Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Lolita de Vladimir Nabokov

Posté : 10 mars, 2018 @ 2:41 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : ClassiqueLolita

Editeur : Penguin (Essentials)

Année de sortie : 2011 [1952]

Nombre de pages : 352

Titre en français : Lolita

Synopsis : ‘Lolita, light of my life, fire of my loins. My sin, my soul. Lo-lee-ta: the tip of my tongue taking a trip of three steps down the palate to tap, at three, on the teeth. Lo-lee-ta.’

Humbert Humbert is a middle-aged, frustrated college professor in love with his landlady’s twelve-year-old daughter Lolita, he’ll do anything to possess her. Unable and unwilling to stop himself, he is prepared to commit any crime to get what he wants.

Is he in love or insane? A silver-tongued poet or a pervert? A tortured soul or a monster? Or is he all of these?

 

Avis : Cela fait un moment que Lolita se trouve dans ma PAL – presque 4 ans il me semble – ; j’ai pensé plusieurs fois à l’en sortir, sans oser le faire, de peur de détester le livre. Un cours de littérature comparée m’a enfin « forcée » à le lire !

Difficile de dire qu’on apprécie un tel livre, mais il est indéniable que l’écriture de Nabokov est magnifique. Rien que les premières lignes sont déjà poétiques dans leur mélodie. De plus, bien que l’histoire qu’il raconte soit affreuse, son traitement du sujet en fait quelque chose de lisible : certes, le lecteur se retrouve dans la tête d’Humbert Humbert, un pédophile qu’il va finir par haïr à la fin de l’œuvre ; mais rien n’est clairement décrit, tout reste – généralement – dans la subtilité. Aussi, Humbert se pense vraiment amoureux ; il voit que ce qu’il fait est mal mais ne peut pas – ne veut pas ? – s’en empêcher plus longtemps. Cet aspect du livre est un des plus déroutants : peut-on vraiment penser que le personnage principal est amoureux d’une petite fille de 11 ans ? peut-on vraiment qualifier cette relation d’amour ? On peut parler de possessivité – cela devient obsessionnel à la fin – mais je doute que le mot « amour » puisse être employé. Et pourtant, Humbert ne cesse d’en parler, ce qui finit par être énervant. Malgré tout, l’auteur prend un risque en écrivant du point de vue d’Humbert ; c’est original, mais je n’ai jamais lu un livre qui m’a mise aussi mal à l’aise, ou qui m’a donné la nausée – cette sensation est renforcée par le fait qu’Humbert s’adresse au lecteur, l’implique donc dans son histoire, notamment en lui demandant de ne pas être hypocrite ou de ne pas le juger. En revanche, je ne me suis pas demandé si j’allais arrêter la lecture : bien que l’histoire soit affreuse, j’avais envie d’avoir des réponses à plusieurs questions, comme pourquoi Humbert est-il en prison ? Il a apparemment tué quelqu’un : qui ? J’avais aussi envie de savoir ce que Lolita allait devenir. Malgré le dégoût, j’étais quand même happée. Enfin, je ne sais pas si c’est parce que j’étais tellement dérangée par l’histoire, ou si je n’étais pas complètement concentrée, mais je n’ai pas du tout compris d’où sortait Clare vers le milieu du livre. Je me suis dit que j’avais dû louper quelque chose !

