Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Mythes & Meufs, tome 2 de Blanche Sabbah

Posté : 3 juillet, 2024 @ 11:10 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Biographie, Bande-dessinéeMythes et meufs 2

Editeur : Dargaud

Année de sortie : 2023

Nombre de pages : 131

Synopsis : Blanche Sabbah décortique des mythes, des contes, des textes bibliques et des dessins animés en y interrogeant le rôle de la femme et la façon dont ces récits ont évolué à travers les siècles, participant à une éducation patriarcale. 21 nouvelles figures à découvrir dans ce nouvel opus : La belle (de la Belle et la Bête), Circé, Mulan, Lady Macbeth, Barbie, La Parisienne, Esmeralda, la Schtroumpfette, Ellie (The Last of Us), Trinity Daenerys Targaryen, Poison Ivy, Atalante, Les Walkyries, Chang’E, Les Ménades, Sainte Soline, Égérie, Anne Frank et un épisode spécial « Les autrices » sont au sommaire de ce volume 2.

 

Avis : Un très bon second tome, même si je ne suis pas d’accord avec tout.

J’ai aimé que les figures présentées soient assez diversifiées, aussi bien du point de vue de leur origine que de leur provenance, mais aussi sur les analyses qu’elles suscitent, les thèmes qu’elles permettent d’aborder, les idées qu’elles font émerger.
J’ai adoré la partie sur Poison Ivy, un personnage que j’aime beaucoup !
Je rejoins totalement l’autrice sur certaines analyses, notamment celle du personnage de Daenerys Targaryen et sur le côté très stéréotypée des femmes dans Game of Thrones à mesure que l’on avançait dans la série.

Je suis moins d’accord sur l’analyse des héroïnes shakespeariennes, notamment parce que les hommes, chez le dramaturge, sont eux aussi le jouet de leurs passions – je pense notamment à Othello, puisque l’autrice mentionnait Desdémone.

Enfin, j’ai découvert de nouvelles figures historiques ou mythologiques, notamment Sainte Soline et Chang’e !

J’ai passé un très bon moment ; en effet, ce n’est pas parce que je ne partage pas toutes les idées de l’autrice que je ne sors pas positive de cette lecture. J’ai appris des choses, je me suis posé des questions. Ce livre a alimenté mes débats intérieurs et mes réflexions, et c’est tout à fait ce que j’en attendais. J’espère que l’autrice continuera cette série que je trouve passionnante !

Saga, tome 1 de Brian K. Vaughan et Fiona Staples

Posté : 6 novembre, 2018 @ 1:44 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : BD, SFSaga 1

Editeur : Urban Comics

Année de sortie : 2013 [2012]

Nombre de pages : 168

Titre en VO : Saga, volume 1

Synopsis : Un univers sans limite, peuplé de tous les possibles. Une planète, Clivage, perdue dans la lumière froide d’une galaxie mourante. Sur ce monde en guerre, la vie vient d’éclore. Deux amants que tout oppose, Alana et Marko, donnent naissance à Hazel, un symbole d’espoir pour leurs peuples respectifs. L’espoir, une idée fragile qui devra s’extraire du chaos de Clivage pour grandir, s’épanouir et conquérir l’immensité du cosmos. 

SAGA est la nouvelle série de Brian K. VAUGHAN (Y, LE DERNIER HOMME, LES SEIGNEURS DE BAGDAD, la série TV Lost). Princes robots et trains dragons, mercenaires arachnides et chats détecteurs de mensonges, fantômes enfantins et vaisseaux végétaux … La diversité de la faune, de la flore et la richesse des thèmes abordés ont rapidement fait de SAGA la nouvelle référence de Science-Fiction en bande dessinée. Cette série signe également le retour de Brian K. Vaughan vers son premier amour : les comics. Il revient accompagné de la talentueuse Fiona STAPLES (North 40), partenaire idéale pour donner corps et vie à cet univers unique. Du vertige de l’espace infini à l’intimité des querelles d’un jeune couple de parents, les auteurs vous invitent à découvrir un space opera épique, ambitieux et touchant. 

 

Avis : Je vois cette saga (haha) un peu partout ; quand j’ai trouvé les sept premiers tomes à la bibliothèque, je me suis dit que c’était le moment de tenter !

