Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Chronique croisée – Sorcières de Mona Chollet et Sorcières ! de Julie Proust Tanguy

Classé dans : Avis littéraires,Chroniques croisées — 11 janvier, 2023 @ 7:24

Sorcières (Chollet)Genre : Essai

Editeur : Zones

Année de sortie : 2018

Nombre de pages : 233

Synopsis : Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d’aujourd’hui de figure d’une puissance positive, affranchie de toutes les dominations.
Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure de la sorcière. Elle est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l’Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ?

Ce livre explore trois archétypes de la chasse aux sorcières et examine ce qu’il en reste aujourd’hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante – les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant – l’époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d’horreur.

Mais il y est aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s’est développé alors tant à l’égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.

 

Sorcières ! Genre : Essai, Historique

Editeur : Les Moutons électriques

Année de sortie : 2016

Nombre de pages : 248

Synopsis : Nécromanciennes redoutables, guérisseuses ignorées, doubles obscurs des fées, femmes fatales livrées au bûcher… Rejoignez-les dans ce grimoire moderne qui vous révèlera les lointaines origines et l’étrange destinée de vos sorcières bien-aimées !

Fascinée par la figure de la sorcière, j’avais très envie d’en apprendre plus sur elle. Quel meilleur endroit que les livres ? J’ai donc lu à la suite Sorcières : la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet et Sorcières ! le sombre grimoire du féminin de Julie Proust Tanguy.

Je m’attendais, pour les deux, à une analyse historique et sociologique de cette « créature », notamment pour Mona Chollet ; pour Julie Proust Tanguy, je penchais plus pour une évolution culturelle de la figure. Après avoir fini le premier, je me suis dit que le second pouvait le compléter.

 

Effectivement, ces deux essais m’ont paru complémentaires.

Mona Chollet se penche assez brièvement sur la sorcière « historique » avant de passer à la femme moderne, sa « condition », les injonctions qu’elle rencontre, les préjugés contre lesquels elle doit lutter, les jugements qu’elle s’attire par les choix qu’elle décide de faire. La sorcière est plutôt vue comme la raison pour laquelle les femmes sont dans la situation qu’elles connaissent – ou une des raisons tout du moins – mais aussi comme une insulte qu’on leur a jetée au visage pendant longtemps et qu’elles réutilisent maintenant de manière positive. On ne s’attarde donc pas vraiment sur la sorcière en tant que personnage historique ou de fiction : celle-ci est évoquée dans l’introduction (« Les Héritières »), puis dans la première partie (« Une vie à soi »). Viennent ensuite « Le désir de la stérilité : pas d’enfant, une possibilité », « L’ivresse des cimes : briser l’image de la vieille peau » et « Mettre ce monde cul par-dessus tête : guerre à la nature, guerre aux femmes ». La sorcière, en fin de compte, est vue comme modèle de femme libre, puissante et incontrôlable dans un monde qui n’a fait que tenter de contrôler les femmes, de les faire taire et de leur assigner des rôles qui ne leur donne aucun pouvoir.640px-TheSalemMartyr-Noble

Comme l’indique le titre de la deuxième partie, l’autrice écrit un chapitre entier sur l’absence de désir de maternité et, donc, le choix de la non-maternité. Elle donne à cela plusieurs raisons et c’est sans doute le passage qui m’a le plus perturbée. En effet, elle évoque des aspects de la grossesse, de l’accouchement et de la maternité que l’on passe sous silence ou auxquels on ne pense pas quand on pense à avoir un enfant. J’ai eu une impression de justification un brin gênante, même si je reconnais qu’il est important aussi d’affirmer ses propres choix : chacun devrait pouvoir décider de ce qui lui convient sans, justement, avoir à se justifier. C’est un choix tout à fait personnel que je respecte ; je n’avais pas, pour autant, envie de lire une « liste » de raisons pour lesquelles l’autrice avait choisi de ne pas avoir d’enfants. Cela m’a donné une impression désagréable, comme si décider d’avoir un enfant était considéré comme un mauvais choix. Evidemment, ce n’était pas l’intention de l’autrice, mais j’en ai gardé un goût un peu amer. J’ai également été dégoûtée et, même, franchement déprimée par la dernière partie/la fin qui se concentre sur les pratiques criminelles sexuelles dirigées contre les femmes : autant de noms, de mots et de descriptions que j’aurais préféré ne jamais lire – parce que je les connaissais déjà et qu’elles m’avaient déjà secouée.

