Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Wonder Woman: Warbringer de Leigh Bardugo

Posté : 30 juin, 2018 @ 11:18 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Fantastique Wonder Woman

Editeur : Random House 

Année de sortie : 2017

Nombre de pages : 364

Titre en français : Wonder Woman : Warbringer 

Synopsis : DAUGHTER OF IMMORTALS

DAUGHTER OF DEATH

THEIR FRIENDSHIP WILL CHANGE THE WORLD

Princess Diana longs to prove herself to her legendary warrior sisters. But when the Opportunity finally comes, she throws away her chance at Glory and breaks Amazon law – risking exile – to save a mortal. Diana will soon learn that she’s rescued no ordinary girl …

Alia Keralis just wants to escape her overprotective brother with a semester at sea. When a bomb detonates aboard her ship, she is forced to confront a horrible truth: Alia is a Warbringer – a direct descendant of the infamous Helen of Troy, fated to bring about an age of bloodshed and misery.

Together, Diana and Alia will face an army of enemies – mortal and divine – determined to either destroy or possess the Warbringer. If they are to have any hope of saving both their worlds, they will have to stand side by side against the tide of war. 

 

Avis : Ce livre m’a été offert pour Noël par ma sœur, et je me suis enfin décidé à le lire en lecture commune avec Salomé de la chaîne Kiss the Librarian ! Je vous conseille fortement d’aller faire un tour sur sa page YouTube, vous trouverez plein de vidéos sympas, et de nouveaux livres à lire !!

D’abord, je dois vous dire que j’étais sûre d’adorer ce livre. Je suis une grande fan de Wonder Woman et de mythologie (grecque et autres), donc pour moi, Wonder Woman: Warbringer ne pouvait que me plaire. Et pourtant … Je n’ai pas détesté, mais je n’ai pas adoré. Certains aspects m’ont déçue. Mais commençons par le positif !!

Je suis contente d’avoir découvert l’écriture de Leigh Bardugo. J’aimerais lire sa trilogie Grisha et, pourquoi pas, Six of Crows ensuite ; je sais que sa façon d’écrire me plaît. J’ai aimé l’histoire, surtout grâce à la relation entre Diana et Alia, ce qu’elle apporte au livre, comment elle influence les événements. J’ai aimé commencer sur l’île de Themiscyra, puis partir pour le monde des hommes, voir les réactions d’une Amazone face à quelque chose de tout à fait inconnu. J’ai aussi aimé l’aspect ajouté par Leigh Bardugo, à savoir le statut de Warbringer, sa lignée, ce que le terme implique. Je me suis attachée à certains personnages, comme Diana, bien sûr, mais aussi Alia et, surtout, Nim. Elles étaient tout à fait complémentaires et formaient un trio de choc ! Cela va sans dire que j’ai adoré l’aspect mythologie, comme le fait de « réhabiliter » Hélène et voir les Amazones !! Ce serment était magnifique !! « Sister in battle, I am shield and blade to you » : ça m’a donné des frissons !! Inclure les dieux et quelques informations sur les histoires mythologiques était également une bonne idée : j’ai aimé apprendre de nouvelles choses ! J’ai, enfin, aussi aimé les réflexions qui parcourent le livre, sur la famille, ou la façon dont les filles/femmes sont traitées. 