J’ai détesté Humbert de tout mon cœur ; j’ai rarement envie de tuer un personnage, mais alors lui, je l’aurais fait avec plaisir. Il ne se rend absolument pas compte de ce qu’il fait vraiment, même s’il en parle aussi librement dans cette confession ; il avoue qu’il n’a fait que se justifier tout le long qu’à la fin, quand il confie qu’il avait compris que Lolita était, en réalité, malheureuse avec lui, et que leur relation n’était ni saine et ni normale, contrairement à ce qu’il voulait croire – et à ce qu’il voulait laisser penser au lecteur. Ces tentatives pour se trouver des excuses, ou de déguiser son vice en amour m’ont écœurée et mise en colère, tout comme le fait qu’il utilise constamment ce terme d’« amour » pour parler de la relation qu’il entretient avec Lolita. Au début, j’ai sincèrement cru qu’il allait la préserver, la protéger, qu’il n’allait faire que vivre dans son orbite – quelle désillusion !! Quant à Lolita elle-même, comme elle est vue par les yeux d’Humbert, elle est assez ambiguë. Il nous la décrit comme une « nymphette », un enfant-démon, qui le séduit consciemment. Bientôt, il va nous dire que c’est elle qui lui a demandé d’établir cette relation malsaine ! Le lecteur ne saura jamais qui est vraiment Lolita ; à la fin, il découvre quand même que l’image qu’en avait Humbert n’était pas réelle. Dans tous les cas, j’ai eu régulièrement mal au cœur pour elle : [SPOILER] un moment donné, Humbert avoue qu’il lui a tout pris : une famille, une enfance, une vie normale de petite fille, pour la faire grandir prématurément ; elle-même lui dit qu’il a brisé sa vie à la fin, quand il finit par la retrouver. Il décrit aussi ses yeux, vides, son expression malheureuse, son absence de désir et de goût pour la vie. [FIN DU SPOILER] La mère, Charlotte, est typiquement la mère inutile pour qui sa fille n’est qu’un obstacle dans la vie. Elle envoie sa fille en camp de vacances pour être débarrassée d’elle et se concentrer sur son idylle amoureuse avec un homme qui ne veut pas d’elle. Elle est assez ridicule, et assez insupportable – typiquement une relation mère-fille qui ne permet pas à la fille de se sentir aimée ou d’être protégée par le seul parent qui lui reste.

La fin laisse un goût amer : Humbert est toujours dans son délire d’amour pour Lolita. Le lecteur ne sait pas ce qui lui est arrivé ensuite, l’éditeur fictif – qui introduit le livre – ne reprend pas la parole pour nous dire comment a fini Humbert.  

Je suis contente d’avoir lu ce livre, il fait quand même partie des grands classiques de la littérature ; mais je ne pense pas le relire – en tout cas, pas pour le moment ! Même si je ne peux pas dire que j’ai adoré, Lolita ne m’a pas laissé indifférente !

 

Donc, une lecture difficile, une histoire dérangeante portée par une écriture magnifique.

 

The Lottery and Other Stories de Shirley Jackson

Posté : 1 mars, 2018 @ 10:21 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle, Horreur, ClassiqueNovels and Stories Shirley Jackson

Editeur : Library of America

Année de sortie : 2010 [1949]

Nombre de pages : 239

Titre en français : La loterie et autres nouvelles

Synopsis : « The world of Shirley Jackson is eerie and unforgettable », writes A. M. Homes. « It is a place where things are not what they seem; even on a morning that is sunny and clear there is always the threat of darkness looming, of things taking a turn for the worse. » Jackson’s characters – mostly unloved daughters in search of a home, a career, a family of their own – chase what appears to be a harmless dream until, without warning, it turns on its heel to seize them by the throat. We are moved by these characters’ dreams, for they are the dreams of love and acceptance shared by us all. We are shocked when their dreams become nightmares, and terrified by Jackson’s suggestion that there are unseen powers – « demons » both subconscious and supernatural – malevolently conspiring against human happiness.

In this volume Joyce Carol Oates, our leading practitioner of the contemporary Gothic, presents the essential works of Shirley Jackson, the novels and stories that, from the early 1940s through the mid 1960s, wittily remade the genre of psychological horror for an alienated, postwar America. She opens with The Lottery (1949), Jackson’s only collection of short fiction, whose disquieting title story — one of the most widely anthologized tales of the 20th century — has entered American folklore. Also among these early works are « The Daemon Lover », a story Oates praises as « deeper, more mysterious, and more disturbing than « The Lottery »", and « Charles », the hilarious sketch that launched Jackson’s secondary career as a domestic humorist. Here too are Jackson’s masterly short novels The Haunting of Hill House (1959), the tale of an achingly empathetic young woman chosen by a haunted house to be its new tenant, and We Have Always Lived in the Castle (1962), the unrepentant confessions of Miss Merricat Blackwood, a cunning adolescent who has gone to quite unusual lengths to preserve her ideal of family happiness. Rounding out the volume are 21 other stories and sketches that showcase Jackson in all her many modes, and the essay « Biography of a Story », Jackson’s acidly funny account of the public reception of « The Lottery », which provoked more mail from readers of The New Yorker than any contribution before or since.

 

Avis : J’ai lu The Haunting of Hill House (La maison hantée) en janvier, et je garde un souvenir impérissable de cette lecture ! J’ai donc continué ma découverte de Shirley Jackson avec son seul recueil de nouvelles, The Lottery !

