Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Mon mari de Maud Ventura

Posté : 7 janvier, 2025 @ 9:40 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : ContemporaineMon mari

Editeur : Collection Proche

Année de sortie : 2023 [2021]

Nombre de pages : 266

Synopsis : Elle a la vie dont elle rêvait : une belle maison, deux enfants, l’homme idéal. Après quinze ans de vie commune, elle ne se lasse pas de dire : « Mon mari ! » Pourtant elle veut plus encore : il faut qu’ils s’aiment comme au premier jour. Alors elle s’impose une discipline de fer pour entretenir la flamme. Elle l’observe, note ses fautes, tend des pièges, le punit en conséquence. Elle est follement amoureuse de lui. Jusqu’au jour où, évidemment, elle va trop loin …

 

Avis : J’étais très intriguée par ce livre que je voyais un peu partout, mais surtout sur des chaînes anglophones que je regarde régulièrement. J’ai fini par me laisser tenter !

D’abord, je trouve que le résumé en dit beaucoup trop et je suis contente de ne pas l’avoir relu en entier ; ceci dit, je me souvenais de la dernière phrase et j’attendais cet « événement » beaucoup plus tôt dans le texte – il n’arrive qu’à la fin. Donc, petit conseil si vous ne l’avez pas encore lu : ne lisez pas le synopsis ! Sachez juste que la narratrice est obsédée par son mari – amoureuse, dira-t-elle – et que sa vie, ses pensées, toutes ses préoccupations tournent constamment autour de lui. Cela rend également le sujet même du roman original, sans doute pas dans l’idée de la conservation d’un amour pur et exclusif, mais peut-être dans la perception de cet amour par une femme qui, pense-t-elle, est restée coincée au stade d’amoureuse.

Ce que j’ai adoré, bien sûr, c’est que la narratrice, qui reste anonyme, est indigne de confiance – autrement dit, mon genre de narrateur préféré ! Le lecteur comprend vite non seulement qu’elle ne voit pas tout à fait les choses normalement, mais en plus, qu’elle ne lui dit pas tout, voire que, potentiellement, elle lui ment ! J’écris « potentiellement » parce qu’il ne peut pas en être sûr pour autant, il n’a qu’une intuition qu’il ne peut pas vérifier sur le moment. Cette narratrice, de manière assez originale et révélatrice, n’est pas la seule à ne pas être nommée : c’est aussi le cas de son mari, dont le prénom n’est jamais mentionné clairement, bien qu’elle l’évoque plusieurs fois sans le donner. Il n’est, en fin de compte, plus un individu mais simplement la fonction qu’il occupe auprès d’elle ; il ne peut rien être d’autre, il vit par rapport à elle. SPOILER 1

Ce roman est écrit sur un ton plutôt léger ; il m’a fait rire et sourire à plusieurs reprises. Ce n’est pas tout à fait un thriller – j’ai vu cette classification surtout chez les anglophones – ni tout à fait un roman d’horreur, même si j’ai un peu eu l’impression d’entrer dans une forme d’enfer en débarquant dans la vie de cette femme. Le récit aurait pu virer de bord et intégrait clairement l’un ou l’autre des genres, mais il reste plutôt à la frontière, ce qui est assez habile. SPOILER 2 De plus, ce roman, sans entrer dans une catégorie précise, est aussi terrifiant pour une autre raison : le lecteur peut, à certains moments, et lors de certaines réflexions de la narratrice, s’identifier à elle, notamment quand elle « overthink«  tout ce qui se passe autour d’elle, ce que son mari fait ou ne fait pas, ce qu’une amie dit ou ne dit pas, ce qu’elle-même offre à une amie. J’ai parfois eu l’impression que l’autrice avait décidé de pousser cette tendance de l’overthinking à l’extrême avec sa narratrice : elle se repasse les conversations qu’elle a avec son mari, elle les décortique, elle pèse chaque mot SPOILER 3 Surtout, à aucun moment, la narratrice ne se dit qu’elle pourrait simplement communiquer avec son mari ! D’après ce que j’ai compris, dans son milieu social, « ça ne se fait pas » ; à plusieurs reprises, elle laisse entendre qu’elle ne peut pas partager ses émotions avec son mari. Cet aspect « absence de communication » aurait pu m’agacer mais, ici, il est nécessaire au déroulement de l’intrigue et m’a plutôt semblé logique. Cela participe aussi très bien de la caractérisation du personnage SPOILER 4

Ce texte comporte également une grosse part tournée vers l’« esthétique », les conventions, le rang social. Cette femme est obnubilée par l’apparence, le regard des autres et la place qu’elle occupe. C’est proprement épuisant ! Rien que lire les efforts qu’elle fournit ou l’argent qu’elle dépense pour ne pas se « négliger » m’a fait tressaillir !

