Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Malpertuis de Jean Ray

Posté : 13 janvier, 2025 @ 5:33 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Fantastique, HorreurMalpertuis

Editeur : 10/18

Année de sortie : 2023 [1943]

Nombre de pages : 226

Synopsis : L’oncle Cassave va mourir. Il convoque toute sa famille à son chevet dans la demeure de Malpertuis et leur dicte ses dernières volontés : que tous s’installent dans cette colossale maison de maître et que revienne, aux deux derniers survivants, sa fortune. Aucun des proches ne se doute du drame qui les attend. Tout commence par des lumières qui s’éteignent mystérieusement. Bientôt l’horreur jaillira des murs même de la maison. Le roman Malpertuis est un chef-d’œuvre de la littérature fantastique.

 

Avis : A VENIR

Memento Mori, anthologie des Imaginales 2024

Posté : 2 juin, 2024 @ 8:00 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle, Fantasy, Science-fiction, Dystopie, FantastiqueMemento Mori

Editeur : Au diable vauvert

Année de sortie : 2024

Nombre de pages : 301

Synopsis : Anthologie de la 23° edition des Imaginales

MEMENTO MORI vu par
Christopher Bouix, David Bry, Alain Damasio, Lionel Davoust, Jeanne-A Debats, Jean-Laurent del Socorro, Thomas Gunzig, Ariel Holzl, Justine Niogret, Philippe Pastor, Julia Richard, Thomté Ryam, Plume D. Serves, Anna Triss, Chris Vuklisevic

« Au gré des imaginations des auteurices qu composent ce recueil, nous verrons la limite de la mort s’éloigner, s’apprivoiser. Comme si le fait de parler, échanger, discuter à propos de la plus ancienne et viscérale peur de l’humanité, nous permette de nous senti pousser des ailes, gonflées d’un nouvel espoir. »
Gilles Francescano, directeur artistique des Imaginales, préface

 

Avis : J’ai pris cette anthologie aux Imaginales et je me suis dit que j’allais la lire de suite afin de prolonger un peu mon expérience du festival.

L’introduction est écrite par Gilles Francescano : elle présente efficacement le recueil tout en n’en disant pas trop. Elle est intrigante et donne envie de poursuivre immédiatement avec les premières nouvelles.

Je vais vous faire un retour pour chacune d’entre elles !

Le recueil s’ouvre sur un poème de Chris Vuklisevic appelé « Memento Mori ». Je trouve que c’est assez atypique d’ouvrir une anthologie de la sorte, et aussi assez original. En effet, la poésie n’est pas la forme la plus appréciée par les lecteurs. J’ai trouvé quelques vers particulièrement beaux, mais j’ai plus de mal avec les vers libres, étant très attachée aux rimes et au rythme de la poésie codée, plus classique. J’ai aussi aimé les images utilisées par l’autrice, notamment celle des corbeaux.

Christopher Bouix est l’auteur de la première nouvelle, « Une magnifique et soudaine histoire d’amour ». Il est l’auteur d’Alfie que j’ai lu pour le Plib et pour lequel j’ai voté dans la catégorie adulte : j’avais adoré ! J’étais aux Imaginales pour prendre son nouveau roman, Tout est sous contrôle, qui devrait bientôt être lu ; j’étais contente de voir son nom ici ! Je suis toujours impressionnée par la fluidité de l’écriture, le fait qu’il soit si facile de s’y glisser. Comme dans ces romans, l’auteur nous propose à la fois une histoire SF et une satire sociale, celle d’un monde qui ne sait plus quoi faire d’une partie de sa population SPOILER 1. Je vous laisse la surprise, mais j’ai trouvé la chute énorme ! SPOILER 2

Suit « Le Sage de la montagne » de Jean-Laurent Del Socorro, nouvelle dont l’auteur m’a dit ne pas être fier quand je lui ai fait signer l’anthologie. J’ai trouvé le sujet intéressant notamment, comme c’est toujours le cas avec cet auteur, parce que j’ai appris des choses sur une période et un aspect historique que je ne connaissais pas du tout et parce qu’elle répond au thème de l’anthologie de manière plutôt originale – mon but était de voir en quoi chacune des entrées tordait ou entrait dans le moule du concept de « memento mori ». J’ai aimé que le croisé soit arrogant et SPOILER 3 Pour autant, j’ai eu un peu de mal à accrocher à l’histoire elle-même et aux personnages, gardant toujours les deux à distance et n’entrant jamais vraiment dans le récit.