Mais, les points négatifs ont un peu douché mon enthousiasme. D’abord, l’intrigue est très prévisible (sauf un twist que je n’ai pas vraiment vu venir, même si j’avais des doutes ; en y réfléchissant, c’était logique !), et la romance est tout à fait inutile !!! Mais pourquoi, POURQUOI faut-il toujours une romance dans la YA ?!! Sérieux ?!! Serait-il possible d’avoir une héroïne YA SANS copain/crush/amoureux/mec autour d’elle ?!! Ce trope m’agace de plus en plus, et me dissuade de lire de la YA plus souvent ! Surtout que, franchement, ils se connaissent depuis si peu de temps !! L’amitié entre les sexes, ça existe aussi !! Deuxième problème : [SPOILER] il existe un problème avec la mort dans certains livres YA. Quand les personnages meurent, logiquement, ils ne peuvent pas revenir à la vie. Bien sûr, je suis très contente que Nim, Théo et Diana ne soient pas vraiment morts, et Diana se voit apporter l’aide de déesses, mais c’est trop facile : dans ce cas-là, dès qu’un personnage meurt, l’auteur peut le ressusciter quelques pages plus loin ! Cela arrive aussi dans la série Illuminae : à force, le lecteur ne croit plus à la mort des personnages, et ne parvient donc pas à apprécier pleinement sa lecture. La mort fait partie de la vie, et il me semble que les auteurs YA tendent à tourner autour d’elle sans lui permettre de toucher leurs personnages principaux. C’est un peu une version édulcorée de la vie, et c’est dommage. Rien à voir avec George R. R. Martin ou, en général, les auteurs de Fantasy, qui tuent leurs personnages de manière réaliste. C’est là que le lecteur ressent vraiment des émotions, c’est là qu’il pleure ![FIN DU SPOILER] Du coup, je me dis que j’apprécierai bien plus un roman sur Wonder Woman, mais adulte cette fois !! Enfin, j’ai vu un commentaire qui regrettait l’écart de ce livre avec la véritable histoire de Diana ; en y réfléchissant, c’est vrai qu’il aurait été bien de retrouver les origines de l’héroïne. Mais j’ai tout de même aimé l’histoire inventée par Leigh Bardugo ; on va dire que ça change ! 

 

Donc, un bon livre, mais pas inoubliable, et pas aussi agréable que je l’aurais voulu. J’ai tout de même aimé revoir ma mythologie, et découvrir une nouvelle Diana ! 

Coraline de Neil Gaiman

Posté : 26 janvier, 2018 @ 11:55 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Fantastique, Jeunesse Coraline

Editeur : Bloomsbury

Année de sortie : 2009 [2002]

Nombre de pages : 185

Titre en français : Coraline

Synopsis : When Coraline explores her new home, she steps through a door and into another house just like her own … except that it’s different. It’s a marvellous adventure until Coraline discovers that there’s also another mother and another father in the house. They want Coraline to stay with them and be their little girl. They want to keep her for ever!

Coraline must use all of her wits and every ounce of courage in order to save herself and return home.

 

Avis : J’aimerais plus de livres de Neil Gaiman, et comme Coraline est une de ses œuvres desquelles on parle le plus, je me suis lancée !

Ce livre me semble être un mix entre Alice au pays des merveilles et l’univers de Tim Burton : Coraline est une petite fille livrée à elle-même dans un monde assez hostile, à la merci d’une femme étrange, et assez effrayante – non négligeable : il y a un chat noir qui parle !!!! C’est plutôt sombre, assez dérangeant avec ces yeux effrayants, décalé aussi. Le « méchant » est plutôt étrange, son pouvoir a l’air incroyable, mais reste inexploité et mystérieux ; on ne comprend pas trop ce qu’elle est, ni d’où elle vient, ce qui est un peu dommage. Coraline, quant à elle, est une petite fille intelligente, courageuse, adorable. Elle est effrayée par ce qui lui arrive, ce qui donne envie au lecteur de la réconforter. Elle pense par elle-même, et se rend bien compte que l’autre monde n’est pas une solution – donnant, en passant, une petite leçon au lecteur : [SPOILER] elle ne veut pas vraiment avoir tout ce qu’elle demande ; le monde serait ennuyeux si elle n’avait plus rien à désirer ! [FIN DU SPOILER] La leçon rend le livre assez enfantin. Coraline est aussi très court, il se lit très rapidement, mais c’est peut-être un désavantage. Le lecteur n’a pas vraiment le temps de s’immerger complètement dans le monde présenté par l’auteur. Il manquait quelque chose pour que ce livre soit parfait.

 

Donc, un très bon livre, mais peut-être trop court. Dans tous les cas, une lecture parfaite pour Halloween !

Fireworks d’Angela Carter

Posté : 21 décembre, 2017 @ 5:17 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle, Fantastique Fireworks

Editeur : Vintage Classics

Année de sortie : 2017

Nombre de pages : 133

Titre en français : Feux d’artifice

Synopsis : ‘Fizzing with allegory, symbolism and surprises’ The Times

‘I started to write short pieces when I was living in a room too small to write a novel in.’ So says Angela Carter of this collection, written during a period living in Tokyo. These exotic, sensuous stories represent Carter’s first major achievement in the short story form. Lush imaginary forests, a murderous puppet show and an expressionistic vision of Japan: each one instantly conjures an atmosphere, dark and luminous in turn, and from the recognisably daring imagination of one of the great twentieth-century stylists.