Globalement, l’essai traite de la misogynie ou de la « condition féminine » sous toutes ses formes : les moqueries physiques ou mentales, le mythe de l’homme puissant face à la femme fragile et incapable de se gouverner, l’impact de la contraception dans la vie d’une femme, le rejet de la femme dans certaines institutions ou cultures et la place qu’elle pouvait occuper autrefois, les chasses aux sorcières (évidemment), le rôle de la religion dans la représentation de la femme. Combien de fois ai-je levé les yeux au ciel en lisant une citation tellement misogyne qu’on en rirait si l’auteur ne pensait pas ce qu’il disait ? Combien de fois ai-je annoté cet essai pour commenter lesdites citations ou tout autre partie du livre qui me hérissait le poil ? Il est toujours aussi énervant de lire qu’en tant que femme, l’on est faible, hystérique, inférieure ou trop passionnée.

Pour résumer cet essai, je dirai que Mona Chollet montre comment l’archétype de la sorcière peut être réutilisée aujourd’hui pour montrerCirce Invidiosa.*oil on canvas .*180.7 x 87.4 cm.*1892 que la misogynie prend sa source dans la peur du pouvoir de la femme, celle qui peut saigner plusieurs jours sans mourir, celle qui peut donner la vie et, dans la littérature comme dans certains faits-divers, peut la reprendre si elle le décide.

 

De son côté, Julie Proust Tanguy réalise un portrait de la sorcière de l’Antiquité à nos jours, en montrant son évolution historique et culturelle. Ici, l’on (re)découvre donc les personnages de magiciennes inventées dans la mythologie, comme Circé et Médée, et la conception de la sorcière à cette époque pour glisser vers l’image médiévale de cette « créature ».

Je le précise ici : aucune des deux autrices ne fait l’erreur de situer les chasses aux sorcières au Moyen-Âge ou d’appeler cette période « les temps sombres » (« the Dark Ages »). Certes, les persécutions ont commencé à cette époque, mais leur apogée arrive à la Renaissance, un moment de l’Histoire que l’on n’associe pas du tout aux bûchers ou à la torture.

J’ai préféré cet essai au précédent parce que c’était ce que je recherchais à l’origine : une étude du personnage de la sorcière à travers le temps, voir ses origines, son évolution et son aboutissement au XXIe siècle ! Le lecteur comprend alors que la sorcière est surtout un personnage inventé, loin de la réalité des femmes de toute époque. Elle est celle qui fraie avec le Diable et permet de rappeler que la femme est si faible qu’elle se laisse séduire par le Malin. D’où la parution, en 1486, de ce merveilleux livre qu’est le Malleus Maleficarum, le Marteau des sorcières, qui décrit tout un tas de choses fort sympathiques dont les méthodes de reconnaissance des sorcières, avec différents moyens de torture et tout ce qui va avec. L’autrice évoque donc aussi le rôle de la religion dans la création de cet archétype. Le choix des victimes est également analysé : ce sont souvent de vieilles femmes seules qui vivent à l’écart des communautés et qui ne peuvent pas se défendre contre le système mis en place pour traquer les sorcières. L’autrice traite également le rôle de la médecine, discipline interdite aux femmes mais qu’elles s’appropriaient tout de même, notamment par leur connaissance des plantes. Elle évoque une concurrence entre les deux professions, médecins et guérisseuses, et la victoire des premiers sur les secondes.

Ce que j’ai surtout apprécié ici, ce sont les nombreuses références culturelles mises en avant par l’autrice. De L’Odyssée à Kiki, la petite sorcière, c’est un vrai panorama qu’elle nous offre pour étoffer son étude du personnage. Il apparaît sous toutes les coutures : négatif, stéréotypé, sulfureux, mais aussi lumineux, moderne, puissant. Sont évoqués les personnages qui lui ont fait « concurrence » ou l’ont éclipsé pendant certaines périodes : la fée ou la vampire par exemple – avec des tonnes de références pour une nouvelle explosion de PAL ! Mais la sorcière est revenue, avec des œuvres comme Harry Potter, Practical Magic ou Game of Thrones. Sympathique, intellectuelle ou terrifiante, elle est toujours là pour habiter notre imaginaire, pour nous faire rêver mais aussi, comme l’explique l’autrice, pour nous aider à grandir. En effet, certains lecteurs ont grandi avec Charmed, Buffy, Sabrina ou d’autres séries 51bS3b4-FOL._SL500_dans lesquelles des jeunes filles/femmes deviennent des sorcières : cela fait alors partie de leurs années de formation. Le personnage perd alors de son côté diabolique pour représenter la connaissance de soi, l’ouverture, la sagesse, le pouvoir sain.

