Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Just Kids de Patti Smith

Posté : 11 mars, 2015 @ 8:44 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Just Kids Genre : Autobiographie

Editeur : Bloomsbury

Année de sortie : 2010

Nombre de pages : 306

Synopsis : Just Kids begins as a love story and ends as an elegy. It serves as a salute to New York City during the late sixties and seventies and to its rich and poor, its hustlers and hellions. A true fable, it is a portrait of two young artists’ ascent, a prelude to fame.

 

Avis : J’ai récemment entendu parler de ce livre, et la personne qui m’en a parlé m’a vraiment donné envie de le lire. Je l’ai acheté peu de temps après en anglais, et l’ai commencé peu de temps après. Je dois avouer que je n’avais qu’entendu parler de Patti Smith et Robert Mapplethorpe, mais que je ne savais pas grand-chose d’eux, sinon qu’elle était chanteuse.

Dès les premiers mots, j’ai été complètement happée par l’écriture de Patti Smith. Elle n’écrit pas pour écrire, elle choisit ses mots avec soin, et m’a vraiment transmis des émotions à travers eux. De plus, son écriture est très poétique, parfois assez imagée, et je l’ai vraiment adoré. Avant de tomber amoureuse de leur histoire, je suis d’abord tombée amoureuse de l’écriture de Patti Smith. Elle sait manier les mots, leur faire dire quelque chose de plus que ce qu’ils veulent dire.

Dès le début, on sait que Robert Mapplethorpe est mort (non, ce n’est pas un spoil, elle le dit dès la première phrase), et il m’a semblé que cela a donné encore plus d’intensité au livre. De plus, ici, elle parle d’eux alors que lui n’est plus, donc j’ai trouvé logique qu’elle commence par parler de la fin de l’histoire avant même le début. Puis, l’histoire commence. Le livre est divisé en sept parties, et dès le début de la première, j’ai su que j’allais aimer ce livre. On sent que l’auteur va parler de son histoire sans faux-semblant, sans artifices, telle qu’elle est. Elle ne va pas en rajouter, elle ne va rien enlever non plus : elle dit les choses telles qu’elles sont (ou, en tout cas, c’est l’impression que donne son écriture). Elle semble sincère, et cela m’a vraiment donné envie de poursuivre ma lecture. Le début de la deuxième partie évoque brièvement un épisode de l’enfance de l’auteure qui l’a apparemment marqué, et, dès le début, on voit en elle un poète. Par la suite, dans ce livre, elle parle de choses difficiles qu’elle a vécu seule ou avec d’autres personnes (et, bien sûr, surtout avec Robert Mapplethorpe). En réalité, elle ne parle jamais d’elle sans parler de lui, excepté au début, quand elle évoque son arrivée à New York. Leur rencontre est étrange, tout comme leur histoire ! Et quelle histoire ! J’avoue ne pas avoir tout saisi, mais j’ai bien compris qu’ils étaient fusionnels, des âmes sœurs faites pour se rencontrer et pour ne vivre jamais bien loin l’une de l’autre, faites pour se retrouver où qu’ils soient. Ce que Patti Smith nous raconte est à la fois touchant, et même poignant parfois, choquant, mais aussi très beau. Robert Mapplethorpe a marqué à jamais la vie de l’auteure : rien que le temps qui s’est écoulé entre la mort de Robert et l’écriture du livre en atteste ! De plus, j’ai vraiment été complètement emportée dans les différents lieux que décrit Patti Smith, même si je ne connais pas du tout New-York. Je me suis imaginée l’hôtel Chelsea, les chambres qu’ils ont occupées, leurs amis, Max’s, Scribner’s, Nathan’s. Ce livre était vraiment un voyage ! On y retrouve également des stars incontournables comme Janis Joplin, Jimi Hendrix ou Andy Warhol, mais également beaucoup d’autres moins connus.