C’est le genre de série pour lequel je me demande : mais pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour la lire ?! J’ai tout adoré, que ce soit les graphismes, les personnages (j’aime tout particulièrement Alana et Marko, ce ne doit pas être très surprenant !) et, évidemment, le monde ! J’ai adoré cette idée de galaxies/planètes où vivent différentes espèces, qui se font la guerre à cause de leurs différences. Cela permet une réflexion qui se rattache aussi à notre réalité, tout en n’étant pas trop explicite, en mode « gros sabots » : un rêve de paix entre tous. Et il y a de la magie !! Je ne m’y attendais pas, je l’avoue ! Et le peu que j’en ai vu, j’ai très envie d’en apprendre plus, et de voir plus de scènes où elle apparaît ! La multiplicité des espèces est aussi géniale : on trouve des robots (assez creepy d’ailleurs !), des fantômes, des êtres étranges (mais, pourquoi, POURQUOI ENCORE une araignée géante !!!).

Je me rends compte que je n’ai même pas parlé de l’histoire ! Alana et Marko ont eu un enfant ensemble ; sauf qu’ils ne sont pas de la même espèce, ce qui fait de leur fille une hybride, et un monstre pour ceux qui considèrent que les êtres d’espèce différente ne doivent pas se mêler. On voit régulièrement, dans la BD, des insultes envers l’un ou l’autre, le désir ardent de les tuer (assez peu d’humanité et de sympathie dans ce livre, je préviens !). Elle représente un espoir de paix pour l’univers, et donc une figure de proue pour une potentielle révolution, ce que ne veulent évidemment pas les dirigeants ! Pour autant, les parents ne la voient que comme leur enfant, et n’ont, visiblement, aucune ambition politique particulière ! Certaines scènes, et certains personnages, sont assez brutaux, mais cela rend l’histoire d’autant plus vraisemblable. Tout n’est pas tout rose, tout n’est pas facile, et heureusement ! L’humour s’immisce aussi dans le livre ; cela compense peut-être un peu certaines scènes particulièrement tristes ou violentes. Et, je viens de me rendre compte : n’est-ce pas plutôt rare d’avoir une série SF centrée sur la famille de cette façon ? Je n’en ai pas lu énormément, donc je ne veux pas dire de bêtises ! En tout cas, les scènes familiales donnent du baume au cœur dans un monde où il n’est pas tellement conseillé de faire des enfants, vu ce qui les attend …  

Evidemment, j’en veux plus ! Heureusement, j’ai eu la présence d’esprit de prendre tous les tomes disponibles !

 

Donc, un très bon premier tome qui introduit bien la situation, et qui donne très envie de lire la suite !! 

Injustice, les dieux sont parmi nous, Année 1, 1ere et 2e parties de Tom Taylor, Jheremy Raapack et Mike S. Miller

Posté : 22 septembre, 2018 @ 11:41 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

 

Genre : Comics Injustice année 1 1e partie

Editeur : Urban Comics

Année de sortie : 2017

Nombre de pages : 200

Titre en VO : Injustice, Gods Among Us, book 1

Synopsis : ATTENTION, pour ceux qui ne connaissent pas le jeu vidéo ou l’intrigue de ce premier tome, le synopsis spoile absolument tout !! 

Manipulé par le Joker, Superman tue la mère de son enfant à naître : Lois Lane. Fou de rage, l’Homme d’Acier s’en prend directement au Clown Prince du Crime et l’arrache des mains de Batman pour lui ôter la vie. Cet assassinat de sang-froid marque le début d’une ère sombre pour les héros de la Ligue de Justice.

Une ère où chacun devra choisir soigneusement son camp : rejoindre la croisade aveugle de Superman contre le crime ou entrer en rébellion aux côtés de Batman.

Avec plus de 500 000 exemplaires vendus, le jeu vidéo INJUSTICE – GODS AMONG US est entré dans le cercle très fermé des jeux de combat les plus joués au monde. Découvrez la série tirée de cet univers alternatif où les héros de DC COMICS subissent le joug d’un Superman devenu dictateur. Une intrigue dont les événements se situent juste avant le début du jeu, scénarisée par Tom TAYLOR (EARTH-2) et dessinée, entre autres, par Jheremy RAAPACK (Resident Evil), Mike S. MILLER (BATMAN : ARKHAM UNHINGED). 