Un autre aspect est abordé dans les deux essais : les sorcières modernes, celles qui pratiquent la magie blanche ou la wicca. Elles évoquent – notamment Julie Proust Tanguy – les cristaux, les sortilèges et autres rituels. J’adore l’idée de la magie, j’ai notamment envie d’en apprendre plus sur les cristaux ou le tarot ; mais c’est là que cela s’arrête pour moi. Je ne parviens pas à adhérer à l’idée de concocter effectivement des potions, de lancer réellement des sorts, de prédire l’avenir dans les cartes. C’est pour moi plus subtil que cela, différent. J’ai donc moins apprécié les parties qui l’évoquaient tout en les lisant avec intérêt.

Pour résumer cet essai, Julie Proust Tanguy rend hommage à la sorcière en nous montrant ses origines, plongées dans les ténèbres, jusqu’à nos jours où, majoritairement, elle combat le mal au lieu de le propager. J’ai adoré ces heures de lecture et j’ai maintenant une belle pile de livres à explorer !

 

Donc, je recommande la lecture de ces essais : ils apportent des informations différentes et sont passionnants à leur manière. La sorcière est aux fondements des deux ouvrages mais elle est exploitée très différemment. Le lecteur apprend, ressent et ne sort pas les mains vides de ces deux voyages !

 

La mort du fossoyeur

HHhH de Laurent Binet

Classé dans : Avis littéraires — 3 janvier, 2023 @ 2:04

Genre : HistoriqueHHhH

Editeur : France Loisirs

Année de sortie : 2010 [2009]

Nombre de pages : 441

Synopsis : Prague, 1942. Jozef Gabcik et Jan Kubis, deux parachutistes tchécoslovaques, envoyés par Londres, sont chargés d’assassiner Reinhard Heydrich, également appelé « Himmlers Hirn heisst Heydrich » : le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich ; il s’agit du chef de la Gestapo, du planificateur de la solution finale.

L’action est décidée pour le matin du 27 mai 1942 sous le nom secret d’opération « Anthropoïde ». A la sortie d’un tournant qu’emprunte la Mercedes d’Heydrich pour rejoindre le château de Prague, les deux résistants se posteront, prêts à ouvrir le feu, pleinement conscients qu’ils paieront cet acte de leurs vies.

Mais derrière les préparatifs de l’attentat, une autre guerre se fait jour …

 

Avis : J’ai vérifié : ce livre est dans ma PAL depuis 2013 ! Il était vraiment temps que je le lise !

Depuis un petit moment, j’ai envie de lire des livres sur la Seconde Guerre mondiale. J’ai d’abord pensé aux Bienveillantes, mais j’ai finalement opté pour HHhH, rien que parce qu’il est moins long ! Je n’avais pas relu le synopsis – que, depuis, j’ai relu plusieurs fois en diagonale –, donc je ne me souvenais pas que le « roman » était centré sur Reinhardt Heydrich, le chef de la SD et l’élaborateur de la Solution Finale. Quelqu’un de formidable, donc.

Petit point couverture avant d’aller plus loin : j’aime beaucoup l’idée de « flouter » le visage des personnages historiques qui se trouvent sur le roman – c’est aussi le cas pour Hernan Cortès sur Civilization et Roland Barthes sur La Septième fonction du langage. Cela me donne l’impression que ces hommes sont présents dans le livre sans qu’on touche à leur « essence », sans qu’on parvienne à mettre le doigt sur leur personne intime : le lecteur a conscience que ces livres restent de la fiction et ne représentent pas les hommes qu’ils mettent en scène.