 

Avis : Deuxième livre pour le mémoire !

J’ai récemment lu The Bloody Chamber (La compagnie des loups) d’Angela Carter, et j’ai ADORE ! J’ai aimé sa façon de reprendre les contes de fées pour les réécrire de manière plus adulte, plus brutale, tout en conservant une écriture poétique. Elle est capable de vous écrire une petite histoire tout en poésie, puis elle lâche une phrase bien crue à laquelle le lecteur ne s’attend pas du tout, et il reste bouche bée. Fireworks (Feux d’artifice) n’a rien à voir, dans le sens où Angela Carter ne reprend pas vraiment de contes de fées, même si le recueil comporte quelques réécritures, comme le mythe d’Adam et Eve ou l’histoire de Robinson Crusoé. Ici, elle mêle nouvelles réalistes et nouvelles fantastiques ; on pourrait penser que cela va donner un recueil « fouillis », mais j’ai plutôt trouvé qu’il était diversifié. Certaines histoires sont très étranges - cela m’a d’ailleurs fait penser à The Beginning of the World in the Middle of the Night de Jen Campbell ! Mes préférées sont « The Loves of Lady Purple » et « Master » ! Encore une fois, j’ai adoré l’écriture d’Angela Carter, toujours aussi poétique que dans le premier recueil que j’ai lu, même si elle appelle toujours un chat un chat ! Son langage peut alors paraître cru, en comparaison de certaines images qu’elle emploie. J’ai adoré qu’elle développe le thème du miroir, je le trouve fascinant ! Elle traite aussi des femmes, de leur relation avec les hommes, toujours violentes visiblement, ou au moins malheureuses.

La première nouvelle, « A Souvenir of Japan« , est une des trois nouvelles réalistes, avec « The Smile of Winter » et « Flesh and the Mirror« . Elles se situent toutes au Japon, et j’ai eu du mal, en les lisant, à faire une distinction claire entre l’auteur et la narratrice ; en effet, Angela Carter a vécu là-bas alors qu’elle écrivait ce recueil. Elles traitent toutes de l’amour, de l’apparence, de la société japonaise ; j’ai appris de nouvelles choses. L’apparence est si importante qu’elle finit par remplacer la réalité, même en amour ; cela m’a semblé très triste. La narratrice ne sait plus vraiment si ses réactions sont naturelles ou sur-jouées, si elle joue un rôle ou si elle est elle-même. Difficile d’avoir une relation stable dans ce cas-là. Les réflexions que l’auteur met en avant sont très intéressantes, notamment dans « Flesh and the Mirror » qui traite du double, de l’apparence qu’on se choisit, même pour soi-même, au point de nous duper nous-mêmes.

« The Executioner’s Beautiful Daughter » était si cruel !! Il était assez affreux de lire une histoire concernant cette société primitive, cette communauté rejetée parce qu’elle pratiquait l’inceste ; lire leur folie, leur ignorance, leur espèce de non-existence. Et découvrir ce que fait le bourreau pendant ce temps-là …

« The Loves of Lady Purple » était une sorte de contes de fées pour adultes, si on peut dire. Le lecteur suit un vieil homme qui continue à faire des spectacles de marionnettes malgré son âge, et le déclin de ses forces. Il est particulièrement attaché à Lady Purple, une marionnette dont l’histoire est très intrigante. J’ai adoré la fin, et je me doutais que cela arriverait !! Elle est à la fois cruelle, et « logique » [SPOILER] j’ai aimé que l’histoire se répète, et que la femme-marionnette ne sache pas si elle était auparavant une femme, ou si le personnage de bois reproduit juste l’histoire qu’il a appris ! [FIN DU SPOILER]

« Penetrating to the Heart of the Forest » est une belle histoire qui nous fait réfléchir à notre façon de voir la nature et l’enfance laissée libre. J’ai aimé les images de la forêt luxuriante, l’évolution des personnages, qui découvrent leur sexualité. Une de mes préférées aussi !