Vient ensuite « Nous aurons des lits plein d’odeurs légères » de Thomas Gunzig, nouvelle pour laquelle j’étais déjà bien disposée puisque son titre est extrait d’un poème de Baudelaire, « La Mort des amants », que j’ai reconnu tout de suite ! Ce récit est, lui aussi, une satire de notre société actuelle dans laquelle le travail perd de son sens, les médias nous abreuvent d’horreurs et la vie sociale finit par disparaître. Il est à noter que je déteste l’utilisation de drogues dans les fictions que je lis mais, ici, comme il n’y a pas d’effets proches de celles qui existent chez nous, cela m’a moins dérangée – ce qui me dérange profondément, c’est la perte de contrôle et les dégâts physiques et psychiques que l’usage engendre. J’ai aimé la fin, même si je l’ai trouvée un peu désespérante. SPOILER 4

Anna Triss vient ensuite avec « L’amour à mort », une nouvelle que j’ai trouvé plutôt intéressante même si quelques éléments dans le style d’écriture m’ont un peu gênée – je ne saurais pas exactement dire quoi, c’est plutôt un ressenti et une forme d’écriture qui me gêne vaguement mais qui ne m’empêche pas de lire. J’ai aimé – et j’avais deviné – que SPOILER 5 mais j’ai été un peu dérangée par ce qui arrivait au cours du récit – ce qui était le but, je pense. J’avoue avoir été assez intriguée par la série qui est liée à la nouvelle !

L’une de mes nouvelles préférées de l’anthologie est celle de Lionel Davoust, « Pour se rappeler Mirigor ». Elle traite de deuil et d’amitié homme-animal – rien que les deux thèmes combinés me touchent. C’était à la fois doux et triste, très beau et agaçant quand on voit les conventions humaines et la difficulté de SPOILER 6

Puis, c’est au tour de Julia Richard de nous offrir une « Nec-Romance » que j’ai trouvé – le terme est un peu étrange – assez rafraîchissante ! J’ai adoré son côté SF, son côté gothique et sa réécriture « partielle » de SPOILER 7 J’ai aimé l’écriture, la fluidité des dialogues et l’histoire en général. Cela m’a donné envie de tenter Paternoster de la même autrice – mais pas Carne, j’ai trop de mal avec le cannibalisme !

J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture d’Ariel Holzl avec « La saison de la sorcière ». Le titre m’a tout de suite parlé : en me lançant le défi Writober l’année dernière, j’ai construit la plupart de mes nouvelles autour d’une sorcière. J’ai trouvé la nouvelle très belle, pour l’écriture donc, que je trouve poétique et que j’ai adoré voir se raffiner au fil des romans que sort l’auteur, et pour la fin. SPOILER 8 Elle a rejoint mes préférées avec les récits de Christopher Bouix et Lionel Davoust !

Vient ensuite « L’Arrière-Pays » de Philippe Pastor. Si le concept m’a intriguée SPOILER 9, j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans le récit. Le désert est un décor qui ne m’intéresse pas tellement, comme cette espèce d’errance d’un personnage seul que l’on devine SPOILER 10

Puis, Justine Niogret nous offre son « Hay cielos pa’l buen caballo » que mon niveau d’espagnol ne me permet pas de traduire tout à fait mais dont je comprends à peu près l’idée. Si, à nouveau, nous nous trouvons dans une forme de désert et, donc, dans un endroit que je n’affectionne pas dans mes fictions, j’ai suffisamment aimé le style d’écriture pour au moins apprécier la nouvelle. Ce n’était donc pas mon type d’histoire, mais c’était tout à fait ce que j’aime au niveau de la forme. J’ai également aimé cette fin en suspens qui peut être aussi frustrante pour d’autres lecteurs. J’ai trouvé, en fin de compte, que c’était une assez forte image de la vie – je ne peux pas dire « belle », puisque c’est assez horrible en fin de compte – : SPOILER 11