J’ai rarement lu une collection d’histoires aussi cruelles !! Toutes ont quelque chose de dérangeant, de perturbant, d’impossible à supporter. La plupart d’entre elles se passe dans une maison ou un appartement, dans un lieu qui est donc censé être sûr, un lieu dans lequel on se sent bien, un chez-soi ; mais les chez-soi ne sont jamais des endroits sûrs avec Shirley Jackson ! Dans chacune de ces nouvelles, je me suis sentie mal à un moment donné. Comme dans la plupart des recueils, certaines histoires sont meilleures que d’autres ; mais, globalement, ce recueil est équilibré. Il est divisé en cinq parties, toutes introduites par un extrait d’une même œuvre – extrait qui m’a toujours paru incompréhensible ! La plupart des noms de personnages reviennent, ce qui crée une petite confusion parfois pour le lecteur – mais, évidemment, c’est le but ! En gros, Shirley Jackson nous invite dans un enfer quotidien, peuplé d’hommes et de femmes violents ou indifférents, où le bonheur n’existe pas, tout comme la tranquillité d’esprit ! Les personnages ne sont jamais en sécurité, jamais stables, menacés soit par la folie, soit par la mort.

La première partie regroupe : « The Intoxicated », étrange par sa représentation d’une génération que la tranche d’âge précédente ne comprend pas ; « The Daemon Lover », une des nouvelles les plus cruelles, dans laquelle une femme attend un homme qui lui a promis de l’épouser ; « Like Mother Used to Make », encore plus cruelle que la précédente, cette nouvelle m’a vraiment donné mal au ventre, et m’a fait reposer le livre un moment ! Cela m’a fait penser que l’auteure affectionne les personnages qui ne réagissent pas, qui ne cherchent pas à se sortir de situations intolérables ! « Trial by Combat » raconte l’histoire d’une femme qui ne sait pas quoi faire contre sa voisine qui  lui vole ses affaires ; « The Villager » est aussi dérangeant, comme certaines autres nouvelles, on assiste à une sorte de vol de vie, d’identité. Encore une fois, Shirley Jackson semble aimer les personnages qui n’ont pas d’identité, et qui sont tentées de s’en forger une autre, ou de voler celle de quelqu’un d’autre pour exister, ce que je trouve assez perturbant ! « My Life with R. H. Macy » était moins bonne, et montre la mécanisation des grands commerces, dans lesquels les employés ne sont plus que des numéros.  

Dans la deuxième partie : « The Witch » que j’ai beaucoup aimé, qui inverse les codes habituels de la sorcière ; « The Renegade », qui traite d’une femme dont le chien est accusé d’avoir tué des poules, et qui tente de réfléchir à comment le sauver. Ces deux nouvelles sont perturbantes parce qu’elles mettent en scène des enfants qui ne se rendent visiblement pas compte de ce qu’ils disent – ou, si c’est le cas, ça fait encore plus peur ! Ils sont extrêmement violents dans ce qu’ils disent vouloir faire, ce que le lecteur n’a pas forcément l’habitude de voir chez des enfants ! « After You, my Dear Alphonse » met encore en scène des enfants, mais ici, c’est surtout la couleur de peau qui est mise en avant. Mrs Wilson veut aider Boyd et sa famille parce qu’ils sont noirs, et est outrée quand il refuse son aide en expliquant qu’ils ont tout ce dont ils ont besoin. Charité mal placée, quand tu nous tiens ! J’ai adoré « Charles », et je me doutais que la chute allait être de ce genre ! [SPOILER] Je me doutais que Charles n’existait pas, et je me demande si le petit est schizophrène ou s’il souhaiterait être comme Charles ! [FIN DU SPOILER] « Afternoon in Linen » fait partie des nouvelles que j’ai moins aimé, à l’inverse de « Flower Garden », encore une fois bien cruelle, et qui traite du racisme de certaines familles, et même, de certains villages entiers ! « Dorothy and my Grandmother and the Sailors » était aussi un peu moins bonne, et traite, pour moi, de manière sous-jacente, de sexualité.