La meilleure est sans doute « Master« . A la fois brutale, cruelle et satisfaite [SPOILER] par la revanche de la fin, et par la transformation qui s’opère [FIN DU SPOILER], cette nouvelle m’a fait penser à une des réécritures de La Belle et la Bête dans The Bloody Chamber. C’est vraiment une histoire réussie !!! Le lecteur déteste le personnage principal, il veut le faire payer le mal qu’il fait autour de lui ; il tente de vaincre la nature en partant en Amazonie. Cette nouvelle interroge le lecteur, à nouveau, sur les relations homme/femme, ce que les femmes sont capables de faire.

Vient ensuite « Reflections« , sans doute la nouvelle la plus étrange. J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, mais j’ai aimé la fin. Cela m’a aussi un peu fait penser à la mythologie grecque, j’ai aimé l’idée de ce lien entre deux mondes, et de cet équilibre à préserver.

La dernière histoire, « Elegy for a Freelance« , traite du terrorisme. J’étais un peu mal à l’aise tout le long ; l’auteur est morte en 1992, elle ne pouvait donc pas savoir comment il se développerait de nos jours. J’ai eu du mal à apprécier cette nouvelle, honnêtement !

 

Donc, j’ai beaucoup aimé cette collection, elle est proche du coup de cœur !!  

The Beginning of the World in the Middle of the Night de Jen Campbell

Posté : 1 décembre, 2017 @ 11:40 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle, Fantastique The Beginning of the World in the Middle of the Night

Editeur : Two Roads

Année de sortie : 2017

Nombre de pages : 209

Titre en français : Pas encore traduit !

Synopsis : Stories of family and magic, lost souls and superstition. Spirits in jam jars, mini-apocalypses, animal hearts and side shows.

Mermaids are on display at the local aquarium. A girl runs a coffin hotel on a remote island. And a couple are rewriting the history of the world in the middle of the night.

 

Avis : J’avais très envie de lire ce recueil ; tellement que je l’ai précommandé ! C’est le premier livre pour adultes de l’auteur, et c’est une réussite !

Le premier mot qui me vient à l’esprit quand je pense à ce livre est étrange. Mais dans le bon sens du terme ! Etrange parce que nouveau, parce qu’inédit, parce que je n’ai jamais lu ce genre de nouvelles auparavant. The Beginning of the World in the Middle of the Night peut à la rigueur me faire penser à The Bloody Chamber d’Angela Carter (La compagnie des loups en français), mais simplement parce que leurs histoires ne sont pas conventionnelles, surprennent le lecteur, le forcent à se poser des questions, à remettre en cause ses a priori, ses certitudes. J’ai adoré toutes les nouvelles, excepté une qui ne me semblait pas à la hauteur des autres. Petite remarque avant de commencer à vous parler de chaque nouvelle : j’aime particulièrement le fait que le lecteur soit laissé dans le flou ; il ne comprend pas la situation, ni qui sont les personnages. Tout s’éclaircit au fil de l’histoire, et la fin est toujours surprenante !

La première nouvelle, « Animals », est assez dérangeante. Elle m’a mise très mal à l’aise, et ce pour plusieurs raisons : d’abord, la société dystopique dépeinte ici pourrait être la nôtre sous peu, à cause de l’envie de consommation immédiate, mais surtout à cause du besoin de l’homme de tout maîtriser, surtout les autres. Le lecteur ne comprend pas tout de suite ce que cela implique pour le personnage principal ; il ne comprend pas non plus ce qu’il fait, ni ce qu’il ressent vraiment ; pourtant, peut-être par instinct, le lecteur a peur de cette histoire, et de cet homme étrange. [SPOILER] En gros, c’est un psychopathe : il décide quand même de tuer sa mère parce que sa copine lui a dit qu’il fallait qu’il se détache d’elle ! Comme coupage de cordon, plus brutal, je ne connais pas ! [FIN DU SPOILER] Je me souviens des frissons que j’ai eus en finissant la nouvelle, et en comprenant les conséquences de l’avancée de la science : l’homme peut faire n’importe quoi. Effrayant …

« Jacob » est bien plus mignonne – difficile de ne pas l’être après la première nouvelle. Le lecteur suit ici un petit garçon à travers une de ses lettres. Il pense que quelque chose ne va pas chez sa grande sœur : elle a brusquement changé de comportement, il ne la comprend plus, il pense qu’elle devient quelqu’un d’autre. L’auteur écrit de telle sorte que le lecteur croit au fait que la lettre est bien écrite par un petit garçon. Il fait des remarques que seul un enfant peut faire. Cette lettre est envoyée à quelqu’un qu’il ne connaît pas vraiment, ce qui explique sa maladresse. Cette nouvelle est touchante et donne envie d’aider nous-mêmes Jacob à comprendre le monde qui l’entoure, et ses changements.