 

Avis : J’avais bien envie de découvrir cette série !! Le jeu vidéo me faisait envie aussi, mais, il faut avouer, je suis quand même plus lecture, donc ce sont les BD qui m’ont conquise les premières !

Eh bien, je peux dire qu’Injustice est officiellement une de mes séries comics préférées !! Tout y était pour me séduire : action, émotion, réflexion. Et, bien sûr, graphismes ! Une perle ! MAIS, seul bémol, comme je l’ai dit plus haut : le synopsis, qui dit absolument tout (sans blague) si on ne connaît pas le jeu. Etant donné que je l’avais lu, je n’ai eu aucune surprise (excepté dans les moyens pour arriver à ce qui est décrit, bien sûr !)

Rentrons dans le vif du sujet ! (sans vraiment y entrer parce que je ne veux rien vous spoiler !) Comme l’indique plus ou moins le titre, Injustice : les dieux sont parmi nous traite de la question de la responsabilité des héros. Etant donné qu’ils ont des capacités qui les placent au-dessus du commun des mortels, ne devraient-ils pas prendre de grandes décisions à la place des êtres qui leur sont « inférieurs » ? C’est un peu (je dis bien, un peu !!) la même question dans Civil War chez Marvel, quand les héros se séparent parce que certains veulent rester indépendants et d’autres veulent être liés au gouvernement. Ici, une partie des héros de DC Comics va vouloir s’engager « politiquement », une autre va refuser de le faire. En réalité, c’est plus profond que ça ; mais je veux vous laisser la surprise pour ceux qui ne liront pas le synopsis !! Sachez tout de même que le Joker est impliqué (comme le montre bien la couverture, superbe, soit dit en passant !). J’ai toujours eu du mal avec ce personnage ; il me met assez mal à l’aise ! Mais [SPOILER] le voir mourir, tué par Superman, et voir Harley Quinn le pleurer, ça m’a fait mal au cœur ! J’ai aussi regretté qu’il soit mort parce que cela veut clairement dire qu’il a gagné. Superman ne sera plus jamais le même après son meurtre ! [FIN DU SPOILER] Je remarque, de plus en plus, que je me range souvent du côté de Batman, malgré le fait que Superman et Wonder Woman font aussi partie de mes superhéros préférés. Je comprends les deux camps, mais j’ai parfois envie de secouer Diana, qui semble abandonner temporairement son rêve de paix – ce qu’explique très bien Batman (je ne sais plus si c’est dans ce tome ou le suivant haha), et Superman, complètement aveuglé !

En effet, autre chose que j’ai beaucoup aimé : le fait que la série mette ici en avant un Superman qui craque complètement, et qui décide, en quelque sorte, de diriger le monde. Je pense que c’est quelque chose qui devait être attendu par les lecteurs. Superman est un être doux et gentil, tellement qu’il faut un électrochoc pour lui faire faire n’importe quoi. C’est à la fois désespérant et rassurant de le voir dans cet état : malgré son statut de quasi dieu, cette faiblesse est ce qui fait de lui un homme comme les autres. Certains superhéros se rangent à ses côtés, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont tous aveugles ; certains savent tout à fait ce qu’ils font, ce qui peut rendre le personnage décevant, en tout cas pour moi ; d’autres suivent parce qu’ils sont portés par des idéaux, mais se rendent vite compte des failles de leur nouveau système. Un camp adverse se crée, dirigé, sans surprise, par Batman ! Je ne considère pas non plus que ce soit un spoiler, vu la couverture ! Il est difficile pour le lecteur de s’allier à un camp ou à un autre mais, comme je l’ai dit, mon cœur penche vers Batman, ce à quoi je ne m’attendais pas !