Entrons, enfin, dans le vif du sujet ! Tout d’abord, HHhH traite d’un événement historique dont je n’avais pas connaissance : la tentative d’assassinat sur Reinhardt Heydrich par deux parachutistes résistants, l’un tchèque, l’autre slovaque. Je ne vais pas vous raconter tout le contexte historique ici, mais il suffit de savoir qu’Heydrich était celui qui gérait le Protectorat de République tchèque quand celle-ci a été intégrée au Reich. Je vous laisse imaginer les dégâts. J’ai donc appris pas mal de choses dans ce « roman », que ce soit sur les pays représentés, sur Prague, sur Heydrich ou d’autres officiers nazis, sur l’attentat, sur les Résistants, sur les actes commis en République tchèque par les Einsatzgruppen, etc. Ce n’était pas une perte de temps et cela m’a donné envie de lire encore plus de fictions et de non-fictions sur cette période historique !

Mais pas mal d’éléments m’ont dérangée, à commencer par les commentaires constants du narrateur (voire de l’auteur). Au début, je me suis dit que c’était une manière originale d’écrire, une façon de montrer la genèse de l’œuvre tout en lisant le roman lui-même. En effet, le narrateur/auteur ne cesse d’intervenir et d’interrompre le récit pour réfléchir sur l’écriture du roman historique, sur le fait qu’il est fiction et donc fautif face à l’Histoire. Le débat est intéressant, mais j’ai malheureusement trouvé que le narrateur tombait dans le pédantisme et cela a fini par m’agacer. Entre critiques de livres et focalisation sur « moi, je sais », je me détachais régulièrement du livre, ce qui est dommage. J’ai eu l’impression d’un hybride entre le roman et l’essai et je n’en suis pas sortie convaincue. Une biographie me paraissait plus indiquée, étant donné l’ambition de l’auteur. Ces phases de réflexion coupaient donc l’action et m’ont semblé amoindrir l’émotion que j’aurais pu ressentir. Bien sûr, quand des milliers de morts sont mentionnés ou que l’on assiste à une scène affreuse, on ne peut rester de marbre. Mais c’est plutôt l’émotion provoquée, justement, par un roman qui nous plonge dans la vie des personnages, dans les situations auxquelles ils se heurtent, qui me semble faire défaut ici. Certes, l’Histoire est bouleversante en elle-même, elle n’a pas besoin de fioritures ; mais le roman est aussi là pour nous emporter jusqu’à elle, pour nous la faire vivre. Certaines scènes ont tout de même eu cet effet : le moment de l’attentat – coupé, lui aussi, par une phase de commentaire frustrante –, la fin SPOILER 1. Enfin, j’ai bien compris que les nazis utilisaient un vocabulaire pour le moins charmant, à base d’insultes et d’images vulgaires ; étant donné certains personnages, cela semble vraisemblable. Mais j’ai également trouvé quelques répétitions « gênantes » ou caricaturales, comme « ce porc de Göring », « le gros porc » ou « le gros Göring ». La première description physique suffisait, je trouve que le reste était de trop.

En fin de compte, ce qui m’a le plus gênée, c’est d’avoir l’avis du narrateur dans un récit historique. J’avais envie de lire l’histoire de l’attentat, simplement, pas d’avoir l’avis de celui qui le raconte. Ces parasitages constants me sortaient du livre : or, c’est aussi pour cela que je lis, pour vivre l’hHistoire. Cela n’a donc que partiellement fonctionné ici. Je suis restée sur ma faim, déçue.

 

Donc, un roman qui m’a appris des choses que je ne savais pas, mais qui ne m’a pas plu à cause du narrateur qui m’a paru pédant et qui interrompait sans arrêt le récit pour parler de lui, de son savoir, de sa perception du « roman ».

 

SPOILER 1 Ne connaissant pas l’issue du siège, j’ai cru jusqu’au bout à la survie des parachutistes. J’avoue avoir eu le cœur serré en comprenant que les quatre survivants allaient se suicider pour ne pas tomber entre les mains de la Gestapo.