La troisième partie comporte : « Colloquy », qui fait deux pages, et qui m’a laissé perplexe ; « Elizabeth », qui montre la journée d’une femme, journée assez morose durant laquelle on se rend compte qu’elle n’a pas du tout la vie dont elle rêvait. La fin laisse présager que cela pourrait s’améliorer … ou que rien ne va se passer ! « A Fine Old Firm » fait partie des nouvelles moins bonnes, et est assez étrange – comme toutes les autres bien sûr mais, j’ai eu un mauvais pressentiment tout le long de cette histoire, comme si un des personnages mentait. Je n’ai pas vraiment apprécié « The Dummy » non plus, encore une nouvelle dérangeante, surtout dans la façon dont la femme du marionnettiste est traitée, et dans le fait qu’elle reste et ne bronche pas ! J’ai aimé « Seven Types of Ambiguity » ; l’action se déroule dans une librairie ! Mais la fin est encore une fois assez cruelle ! Même cas pour « Come Dance with Me in Ireland » : j’ai apprécié l’histoire, et la fin est un petit pied-de-nez au lecteur !

La quatrième partie : « Of Course », assez dérangeant dans le sens où l’héroïne ne peut absolument pas donner son avis ou parler de choses agréables sans que sa nouvelle voisine ne trouve quelque chose à redire ; j’ai aimé la fin ! « Pillar of Salt » raconte le voyage d’un couple à New York. Ici, c’est perturbant parce qu’ils sont censés passer un super moment ensemble, ils ont idéalisé ce voyage, et tout tombe peu à peu à l’eau. « Men With Their Big Shoes » est affreux !!! La dernière phrase tombe comme un couperet, et le lecteur se rend compte que l’héroïne va vivre un enfer ! « The Tooth » raconte le voyage d’une femme à New York pour se faire enlever une dent : assez étrange, et centré sur une dent qui ne veut pas guérir, et qui entraîne sa propriétaire vers un homme qui ne cesse d’apparaître. « Got a Letter from Jimmy » est percutante, puisque la nouvelle ne fait que deux pages, mais assez étrange puisque, sans contexte, le lecteur ne comprend pas tout. Enfin, arrive « The Lottery » ! Il paraît que cette nouvelle a inspiré Hunger Games ; c’est vrai que cela peut vaguement y faire penser. Encore une fois, une histoire cruelle ; je ne m’attendais pas à la fin !

L’épilogue consiste en un poème, « The Daemon Lover » de James Harris, encore l’histoire cruelle d’une femme qui se fait avoir par le diable, dont elle est tombée amoureuse !

 

Donc, un recueil de nouvelles perturbant, intéressant à lire, qui montre un enfer différent.

 

Maurice d’E. M. Forster

Posté : 17 février, 2018 @ 4:08 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Classique Maurice

Editeur : Penguin

Année de sortie : 1972 [1971]

Nombre de pages : 215

Titre en français : Maurice

Synopsis : Maurice is born into a privileged way of life. He grows up confident in status, precise in social ritual. Yet although priggish and conforming, Maurice finds himself increasingly attracted to his own sex. Through Clive, whom he encounters at Cambridge, and through Alec, the gamekeeper on Clive’s country estate, Maurice gradually expériences a profound emotional and sexual awakening.

Completed in 1914, Maurice is a powerful condemnation of the repressive attitudes of British society and a plea for emotional and sexual honesty. Aware that its publication would cause a furore, Forster ensured that it did not appear until after his death in 1970.

 

Avis : Je voulais lire un peu de romance en février – vu que c’est quand même le mois de l’amour, tout ça ! – et je me suis dit que ce pouvait être sympa de découvrir Maurice d’E. M. Forster.

J’avais déjà lu A Room With a View il y a un moment maintenant – en 2014 je crois ! – et j’avais beaucoup aimé l’écriture de l’auteur, sa façon de faire vivre ses personnages. Et je n’avais jamais lu de romance gay entre deux hommes ! Beaucoup d’arguments donc pour lire ce livre !! Ce que j’ai adoré dans Maurice, c’est la découverte sexuelle et amoureuse du personnage principal. Le lecteur sent bien que Forster a compris de quoi il parlait ; il n’en rajoute pas, c’est beau et touchant à lire, c’est subtil et progressif. Maurice met un moment à comprendre ce qui lui arrive, et même alors, il a du mal à l’accepter. C’est aussi ce que j’ai aimé dans ce livre : la dénonciation d’une société complètement hypocrite qui tente de réprimer un amour qui ne serait pas approprié, ce qui crée des situations comme celles de Maurice ou de Clive. J’imagine la réception de l’œuvre si elle avait été publiée en 1914, quand elle a été achevée par l’auteur ! J’ai vu quelques commentaires qui regrettaient que Forster « n’ait pas eu le courage » de publier le livre une fois qu’il l’avait terminé ; mais s’il l’avait fait, il aurait sans doute été très mal vu par la société, ses œuvres suivantes auraient été mal reçues ou non publiées parce qu’il aurait dérangé les bonnes mœurs anglaises. Je comprends tout à fait qu’il ait préféré attendre sa mort pour que Maurice paraisse !

