça – surtout si on ajoute le fait que Cornélia est menacée par un être maléfique très puissant ! Ce que j’ai aimé, dans cette histoire, c’est – spoiler éventuel - l’aspect réincarnation. Mais, dans le même temps, ça amène l’histoire d’amour éternelle – elle aussi cliché, et ici, très énervante, à cause de Cornélia. Fin du spoiler éventuel ! Autres problèmes : ce livre se lit très vite, mais j’ai trouvé qu’il était trop long. Il aurait pu être diminué, en enlevant, par exemple, les répétitions nombreuses que fait Cornélia, ou les dialogues qui n’apportent rien parce qu’elle se répète encore ! Quant à l’écriture, il y a pas mal de fautes, que ce soit d’édition ou pour certaines expressions, des phrases mal dites, ou trop longues, et la ponctuation ne va pas. Exemples : « Ce fut à cet instant précis que le lien entre l’homme de ses rêves, pauvres rescapés d’une mémoire oubliée ; et celui qui se tenait là, recroquevillé devant elle, s’établit. », « Elle descendit à l’atelier attenant à la maison, là où Maurice rangeait tous les outils dont il se servait pour bricoler ; dans l’espoir d’y trouver de quoi s’occuper les mains ainsi que l’esprit. » Logiquement, il ne devrait pas y avoir de point-virgule. Alors, vous allez dire que je chipote, mais cette utilisation : 1) n’existe pas ; 2) se trouve partout dans le livre, et gêne la fluidité des phrases. Enfin, j’ai très peu apprécié le fait que l’héroïne soit si négative et qu’elle pense que le suicide va résoudre tous ses problèmes : j’ai atteint le paroxysme de l’énervement à ce moment-là ! Dernière chose : ce livre est assez, voire très, prévisible !

Passons aux personnages ! Comme je l’ai dit plus haut, Cornélia est un peu un cliché ; mais, pire, elle est agaçante, voire insupportable ! C’est dommage, j’avais eu un bon a priori sur elle rien qu’en voyant son prénom ! Mais, dès le début, je me suis dit que le contact ne passerait pas entre nous. Et cette impression n’a fait qu’empirer quand je me suis rendue compte qu’elle était très moralisatrice avec les autres personnages, assez contradictoire aussi, puisqu’elle change d’avis tout le temps, insultante même quand les autres ne sont pas de son avis. D’un autre côté, elle est très « héroïne naïve, fleur bleue et innocente » : j’ai levé les yeux au ciel un certain nombre de fois en lisant certaines de ses réflexions … Et je me suis aussi dit : encore une jeune fille vierge, qui ne connaît rien à la vie, et qui rêvasse en imaginant des choses ! Encore un cliché ! Et, bien sûr, vers la fin, elle perd son innocence et sa pureté quand [SPOILER] elle laisse son côté vampire prendre le dessus ! [FIN DU SPOILER] Alors, pour être héroïne dans un livre, il faut absolument être vierge et ignorante, être moralisatrice à l’excès et agaçante jusqu’à ce que le lecteur ait envie de coller une gifle à une jeune femme qui se comporte comme une gamine ? Quand à Henri, il est le vampire typique, celui qui a vécu de nombreuses années, qui connaît énormément de choses, qui a été jeune vampire et donc, qui s’est débauché, mais, aujourd’hui, il s’est calmé, évidemment, et il tente de protéger Cornélia d’une menace surpuissante. Evidemment, il est séduisant et effrayant (pour Cornélia, je précise), il est craint, impoli, supérieur, mais, au fond, il cache un être sensible et doux. [SPOILER] Et, évidemment, il est amoureux de l’héroïne depuis des siècles, et n’attendait que de la retrouver pendant tout ce temps. Il l’aime d’un amour pur et innocent, et elle, EVIDEMMENT, ne s’en rend pas compte. [FIN DU SPOILER] Moi, agacée ? Non ! Puis vient le père inquiet, M. Williamson, qui ne s’est pas occupé de sa fille pendant toute sa jeunesse, et qui, quand elle tente de se suicider, se transforme en père aimant, et surprotecteur, qui l’empêche de faire absolument tout. Bonjour M. Swan ! Et Bella, comment elle va ?! On rencontre quand même quelques vampires carnassiers – sauf qu’encore une fois, j’ai pensé à Twilight et aux Volturi quand ils amènent des prisonniers humains dans la salle pour les dévorer ! La scène n’est pas tout à fait la même, mais elle y ressemble quand même beaucoup !