J’ai adoré les graphismes, que ce soient les couleurs, les contours, les effets de lumière ! Mais, mon aspect préféré, celui qui fait pencher le poids de la balance quand il s’agit de coup de cœur, c’est l’émotion. Sans aucune émotion, je pense qu’il n’est pas possible pour moi d’adorer un livre et de le placer parmi mes préférés ; cela ne veut pas dire non plus qu’il faille que je pleure à chaudes larmes à chaque lecture, évidemment ! Pour autant, ici, j’ai à plusieurs reprises eu les larmes aux yeux, ou un pincement au cœur ; et je dois avouer que cela m’arrive assez rarement à la lecture d’un comics ! Il semblerait que parmi mes préférés se trouvent ceux qui bouleversent l’histoire de Superman, comme Red Son !

 

J’ai lu la suite immédiatement ! 

 

Genre : ComicsInjustice book 2

Editeur : Urban Comics 

Nombre de pages : 240 

Année de sortie : 2017

Titre en VO : Injustice: Gods Among Us, book 2

Synopsis : Le règne de Superman a débuté. Après avoir assassiné le Joker, le combat de l’Homme d’Acier contre l’injustice a pris un tournant plus sombre. Secondé par Wonder Woman, Green Lantern, Flash et Damian Wayne, Superman met un terme définitif aux conflits mondiaux, éradiquant purement et simplement les auteurs de méfaits. Contre ce règne de l’ultra-violence au nom d’un bien supérieur, quelques héros se dressent autour de Batman, leader de cette résistance à l’autoritarisme. 

 

Avis : Impossible de ne pas lire le tome suivant tout de suite après le premier alors que je l’avais sous la main !

Attention, risques de spoilers, étant donné que nous passons au deuxième tome.

Je ne m’étendrai pas longtemps : j’ai adoré les mêmes éléments que dans le premier. J’ai retrouvé l’action, l’émotion, les réflexions. C’est sans doute ici, plus que dans le premier tome, que les agissements de Wonder Woman sont remis en question : Batman analyse son comportement et si, au premier abord, je n’étais pas d’accord (parce que j’idéalise clairement Diana), je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il a raison après coup. Elle est dans une logique guerrière de conquête, et son ambiguïté par rapport à Superman est, finalement, choquante. Si, dans les autres séries, ça ne l’est pas parce que Clark n’est plus avec Loïs, ici la jeune femme est morte, et Diana se place comme sa remplaçante dans le cœur de Superman parce qu’ils sont faits l’un pour l’autre en raison de leur supériorité. C’est limite tout ça !! De plus, elle tente de le monter contre d’autres héros (notamment Aquaman) en faisant de la rétention d’informations ! Elle fait même TUER des héros !! NON MAIS SERIEUSEMENT !!! Et Superman la suit sans réfléchir !! Evidemment, il tombe toujours plus bas, en venant même à blesser / estropier / tuer ceux qui s’opposent à lui, qu’ils soient superhéros ou pas ! Clairement, Injustice m’a arraché le cœur, l’a piétiné, puis l’a jeté à ses chiens ! Le pire : [SPOILER] après la mort de Nightwing dans le premier tome, c’est au tour de Green Arrow de mourir !! Alors, je n’étais pas particulièrement proche de ce héros, je ne le connais pas très très bien ; mais les conditions de sa mort, son histoire avec Black Canary, le fait que ce soit son ami qui le tue, c’était trop !! [FIN DU SPOILER] Je suis arrivée au point où j’ai détesté Superman, tout en le comprenant. Parfaite illustration du « on peut comprendre, mais cela ne veut pas dire que ce soit pardonnable ». Certainement pas de pardon ici. Surtout que, juste après ça [SPOILER] Superman estropie Batman ! Il lui brise la colonne vertébrale !!!! [FIN DU SPOILER] Mais c’est ENORME !! Impressionnant combien un héros peut vite chuter. C’en devient désespérant, le côté rassurant a disparu.

Evidemment, c’est toujours un coup de cœur, et je lirai la suite !!

 

Donc, deux premiers tomes qui mettent tout de suite dans le bain : tyrannie, morts, désespoir, mais aussi action, et restes d’humanité touchants. Hâte de lire la suite !! 