Malgré ces bons côtés, Maurice n’est pas un coup de cœur – décidément, en ce moment, j’ai du mal ! L’écriture est toujours aussi bonne, mais j’ai trouvé qu’elle était parfois difficile à suivre, notamment dans les dialogues – après, c’est peut-être aussi moi qui l’ai lu quand j’étais fatiguée ! Quant aux personnages, aucun n’est vraiment attachant. Maurice est très méprisant avec à peu près tout le monde, surtout avec les femmes et les domestiques, c’est-à-dire les gens qui lui sont inférieurs, ou qu’il considère comme ses inférieurs. Cela entraîne une réflexion sur les classes sociales, et ce qu’elles signifient vraiment : est-ce que Maurice, parce qu’il vient d’une famille riche, est meilleur qu’un jeune homme jardinier dont le père est boucher ? J’ai pu ressentir de la pitié pour lui et le comprendre à certains moments, mais cela n’en fait pas pour autant un de mes personnages préférés. [SPOILER] A la fin, cette façon de traiter ses « inférieurs » disparaît puisqu’il tombe amoureux d’un homme d’un rang social plus bas que lui. [FIN DU SPOILER] Bien sûr, il n’est pas nécessaire que les personnages soient attachants pour qu’un livre soit bon, et le narrateur fait plusieurs remarques sur l’attitude de Maurice qui font acquiescer vigoureusement le lecteur ! Mais ici, j’aurais aimé apprécier le « héros » ; [SPOILER] on peut dire que la fin est un peu une sorte de rédemption pour lui : il est tombé amoureux d’un inférieur, et l’amour fait de cet homme un être qui lui est supérieur, montrant ainsi que les classes sociales ne veulent rien dire sur la valeur des êtres [FIN DU SPOILER]. Ce qui m’a surtout fait tiquer, c’est le personnage de Clive. Le changement qui s’opère chez lui à un moment donné m’a semblé très bizarre, et très improbable : [SPOILER] est-ce parce qu’il ne pouvait pas avoir de véritable relation avec Maurice ? Se pensait-il gay parce qu’il se sentait proche des Grecs anciens et de leur philosophie de vie ? Etait-ce juste une lubie ? On ne décide pas d’être homosexuel ou non, [FIN DU SPOILER] je n’ai vraiment pas compris sa situation et ce qui lui arrive !

J’ai adoré la fin [SPOILER] j’étais si contente que ce soit une fin heureuse ! [FIN DU SPOILER]. C’est en lisant ce genre de livres que le lecteur se rend compte qu’il a de la chance de vivre à une époque où il est permis à deux personnes de même sexe de s’aimer, comparé à l’époque de l’auteur. Forster dédiait ce livre à « a happier year », une année plus heureuse. Bien sûr, dans certains pays, cet amour est encore interdit ; donc l’année est plus heureuse, mais ce n’est pas encore LA plus heureuse.

 

Donc, une bonne lecture, et un livre que je relirai sans doute. Je regarderai le film, en espérant qu’il soit bon !

 

Lady Audley’s Secret de Mary Elizabeth Braddon

Posté : 21 janvier, 2018 @ 1:29 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : ClassiqueLady Audley's Secret

Editeur : Oxford (World’s Classics)

Année de sortie : 2012 [1862]

Nombre de pages : 380

Titre en français : Le secret de Lady Audley

Synopsis : ‘it only rests with yourself to become Lady Audley, and the mistress of Audley Court’

When beautiful young Lucy Graham accepts the hand of Sir Michael Audley, her fortune and her future look secure. But Lady Audley’s past is shrouded in mystery, and to Sir Michael’s nephew Robert, she is not all that she seems. When his good friend George Talboys suddenly disappears, Robert is determined to find him, and to unearth the truth. His quest reveals a tangled story of lies and deception, crime and intrigue, whose sensational twists turn the conventional picture of Victorian womanhood on its head. Can Robert’s darkest suspicions really be true?