Je ne peux pas vraiment parler de personnages, étant donné que les personnes dont parle l’auteure sont réelles. Je me suis parfois identifiée à elle, et parfois pas du tout. Elle est très courageuse, et est vraiment partie de rien avant de bâtir sa carrière. J’ai été vraiment impressionnée par son parcours. Elle est aussi assez indifférente à ce qui se passe autour d’elle, et elle avoue elle-même qu’elle ne se rendait pas toujours compte que ce qu’elle vivait était exceptionnel, ou particulier. Dans sa relation avec Robert, je l’ai trouvé totalement dévouée à lui. Elle l’adorait, et aurait vraiment tout fait pour lui. Quant à lui, elle nous le rend très attachant. Elle nous transmet l’amour qu’elle a ressenti pour lui, tout en nous montrant ses bons et ses mauvais côtés. Ils ont vraiment été les piliers de leur vie l’un pour l’autre. L’un sans l’autre, avec ce livre, on a dû mal à imaginer ce qu’ils seraient devenus. Beaucoup d’autres personnes interviennent que Patti Smith nous fait également aimer comme Harry de l’hôtel Chelsea (je ne me souviens jamais de son nom de famille) ou Sam Wagstaff, Janis Joplin, et tant d’autres qui deviennent ses amis.

Evidemment, l’art a une très grande place dans ce livre. Patti et Robert se dédient entièrement à cela, c’est leur vie. La première écrit surtout des poèmes et dessine ; ce n’est que par la suite qu’elle écrira des chansons et deviendra chanteuse. Le second commence par des collages, des dessins, puis passe à la photographie, et c’est là qu’il se réalisera en tant qu’artiste. Le livre est ponctué de photos qui le rendent vraiment « vivant ». On découvre le visage des deux jeunes gens, leur vie à tous les deux, et cela est parfois émouvant. Certaines sont vraiment très belles, toutes expriment quelque chose de bien particulier. A la fin de l’ouvrage, on en retrouve plusieurs de Robert, accompagnées de textes de Patti : le mariage des deux semble parfait.

Venons-en à la fin … Peu de livres m’ont vraiment fait pleurer, et celui-ci en fait partie ! On se retrouve au début du livre, à l’annonce de la mort de Robert, mais avant, on apprend de quoi il est mort, et comment Patti a vécu ses dernières années. C’est très émouvant, surtout après avoir lu toute leur histoire, tout ce qui leur était arrivé … Plusieurs événements ont lieu pendant cette période difficile, et la mort survient. Mais ce qui m’a vraiment achevé, si je puis dire, c’est « A note to the reader« . Patti explique pourquoi elle a écrit ce livre, et, juste après cette note, on retrouve des photos de Robert avec des textes de Patti. C’était vraiment très émouvant …

 

En définitive, ce livre est sans doute un des meilleurs livres que j’ai lus. Une œuvre bouleversante, qui fait voyager dans la vie de deux jeunes gens qui n’étaient que des enfants.

Enfance de Nathalie Sarraute

Posté : 30 novembre, 2014 @ 11:28 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

EnfanceGenre : Autobiographie

Editeur : Folio

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 277

Synopsis : Ce livre est écrit sous la forme d’un dialogue entre Nathalie Sarraute et son double qui, par ses mises en garde, ses scrupules, ses interrogations, son insistance, l’aide à faire surgir « quelques moments, quelques mouvements encore intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs ouatées qui se défont et disparaissent avec l’enfance ». Enfance passée entre Paris, Ivanovo, en Russie, la Suisse, Pétersbourg et de nouveau Paris. Un livre où se dessine l’œuvre à venir, d’une sonorité unique à notre époque.

 

Avis :J’ai entendu tellement de commentaires négatifs sur ce livre que j’en ai retardé la lecture un certain temps, certaine que j’allais penser comme tout le monde. Quand j’ai commencé, j’ai eu un peu de mal avec les premières pages, et je me suis dit que les autres avaient raison, que, comme eux, je n’aimerais pas. Et bien je me suis trompée !