Concernant la fin, il me semble que Cornélia va devenir moins agaçante dans le deuxième tome – et il le faut sérieusement ! Et il semble aussi qu’on va passer plus de temps avec les vampires ! Mais je ne lirai pas Déliquescence tout de suite, je vais me calmer avant !!

 

Donc, un tome qui m’a agacée, une héroïne insupportable, une histoire prévisible, des clichés, et les mêmes tropes que d’habitude.

Mysteries of Winterthurn de Joyce Carol Oates

Posté : 22 août, 2017 @ 11:51 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Genre : Policier, Fantastique, Contemporaine Mysteries of Winterthurn

Editeur : Arena

Année de sortie :1986 

Nombre de pages : 482

Titre en français : Les Mystères de Winterthurn

Synopsis : I am happy to present here the three favourite cases of the great 19th century detective Xavier Kilgarvan. Each is, in its way, a classic – and each at the time gained notoriety for its cruel violence and brutality. There was even talk of preternatural forces emanating from the Manor.

Now, of course, with the hindsight of nearly a century, we may think about the inhabitant of Winterthurn as superstitious and naïve, yet the contemporary reader would do well to withhold such judgement, and to reflect that our ancestors, though less informed than ourselves, were perhaps more sensitive in comprehending Evil – and to reflect upon whether or not Justice ever holds sway.

Mysteries of Winterthurn

Appropriating the contents and style of Victorian melodrama for her own ends, Joyce Carol Oates has written a tantalizing pathology of violence, murder, mutilation, fear and bigotry – and underscored it with the insight and intelligence of one of the most accomplished novelists of our times.

‘A tour de force of mischievous proportions … an accomplished piece of subversion … the subtleties of Joyce Carol Oates’s autocritical feminist perceptions will take their place alongside the out-front challenges of the feminist presses’ The Listener

 

Avis : Dernier tome de la Trilogie gothique de Joyce Carol Oates, enfin !! (ce « enfin » ne voulant pas dire que la trilogie est inintéressante, ou ennuyeuse, mais que les livres sont gros et que je suis heureuse d’être arrivée au bout !)

Mysteries of Winterthurn, bien qu’étant le plus court tome de la « série », est celui qui m’a donné le plus de fil à retordre. D’abord, j’ai l’impression qu’il m’a pris plus de temps que les deux premiers, alors qu’il comporte moins de pages ! Ensuite, il m’a semblé assez différent de Bellefleur et d’A Bloodsmoor Romance ; en tout cas, je n’ai pas eu la même sensation d’être dans le livre, avec les personnages, je suis restée assez à l’extérieur. Du coup, je n’ai pas eu ce petit pincement de cœur en achevant la lecture. Dans Mysteries of Winterthurn, ce qui change vraiment par rapport aux deux premiers volumes est le fait qu’est introduite l’intrigue policière. Le personnage que nous suivons, Xavier Kilgarvan, est un détective consultant, qui fait son possible pour démêler les mystères qui ont lieu dans la petite ville de Winterthurn dans laquelle il est né. On retrouve alors deux gros éléments présents dans toute la trilogie : la grande famille riche, aristocratique même, divisée de deux façons, adultes/enfants et branche riche/branche pauvre, et la critique de la société, ici, plus spécifiquement, de l’absence de justice, de l’incompétence du gouvernement, de la police, de l’hypocrisie et de la prédominance des préjugés dans une petite ville. Comme Xavier, j’étais révulsée par la réaction des habitants face au présumé coupable et au véritable coupable, par l’absurdité de la police et des décisions judiciaires !! Ici encore, est traité le sujet du féminisme : des femmes soumises, ou indépendantes, des femmes qui travaillent, qui se marient. J’ai trouvé que c’était un peu moins dominant que dans les tomes précédents. Mais aussi, peut-être – et même sans doute ! - en raison de la présence de l’intrigue policière, j’ai trouvé que les éléments gothiques passaient un peu au second plan. Certes, on se trouve dans une petite ville, et, dans la première enquête, dans un manoir, tout ce qu’il y a de plus lugubre. On retrouve aussi l’ambiance gothique, avec meurtres, forêts, brume, apparitions fantomatiques, situations étranges, malédiction ; mais ce n’était pas aussi prononcé que dans les volumes précédents. Je n’ai pas été aussi emportée par l’histoire. Aussi, certains éléments m’ont agacé, notamment l’histoire d’amour qui se poursuit de la première à la dernière partie !