J’ai découvert, grâce à cette anthologie, Plume D. Sevres avec « Apparences du pire ». D’abord, j’adore les narrations à la deuxième personne : je trouve que c’est une façon originale et risquée d’impliquer le lecteur dans une histoire dont il fera partie, malgré lui parfois. L’autrice traite d’un sujet d’actualité : la violence faite aux femmes et aux personnes transgenres. J’ai, pour autant, trouvé que le point de vue était plus intéressant que ce qu’il laisse penser au début de la nouvelle. SPOILER 12 En fin de compte, l’autrice nous propose l’histoire par le filtre d’un narrateur et de personnages qui ne sont pas fiables, ce qui nous pousse à nous poser des questions sur notre version des faits, sur le fait que l’on embellisse, que l’on se victimise, que l’on en rajoute et, surtout, que l’on cherche un bouc émissaire ailleurs, quelqu’un sur qui déposer nos traumatismes pour ne plus avoir à les affronter ou pour les exorciser puisque ceux qui les ont causés ne sont pas punis. Cela dit, nous pouvons aussi voir la fin comme SPOILER 13

Le « Looping » de David Bry, très bien écrit, comme tous ses textes, m’a laissé un goût assez amer étant donné la cruauté de son histoire. SPOILER 14 C’est aussi un récit profondément triste, comme sait si bien les construire l’auteur. Surtout, la fin SPOILER 15

Jeanne-A Débats, quant à elle, nous emmène aux Enfers et nous pose la question : « Est-ce ainsi que vivent les AsphodAIles ? ». L’histoire est assez horrible par sa proximité, pour moi, avec SPOILER 16 Cela dit, je l’ai peut-être trouvée un peu trop complexe pour une nouvelle. J’ai eu l’impression que l’autrice nous donnait trop d’informations trop vite ; elles n’ont pas réussi à me parvenir tout à fait, ce qui a occasionné un certain détachement de ma part. Pour autant, j’ai très envie de lire d’autres de ses œuvres !

« Le grand oral » de Thomté Ryam est très court, mais plutôt efficace. Le concept est intéressant et « redevenu » original, pour moi, du fait qu’il soit de moins en moins utilisé. SPOILER 17

L’anthologie s’achève sur « Le trépasseur, le tlot et la grenade » d’Alain Damasio. J’ai récemment terminé Les Furtifs, pour lequel une chronique arrive prochainement. J’ai retrouvé ici l’écriture de l’auteur, très travaillée et très particulière, que j’apprécie et qui, donc, m’a portée pendant ces quelques dernières pages. J’ai trouvé la nouvelle touchante, prenante et j’ai beaucoup aimé la fin ! SPOILER 18

 

 

Donc, j’ai beaucoup aimé cette anthologie que j’ai trouvée bien construite. Elle m’a fait découvrir de nouveaux auteurs et j’ai aimé voire adoré la majeure partie des nouvelles qui la composent, ce qui n’est pas toujours le cas pour ce genre d’ouvrages !

 

 

 

SPOILER 1 et qui propose un concept horrible pour mettre fin à la surpopulation.

SPOILER 2 La cruauté de la fin m’a laissée sans voix : comment peut-on vendre ainsi une expérience de mort en mentant comme un arracheur de dents à une femme qui a décidé de mourir ?!

SPOILER 3 qu’on finisse par le renvoyer à cette arrogance de manière assez ironique puisque c’est parce qu’il croit aux légendes sur les ismaéliens qu’il va aider à forger de nouveau cette légende pour des siècles !

SPOILER 4 Pour retrouver du lien social, le personnage principal finit par se donner la mort.