J’ai beaucoup aimé ce livre ! Le début est, il est vrai, un peu spécial, et on ne comprend pas forcément tout ce que l’auteure dit lorsqu’elle se parle à elle-même. On peut se sentir un peu exclu. Puis, les deux premières scènes d’enfance de Nathalie Sarraute sont, elles aussi, assez spéciales. C’est une entrée en matière qui peut rebuter certains lecteurs, surtout le deuxième passage qui m’a paru assez dégoutant. J’ai vraiment commencé à apprécier le livre à partir du moment où l’auteure plonge pleinement dans l’enfance et nous parle de sa famille, de ses amis, de ce qu’elle faisait enfant. On assiste à toutes les petites (et grandes !) trahisons des adultes, à ce que ressent la petite, mais surtout à ce que ressent l’auteure au moment où elle écrit. Lorsqu’elle met des mots sur ce qu’elle doit avoir ressentir, selon ce dont elle se souvient, elle admet que ce sont des mots et des images qu’elle n’aurait jamais employé à l’époque parce qu’elle ne pouvait pas encore ressentir tout l’impact que ce qu’elle vivait pouvait avoir. Il semble qu’elle ne se rend compte de tout ce qui lui arrive, et l’auteure, une fois adulte, explique comment elle l’a ressenti par la suite. Les nombreux voyages qu’a faits l’enfant nous font voir différents endroits, et notamment la Russie et Paris, où la petite passe la majeure partie de son enfance. La vision qu’elle a des lieux nous les fait voir d’une façon différente de ce dont on a l’habitude. Quand elle parle de noms de rue que les touristes aiment, elle explique qu’elle ne peut pas les aimer parce qu’ils sont reliés à des souvenirs de tristesse, de grisaille, d’abandon.

Les personnages, qui sont ici des êtres réels, sont vus à travers les yeux de la petite, mais aussi de l’auteure qui écrit. Celles-ci peuvent elles aussi être considérées comme des personnages. La petite est très attachante, on se retrouve parfois en elle enfant, et l’on partage ses joies et ses peines. Mais, parfois, du fait de son âge, elle ne comprend pas ce qui lui arrive vraiment, et cela m’a un peu serré le cœur. L’auteure, elle, comprend. Elle est composée de deux personnages, on peut dire, puisqu’elle dialogue avec elle-même. L’une « pose les questions », ou, en tout cas, pousse l’autre à se souvenir, à plonger dans le passé et à repêcher des souvenirs enfouis en elle. Celle qui se souvient est la narratrice, elle exprime ses sentiments d’adulte et essaie de se souvenir de ce qu’elle a dû ressentir enfant, lorsqu’elle était face aux situations relatées. On peut sentir parfois la sincérité de l’auteure, qui nous fait comprendre qu’elle a peut-être embelli un passage, qu’elle ne se souvient plus à la perfection de tel moment ou de tel autre. Ses parents sont omniprésents dans tout le livre, ce qui n’est pas forcément le cas dans tous les livres d’enfance. La mère est un peu idéalisée par sa petite fille, puis l’auteure ouvre les yeux au fur et à mesure qu’elle parle de ses souvenirs. On découvre qu’elle n’a pas forcément les réactions que l’on peut attendre d’une mère, qu’elle n’est pas si parfaite et si aimante que cela, et qu’elle ne parvient pas à comprendre Nathalie comme son père, par exemple, la comprend. Je n’ai pas vraiment apprécié la mère, et même pas du tout parfois. Le père, lui, est un personnage qui évolue : de joyeux et expressif avec sa fille, à qui il donne des surnoms qui m’ont fait sourire, il devient plus fermé, et même, – j’ai eu cette impression parfois – plus terne. Il se rembrunit, et pourtant la petite l’aime toujours autant. Leur relation est très particulière et fait un peu rêver sur les relations père/fille. C’est un personnage qu’il est difficile de ne pas trouver attachant il me semble. Véra, quant à elle, apparaît plus tard que le père et la mère – dont les noms n’apparaissent qu’une fois dans tout le livre il me semble -. J’ai trouvé que c’était un personnage que l’on ne pouvait pas vraiment aimer et pas vraiment détester. Elle est un peu entre les deux. Elle penche parfois vers la marâtre et, parfois, vers la gentille belle-mère. Le personnage de Lili est peu développé, et on peut comprendre pourquoi : l’auteure semble ne pas avoir d’affection pour elle, et éviter tout rapport. D’autres personnages se croisent, comme la « grand-mère« , ou Micha.