Concernant les personnages, Xavier Kilgarvan est un personnage assez attachant, sujet à des maux de tête dévastateurs, et sans doute doté de pouvoirs qui lui permettent de résoudre les mystères qui se présentent à lui. Son but dans la vie est d’éradiquer le crime, de faire régner la justice, de mettre fin à cet ersatz de justice qui a lieu dans la petite ville dans laquelle il vit, faite de préjugés, de racisme et de rumeurs. Sensible, il est complètement subjugué par un personnage féminin que je n’apprécie pas du tout, Perdita, sa cousine, qui joue avec lui sans qu’il s’en rende compte – ou pire, il s’en rend compte, mais ne peut que lui pardonner tant il l’aime ! Cette histoire d’amour fait d’autant plus de Xavier un homme maudit, à la fois par la profession qu’il s’est choisie et par sa dépendance par rapport à une femme qui se fiche de lui. Comme toujours dans ces romans, même quand il s’agit de personnages « secondaires », Joyce Carol Oates a développé et à donner une personnalité à chacun de ses personnages. J’ai particulièrement apprécié Thérèse, même si sa dévotion et sa retenue la rendent un peu agaçante.

La fin de chaque enquête est « atypique » : [SPOILER] en effet, contrairement à la plupart des romans policiers, ici, la justice ne triomphe pas ! Soit le coupable est lavé de tout soupçon alors qu’on sait qu’il est coupable !, soit on découvre une autre affaire sous la première, soit le coupable meurt sans que justice ait été rendue. Dans tous les cas, c’est assez frustrant ! [FIN DU SPOILER] Mon enquête « préférée » – si je peux employer ce mot – est la première, car elle possède le plus d’éléments gothiques, et que sa fin m’a laissée bouche bée !

 

Donc, un très bon roman, entre policier et fantastique ; mais je préfère tout de même Bellefleur et A Bloodsmoor Romance, bien plus gothique à mon sens.

The Monk de Matthew Lewis

Posté : 10 août, 2017 @ 11:23 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Fantastique, Classique The Monk

Editeur : Wordsworth Editions

Année de sortie : 2009 [1796]

Nombre de pages : 324

Titre en français : Le Moine

Synopsis : Prepare to be shocked. This novel, written in 1796, is a Gothic festival of sex, magic and ghastly, ghostly violence rarely seen in literature.

The Monk is remarkably modern in style and tells a breathless tale of temptation, imprisonment and betrayal. Matthew Lewis recounts the downfall of Ambrosio, the holier-than-thou monk seduced within the walls of a Madrid abbey until he heads for the utter corruption of the soul.

Meanwhile, two sets of young lovers are thwarted and the reader thrills to pursuits through the woods by bandits and is chilled by the spectre of nuns imprisoned in vermin-ridded and skeleton-crowded vaults.

Late eighteenth-century audiences were polarised in opinion as to the novel’s merits. Lord Byron and the Marquis de Sade were impressed by Lewis’s daring, while Coleridge warned parents against the suitability of The Monk for their sons or daughters describing the novel as ‘poison for youth’.

If you want a novel that still terrifies, over two hundred years after it was written, there is none finer than The Monk.

 

Avis : Toujours en pleine recherche et lecture d’œuvres gothiques, j’avais été intriguée par le synopsis de The Monk !