SPOILER 5 cette jeune femme que le personnage masculin rencontre est la Mort et que l’espèce de prédiction autour de sa vie marquée par la mort était quasiment auto-réalisatrice puisqu’il tue pour protéger la jeune femme, la ramène chez lui, l’épouse et tue ensuite pour que personne ne la convoite.

SPOILER 6 rendre hommage à ces animaux qui vivent avec nous et dont nous sommes plus proches que la plupart des autres êtres humains. Il arrive aussi que ceux qui aiment profondément leurs animaux soient cruellement moqués pour cet amour inconditionnel qu’ils ressentent ; j’avoue n’avoir que mépris pour ces gens incapables de sortir de leur point de vue étriqué sur la valeur de la vie et l’amour et qui se permettent de faire ressentir colère, honte ou chagrin à des êtres qui, eux, se sont ouverts.

SPOILER 7 Frankenstein ! Cette fois, la créature n’est pas un nouveau-né perdu abandonné par son créateur, mais un être en décomposition qui donne l’illusion à ceux qui ont partagé leurs souvenirs avec lui que l’infante est toujours vivante quand elle est en train de pourrir sur pied. Assez glauque, mais très réussi !

SPOILER 8 Je l’ai vue comme un doux hommage, un beau souvenir que la sorcière laisse. J’ai également beaucoup aimé la façon dont les os des petits viennent chercher la jeune femme avec douceur, ce qui contraste bien avec la violence brutale qu’ils utilisent avec son assassin.

SPOILER 9 une sorte d’arrière-pays de la mort, comme une antichambre avant le grand saut, une espèce de purgatoire peut-être, dans tous les cas, un endroit intermédiaire où l’on semble attendre qu’elle arrive tout en cherchant une issue,

SPOILER 10 en train de mourir, ce que j’ai trouvé intéressant, mais dont les visites dans l’arrière-pays semblent des boucles sans fin. C’était sans doute le but recherché, mais ce n’est pas ce que j’apprécie dans mes lectures.

SPOILER 11 même si elle ne donne rien à certains, ils s’y accrochent avec la force du désespoir quand on menace de leur ôter.

SPOILER 12 en effet, on pourrait penser que la narratrice, « tu », est une victime de violences et va donc faire de son mieux, au cours du récit, pour surpasser son traumatisme et revenir vers une vie plus saine pour elle, notamment en tentant d’avoir des relations apaisées avec des personnes qui ne seraient ni toxiques ni violentes. Le récit aurait toujours été fort, mais il n’aurait pas forcément été aussi original ou aussi vraisemblable que ce que l’autrice choisit de nous montrer. A la fin, notre narratrice, alors qu’elle-même a recours à la violence, même si elle n’est ni physique ni verbale parce qu’elle n’est pas directe, est à son tour marquée et se rend compte que les femmes qu’elle côtoie et en qui elle croyait sont aussi « sales », aussi souillées que les hommes auxquels elle reprochait leurs violences et qu’elles aussi utilisent des secondes peaux pour cacher leurs marques. Cette narratrice préfère rester dans le déni lorsque le récit s’achève, avec son « pitié, oublie » et se rend compte qu’elle est devenue le monstre qu’elle voyait chez les autres.

SPOILER 13 particulièrement pessimiste : à peu près tout le monde, sauf la jeune femme transgenre qui a servi de bouc émissaire, est le tortionnaire de quelqu’un. Les rôles ne sont plus facilement distribués comme dans les simplifications « homme = violent ; femme = sœur » ; la nouvelle renvoie au côté sombre de tout individu.

SPOILER 14 La solitude, le rejet, l’impossibilité de vivre avec sa culpabilité enferment le personnage principal dans une spirale qui le mènera à la mort après un dernier looping de liberté.

SPOILER 15 est glaçante : cette capitalisation sur le jeu de son ami qui vient de mourir ne fait que rendre Lucas odieux alors même qu’il a refusé son aide à Jasper, allant même jusqu’à lui dire qu’il l’avait prévenu !

SPOILER 16 Matrix. Les êtres humains semblent nés dans une matrice qui leur fait vivre une vie virtuelle sans qu’ils aient conscience, exactement, de ce que cette existence implique.