La troisième nouvelle, « Plum Pie. Zombie Green. Yellow Bee. Purple Monster.”, m’a donné envie que l’auteur écrive un roman entier sur ce monde !! J’ai été emportée, j’ai eu envie d’en découvrir sur ce monde qui m’a paru fascinant ! Je n’ai pas envie de trop vous en dire, pour vous laisser le plaisir de découvrir par vous-mêmes : sachez juste que nous suivons des enfants qui découvrent que l’une d’entre eux a disparu.

C’est la quatrième nouvelle, « In the Dark », que j’ai moins appréciée. Il n’y avait pas d’éléments fantastiques, même si l’histoire est tout de même un peu étrange. Elle m’a semblé plus réaliste, et donc peut-être, moins vraisemblable – ce qui peut paraître contradictoire, mais quand des éléments fantastiques sont présents, le lecteur accepte qu’une sorte de magie existe dans le monde de l’histoire ; ici, la réalité semblait étrange, mais dans un sens qui ne me semblait pas tout à fait juste. En revanche, j’ai apprécié la réflexion qui ouvre la nouvelle à propos du fait que le cerveau humain est parfois très surprenant.

J’ai été très surprise par « Margaret and Mary and the End of the World” ! Je ne m’attendais pas à tomber sur une réécriture de l’histoire de Marie ! Il était très intéressant de voir l’auteur s’emparer du mythe et en faire quelque chose de moderne, mais aussi quelque chose d’assez perturbant, encore une fois. Jen Campbell n’a pas peur d’aborder les sujets qui fâchent : ici, le parallèle entre Marie et Margaret, ainsi que le parallèle entre Dieu et l’homme qui aura ce « rôle » pour la jeune fille, sont assez choquants. La jeune fille est laissée en pâture à un homme par sa mère en prenant le prétexte de la religion. Selon ce qu’on en fait, elle peut amener à faire n’importe quoi. De plus, l’auteur utilise un tableau pour présenter son histoire, Ecce Ancilla Domini de Dante Gabriel Rossetti, qui a pris sa sœur, Christina Rossetti pour modèle – l’auteure de Goblin Market. L’auteure interprète la peinture de manière assez peu conventionnelle je suppose ; mais je n’ai pas pu m’empêcher de voir exactement la même chose qu’elle. [SPOILER] Qui dit que Marie était heureuse d’être enceinte du fils de Dieu ? Après tout, on ne lui a pas demandé son avis. Et pourquoi l’Ange Gabriel a-t-il les pieds en feu ? [FIN DU SPOILER] Une de mes nouvelles préférées du recueil !

« Little Deaths » m’a également donné envie de lire un roman entier sur le sujet !! J’ai tellement envie d’en savoir plus, de découvrir plus en profondeur ce monde où les fantômes existent, mais viennent de nous !

Ma nouvelle préférée est « The Beginning of the World in the Middle of the Night”, sans hésitation. Je comprends pourquoi Jen Campbell l’a choisie pour titre de tout le recueil ; cette histoire est magnifique. Elle est à la fois belle et triste, elle apporte à la fois des réflexions scientifiques et des réflexions spirituelles. Comme pour les autres nouvelles, le lecteur ne comprend pas tout de suite de quoi il s’agit : la pièce n’est jouée que par deux personnages, Evelyn et Julian, visiblement un couple. Evelyn lance le sujet de conversation, et part dans une espèce de débat philosophique sur le début de l’univers, puis sur le début de leur histoire. Julian répond, [SPOILER] et le lecteur comprend qu’ils ne se souviennent pas du tout de la même chose, comme s’ils avaient vécu dans des univers parallèles, ce qui rejoint le débat précédent. [FIN DU SPOILER] La fin m’a explosé le cœur – larmes, bien sûr.