Concernant les enfants, j’ai peu à peu ressenti de la compassion pour eux : SPOILER 5

La fin m’a surprise tout en confirmant une piste à laquelle j’avais pensé : SPOILER 6 Aussi, j’ai adoré la façon dont s’ouvre et se clôt le texte : le roman est parfaitement bouclé !

Enfin, je me dois de faire une petite remarque sur l’écriture que j’ai beaucoup aimé. Elle est élégante, fluide, parfois presque poétique sans jamais trop en faire. L’autrice choisit ses mots avec soin pour sa narratrice, ce qui se sent. On sent un réel travail du vocabulaire, une précision que j’ai adorée. Je lirai avec plaisir d’autres livres de l’autrice, et notamment Célèbre, sorti en 2024 !

 

Donc, un premier roman très réussi, très prenant et qui me permet de bien commencer mon année lecture 2025 !

 

 

SPOILER 1 Il est assez ironique et intelligent que le lecteur découvre, à la fin du roman, que ce mari fait subir le même sort à sa femme et ne l’appelle que par ce rôle qu’elle joue auprès de lui.

SPOILER 2 La fin laisse tout de même présager qu’elle pourrait aller plus loin : l’empoisonner à petit feu pour le rendre léthargique ou carrément le tuer !

SPOILER 3 elle va jusqu’à les enregistrer, fouiller dans son ordinateur et, par ce biais, dans son téléphone. Elle se demande, pendant tout le roman, pourquoi son mari l’a comparée à une clémentine, ce qui peut paraître complètement anodin mais qui lui reste en tête pendant toute la semaine et devient une rengaine dans le texte.

SPOILER 4 qui prête des intentions à son mari, interprète absolument tout et, encore une fois, laisse le lecteur penser qu’elle va beaucoup trop loin quand, en réalité, son époux joue effectivement avec tout ce qu’elle imagine.

SPOILER 5 ils vivent aux côtés de deux personnes complètement obnubilées l’une par l’autre, qui se jouent des tours, se rendent fous – comme le dit le mari – qui se torturent sans vraiment s’occuper d’eux. En fin de compte, je n’étais pas étonnée, à la fin du roman, qu’ils restent constamment à deux !

SPOILER 6 je me suis posé la question, à un moment donné, de savoir si le mari, lui aussi, « jouait » avec elle, notamment quand elle dit qu’il lui arrive plusieurs fois par jour d’entendre des « je t’aime » qu’elle a, en réalité, imaginé, ou quand elle sous-entend qu’il la torture. Je me suis dit qu’elle devait exagérer, tout interpréter à outrance, que c’était elle, la personne dérangée du couple. Il s’avère qu’ils le sont tous les deux et qu’ils se sont, visiblement, bien trouvés ! Je me demande, cependant, si cette fin ne réduit pas l’intelligence de cette femme à la bêtise ce qui peut, d’un autre côté, être dommage. Le fait est qu’elle n’est, en réalité, pas « folle » : il lui fait subir la même chose qu’elle – ou, en tout cas, il lui fait subir quelque chose, peut-être qui s’apparente davantage à un jeu que ce qu’elle entreprend et qui est plus une forme de contrôle, un système de récompenses et de punitions – puisqu’elle pense avoir des hallucinations auditives et le trouve froid. Comment peut-elle ne pas se rendre compte de son manège alors qu’il utilise les mêmes techniques qu’elle ? C’est vraiment étrange : cette fin a réussi à créer chez moi une forme de compassion pour cette femme que j’ai trouvée à la fois drôle et terrifiante assez rapidement dans le roman ! De plus, cette fin rend le mari pire que sa femme : il sait ce qu’elle fait alors qu’elle n’est pas consciente que lui aussi met en place une forme de jeu malsain avec elle. Il sait absolument tout, ce qu’elle a aussi rendu facile parce qu’elle garde une trace écrite de tout, comme si elle voulait être découverte – puisqu’elle laisse traîner ses carnets, par exemple. Elle est persuadée que, s’il les trouvait, il réagirait et lui en parlerait ; elle n’a pas compris qu’il a intégré tout ça à sa vie sous forme d’une farce perverse.