Le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne suis pas déçue !! C’était une lecture intense, qui m’a fait éprouver des sentiments très différents : dégoût, agacement, tristesse. J’étais pressée d’avancer pour savoir ce qui allait arriver aux personnages ! Je pensais mettre pas mal de temps à le lire, et j’étais tellement dedans que je n’ai pas vu les pages défiler ! Comme le dit le résumé, c’est l’histoire d’un moine, et de deux couples : le premier se croit au-dessus de tous, plus vertueux que n’importe qui. Bien sûr, nous sommes dans un roman gothique, alors les amoureux vont se retrouver séparés par plusieurs obstacles ; le lecteur se demande s’ils vont finir par être réunis ou pas. En effet, contrairement à certains romans dans lesquels le lecteur sait, sans aucun doute, que les personnages vont finir ensemble, ici, rien n’est sûr. N’importe qui peut mourir, les amants peuvent être séparés, le « méchant » peut s’en sortir. Du vrai suspense quoi ! Le lecteur se retrouve aussi avec des tas d’éléments gothiques : corruption, fantômes, innocence menacée, vilain effrayant, débauche, démons, sorcières, cimetière, abbaye, château hanté, bandits – un peu de picaresque ici -, amour menacé - un peu de tragédie ici -, meurtres, sang, crimes, ambiance gothique à base de passages obscurs éclairés à la bougie, de couloirs de catacombes. On ne peut vraiment pas dire qu’on s’ennuie ! Cela donne aussi des scènes révoltantes, pendant lesquelles on a envie soit de balancer le livre, soit de tuer le personnage !

J’allais dire, « Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce livre, c’est », mais, en fait, j’ai tout aimé dans ce livre ! Il est écrit dans le synopsis que The Monk est moderne dans son style ; honnêtement, on ne dirait pas que le texte a été écrit en 1796. Il se lit très bien, sans difficultés particulières. J’ai aimé le fait que le narrateur fasse des commentaires, s’adresse à nous, comme pour nous prévenir de ne pas nous attendre à un miracle pour certains personnages. Le lecteur sent qu’il est dans une autre époque avec les traditions et la place de la femme, avec l’importance de la religion, mais, sans cela, on pourrait presque penser à un roman moderne. Surtout, l’auteur met en avant le ridicule et l’hypocrisie de l’Eglise et de la religion ! On trouve ici une critique de la vie monastique, qui éteint les qualités et n’apprend pas la vie aux novices, ce qui donne des êtres orgueilleux comme Ambrosio ; de plus, Agnes, par exemple, ne veut pas de cette vie, qu’elle considère comme austère et ennuyeuse, comme c’est le cas pour d’autres personnages ! Certains autres, que l’on suit, sont opposés à la vie monastique, à la superstition, ou à la religion en général : c’est le cas d’Elvira, qui mange de la viande le vendredi, ce que sa logeuse considère comme un blasphème. De manière générale, les personnages dévots comme Jacintha sont tournés en ridicule. De plus, l’hypocrisie des religieux est mise en avant ; c’est même le thème principal de l’œuvre. Ambrosio s’est considéré comme l’homme le plus vertueux, incorruptible et au-dessus de tous les hommes, pour qui les portes du Paradis sont déjà ouvertes et qui a déjà sa place près de Dieu. Et c’est cette haute opinion de lui-même, ainsi que sa réputation, qui font de lui cet être hypocrite. Il se cache derrière l’apparence, et commet ses forfaits en tentant de se rassurer, en se disant qu’il a encore le temps de se repentir ! Hypocrisie aussi dans le couvent de St Clare : la mère supérieure est tout simplement odieuse, et se cache derrière la religion pour être cruelle. Les valeurs de la religion, la pitié, la clémence, l’indulgence, sont des principes oubliés par Ambrosio et la mère supérieure ; c’est pourquoi ils se retrouveront dans des situations où les autres personnages ne feront pas preuve de pitié pour eux. Autre manière de critiquer la religion : les « gentils », qui prient, qui sont purs et innocents, qui se sont placés sous la protection d’un saint, ne sont absolument pas aidés par le dit-saint. Au contraire, ils semblent complètement abandonnés ; le narrateur dit souvent que l’un des personnages est né sous une mauvaise étoile, et que personne ne peut le sauver. Concernant la condition de la femme, comme presque tous les romans gothiques et les romans de l’époque, évidemment, elles ne sont pas libres, n’ont pas le droit de vote, n’ont rien à dire, et doivent obéir à leurs parents. Ici, j’ai trouvé que l’auteur les défendait – parfois – plutôt qu’il ne les incriminait. Je me suis d’abord dit que c’était un peu misogyne [SPOILER] parce qu’Ambrosio est « séduit » par une femme, même si, en fait, il est aussi responsable qu’elle, c’est juste qu’il est lâche et préfère rejeter la faute sur elle. Mais, en fait, on apprend à la fin que Matilda n’était pas une vraie femme, mais un démon envoyé par Satan pour corrompre Ambrosio. Donc, ce n’est pas la femme qui séduit, mais le démon sous la forme d’une femme. Il y a une nuance : si la femme séduit, elle est responsable, et on se retrouve dans un livre misogyne. Si c’est un démon sous la forme d’une femme, Satan connaît juste la faiblesse d’Ambrosio, et s’en sert. Etant donné que l’homosexualité est interdite par l’Eglise, et que son livre est déjà très scandaleux à l’époque, le démon ne peut que prendre la forme d’une femme. [FIN DU SPOILER] Pour les autres femmes : Antonia ne sait absolument rien de la sexualité, et la situation dans laquelle elle se trouve peut faire penser que l’auteur déplore ce manque d’éducation chez les filles. Agnes, elle, est soumise à ses parents, objet de la jalousie de sa tante, puis soumise à l’ordre de St. Clare. Malgré sa « faute », on sent qu’elle n’est pas considérée comme une femme perdue, mais qu’elle est, au contraire, mise en avant par le narrateur comme étant forte. Quant à Elvira, enfin, elle est un peu dans le même cas qu’Agnes : abandonnée par sa famille, sans alliés, elle doit protéger sa fille du monde, et le fait comme elle peut, même si c’est une erreur.