« Pebbles » est une nouvelle sur la guerre, mais pas seulement sur celle entre nations ; elle traite aussi des guerres quotidiennes, de celles qu’il faut livrer chaque jour, soit parce que l’on n’est pas accepté comme on est, soit parce que l’on est mélancolique de nature, et qu’il faut lutter chaque jour pour ne pas se faire submerger.

La fin de « Aunt Libby’s Coffin Hotel » m’a donné des frissons, comme « Animals », mais d’une façon différente. Ici, le lecteur suit une jeune fille qui doit obéir à sa tante, et donc faire croire qu’elle a un lien avec l’au-delà. Il est possible de sentir sa frustration : elle voudrait cesser de mentir et de faire semblant. Et pauvre chien ! J’ai rarement lu une fin qui m’a donné autant de frissons, vraiment !!

« Sea Devils » est horrible !! Un peu comme « Margaret and Mary and the End of the World », elle traite de la religion, des superstitions, et de ce qu’elles peuvent nous pousser à faire. La fin est affreuse !! Ou comment faire en sorte que les gens réfléchissent à ce qu’ils font, et à ce en quoi ils croient.

« Human Satellites » était étrange, et un aperçu d’un futur effrayant, un peu comme « Animals ». Ingénieux et très bien trouvé, le procédé montre jusqu’où l’homme est capable d’aller, et les débats que l’avancée de la science soulève.

La dernière nouvelle, « Bright White Hearts », se passe dans un aquarium dans lequel se trouve une sirène, et j’ai adoré apprendre tout un tas de choses sur les poissons et autres créatures marines. Pas si heureuse de voir, encore une fois, la stupidité de l’homme en revanche …

 

Donc, ce recueil offre une belle diversité d’histoires, aussi étranges les unes que les autres. Certaines vous feront rire, d’autres réfléchir, d’autres pleurer, et deux vous feront frissonner ! Chapeau à Jen Campbell ! Maintenant, j’en veux plus !!

The Bloody Chamber d’Angela Carter

Posté : 25 octobre, 2017 @ 7:20 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Classique, Nouvelle The Bloody Chamber

Editeur : Vintage Classics

Année de sortie : 2016

Nombre de pages : 214

Titre en français : La compagnie des loups

Synopsis : From familiar fairy tales and legends – Red Riding Hood, Bluebeard, Puss in Boots, Beauty and the Beast, vampires and werewolves – Angela Carter has created an absorbing collection of dark, sensual, fantastic stories.

« Magnificent set pieces of fastidious sensuality » IAN McEWAN

« A mix of finely tuned phrase, luscious adjective, witty aphorism, and hearty, up-theirs vulgarity » MARGARET ATWOOD

« The Bloody Chamber is such an important book to me » NEIL GAIMAN

 

Avis : Ce livre était depuis longtemps dans ma wish-list, mais c’est Jen Campbell, en en parlant dans une vidéo, qui m’a poussé à enfin l’acheter et le lire ! Une lecture parfaite pour l’automne et Halloween !

The Bloody Chamber faisait partie de mes prédictions 5 étoiles ; j’étais persuadée que j’allais adorer ce livre, et je ne me suis pas trompée ! Dès la première nouvelle, j’ai d’abord été charmée par l’écriture d’Angela Carter, poétique parfois, parfois crue. J’ai aimé ce qu’elle faisait des contes, faisant ressurgir le contenu latent, ce qui devait rester caché, ce qui n’était que sous-entendu. J’ai aimé aussi le fait qu’elle considère son travail non comme de la réécriture, mais comme de la réinvention, de la réappropriation. Ces « nouveaux » contes choquent, bouleversent, et touchent le lecteur. J’imagine le nombre de personnes qui ont dû détester Angela Carter pour ce livre ! D’ailleurs, l’introduction - qui spoile absolument toutes les nouvelles, soit dit en passant, et que j’ai donc lu à la fin de chaque histoire – évoque des étudiants qui ont refusé d’étudier le recueil parce qu’ils considéraient qu’Angela Carter avait dénaturé et souillé les contes de leur enfance. Vous aurez compris que ce n’est pas du tout mon avis ! Concernant l’introduction, j’ai d’abord trouvé dommage qu’elle spoile toutes les nouvelles, et puis je me suis dit que la dernière partie aurait mieux placé en postface, afin de donner une espèce d’éclaircissement ou d’explication à la fin de chaque histoire. Elle est très bien faite, et permet au lecteur de mieux comprendre le véritable effet de chaque nouvelle sur lui ; par exemple, pour « The Snow Child », j’ai été tellement choquée que je me suis demandée pourquoi Angela Carter avait écrit un tel conte. L’introduction m’a aidé à comprendre, et j’ai pu pleinement l’apprécier. Enfin, d’ordinaire, j’ai du mal avec les recueils de nouvelles, puisque « nouvelles » signifie plusieurs incipits, et j’ai toujours du mal à entrer dans le livre ; il est difficile de m’accrocher immédiatement. Angela Carter a réussi cet exploit pour (presque) toutes les nouvelles !