Ce livre nous présente aussi l’école à l’époque, et les façons de faire apprendre certaines choses aux enfants, comme l’anglais par exemple. C’est une tout autre vision, qui nous montre que la vie n’était absolument pas la même avant la première guerre mondiale et pendant cette guerre que la nôtre. J’ai trouvé cela enrichissant.

La fin est assez brutale. L’auteure s’arrête, comme si elle avait fini de parler de son enfance, comme si le moment qui suivait n’en faisait pas vraiment partie. Le dialogue prend fin sur le mot même d’enfance.

 

En définitive, un livre que j’ai vraiment aimé, même si ce n’est pas vraiment un coup de cœur. La façon d’écrire peut surprendre, mais l’on s’y fait rapidement, et l’on aime suivre la petite Nathalie dans l’enfance.

Vie de Henry Brulard de Stendhal

Posté : 27 octobre, 2014 @ 6:56 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Vie de Henry Brulard Genre : Autobiographie

Editeur : Folio

Année de sortie : 1983

Nombre de pages : 435

Synopsis : Je me trouvais ce matin, 16 octobre 1832, à San Pietro in Montorio, sur le mont Janicule, à Rome, il faisait un soleil magnifique. Une chaleur délicieuse régnait dans l’air, j’étais heureux de vivre … Quelle vue magnifique ! c’est donc ici que la Transfiguration de Raphaël a été admirée pendant deux siècles et demi. Ainsi pendant deux cent cinquante ans ce chef-d’œuvre a été ici, deux cent cinquante ans ! … Ah ! dans trois mois j’aurai cinquante ans, est-il bien possible ! 1783, 93, 1803, je suis tout le compte sur mes doigts … et 1833 cinquante. Est-il possible ! cinquante ! … Je me suis assis sur les marches de San Pietro et là j’ai rêvé une heure ou deux à cette idée : Je vais avoir cinquante ans, il serait bien temps de me connaître.

 

Avis : Je lis le plus d’autobiographies possibles pour mon programme de cette année, et celle-ci m’a été vivement conseillée parce qu’elle avait été écrite par Stendhal et parce qu’elle avait été écrite de façon originale. Je me suis donc lancée en début de vacances !

Je ne peux pas dire que j’ai aimé ce livre, même si je ne l’ai pas détesté. Je n’ai pas pris de plaisir à lire, je m’y sentais obligée, et cela m’a beaucoup gênée. Je comptais les pages qui me séparaient de la dernière, c’est pour dire ! Il me semble que ce livre a deux gros défauts : d’abord, l’auteur dérive souvent de ce qu’il était en train de dire. Il réalise des sauts temporels conséquents qui m’ont souvent perdue, je ne savais plus de quelle année il parlait. Pour dire, il passe de 1800 à 1820 à 1793 à 1836 … C’est assez confus, et ne facilite pas du tout la compréhension. Il semblait à première vue que Stendhal désirait parler de sa vie de façon chronologique, mais cette chronologie est trop souvent bouleversée pour pouvoir être suivie par le lecteur. Deuxième défaut : il m’a semblé qu’il y avait beaucoup de répétitions. Elles m’ont donné l’impression de ne pas avancer et de ressasser toujours les mêmes choses, de stagner dans la vie de l’auteur. J’avais parfois envie de passer certains passages parce que je pouvais les réciter : je me souvenais que l’auteur en avait parlé plus tôt, et je connaissais déjà cet élément de sa vie. Les dessins qui parsèment l’ouvrage m’ont paru être une très bonne idée, ils animent le récit et donnent à voir ce dont l’auteur parle : le seul problème, c’est l’écriture de Stendhal, complètement illisible. Heureusement que l’édition comportait des légendes écrites en caractères d’imprimerie ! Parfois, je n’ai pas réussi à replacer ce dont parlait l’auteur dans le dessin parce que je ne retrouvais pas le nom d’une rue, d’un bâtiment ou de quelqu’un. Le lecteur peut souvent être tenté d’abandonner le déchiffrage des dessins.