L’Epaisseur d’un cheveu de Claire Berest

Posté : 10 novembre, 2024 @ 4:44 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : ContemporaineL'Epaisseur d'un cheveu

Editeur : Albin Michel

Année de sortie : 2023

Nombre de pages : 240

Synopsis : «Il était alors impossible d’imaginer que trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Etienne tuerait sa femme.»

Etienne est correcteur dans l’édition. Avec sa femme Vive, délicieusement fantasque, ils forment depuis dix ans un couple solide et amoureux. Parisiens éclairés qui vont de vernissage en concert classique, ils sont l’un pour l’autre ce que chacun cherchait depuis longtemps.

Mais quelque chose va faire dérailler cette parfaite partition.

Ce sera aussi infime que l’épaisseur d’un cheveu, aussi violent qu’un cyclone qui ravage tout sur son passage.

Implacable trajectoire tragique, L’Épaisseur d’un cheveu ausculte notre part d’ombre. Claire Berest met en place un compte-à-rebours avec l’extrême précision qu’on lui connaît pour se livrer à la fascinante autopsie d’un homme en route vers la folie.

 

Avis : J’ai lu ce livre pendant que je cherchais une œuvre pour un club lecture ; je l’ai donc annoté et je me suis demandé en quoi il était intéressant à analyser.

Dès le début, et même, dès le résumé, le roman nous accueille en nous prévenant : le personnage principal que nous suivons, Etienne, va bientôt tuer sa femme, Vive. Oh, joie. Ce livre traite donc de féminicide en nous plaçant dans la tête du tueur. Oh, joie ! Si j’ai déjà lu des ouvrages de ce style, comme You de Caroline Kepnes, un de mes romans préférés, ici, l’autrice a décidé de nous avertir sur l’issue de l’histoire, ce qui ne laisse aucune chance à son personnage principal : il est impossible de s’attacher à lui, de lui trouver la moindre excuse ou de lui pardonner quoi que ce soit. Je me suis demandé, à certains moments du récit, si, sans cette information, j’aurais ressenti de l’empathie pour lui.

En effet, Etienne, dès les premières phrases du roman, est un personnage proprement détestable. Arrogant, sûr de lui, méprisant avec ceux qui l’entourent, il est persuadé de sa grandeur et se permet d’adopter une attitude professionnelle difficilement justifiable, qu’il explique quand même parce qu’il sait mieux que les autres comment agir. Que ce soit avec des inconnus ou des proches, et surtout avec sa femme, Etienne est vraiment imbuvable. Bien sûr, cela empire quand il va jusqu’à tuer sa femme. SPOILER 1 Et il est persuadé que le monde tourne autour de lui, que les gens le regardent, pensent à lui, l’insultent peut-être ou le jalousent ; je ne sais pas si on peut parler de pervers narcissique – puisqu’on en parle un peu à toutes les sauces et que l’expression perd ainsi de son sens -, mais il est, au moins, définitivement narcissique.

Je me suis demandé, au fil des pages, si l’autrice allait nous faire vivre le meurtre ou non ; en effet, le lecteur comprend que la chronologie du roman est brisée puisqu’il a, à sa disposition, des bouts de l’enquête menée par la police après le meurtre de Vive. SPOILER 2

Concernant l’écriture, j’ai trouvé qu’elle était fluide, sans fioritures et sans accrocs ; j’ai aimé le saut de ligne qui, pour moi, SPOILER 3 Pour le titre, j’ai bien compris qu’il montrait le côté infime de ce qui fait basculer Etienne, SPOILER 4 Enfin, le résumé nous dit que « L’Épaisseur d’un cheveu ausculte notre part d’ombre« . Je suppose que l’idée est ici de faire comprendre que les féminicides ne sont pas commis seulement par des tueurs en puissance, mais que chacun de nous peut avoir recours à la violence, même extrême, dans certains cas. Je ne suis pas persuadée d’adhérer à cette idée. Évidemment, chacun a sa part d’ombre, mais je doute que chacun puisse, un jour, tuer, sur de simples suppositions, avec autant de précision et d’horreur que notre personnage principal. C’est une vision de l’être humain que je trouve assez glaçante.

Enfin, ce roman aborde aussi, de manière secondaire, puisque c’est un peu le décor en fond de l’histoire, le monde du livre et de la culture. En effet, Etienne et Vive évoluent dans le milieu parisien des galeries, des maisons d’édition et de l’art contemporain. Si Etienne a des idées bien arrêtés sur tout ça, le roman nous permet tout de même d’entrer momentanément dans ce milieu et d’en aborder certains aspects, comme la possible utilisation de l’IA en littérature.