SPOILER 17 L’auteur imagine l’antichambre de l’au-delà, le moment où les âmes vont être jugées pour être ensuite envoyées au Paradis ou en Enfer. Toutes les confessions semblent réunies pour attendre leur parution devant le tribunal céleste. Le narrateur arrive avec un néonazi – c’est ainsi qu’il est appelé – qui se défend ardemment, clamant son innocence auprès de tous ceux qui se trouvent à proximité. La chute n’en est pas tout à fait une pour moi, même si elle fonctionne : un de ses amis, qu’il a trahi, arrive lui aussi dans cette antichambre, ce qui semble sceller le destin du jeune homme – semble seulement, étant donné qu’un ange avait déjà révélé ce qui lui arriverait au narrateur.

SPOILER 18 J’aime l’idée de la grenade qui me fait penser à Perséphone ; j’aime l’idée de cette plante qui ne mourra que quand les souvenirs et l’amour du personnage mourront, j’aime cette idée de souvenirs à récupérer pour conserver une trace vivace de l’être aimé après sa mort. Mais je trouve aussi cette idée assez cruelle : les trépasseurs risquent leur vie, les souvenirs peuvent ne pas ressurgir comme espéré, le sentiment de solitude et d’abandon pour ceux qui restent peut donc être d’autant plus vivace que la dernière tentative pour « ressusciter » une partie de l’être aimé à échouer.

Les Errantes de Jo Witek #plib2023

Posté : 5 novembre, 2022 @ 7:42 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Horreur, Fantastique Les Errantes

Editeur : Actes Sud

Année de sortie : 2022

Nombre de pages : 320

Synopsis : Suzanne, une streameuse survoltée, Saskia, une artiste en proie au découragement, et Anne-Lise, une jeune fille pétrie de spiritualité et en décalage avec son époque, cohabitent au dernier étage d’un immeuble bourgeois. Des apparitions fantomatiques et surnaturelles sèment la peur dans l’appartement.

 

Avis : J’ai découvert cette autrice avec Peur express, que j’avais beaucoup aimé pour son ambiance, son écriture et ses personnages, mais surtout pour sa troisième partie très intéressante. En voyant ce livre dans la présélection du PLIB, je me suis dit qu’il serait sympa de lire à nouveau un roman de Jo Witek ! La couverture et le titre m’intriguaient aussi ; j’ai donc fini par me lancer !

L’écriture m’a happée dès le début – il faut dire que je lisais un autre roman que je trouvais particulièrement mauvais avant, il est possible que ça ait aidé un peu ! C’était fluide, bien construit, j’avais envie de continuer à lire alors que j’étais fatiguée : c’était bien parti ! Au fil des pages, je me suis beaucoup attachée aux personnages, même Suzanne qui pouvait paraître agaçante à certains moments. Peu à peu s’installe une ambiance glauque, poisseuse, avec des scènes qui font froid dans le dos. Je n’ai pas été terrifiée en lisant ce livre, mais j’ai eu des frissons de dégoût – il faut s’y attendre quand sont mentionnées des scènes avec du sang, quel qu’il soit – et des petits moments d’angoisse ! Le lecteur est entraîné dans une histoire qu’il ne comprend pas totalement, notamment parce que les intrigues n’ont pas l’air d’avoir de lien entre elles. SPOILER 1 Pour autant, j’étais complètement dedans, j’avais envie de savoir, envie de continuer à suivre les filles et je fomentais des théories seule dans mon coin pour essayer de percer le mystère du sixième étage !