Concernant les personnages, j’ai rarement détesté un protagoniste autant que je déteste Ambrosio. Il est l’incarnation de la lâcheté, tout ce qui peut exister de mauvais en l’homme. Quand il commet un crime, c’est la faute de la victime, souvent une femme, parce qu’elle la séduit, parce qu’elle était trop belle pour qu’il résiste ; mais, bien sûr, lui n’en porte pas la responsabilité ! Il a été manipulé enfin ! Cette hypocrisie m’a sidérée pendant tout le livre. Il se cache derrière son habit monastique, il se cache derrière sa vertu, derrière son innocence, mais c’est lui le criminel, et non ses victimes !! Il tente de se convaincre que Dieu est miséricordieux et qu’après avoir expié ses péchés, il trouvera sa place au Paradis ; je l’ai écrit plusieurs fois dans le livre : Ambrosio est un idiot et un égoïste. Il ne pense qu’à lui-même ; c’était même déjà le cas quand il était un « bon » moine ! Il ne faisait les choses que par orgueil, pour que les autres l’admirent, et pas pour respecter les principes de la religion. Et ses ouailles qui se prosternent à ses pieds … Bouh ! Cet homme est affreux ! On peut désespérer de l’Humanité en voyant un être pareil ! Le lecteur rencontre aussi Lorenzo, ou l’opposé, en quelque sorte, d’Ambrosio. Loin de la vie monastique, Lorenzo lui est même opposé. Quand il apprend que sa sœur a décidé de devenir nonne, il veut tout faire pour l’en empêcher. Il ne comprend pas qu’elle s’enferme dans un couvent alors qu’elle est si vive. Lorenzo est, aussi, le stéréotype du personnage noble : héritier, courageux, il ne croit pas à la superstition et reste dubitatif face aux pratiques des religieux. Un personnage que l’on veut voir réussir ! Vient ensuite Antonia, ou l’ange, la fille tout innocente et pure, à qui sa mère n’a pas appris comment sont les hommes, ce qu’ils veulent, ce qu’est le sexe. Elle ne connaît absolument rien des vices, et elle lit une Bible tronquée des histoires les plus horribles, ou qui pourraient la corrompre – oui parce que le narrateur nous dit que la Bible peut corrompre la jeunesse ! Evidemment, on se dit tout de suite qu’elle est dans de sales draps, avant même que le roman commence vraiment. Elle est l’héroïne – et la victime – gothique par excellence. Quant à Agnes, elle est moins naïve et innocente qu’Antonia. J’ai vraiment ressenti de la compassion pour elle. Elle est plus « réaliste » - de nos jours – qu’Antonia, ce qui m’a permis de me sentir plus proche d’elle. Raymond est un peu comme Lorenzo, en moins fort et moins résistant.