 

Donc, un bon roman, bien écrit, qui reste assez difficile à lire, à la fois en raison de son sujet – le féminicide – que de la mise en avant de son personnage principal insupportable.

 

SPOILER 1 Et c’est là que le roman prend une direction que l’on peut juger comme on le veut, mais qui est intéressante : j’ai eu l’impression qu’Etienne devenait fou. Sa façon de parler, de détourner la conversation, de se mettre en avant, toujours, alors même qu’il est en salle d’interrogatoire pour le meurtre de sa femme qu’il est impossible de couvrir puisqu’il était couvert de son sang : on dirait que le personnage a lâché quelque chose et qu’il est entré dans un délire étrange. Je ne suis pas sûre de la façon d’interpréter cette fin : est-ce qu’il tente de manipuler le policier ? est-ce qu’il est dans le déni ? est-ce qu’il pense juste qu’il va s’en sortir parce qu’il est convaincu d’être dans le vrai, qu’il a eu raison de la tuer ? est-ce qu’il est à ce point déconnecté de la réalité ? Jusqu’à la fin, ce personnage est à vomir.

SPOILER 2 La façon dont Etienne tente de justifier son meurtre et le fait qu’il découvre qu’elle ne le trompait, en réalité, pas, ne font rien pour alléger l’horreur de son geste. La perversité du personnage va très loin : il prend des photos du cadavre de sa femme, comme un pied-de-nez morbide à son travail d’artiste qu’il a, au préalable, détruit pendant son absence. 

SPOILER 3 mime peut-être l’état psychologie d’Etienne qui déraille déjà – mais a-t-il jamais été sain d’esprit ? ou est-ce une façon de nous montrer sa violence latente ?

SPOILER 4 l’ironie tragique étant qu’il s’est trompé sur pas mal de choses, notamment sur le fait que sa femme avait une liaison – ce qui n’est, évidemment et de toute façon, pas une raison pour lui faire le moindre mal, encore moins la tuer.

L’Eté de la Sorcière de Kaho Nashiki

Posté : 29 septembre, 2024 @ 5:47 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : ContemporaineL'Eté de la Sorcière

Editeur : Picquier

Année de sortie : 2024 [1994]

Nombre de pages : 222

Titre en VO : Nishi no majo ga shinda

Synopsis : On passe lentement un col et au bout de la route, dans la forêt, c’est là. La maison de la grand-mère de Mai, une vieille dame d’origine anglaise menant une vie solide et calme au milieu des érables et des bambous. Mai qui ne veut plus retourner en classe, oppressée par l’angoisse, a été envoyée auprès d’elle pour se reposer. Cette grand-mère un peu sorcière va lui transmettre les secrets des plantes qui guérissent et les gestes bien ordonnés qui permettent de conjurer les émotions qui nous étreignent. Cueillir des fraises des bois et en faire une confiture d’un rouge cramoisi, presque noir. Prendre soin des plantes du potager et aussi des fleurs sauvages simplement parce que leur existence resplendit. Écouter sa voix intérieure.
Ce n’est pas le paradis, même si la lumière y est si limpide, car la mort habite la vie et, en nous, se débattent les ombres de la colère, du dégoût, de la tristesse. Mais auprès de sa grand-mère, Mai apprendra à faire confiance aux forces de la vie, et aussi aux petits miracles tout simples qui nous guident vers la lumière.
Ce livre qui prend sa source dans les souvenirs d’enfance de l’écrivaine coule en nous comme une eau claire.

 

Avis : Deux amies ont mentionné ce livre sur un groupe commun ; nous avons été plusieurs à décider de le lire ensemble afin de le découvrir.

C’était une très belle lecture partagée autour de Mai qui, au tout début du roman – c’est littéralement la première phrase de la première partie -, découvre que sa grand-mère est morte. Elle va alors se souvenir de l’été qu’elle a passé à ses côtés, chez elle. C’était doux, beau, touchant, une ode à une vie simple, proche de la nature, loin de l’excitation et de la pression de la ville. J’ai adoré passer ces quelques semaines auprès de Mai et de sa grand-mère, à découvrir ce que c’est que d’être une Sorcière. La protagoniste apprend aussi, à travers cet été, une autre façon de vivre [SPOILER 1]

C’est aussi un roman très émouvant sur le deuil : [SPOILER 2]

Les trois autres parties sont des nouvelles ajoutées à l’histoire d’origine ; j’ai aimé les découvrir, même si elles n’ont pas le même impact que cette première partie qui m’a tellement secouée. Elles n’ont pas pour autant gâcher le livre ; je les ai tout de même lues le lendemain matin afin de laisser l’onde de choc de cette première partie faire son effet.