J’ai beaucoup aimé que les héroïnes soient si différentes : outre le fait que cela permet d’avoir plus de diversité niveau personnalité, culture et milieu, il est ainsi possible d’aborder différents sujets sans que cela semble trop lourd ou artificiel. Je pense que j’ai une préférence pour Saskia, non seulement parce qu’elle est artiste, mais aussi parce qu’elle m’a paru plus douce et rassurante, alors même que ce qu’elle vit est affreux. SPOILER 2 Suzanne était donc celle avec laquelle j’avais le plus de mal, sans doute à cause de sa façon de parler et de son côté « je suis cool » alors que ce n’est qu’une carapace pour se protéger. En fin de compte, c’est elle qui m’a fait pleurer ! Enfin, Anne-Lise est très touchante : hors du monde, elle est méprisée par ses pairs, incomprise par ses parents et incapable d’entrer dans le moule qu’on force sur elle. Elle m’a fait de la peine, mais le roman nous apprend aussi à voir une autre facette de sa personnalité. SPOILER 3 Ces trois héroïnes permettent donc d’aborder trois thèmes différents : l’art pour Saskia, la religion pour Anne-Lise et un autre sujet que je vous laisse découvrir pour Suzanne. Dans tous les cas, le lecteur se voit embarquer dans l’intrigue tout en apprenant : c’est bien mené, sans grosses ficelles.

Mais ce livre est un coup de cœur surtout pour l’émotion qu’il m’a fait ressentir. Cela fait un moment que je ne me suis pas laissée emporter à ce point par un roman et, surtout, que je n’ai pas pleuré en lisant. C’est donc chose faite ! La fin est très émouvante : SPOILER 4

 

Donc, j’ai adoré ce roman qui rejoint la liste de mes 25 sélectionnés pour le prix !

 

SPOILER 1 J’ai d’ailleurs beaucoup aimé la scène où les filles s’efforcent de trouver des liens entre leurs différentes hantises. C’était à la fois angoissant et réconfortant parce qu’elles sont ensemble dans l’épreuve. Et c’est un des éléments que j’ai ADORE dans ce roman : le fait que les filles soient unies, que, malgré leurs différences, elles s’entraident, même si elles ne se comprennent pas ou que c’est difficile au début. On sent que, peu à peu, une amitié se forme, et c’est, je pense, pour cette raison que je n’ai pas vraiment eu peur pendant ma lecture. Ce groupe, cette espèce de cocon que Saskia forme autour des deux autres filles, m’a donné l’impression qu’elles étaient protégées par leur lien grandissant. J’étais bien avec ces filles, dans le studio de l’artiste, j’avais envie de rester avec elles plus longtemps.

SPOILER 2 Elle est la première à se ressaisir, à faire le lien, à accepter ce qui lui arrive tout en restant lucide et capable de frayer avec la société, de faire des choix cohérents qui ne lui valent pas l’asile ou la prison. Elle est réfléchie et douce. Son éducation lui donne un côté encore plus rassurant avec ces chansons qu’elle fredonne, ses remèdes et sa façon d’aider Suzanne à comprendre ce qui lui arrive. Saskia m’a aussi fait très mal au cœur après sa rencontre avec le galeriste, mais il semblait évident qu’elle ne pouvait pas en rester là. Et, grâce à elle, j’en ai appris davantage sur Hilma af Klint que j’avais croisée dans un livre sur les femmes oubliées de l’histoire !

SPOILER 3 J’ai beaucoup aimé le passage où Saskia la voit en guerrière sans peur alors que, plus tôt, elle ne voyait qu’une adolescente perdue, internée contre son gré par ses parents.

SPOILER 4 Déjà, la mention de Saskia qu’elle voudrait parler à sa grand-mère m’a serré le cœur, mais alors quand Suzanne comprend qui est Odette, c’étaient les grandes eaux ! Pire encore quand, dans l’épilogue, le lecteur découvre Gisèle, son point de vue et le fait que les filles lui envoient des mots, des cadeaux, pensent toujours à elle et accordent de la valeur à cette femme à côté de qui tout le monde est passé … Le fait de découvrir que Saskia est une artiste connue, que Suzanne est une grande influenceuse dans son domaine, qu’Anne-Lise a entrepris des études de théologie : cela ne fait que mêler les pleurs et la joie. C’était une fin saine, une fin dans laquelle on se sent bien, comme dans ce groupe que l’on sent encore soudé malgré la fin de l’aventure.