Lady Audley’s Secret was an immediate bestseller, and readers have enjoyed its thrilling plot ever since its first publication in 1862. This new edition explores Braddon’s portrait of her scheming heroine in the context of the nineteenth-century sensation novel and the lively, often hostile debates it provoked.

 

Avis : Ce livre faisait également partie de la petite liste que je m’étais concoctée pour le mémoire !

Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais pas à ça : quelle déception ! Tout d’abord, Lady Audley n’est pas l’héroïne du livre ; c’est Robert Audley qui en est le personnage principal, et je l’ai trouvé assez agaçant, presque inintéressant, je n’arrivais pas à m’attacher à lui ou à l’apprécier. Ses remarques sur les femmes m’ont agacée aussi ; le narrateur les justifie ou les excuse, avec « ce n’est pas sa faute, il est un peu faible, ou il se cherche un bouc émissaire ». Eh bien presque tous les personnages féminins le deviennent à ses yeux !! Et que Madame a fait ci, et que celle-ci a fait ça, et qu’elles sont mauvaises, et dangereuses, et frivoles, et impossibles ; genre les hommes sont parfaits, et ne sont pas aussi pervers et pernicieux que les femmes. Bonjour les généralités ! Je n’accuse pas ici l’auteur, bien sûr, mais bien le personnage !! Ensuite, tout était prévisible, il n’y avait aucune surprise, et je pensais vraiment qu’il y en aurait tout de même quelques-unes ! A la rigueur [SPOILER] le fait que George n’est pas mort en réalité peut être une surprise, mais après un roman complet sans, c’est un peu faible. [FIN DU SPOILER] Le lecteur est censé être complètement sonné par le fameux secret de Lady Audley ; eh bien non. Quand je l’ai découvert, je me suis dit : « D’accord, et ensuite ? » De plus, l’explication de l’attitude de Lady Audley m’a profondément agacée ! [SPOILER] Heureusement, cette explication est partiellement rejetée par la suite : Lady Audley n’est pas folle, elle est dangereuse, et il faut tout faire pour qu’elle ne nuise plus à personne. [FIN DU SPOILER] Je n’ai pas particulièrement aimé l’écriture, sans doute parce que l’histoire ne m’a pas captivée. J’ai trouvé le début assez long, et quand le « crime » arrive enfin, il était trop tard, j’étais distraite et absolument plus concernée par l’action. Je n’avais même plus envie de reprendre la lecture parfois ; je l’ai terminé parce que je voulais tout de même connaître ce secret … et la fin ! 

Je n’ai réussi à apprécier que trois personnages : George Talboys, que j’ai trouvé rafraîchissant, tout comme Alicia Audley, qui m’a semblé tellement négligé ici ! Enfin, Michael Audley est adorable dans sa façon d’adorer sa femme. Je les ai tous plaint pour leurs différents liens avec Robert et Lady Audley ! J’ai rarement aussi peu apprécié un personnage féminin : vaine, concentrée sur son apparence physique et sur la richesse, indifférente au sort des autres, égoïste. Quand je l’ai lu le titre, je m’attendais à tomber sur une vraie lady, et sur une femme intéressante et appréciable. En un sens, le lecteur peut comprendre pourquoi elle en est arrivée là, mais elle ne met pas devenue plus agréable pour autant !

Je ne sais pas trop quoi penser de la fin de Lady Audley’s Secret : [SPOILER] Dans un sens, c’est vrai, Lady Audley est dangereuse, et ne doit plus être capable de faire du mal autour d’elle ; mais dans ce cas-là, qu’on laisse justice être faite. Ici, la situation tourne à l’hypocrisie : on cache la femme dangereuse dans une maison de santé belge pour qu’elle y finisse sa vie. Dans un autre sens, c’est assez facile : si chaque femme dangereuse devait être traitée de cette façon … Elle voulait améliorer son statut, et le lecteur peut comprendre cela, sans pour autant qu’elle lui devienne un personnage agréable : la société ne lui a pas laissé le choix, elle devait absolument faire un bon mariage pour vivre correctement. C’est facile de rejeter la faute sur elle quand c’est tout de même George qui l’a abandonnée. Elle s’est concentrée exclusivement sur le statut social, sur la richesse, jamais sur l’amour, parce qu’elle n’en a jamais reçu. Elle n’a pensé qu’à elle, parce que personne ne pensait à elle. Elle est sans cœur et dangereuse, mais elle a été façonnée de la sorte par la société, la pauvreté et le manque d’éducation. Donc, je ne sais pas trop quoi penser en fin de compte. [FIN DU SPOILER] Ce livre me laisse un goût amer ; c’est aussi le genre qui m’a fait douter de la littérature ou de ma sensibilité littéraire. Je me suis dit qu’il n’était pas normal que je ne ressente rien – depuis, j’ai commencé un livre qui m’a rendu tout cela !! 