 

Pour conclure, c’est sans aucun doute une de mes meilleures lectures de l’année et je remercie encore mes amies de me l’avoir fait découvrir. Je lirai d’autres ouvrages de l’autrice avec plaisir !

 

[SPOILER 1] qu’elle ne choisira finalement pas en décidant de retourner vivre avec ses parents.

[SPOILER 2] comment ne pas pleurer en comprenant que Mai se sépare de sa grand-mère sans lui dire qu’elle l’aime et le regrette amèrement quand elle comprend, plus tard, que c’était leur dernière conversation ? comment ne pas pleurer quand elle voit ce message de sa grand-mère, comme un signe par-delà la mort, et que la petite comprend que sa grand-mère sait qu’elle l’aime, qu’elle ne lui en veut pas, qu’elle n’a pas commis de faute irréparable, et qu’elle retrouvera son aïeule de l’autre côté ? comment ne pas pleurer la perte, mais aussi l’espoir d’être réuni ?

Au prochain arrêt de Hiro Arikawa

Posté : 20 octobre, 2023 @ 5:09 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : ContemporaineAu prochain arrêt

Editeur : Babel

Année de sortie : 2023 [2008]

Nombre de pages : 184

Titre en VO : Hankyū Densha

Synopsis : Ce roman de l’auteure des «Mémoires d’un chat» suit le trajet de la ligne Imazu de la compagnie de chemin de fer privée Hankyû. Organisé en deux parties de huit chapitres chacune (comme les huit arrêts du train), il se déroule au printemps dans le sens Takarazuka-Nishinomiya, et en automne pour le retour. À chaque arrêt, de nouveaux passagers montent, se parlent, s’observent. Et, d’un trajet à l’autre comme d’une saison à l’autre, le lecteur se fait l’observateur des paysages changeants, des multiples trajectoires de la vie et surtout de l’évolution de chacun des personnages montés à bord.

 

Avis : Cet été, j’avais très envie de lire des romans japonais, je me suis donc laissé porter et tenter !

C’est la couverture de ce roman qui m’a d’abord attirée : elle reflète un peu une atmosphère idéalisée du Japon avec les cerisiers en fleurs, les collines à l’arrière et ce train suspendu dans le vie, comme dans un ve, avec d’autres cerisiers en contrebas. A cela s’ajoute le fait que l’action se déroule dans un train et que c’est un moyen de transport que j’adore, aussi bien dans la réalité que dans la fiction.

Ce roman se divise un peu comme un recueil de nouvelles avec des chapitres qui suivent un personnage différent à chaque fois. Il est aussi composé de deux parties : une en juin et une en décembre à six mois d’intervalle. Le lecteur retrouve les mêmes personnages avec joie – j’aurais même adoré ce soit plus long tellement j’ai aimé les suivre dans leur petit bout de vie, dans leurs souvenirs, leurs problèmes, leurs petits bonheurs et leurs peines, tout cela dans le train. Cela, en plus du moyen de transport et du fait que l’on passe, en fait, par les mêmes gares tout au long du roman, donne l’impression – faussée – d’un microcosme, ce qui rend le livre cosy – en tout cas, je m’y suis sentie bien.

A travers ces hommes et ces femmes sont abordés différents sujets. Vu la douceur de la couverture, je m’attendais à un roman plutôt léger ; je me trompais. Le livre traite aussi de thèmes lourds, comme la violence conjugale – ce qui m’a vraiment surprise, sans doute parce que je ne m’attendais vraiment pas à ça ! -, la relation grand-mère/petite-fille – que j’ai adoré -, le deuil, les amours naissantes, l’amitié, la rupture, la vengeance … Tout cela est très bien orchestré puisque les personnages se rencontrent, interagissent ou pas les uns avec les autres et la parole passe ainsi, de l’un à l’autre, entre les chapitres, de manière très fluide et agréable. J’ai adoré Shoko et Tokié que j’ai particulièrement aimé suivre, à la fois pour leur histoire personnelle et pour les thèmes que l’on aborde avec elles. SPOILER 1 La composition est construite en une agréable symétrie et le roman se boucle de manière à la fois logique et élégante

 

Donc, un coup de cœur à la fois doux et rude, qui m’a donné envie de lire tous les autres romans de l’autrice – il ne me reste que Les Mémoires d’un chat, que je commence sous peu !