Les Sœurs Hiver de Jolan Bertrand #plib2023

Classé dans : Avis littéraires — 9 décembre, 2022 @ 3:08

Genre : Fantasy, Mythologie Les Soeurs Hiver

Editeur : L’école des loisirs

Année de sortie : 2022

Nombre de pages : 228

Synopsis : Il y a très longtemps, il y avait deux hivers : la Grande, avec ses froids polaires et ses blizzards, et la Petite, avec ses glissades joyeuses et ses batailles de boules de neige. Mais depuis que la Petite a disparu, tout est détraqué au village de Brume ! Les adultes sont inquiets, plus personne ne rit aux bonnes farces d’Alfred et, surtout, les trolls passent leur temps à voler des objets, qu’ils emportent à tout jamais dans la taïga. Lorsque l’oncle d’Alfred se porte volontaire pour rapporter les objets volés et qu’il disparait sous ses yeux, avalé par la tempête, c’en est trop : il faut partir à sa recherche, coûte que coûte, braver les dangers de la forêt boréale, et affronter la Grande Hiver…

 

Avis : J’ai lu ce livre dans le cadre du Plib 2023 ! Je dois dire que c’est d’abord la couverture qui m’a attirée : je la trouve très réussie ! Elle donne envie de se plonger dans l’univers du roman ! Le résumé était également alléchant : j’aime l’idée de deux Hivers représentés par des petites filles, je trouve que c’est plutôt original.

Le bouquin commence par l’histoire, très condensée, des deux sœurs, afin de planter le décor. Puis, le lecteur rencontre Alfred, dix ans. La première scène nous laisse voir le caractère du petit garçon, sa façon d’agir et de penser. Il devient rapidement sympathique pour plusieurs raisons SPOILER 1 Mais, son oncle, Ragnar, doit partir en mission seul, et cela ne le rassure pas … Je ne veux pas trop en dire, donc je m’arrêterai là pour l’intrigue ! J’ai, bien sûr, aimé toutes les références à la mythologie ou à la culture nordique, le fait de voir mentionner Loki ou le peuple same. De plus, je lis ce livre en décembre, ce qui fait que le temps du roman est parfait pour la saison !

Point positif surtout pour moi : alors que je suis malade, ce livre est facile à suivre et me donne envie de continuer à lire. J’ai envie de savoir si Alfred va réussir dans sa quête tout en ne me sentant pas pressée par l’auteur ou le narrateur. J’ai adoré comment le roman était écrit, avec les pensées de l’enfant qui parasite la narration, le dialogue qui semble authentique, les petites touches d’humour apportées par certains éléments. En effet, l’histoire est à la fois rude et douce, représentant à merveille les deux Hivers. D’un côté, la Grande a perdu la Petite depuis si longtemps et Alfred a peur de perdre quelqu’un lui aussi – de plus, SPOILER 2 - ; d’un autre, certains aspects du roman apportent une touche plus légère et font rire le lecteur quand il les imagine SPOILER 3 J’ai également apprécié qu’Alfred râle à propos du fait qu’il est un enfant et que c’est un adulte qui devrait être au courant et faire quelque chose. En effet, dans la littérature jeunesse ou adolescente, cela peut paraître incohérent qu’un enfant soit chargé de tâches difficiles déjà pratiquement infaisables par des adultes.

J’ai apprécié la fin qui laisse le lecteur sur une touche douce, mais qui laisse entendre que toute cette histoire aura des conséquences par la suite.

 

Donc, un très bon roman jeunesse que j’ai trouvé doux et touchant, qui se lit très rapidement et qui plonge le lecteur, l’espace de quelques pages, dans la culture nordique.

 

SPOILER 1 d’abord parce qu’il est farceur, mais sans vouloir faire de mal – le but est, en fin de compte, de faire rire -, mais aussi parce que, dès ce premier moment, le lecteur comprend qu’il est, parfois, « triste pour rien » et que rien ne peut le réconforter alors. D’où la scène suivante avec Ragnar, où l’adulte ne gronde pas Alfred, ne lui demande pas ce qui ne va pas, mais passe juste ce mauvais moment à ces côtés.

SPOILER 2 le passage où la Petite et Alfred comprennent que Loki est détesté par les autres dieux et que personne ne le vengera m’a émue. Malgré la gravité de ce qu’a fait le dieu, le lecteur comprend qu’il a agi ainsi à cause de la solitude.

SPOILER 3 comme les trolls ou les remarques d’Alfred dans la narration ou dans le dialogue, un peu décalés par rapport à la gravité de la situation.