Les personnages présentés ici par Stendhal sont surtout de la famille et des amis. Il semble que l’auteur détestait cordialement son père et sa tante Séraphie, ce qui est très visible à la mort de celle-ci. Son grand-père semble être la personne qu’il aime le plus avec sa mère. J’ai beaucoup aimé le personnage de la tante Elisabeth, même si elle n’est pas omniprésente dans le récit. L’éducation que cette famille a donné à Stendhal est très incomplète, et elle ne lui a pas permis de se sociabiliser avec des gens de son âge, d’où, sans doute, le caractère de l’auteur à 17 ans. Il semble très naïf, il ne connaît rien de la vie, et ne se rend pas compte qu’il passe à côté de multiples relations qui auraient pu l’aider dans une potentielle carrière. L’auteur, au moment où il écrit, s’en rend compte et blâme sa famille et les personnes chargées de son éducation. Stendhal écrivant peut aussi être considéré comme un personnage du livre. Il fait souvent des remarques au présent, et s’adresse au lecteur, auprès duquel il s’excuse pour ses multiples sauts dans le temps. Il se demande souvent si son livre sera lu, et pense aux lecteurs de 1880 qui ne comprendront peut-être pas certaines choses qu’il raconte dans son ouvrage (que doit-on dire des lecteurs de 2014 !)

La religion est clairement abhorrée par Stendhal, tout comme la monarchie. Il semble qu’il ait construit son image en antithèse parfaite de celle de sa famille. La religion est représentée par les prêtres qu’il voit ou qui ont fait son éducation. Il exècre particulièrement l’un d’eux dont il parle tout le long de son livre. Il critique également la monarchie, et ne parle que de république. Mais sa personnalité semble paradoxale, notamment quand il parle de son côté républicain et de son point de vue sur le peuple. Son éducation ne colle pas avec sa personnalité, il semble déchiré entre les deux sans s’en rendre compte.

Ce livre peut aussi être vu comme une réflexion sur la réception d’un livre pour un lecteur d’une époque postérieure à celle de l’auteur. Comme je l’ai dit plus haut, il pense aux lecteurs de 1880 et se demande comment ce livre sera reçu, s’il sera seulement publié, s’il sera lu, si les lecteurs l’apprécieront, s’ils ne préfèreront pas le jeter parce que l’auteur les perd. J’ai trouvé cet aspect du livre très intéressant. En effet, il est certain que je n’ai pas lu ce livre comme a pu le lire un contemporain de Stendhal, un lecteur de 1880, ou un de 1950. Les œuvres sont toutes appréhendées et interprétées de manière différente selon les époques de leur lecture. Et la question de la réception n’est toujours résolue qu’après la mort de l’auteur.

 

En définitive, un livre trop confus, que je n’ai pas su apprécié à sa juste valeur sans doute. Cela ne me donne pas très envie de lire d’autres œuvres de Stendhal …

Lambeaux de Charles Juliet

Posté : 17 octobre, 2014 @ 9:06 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Lambeaux Genre : Autobiographie, Contemporaine

Edition : Folio

Année de sortie : 1997

Nombre de pages : 155

Synopsis : Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu célébrer ses deux mères : l’esseulée et la vaillante, l’étouffée et la valeureuse, la jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée. La première, celle qui lui a donné le jour, une paysanne, à la suite d’un amour malheureux, d’un mariage qui l’a déçue, puis quatre maternités rapprochées, a sombré dans une profonde dépression. Hospitalisée un mois après la naissance de son dernier enfant, elle est morte huit ans plus tard dans d’atroces conditions. La seconde, mère d’une famille nombreuse, elle aussi paysanne, a recueilli cet enfant et l’a élevé comme s’il avait été son fils. Après avoir évoqué ces deux émouvantes figures, l’auteur relate succinctement son parcours : l’enfance paysanne, l’école d’enfants de troupe, puis les premières tentatives d’écritures. Ce faisant, il nous raconte la naissance à soi-même d’un homme qui, à la faveur d’un long cheminement, est parvenu à triompher de la « détresse impensable » dont il était prisonnier. Voilà pourquoi Lambeaux est avant tout un livre d’espoir.

 

Avis : J’ai eu quelques échos de ce livre avant de le lire : on m’a dit que c’était déprimant et qu’il ne fallait pas le lire quand ça n’allait pas. On m’a parlé de larmes et de désespoir. Autant dire que je n’avais pas très envie de le lire. Mais j’étais tout de même un peu intriguée.