La première nouvelle, « The Bloody Chamber » est une réappropriation de « Barbe Bleue« . La fin m’a été spoilée parce que je n’ai pas pensé que l’introduction la raconterait … Mais c’est tout de même ma préférée ! Malgré le fait que je savais comment tout finissait, le suspense était présent jusqu’à la fin, j’étais complètement dans l’histoire avec l’héroïne ! Celle-ci n’a pas de nom, mais est la narratrice de sa propre histoire. Le lecteur peut donc peu à peu s’identifier à elle, notamment avec la curiosité qui pousse l’homme à faire ce qu’on lui a expressément interdit de faire. Elle paraît superficielle au début de la nouvelle, attirée dans les bras d’un homme par les cadeaux qu’il peut lui offrir, mais l’on s’attache peu à peu à elle, elle se rend compte de son erreur, de sa vénalité. Bien sûr, si le lecteur connaît « Barbe Bleue », il se doute du contenu de l’histoire, mais cela reste surprenant ! [SPOILER] La découverte des épouses est assez affreuse, notamment la dernière, enfermée dans une Iron Maiden ! [FIN DU SPOILER] Cette nouvelle est la plus longue du recueil, à peu près soixante pages. La fin est surprenante pour qui ne la connaît pas déjà, mais je l’ai tout de même adoré !

La seconde nouvelle, « The Courtship of Mr. Lyon« , raconte une dérive de « La Belle et la Bête« . Cette histoire est plus « mignonne » que la précédente, moins sanglante et moins effrayante. Bien sûr, l’héroïne s’appelle Beauty, et son père va enfreindre les règles de la Bête dans son jardin. Beauty ressemble beaucoup à la Belle que l’on connaît : généreuse, elle désire sauver son père, en tout cas, ici, réparer les torts qu’il a pu causer à la Bête en volant une rose blanche dans son jardin. Elle accepte donc de vivre avec Mr. Lyon pendant un certain temps. Celui-ci ressemble également pas mal à la Bête que l’on connaît : il parle comme les hommes, mais a retrouvé des instincts animaux. J’ai adoré le chien cavalier King Charles qui fait presque office de gouvernante ! Une excellente réappropriation !!

L’histoire suivante, « The Tiger’s Bride« , est aussi une « réécriture » de « La Belle et la Bête« , mais bien moins « mignonne » que la précédente ! La première phrase donne déjà le ton : « My father lost me to The Beast at cards » (Mon père m’a perdu aux cartes contre la Bête). En gros, le père de la Belle est incapable de s’empêcher de jouer, et mise sa fille, qu’il perd, évidemment. La Belle a beau de ne pas se laisser faire une fois chez la Bête, elle reste tout de même, et ne cesse d’être appelée Lady par un étrange majordome simiesque. La Bête, ici, ne parle pas, et ressemble vraiment à une bête fauve, le tigre du titre. Je ne vous dis pas comment cela termine, mais j’ai vraiment aimé cette fin tout à fait différente des réécritures habituelles, très originale, et qui remet en perspective toute l’histoire du conte ! 