Trois ombres de Cyril Pedrosa

Posté : 18 novembre, 2017 @ 9:13 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Bande-dessinée, Drame Trois ombres

Editeur : Shampooing

Année de sortie : 2007

Nombre de pages : 268

Synopsis : Joachim et ses parents vivaient heureux au creux des collines. Puis les ombres apparurent et rien ne fut plus comme avant. Une sourde menace s’était immiscée : il fallait fuir ou se soumettre.

 

Avis : Je n’avançais pas dans mes non-fictions, alors je me suis tournée vers ce roman graphique – et, apparemment, j’avais vraiment besoin de fiction !

Trois ombres est le roman graphique le plus émouvant que j’ai jamais lu, et un des plus beaux. On pourrait se dire que c’est plus court qu’un roman « classique », donc moins intense et moins touchant, mais c’est tout le contraire. Je pleurais en refermant le livre – ce qui est plutôt rare ! Les illustrations, toujours en noir et blanc, sont belles, mais plutôt sombres, reflétant le sujet de l’histoire. Je ne veux pas trop vous parler de celui-ci pour ne rien vous spoiler, mais ce livre est une très belle allégorie. [SPOILER] Joachim va mourir, emportée par les ombres – sans doute une représentation de la maladie, puisque les parents ont le temps de se préparer à ce départ/sa mort. Cette allégorie permet de représenter les différents types de réaction face à la mort annoncée d’un être cher. La manière dont le père réagit est très touchante, parce qu’il veut se battre pour son fils ; mais la réaction de la mère m’a brisé le cœur ! Elle a compris, elle s’est résignée, et elle laisse pourtant son mari emporter son enfant loin d’elle, afin que lui puisse accepter qu’il va partir, pour qu’il puisse lui dire au revoir. (Rien que d’écrire ça, j’ai des frissons). Elle sait qu’elle ne reverra jamais son fils. La représentation de la mort, ici les trois ombres – qui m’ont fait penser aux Parques – est une sorte d’euphémisme : Joachim sera emmené par ces femmes quelque part, ailleurs, mais elles-mêmes ne savent pas où il va. [FIN DU SPOILER] Les personnages sont touchants, autant le père, qui veut se battre, la mère, douce et compréhensive, que Joachim, souvent effrayé, constamment mignon, que le lecteur veut protéger lui aussi.

 

Donc, un des meilleurs romans graphiques que j’ai pu lire !

From Hell : Une autopsie de Jack l’Eventreur d’Alan Moore et Eddie Campbell

Posté : 31 octobre, 2017 @ 4:27 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Bande-dessinée, HistoriqueFrom Hell

Editeur : Delcourt

Année de sortie : 2000 [1998]

Nombre de pages : 576

Titre originel : From Hell

Synopsis : Scénariste phare de la bande dessinée actuelle (on lui doit notamment Watchmen et V pour Vendetta), Alan Moore brosse ici, avec le dessinateur Eddie Campbell, une fresque monumentale du Londres victorien de 1888. S’appuyant sur une recherche documentaire exhaustive, il nous livre une vision fulgurante, magistrale dans sa construction et son écriture, de l’énigme criminelle la plus célèbre de l’histoire : celle de Jack l’Eventreur, le meurtrier dont la seule lettre authentifiée fut expédiée, à en croire son auteur, « from hell », c’est-à-dire « de l’enfer ».

 

Avis : J’ai emprunté ce livre pour Halloween, me disant que l’histoire de Jack l’Eventreur était parfaite pour la période !