Cela faisait un moment que je n’avais pas ressenti une telle émotion. A un moment bien précis, j’avais même les larmes aux yeux. La façon d’écrire de l’auteur permet vraiment de se sentir directement concerné par ce qui est raconté. On est pris à parti, emporté dans une vie qui devient la nôtre pendant quelques heures. Enfin deux vies différentes : celle de la mère de l’auteur, et celle de l’auteur lui-même. J’ai trouvé la première partie très émouvante, très difficile à lire à cause des émotions qu’elle dégage. Une femme forte mais que la vie a fait plier. J’ai vraiment eu mal au cœur pendant la majeure partie du livre qui la concerne. La seule chose positive qui lui arrive se trouve vite transformée en quelque chose d’horrible, d’ineffaçable, qui la plonge dans un monde de ténèbres dont elle ne sort vraiment jamais. La guerre intervient, et l’on se retrouve dans la deuxième partie, la vie de l’auteur à partir de sa naissance. J’ai un peu moins accroché. C’est un peu moins triste, même si quand il commence à écrire, on peut penser que le désespoir n’est pas loin. Ici encore, c’est un peu laborieux. La façon d’écrire est assez orale, et ce qu’il dit est difficile à exprimer. A la fin, l’auteur nous parle du livre même qu’il est en train d’écrire, et cela donne une impression assez étrange. Nous sommes dans le livre que nous sommes en train de lire, à l’intérieur même de ce qui est passé, achevé. Je me suis vraiment sentie impliquée dans l’histoire de l’auteur, ainsi que dans celle de sa mère précédemment.

La misère de la première partie est affligeante. On peut avoir un peu de mal à l’imaginer si on ne l’a pas connu, ce qui est mon cas heureusement. De plus, le cadre n’est pas non plus habituel à notre époque. La vision qu’a la jeune fille de l’éducation est vraiment magnifique, et ce serait bien que les élèves de maintenant prennent conscience de ce que cela représente réellement. Que serait-on sans éducation, sans école, sans professeur pour nous montrer la voie ? Oui, parfois il est possible d’apprendre par soi-même, mais certaines choses ne s’apprennent pas de cette façon. L’éducation, l’école, le professeur sont des guides, dont aujourd’hui, les élèves ne souhaitent plus se servir. Ce livre fait voir tout cela d’une autre manière, et l’on se dit qu’on a de la chance parfois de vivre à notre époque. Cette impression est renforcée par la mention de la Seconde Guerre mondiale, et de ce qu’elle a pris à l’auteur.

La difficulté de l’auteur dans la seconde partie fait également mal au cœur. Son incapacité à écrire fait peine à voir. Et pourtant, c’est assez paradoxal, car nous lisons ce qu’il a écrit. Nous pouvons penser que nous voyons alors l’auteur travaillant, qui se bat avec ses mots, qui plaque sur des pages chaque phrase une à une du livre que nous lisons. Cela m’a fait une drôle d’impression, c’est une expérience assez particulière. Et la façon d’écrire la renforce !

 

En définitive, un livre qui nous touche, qui nous « parle » vraiment, que je conseille, même s’il est triste et parfois difficile.

W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec

Posté : 13 octobre, 2014 @ 8:39 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

W ou le souvenir d'enfanceGenre : Autobiographie, Aventure

Editeur : Gallimard

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 222

Synopsis : Il y a dans ce livre deux textes simplement alternés ; il pourrait presque sembler qu’ils n’ont rien en commun, mais ils sont pourtant inextricablement enchevêtrés, comme si aucun des deux ne pouvait exister seul, comme si de leur rencontre seule, de cette lumière lointaine, qu’ils jettent l’un sur l’autre, pouvait se révéler ce qui n’est jamais tout à fait dit dans l’un, jamais tout à fait dit dans l’autre, mais seulement dans leur fragile intersection. L’un de ces textes appartient tout entier à l’imaginaire : c’est un roman d’aventures, la reconstitution, arbitraire mais minutieuse, d’un fantasme enfantin évoquant une cité régie par l’idéal olympique. L’autre texte est une autobiographie : le récit fragmentaire d’une vie d’enfant pendant la guerre, un récit pauvre d’exploits et de souvenirs, fait de bribes éparses, d’absences, d’oublis, de doutes, d’hypothèses, d’anecdotes maigres. Le récit d’aventures, à côté, a quelque chose de grandiose, ou peut-être de suspect. Car il commence par raconter une histoire et, d’un seul coup, se lance dans une autre : dans cette rupture, cette cassure qui suspend le récit autour d’on ne sait quelle attente, se trouve le lieu initial d’où est sorti le livre, ces points de suspension auxquels se sont accrochés les fils rompus de l’enfance et la trame de l’écriture.