 

Donc, déçue, et, en un sens, triste parce que je pensais vraiment aimer ce livre !

The Haunting of Hill House de Shirley Jackson

Posté : 7 janvier, 2018 @ 1:57 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Classique, Horreur Novels and Stories Shirley Jackson

Editeur : Library of America

Année de sortie : 2010

Nombre de pages : 174 (783 en comptant les autres romans et les nouvelles)

Titre en français : Maison hantée ou Hantise ou La maison hantée

Synopsis : « The world of Shirley Jackson is eerie and unforgettable », writes A. M. Homes. « It is a place where things are not what they seem; even on a morning that is sunny and clear there is always the threat of darkness looming, of things taking a turn for the worse. » Jackson’s characters – mostly unloved daughters in search of a home, a career, a family of their own – chase what appears to be a harmless dream until, without warning, it turns on its heel to seize them by the throat. We are moved by these characters’ dreams, for they are the dreams of love and acceptance shared by us all. We are shocked when their dreams become nightmares, and terrified by Jackson’s suggestion that there are unseen powers – « demons » both subconscious and supernatural – malevolently conspiring against human happiness.

In this volume Joyce Carol Oates, our leading practitioner of the contemporary Gothic, presents the essential works of Shirley Jackson, the novels and stories that, from the early 1940s through the mid 1960s, wittily remade the genre of psychological horror for an alienated, postwar America. She opens with The Lottery (1949), Jackson’s only collection of short fiction, whose disquieting title story — one of the most widely anthologized tales of the 20th century — has entered American folklore. Also among these early works are « The Daemon Lover », a story Oates praises as « deeper, more mysterious, and more disturbing than « The Lottery »", and « Charles », the hilarious sketch that launched Jackson’s secondary career as a domestic humorist. Here too are Jackson’s masterly short novels The Haunting of Hill House (1959), the tale of an achingly empathetic young woman chosen by a haunted house to be its new tenant, and We Have Always Lived in the Castle (1962), the unrepentant confessions of Miss Merricat Blackwood, a cunning adolescent who has gone to quite unusual lengths to preserve her ideal of family happiness. Rounding out the volume are 21 other stories and sketches that showcase Jackson in all her many modes, and the essay « Biography of a Story », Jackson’s acidly funny account of the public reception of « The Lottery », which provoked more mail from readers of The New Yorker than any contribution before or since.

 

Avis : J’appréhendais un peu de lire Shirley Jackson mais, étant donné qu’elle est une figure emblématique du gothique, il fallait bien que j’y mette un jour ! Et ce livre a été un choc …