Je me suis pris une claque monumentale ! Je ne m’attendais pas à être autant secouée par ce roman graphique ! Dans From Hell, on suit une hypothèse sur l’identité de Jack l’Eventreur, ainsi que sur la façon dont ce serait déroulé les meurtres. Je préviens les âmes sensibles : il y a pas mal de scènes sanglantes, ainsi que des scènes sexuelles explicites - d’ailleurs, pendant la première, je ne sais pas ce qu’a fait le traducteur, mais cela rendait la scène ridicule ! Mais ce qui m’a surtout secoué, c’est d’apprendre les motivations du potentiel tueur, de voir le monde à travers ses yeux, de comprendre sa vision de la société et des relations homme/femme. Il pense être investi d’une mission, que c’est Dieu qui l’a choisi pour accomplir un dessein supérieur. Je ne veux pas tout vous raconter, donc je ne vous donnerai pas de détails, mais j’ai trouvé la situation assez ironique ! Au début du roman graphique, le lecteur se retrouve à voir le monde à travers les yeux du tueur ; en effet, on ne voit pas son visage, mais exclusivement ce qui est en face de lui, ses mains, les personnes avec qui il parle. Parfois, on semble entrer dans sa tête avec des bribes de souvenirs, des moments qui se répètent. Mais le pire, c’est sa perception des relations homme/femme : lors d’un voyage en calèche à travers Londres, il nous apprend l’histoire de la ville, mais aussi comment l’homme est parvenu à prendre le dessus sur la femme, à la soumettre. Pour lui, les deux sexes sont en lutte constante pour la suprématie, et les femmes peuvent revenir au pouvoir à n’importe quel moment ; il vit dans un monde où l’un des deux doit dominer. Ironie du sort : il est persuadé que les hommes ont pris le pouvoir, et c’est une reine, Victoria, qui gouverne l’Angleterre. J’ai appris énormément de choses sur Londres et sur l’histoire en général grâce à ce tour de la ville en calèche, et cette lecture a rejoint Reine d’Egypte, une nouvelle série de manga que j’adore, et qui évoque elle aussi l’obélisque érigé par Thoutmosis Ier ; mais aussi, j’ai vu le monde différemment dans l’espace de la lecture, j’ai perçu la religion et l’histoire en général de façon complètement différente, et c’est ce qui m’a particulièrement marquée. De plus, les auteurs ont fait énormément de recherches, au vu du nombre et de la taille des notes à la fin du volume !! J’avoue que je n’ai pas tout lu, mais ce doit être passionnant – pour la relecture, sans doute !!Concernant les graphismes, je pensais que j’allais avoir un peu de mal, mais je les ai appréciés, puisqu’ils correspondent parfaitement à l’histoire et à l’atmosphère très sombre du Londres victorien ! Seul bémol : parfois ils sont tellement sombres que l’on ne sait pas distinguer ce qu’ils représentent.

Les scènes des meurtres sont particulièrement difficiles à lire. La pire reste celle du dernier meurtre, celui de Mary Kelly. J’ai détourné les yeux, ou je suis passée rapidement sur certaines vignettes. Il est agaçant de voir l’enquête piétiner alors que [SPOILER] dans cette  »version » de l’histoire, le commissaire sait déjà qui commet les meurtres et pourquoi ! [FIN DU SPOILER] L’inspecteur Abberline devient sympathique au lecteur simplement parce qu’il est confronté à une affaire dix fois plus grosse que lui, qui va l’avaler, et qu’il ne peut pas espérer résoudre. Ici, la franc-maçonnerie est également impliquée, ce qui permet de découvrir un peu plus cette organisation. Le tueur, quant à lui, ne paraît pas fou, mais étrangement sur-lucide. Il croit à une puissance supérieure, à un Dieu soleil, et suit sa mission pour conserver la suprématie des hommes sur les femmes.

La fin est tout simplement grandiose. Ce n’est plus l’histoire de savoir qui est Jack l’Eventreur, mais le passage du mal de génération en génération, d’époque en époque, incarné à travers des tueurs connus, des déments, ou des êtres qui ont perçu quelque chose d’inhabituel et l’on retranscrit, et jamais éradiqué. J’ai trouvé cette réflexion énorme, tellement intéressante ! Ce qui fascine chez Jack l’Eventreur, c’est ce que l’homme – en général – est capable de faire, le mal qu’il peut faire ; l’identité du tueur importe peu maintenant. Rien que pour ce choc, je pense que je relirai From Hell. [SPOILER] Je suis persuadée que Jack s’est à nouveau trompé en voulant tuer Mary Kelly ; ce n’est pas elle qu’il tue, mais son amie qui logeait chez elle. C’est Mary Kelly que l’on découvre à la fin en Irlande, cela me semble évident ! Aussi, je pense que Mary Kelly est l’Emma de l’inspecteur Abberline ! [FIN DU SPOILER]

 

Donc, un très bon roman graphique qui secoue, qui impressionne et qui nous en apprend énormément. Parfait aussi pour se faire peur !

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