 

Avis : Etudiant l’autobiographie cette année, je tiens à vous prévenir que je ne vais pratiquement lire que cela, avec quelques mémoires, autofictions et fictions racontant une vie dans son entièreté. Mais je n’aurais sans doute pas le temps pour autre chose, malheureusement.

Je ne connaissais pas du tout l’existence de ce livre avant cette année, et même, je peux dire que je ne m’y connais pas trop en autobiographies en général. Je n’en ai pas lu beaucoup (ou alors je n’en avais pas vraiment conscience) et je dois avouer que ce n’est pas vraiment un genre qui m’attire beaucoup. J’ai tout de même hâte de voir ce que cela peut donner à étudier ! Venons-en au livre !

Comme dit dans le synopsis, le livre est divisé en deux histoires racontées alternativement (un chapitre sur deux). Cela peut surprendre au début, et même un peu dérouter pour certains, mais on s’y fait rapidement ; cela peut aussi rendre difficile l’entrée du lecteur dans le livre. En ce qui me concerne, j’ai eu un peu de mal avec l’histoire de W. Je m’attendais à une histoire avec un personnage individualisé (mais je suppose que l’effet de masse est fait exprès, W représentant sûrement le régime nazi), mais cette partie du livre est surtout une longue description du mode de vie sur W. J’aurais vraiment aimé un développement avec le suivi d’un athlète par exemple. J’ai trouvé cela un peu dommage. En tout cas, le régime W est vraiment atroce avec les Athlètes. Certains aspects de la vie m’ont révulsé, notamment les parties sur les femmes et les novices. Clairement, sur W, personne ne vit. Le sport est omniprésent, représente tout ce qui compte dans la vie, puisqu’à la clé se trouve la Victoire. Il n’y a, pour ainsi dire, pas de relations humaines, et les lois sont tout sauf justes (je me demande si on peut vraiment appeler ça des lois). C’est un régime cruel apparenté au régime nazi ; et je pense encore que W est une atténuation, car les Athlètes survivent, et peuvent espérer atteindre un grade un peu plus élevé que celui avec lequel ils commencent.

Concernant la partie autobiographique du livre, il est clair que l’auteur fractionne, fragmente ses souvenirs (ou qu’ils sont réellement comme cela pour lui). Nous n’avons pas vraiment de repères dans cette partie, même s’il me semble évident que l’auteur avance dans le temps en même qu’il avance dans le livre. L’écrivain semble avoir très peu de souvenirs, tous confus, ce qui rend la lecture parfois compliquée. On ne sait pas vraiment si ce que l’auteur raconte est vrai, parce que lui-même ne le sait pas. Il utilise des photos, les décrit pour apporter un peu de matière à son livre, parle de membres de sa famille, dont il ne semble pas bien se souvenir parfois. Un épisode m’a particulièrement ému : celui de la médaille.

Ce livre me semble montrer les conséquences que la guerre peut avoir sur un enfant. L’alternance des deux histoires semble montrer la fracture qui s’est effectuée dans l’esprit de l’auteur. Nous pouvons penser que si les souvenirs sont si confus, c’est parce que la guerre les a effacés de la mémoire de celui qui raconte.

 

En définitive, un livre intéressant, qui montre le choc occasionné par la guerre sur un enfant en France. L’alternance entre les deux histoires peut gêner mais elles sont toutes les deux liées. J’ai préféré la partie autobiographique, mais on ne peut pas nier l’intérêt de la partie aventureuse. 

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