En fait, je pensais que les œuvres de cette auteure seraient difficiles à lire, qu’elles me prendraient beaucoup de temps, qu’elles seraient exigeantes, et, pour tout dire, que je n’aimerais pas. PREJUGE !! Parce que j’ai ADORE The Haunting of Hill House !! D’abord, j’ai aimé le personnage d’Eleanor, et sa façon de rêver constamment. Elle pense en termes de contes de fées, ce qui rend ses rêveries poétiques et agréables à lire : le lecteur a envie d’entrer avec elle dans l’histoire et de rêver un peu lui aussi. Cela lui permet, en quelque sorte, de se construire une identité ; en effet, un thème important du livre est la perte ou l’absence d’identité. Elle n’a personne (qui l’aime et qu’elle aime) et nulle part, elle n’a pas de vie à elle, puisqu’elle s’occupait de sa mère malade avant que celle-ci décède ; cela rend son histoire déjà très triste, mais son excursion à Hill House va en rajouter une couche … En effet, elle est contactée par le Dr. Montague pour vivre quelques jours dans une maison considérée comme hantée : Hill House. Elle rencontre alors trois personnes avec qui elle va vivre, et, pour la première fois, elle pense qu’elle a trouvé sa place quelque part. [SPOILER] En fait, si ce livre est si triste, c’est parce que le rêve d’Eleanor et la réalité sont tellement différents, et que tout ce qu’elle pense vivre n’est en fait qu’une illusion. Donc, quand la maison tente d’atteindre Eleanor, de lui parler, de communiquer avec elle, elle devient euphorique, même si elle a peur, et même si elle ne veut pas être exclue du groupe qu’elle vient de rencontrer. Elle pense qu’elle a enfin trouvé sa place, qu’elle a trouvé un chez-soi. « Journeys end in lovers meeting », « Les voyages se terminent par la rencontre des amoureux » … mais le seul amour d’Eleanor semble être la maison, Hill House. Difficile d’apprécier les personnages secondaires : Luke est un jeune homme égoïste qui aime s’apitoyer sur son sort et séduire des femmes grâce à cela, et Theodora est une femme tellement haineuse ! Elle semble toujours vouloir être le centre d’attention, et n’apprécie pas le fait qu’Eleanor puisse être choisie par la maison. Elle peut sembler adorable, mais elle est surtout hypocrite. Elle est proche d’Eleanor, mais elle est aussi cruelle, et méchante ; elle la rejette, alors que l’héroïne pensait qu’elle l’appréciait. [FIN DU SPOILER] Même si elles semblent très proches, il semble clairement y avoir une sorte de compétition entre les jeunes femmes : Theodora veut être la plus brave, mais elle veut aussi être celle qu’on a envie de protéger.

J’ai adoré l’atmosphère de ce livre, et de Hill House ! C’est très sombre, mais aussi « cosy » dans les pensées d’Eleanor quelques fois. Hill House est perverse, malveillante, la parfaite maison-personnage de cauchemar, et le lecteur frissonne avec les personnages quand quelque chose arrive. La folie n’est pas loin : le comportement d’Eleanor, Luke, Theodora et le Dr. Montague change au fil des pages, ils poussent des rires hystériques, des petits gloussements nerveux, ils se lancent des regards les uns les autres pour vérifier qui a peur et qui garde son sang-froid, ils tentent d’expliquer des choses inexplicables. Le livre est parsemé de manifestations surnaturelles mais, ne vous attendez SURTOUT PAS à une histoire de fantômes ordinaire ; The Haunting of Hill House est plus psychologique, centré sur les pensées et les réactions des personnages, et surtout celles d’Eleanor.

Là, vous vous dites : « Mais où est la section « personnages » ?! » J’en parle dans le spoiler plus haut ; je pense ne pas pouvoir vous parler des personnages sans spoiler des éléments du livre. Il est mieux d’entrer dans The Haunting of Hill House en sachant que 1) Eleanor est une jeune fille perdue et empathique qui arrive dans une maison avec trois inconnus, 2) que ce n’est pas une histoire de fantômes, 3) que la maison est démoniaque ! 4) que c’est TRES gothique, 5) que c’est très très bien écrit !! J’ai beaucoup aimé les procédés qu’emploie Shirley Jackson ici : l’absence d’identité, la maison-personnage, mais aussi une espèce de malédiction, la folie qui apparaît peu à peu, la méfiance, le fait que, d’une certaine façon, Eleanor est un narrateur en lequel le lecteur ne peut pas avoir confiance, l’angoisse qui prend le lecteur et les personnages !

La fin … C’est d’une tristesse !! J’ai besoin d’en parler, alors [SPOILER] Pourquoi Eleanor ne peut-elle pas tout simplement trouver le bonheur ? Bien sûr, la maison l’a choisie parce qu’elle n’a personne vers qui retourner, personne à qui elle est attachée et pas de chez-soi vers lequel revenir ; ce bonheur est malveillant – étant donné que la maison a quand même tenté de la tuer ! – et Eleanor doit quitter Hill House. Mais le docteur ne se rend pas compte que, si elle part, elle meurt : où peut-elle trouver le bonheur excepté auprès de la maison, qui ressemble vraiment au « lover » de la chanson qu’Eleanor ne cesse de chanter ? Mon cœur s’est brisé en mille morceaux. [FIN DU SPOILER]

 

Donc, un excellent roman gothique, qui présente Eleanor et Hill House, deux êtres qui me hanteront longtemps.    

1...34567...24
 

Baseball fans gather zone |
Eaudefiction |
Ici même |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Kpg1221gpk
| Elenaqin
| la saltarelle des baronnes