Vient ensuite « Puss-in-Boots« , inspiré du « Chat Botté » ! C’est la nouvelle la plus légère, celle à la lecture de laquelle j’ai ri, ce qui semble impossible avec les autres histoires. Puss est un chat acrobate qui parle, et qui aide son maître à séduire le plus de demoiselles et de dames possibles, jusqu’au jour où il tombe sur une jeune fille enfermée, apparemment inaccessible. Impossible de prendre cette histoire au sérieux, notamment quand on se rend compte que [SPOILER] la jeune fille n’est pas si pure et innocente que ça ! Les scènes sexuelles sont vraiment drôles, mais peuvent choquer ceux qui n’ont pas l’humour facile ! [FIN DU SPOILER] La fin est agréable à lire, et fait sourire le lecteur après tant de péripéties !

The Erl-King » n’est pas inspiré d’un conte de fées, mais d’une légende allemande selon laquelle un gobelin malveillant hante la Forêt Noire et tue les personnes qui s’y perdent. La nouvelle est l’une des plus poétiques, vraiment très belle, mais aussi très triste. Le point de vue est celui d’une jeune fille qui se perd dans la forêt et qui se retrouve face au Erl-King. La présence des oiseaux et de leur chant fait beaucoup pour la poésie et la mélancolie de l’histoire, ainsi qu’une sorte d’amour étrange et condamné. L’Erl-King fait figure de roi tyrannique, mais il semble plus faire ceux qu’il attire dans la forêt prisonnier parce qu’il ne veut pas être seul plutôt que parce qu’il est foncièrement mauvais. J’ai adoré l’atmosphère mélancolique de forêt abandonnée, hantée, où la joie n’est présente que parce qu’elle est enfermée.

Vient ensuite « The Snow Child« , inspiré de « Blanche-Neige » ! C’est, pour moi, la nouvelle la plus choquante et la plus directe du recueil, sans doute à cause de sa brièveté – la nouvelle ne fait que deux pages. Le contenu latent du conte est clairement mis en avant, mais je ne veux pas trop vous en dire pour ne pas vous gâcher la lecture. C’est poétique, puis violent d’un coup, le lecteur en reste bouche bée, il ne comprend pas.

Puis vient « The Lady of the House of Love« , qui n’est pas inspiré d’un conte mais qui reprend la légende du vampire transylvanien. C’est l’histoire d’une comtesse qui vit seule dans un manoir, avec un gardien et une servante (il me semble). Elle se tire régulièrement les cartes pour connaître son avenir, et désespère de sa condition de vampire qui l’empêche de connaître l’amour. Le manoir fait très gothique, ainsi que le personnage de la vampire, et l’histoire qu’elle vit dans la nouvelle. [SPOILER] La fin voit la vampire mourir par amour, parce que son aimé veut la « guérir », et l’amoureux part ensuite pour la France ; la phrase laisse présager qu’il y meurt. [FIN DU SPOILER]

Les trois dernières nouvelles sont différentes réappropriations du « Petit Chaperon rouge« . « The Werewolf » est la plus courte, introduit bien les trois personnages typiques du loup, du chaperon rouge et de la grand-mère, mais fusionne deux de ces personnages de manière assez originale, ce qui rend la fin elle-même surprenante et originale ! La petite fille est plus aguerrie que dans « The Company of Wolves« . Ici aussi, nous retrouvons les personnages typiques du conte, mais, avant l’histoire elle-même, le lecteur se retrouve à lire une sorte d’essai sur le loup, très intéressant et qui donne bien le ton de l’histoire qui va suivre. La fin, encore une fois, est originale, mais aussi étrange, [SPOILER] puisque le comportement du loup change radicalement en quelques instants : il passe de violent, à vouloir manger le petit chaperon rouge, à tendre, quand il dort avec elle. [FIN DU SPOILER] Enfin, la dernière nouvelle, « Wolf-Alice«  est aussi celle que j’ai le moins apprécié, sans doute parce que c’est celle qui m’a paru la plus confuse et la plus obscure de tout le recueil. En effet, on passe d’un personnage à un autre, d’un lieu à un autre, on ne comprend pas exactement le pourquoi de ce qui arrive. Mais, j’ai apprécié la découverte de son corps par Alice ; comme elle n’a pas été éduquée par des hommes, elle est seule face à son anatomie, aux secrets que son corps renferme, aux choses étranges qui peuvent se produire.

 

Donc, ce recueil était excellent, un vrai coup de cœur ! Je suis ravie d’avoir découvert Angela Carter, et j’ai hâte de lire d’autres de ses œuvres !

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