 

#ISBN9782330167868

La Princesse au visage de nuit de David Bry #plib2021

Posté : 20 août, 2021 @ 5:36 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : FantastiqueLa Princesse au visage de nuit

Editeur : Editions de l’Homme sans Nom

Année de sortie : 2020

Nombre de pages : 280

Synopsis : Dans les bois vit la princesse au visage de nuit ; ses yeux sont des étoiles et ses cheveux l’obscur.

Hugo, enfant violenté par ses parents, s’est enfui avec ses amis dans la forêt, à la recherche de la princesse au visage de nuit, qui exaucerait les vœux des enfants malheureux… Il est ressorti du bois seul et sans souvenirs, et a été placé dans une famille d’accueil.

Vingt ans plus tard, alors qu’il a tout fait pour oublier son enfance, Hugo apprend la mort de ses parents. Mais, de retour dans le village de son enfance, il découvre que ses parents auraient été assassinés, et d’étranges événements se produisent. La petite voiture de son enfance réapparaît comme par magie. De mystérieuses lueurs brillent dans les bois. Les orages soufflent des prénoms dans le vent.

 

Avis : J’ai reçu ce livre pour le Plib 2020 ; j’avais déjà entendu parler de l’auteur mais je n’avais rien lu de lui.

J’avais entendu beaucoup de bien de La Princesse au visage de nuit et je ne suis pas surprise qu’il soit finaliste cette année : c’est une lecture intense, touchante et marquante.

L’intrigue donne déjà le ton : Hugo, vingt ans après la disparition de ses amis, revient dans son village natal où ses parents viennent de mourir, parents qui le maltraitaient. Entre la souffrance d’Hugo, celle des autres personnages, la réaction inconcevable des adultes, la violence qui se multiplie et se déplie au fil des pages, qui se découvre et qui révulse le lecteur, continuer à lire n’est pas toujours facile tant l’émotion nous étreint parfois. On aimerait entrer dans le livre pour réconforter, pour se faire justicier. On assiste parfois à des scènes difficilement soutenables, on prend connaissance de faits impardonnables. Ce n’est clairement pas une lecture de tout repos ! L’ambiance est parfois oppressante, parfois envoûtante : les images utilisées pour mettre en place l’atmosphère fantastique sont enchanteresses SPOILER 1

J’ai également beaucoup aimé la fin qui m’a émue aux larmes. SPOILER 2 Jusqu’à elle, le lecteur doute des éléments surnaturels présentés dans le roman, ce que j’ai adoré !

Le seul bémol que j’ai trouvé peut-être serait le fait que, parce que les personnages tournent en rond dans leur enquête, une partie du roman semble un peu longue. Mais cela ne suffit pas pour gâcher une telle lecture !

 

Donc, un excellent roman qui me donne envie de découvrir d’autres œuvres de cet auteur !

 

SPOILER 1 que ce soit les lucioles ou les enfants qui deviennent des animaux en enfilant les oripeaux. La nature les protège et les guide comme elle peut, j’ai trouvé cela beau. 

SPOILER 2 Je me doutais un peu qu’une partie d’Hugo enfant était passée de l’autre côté et que c’était lui qui avait tué ses parents. J’ai trouvé leur rencontre très émouvante. 

 

#ISBN9782918541721

The Harpy de Megan Hunter

Posté : 12 novembre, 2020 @ 7:49 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Fantastique, ContemporaineThe Harpy

Editeur : Grove Press

Année de sortie : 2020

Nombre de pages : 202

Titre en français : pas encore traduit

Synopsis : Lucy and Jake live in a house by a field where the sun burns like a ball of fire. Lucy has set her career aside in order to devote her life to the children, to their finely tuned routine, and to the house itself, which comforts her like an old, sly friend. But then a man calls one afternoon with a shattering message: his wife has been having an affair with Lucy’s husband, Jake. The revelation marks a turning point: Lucy and Jake decide to stay together, but make a special arrangement designed to even the score and save their marriage–she will hurt him three times. As the couple submit to a delicate game of crime and punishment, Lucy herself begins to change, surrendering to a transformation of both mind and body from which there is no return.

 

Avis : A VENIR

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