J’ai failli être déçue par la fin ! [SPOILER] Après la mort d’Antonia, les proches de Lorenzo veulent absolument lui faire oublier la jeune fille et veulent le pousser dans les bras de Virginia. Cela m’a agacé, comme si l’amour de Lorenzo était facilement à oublier, comme si Antonia n’avait aucune importance. Heureusement, Lorenzo ne cède pas - en tout cas, pas immédiatement ! [FIN DU SPOILER] La toute fin apporte une révélation : le lecteur reste bouche bée, il ne se demande d’où ça sort, comment c’est possible, et il se souvient des indices ! J’ai aimé la petite ironie du sort ! [SPOILER] Tant j’ai détesté Ambrosio, j’étais heureuse qu’il soit puni et, surtout, qu’il se soit mis dans cette situation désespérée alors qu’il était sauvé ! Imbécile ! [FIN DU SPOILER]

 

Donc, un excellent roman, intense, violent, qui m’a transporté, et qui devient un coup de cœur !  

The Tales of Beedle the Bard de J. K. Rowling

Posté : 5 août, 2017 @ 3:39 dans Avis littéraires | 5 commentaires »

Genre : Conte, FantastiqueThe Tales of Beedle the Bard

Editeur : Bloomsbury

Année de sortie : 2008

Nombre de pages : 105

Titre en français : Les Contes de Beedle le Barde

Synopsis : The Tales of Beedle the Bard contains five richly diverse fairy tales, each with its own magical character, that will variously bring delight, laughter and the thrill of mortal peril.

Additional notes for each story penned by Professor Albus Dumbledore will be enjoyed by Muggles and wizards alike, as the Professor muses on the morals illuminated by the tales, and reveals snippets of information about life at Hogwarts.

A uniquely magical volume, with illustrations by the author, J. K. Rowling, that will be treasured for years to come.

 

Avis : Envie d’une lecture un peu plus légère après A Bloodsmoor Romance !

J’ai beaucoup aimé les contes, qui permettent de rendre le monde de J. K. Rowling encore plus vivant ; on peut vraiment se dire, comme avec Fantastic Beasts and Where to Find Them, que cet univers existe réellement quelque part, tant il est riche et bien développé. Chacun de ces contes donne une leçon aux petits sorciers, comme aux Moldus : personne ne peut être invulnérable, personne n’échappe à la mort, la magie ne résout pas tous les problèmes. Il est aussi possible ici de voir que les humains, qu’ils soient sorciers ou non, sont attirés par le pouvoir, par le fait d’être supérieur aux autres ; ces contes permettent de leur (nous) rappeler que c’est inutile de vivre de cette façon, que cela ne rend pas heureux. J’ai adoré les illustrations, elles m’ont vraiment charmée ; dommage qu’elles ne soient pas plus nombreuses !

Mais, ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est le contenu des commentaires de Dumbledore ! Je ne pensais pas qu’il parlerait d’Histoire, et j’ai adoré ça ! On découvre des choses sur Poudlard, sur le monde de la magie, un petit rappel aussi des lois magiques ; c’était très intéressant. Bien sûr, on connaît un peu déjà le commentaire sur le conte des « Trois frères », donc j’ai particulièrement apprécié de découvrir d’autres contes, et donc d’autres aspects de l’univers magique. J’ai aimé que Dumbledore nous parle de la censure de ces contes par des sorciers qui sont anti-Moldus, notamment par la famille Malfoy ! Ces contes nous rappellent que l’univers du monde des sorciers est calqué sur le nôtre, et que la discrimination des sorciers envers les Moldus est exactement la même que la nôtre envers ceux dont nous nous moquons, ou que nous considérons comme inférieurs à nous, pour quelque raison que ce soit.

 

Donc, un petit livre qui permet de s’immerger à nouveau dans le monde des sorciers, qui le rend plus vivant, plus proche de nous encore !

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