 

SPOILER 1 J’ai d’ailleurs adoré avoir une scène où les deux femmes parlent : c’était un cadeau de l’autrice, pour moi.

Le Livre des soeurs d’Amélie Nothomb

Posté : 27 août, 2023 @ 6:56 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : ContemporaineLe Livre des soeurs

Editeur : Albin Michel

Année de sortie : 2022

Nombre de pages : 194

Synopsis : « Les mots ont le pouvoir qu’on leur donne. »

 

Avis : Ce livre m’a été offert par ma sœur pour mon anniversaire ! Je l’ai commencé tout de suite, puisque ça faisait maintenant un an que j’avais envie de le lire, mais je n’avais jamais sauté le pas !

J’ai passé un très agréable moment aux côtés de Tristane, une enfant pas comme les autres, presque surréaliste. J’aime ce côté « étrange » dans les romans d’Amélie Nothomb : ces personnages sont majoritairement exceptionnels, presque absolument différents des autres et, pour autant, le lecteur se laisse guider par la voix de l’autrice et suit leur histoire en prêtant foi aux mots. Quelque part, c’est déjà une façon de mettre en abyme la citation choisie pour figurer au dos de l’ouvrage : le lecteur donne le pouvoir qu’il veut aux mots que l’auteur a tracés. Sans lecteur, la littérature reste lettre morte ; un lecteur récalcitrant ne se laissera pas entraîner ou niera le charme que les mots peuvent ou auraient pu avoir sur lui.

J’ai aimé la façon dont l’amour sororal était mis en avant, tout en appréciant le début du roman, qui représente un amour amoureux débordant. Cela peut faire écho à la peur des couples de voir leur idylle se flétrir tout en tombant complètement dans un autre écueil : encore une fois, l’autrice me semble écrire à l’extrême, plonger dans des situations que l’on pourrait avoir du mal à imaginer « dans la vraie vie » tout en étant conscient que ce genre de choses existe réellement – SPOILER 1. Ce roman permet aussi de mettre en avant les traumatismes que laisse l’enfance sans que les parents soient conscients de ce qui arrive. Les mots ont une portée sur les petits et peuvent garder cette emprise une fois adultes : SPOILER 2

Comme d’habitude, j’ai été surprise par certains éléments étranges, mais dans le bon sens du terme ici. Avec un peu de recul, les romans de l’autrice sont presque proches d’une forme de fantasy, un monde qui serait le nôtre mais amélioré, augmenté, avec des êtres exceptionnels et des vies extraordinaires – en tout cas, en ce qui concerne celle de nos héros – : une forme de littérature qui voit plus grand, qui vit plus fort. D’autres personnages, comme Nora, ont, au contraire, des vies très banales, ce qui permet aussi de voir, dans l’écriture de l’autrice, qu’elle comprend l’ordinaire et qu’elle le peint à sa façon. SPOILER 3 J’aime ce flou entre la réalité et quelque chose d’autre : quand je lis ces romans, je n’ai pas envie de décider, j’ai juste envie me laisser porter.

Avec Le Livre des sœurs, j’ai aussi retrouvé une écriture que j’apprécie beaucoup. Je vois rarement le temps passer quand je lis un roman d’Amélie Nothomb et j’apprécie la sonorité des mots qu’elle choisit d’utiliser. C’est toujours un univers à part, mais aussi un style qui se reconnaît de livre en livre.


Donc, une agréable lecture qui traite de l’enfance, de la littérature et de l’amour. Elle sera sans doute suivie de près par celle de Psychopompe. 

 

SPOILER 1 des parents qui négligent leurs enfants, qui en font pour en faire, parce qu’il le « faut ». Ce qui est, en réalité, plus difficile à imaginer, c’est la résilience, la détermination et le côté exceptionnel de Tristane, qui apprend à lire seule et qui endosse, très rapidement, une attitude très responsable alors qu’elle est encore enfant.

SPOILER 2 Tristane est prisonnière de cette image de « petite fille terne » comme n’importe qui peut être enfermé dans la vision que les autres ont eue d’eux, sans être conscients que ce n’est pas ce que voient tous ceux qui croisent leur route.

SPOILER 3 Le fait, par exemple, que Tristane porte, en quelque sorte, Cosette en elle après sa mort, peut être considéré comme paranormal ou comme une forme de maladie mentale.

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