 

#ISBN9782211314145

Hermione Granger : lectrice de Harry Potter de Tanguy Habrand

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 3 décembre, 2022 @ 3:54

Genre : Essai, FantasyHermione Granger

Editeur : Les Impressions Nouvelles

Année de sortie : 2022

Nombre de pages : 126

Synopsis : Depuis son apparition remarquée dans le Poudlard Express, où elle disait déjà « tout savoir » de Harry Potter, Hermione Granger s’est imposée comme un des personnages les plus complexes et emblématiques de J. K. Rowling. Moquée en raison de son physique, suscitant l’agacement par son légalisme, sa tendance à faire la morale, son perfectionnisme et son incroyable réussite scolaire, Hermione est dans le même temps d’une fidélité infaillible en amitié, pour laquelle elle est prête à réviser ses principes. Son portrait est ondoyant : première de classe altruiste, rat de bibliothèque tourné vers l’action, être de raison en proie à des émotions incontrôlables. Rien n’est simple dans le tourbillon de l’adolescence, surtout lorsque l’on est né Moldu dans le monde des Sorciers.

Figure de l’esprit critique, celle qui maîtrise les sortilèges comme personne (Wingardium Leviosa) interroge cette autre forme de magie qu’est le pouvoir de la connaissance. Qu’elle soit attablée dans une bibliothèque, transporte quantité de livres ou épluche le journal, Hermione Granger collecte, compare et questionne des informations. Peut-être est-ce cela qui nous la rend si proche, lecteurs et lectrices de Harry Potter, occupés comme elle à lire et à découvrir les faits. Mais la jeune sorcière va plus loin. Hermione est une incarnation de la persévérance alliée au courage. Et c’est assurément ce qui en fait une icône accomplie de la rébellion dans la littérature mondiale de ces dernières décennies.

 

Avis : Dès que j’ai appris l’existence de ce livre, grâce à une amie, j’ai eu envie de le lire ! Comment résister à un ouvrage sur Hermione, celle qui était pour moi une héroïne, celle à qui je m’identifiais ? Petit point, d’ailleurs, sur la couverture : je la trouve très réussie ! Rien qu’à la silhouette, le lecteur devine, sans lire le titre, de qui il est question. J’aime aussi beaucoup le nom de la collection : « La Fabrique des héros ». J’ai hâte de voir quels autres livres sont sortis et sortiront ! (après vérification : Batman, Nosferatu contre DraculaKatniss Everdeen … HERE I COME !)

L’essai commence par une courte introduction présentant Emma Watson en lectrice enthousiaste ; de l’actrice, l’auteur glisse vers son personnage phare. Dès le début, sa façon de parler d’Hermione a résonné avec ma façon de la voir. En effet, issue d’une famille moldue, elle doit faire tout son possible pour s’intégrer dans un monde qu’elle découvre totalement et dont elle ne sait rien et, ce, pour s’élever dans la société. Cela passe, chez elle, par le savoir, la connaissance, les compétences et, donc, par la lecture vorace, constante, de volumes divers et variés. C’était en cela, enfant puis ado, que je l’admirais : comme moi, elle lisait énormément, elle voulait apprendre, elle était curieuse. Elle est devenue comme un alter ego, un modèle. J’aimais suivre Harry à la lecture de ses aventures, mais c’était Hermione, surtout, que je voulais retrouver. Je pense ne pas être la seule à l’avoir admirée et suivie ; c’est encore aujourd’hui un de mes personnages préférés.

L’ouvrage est découpé en six parties, plus une introduction et une conclusion. L’étude du personnage d’Hermione est fine, intéressante et m’a semblé plutôt complète puisque même les aspects moins attrayants ou plus critiquables de la jeune fille se trouvent dans l’œuvre – en effet, toute une sous-partie s’attarde sur son engagement pour libérer les elfes de maison quand la conclusion, elle, se penche sur l’Hermione adulte de L’Enfant maudit. J’ai adoré que ce livre ne soit pas seulement un éloge de son courage, de son intelligence, de son travail acharné et de sa détermination, mais aussi de la lecture ! En effet, le parti pris de l’auteur est de présenter la jeune fille avant tout comme une lectrice ; elle représenterait alors, en quelque sorte, le lecteur qui tient les tomes successifs entre les mains. En lisant les passages sur les manuels scolaires ou les œuvres théoriques, de référence, du monde des sorciers, j’ai eu, à nouveau, comme la première fois, très envie de les trouver quelque part et de les lire ! Le passage sur les médias était également très intéressant : le développement de cet aspect de l’univers est d’abord expliqué avant que le personnage d’Hermione ne soit intégré à l’équation. J’ai aimé découvrir et redécouvrir de nouvelles facettes de l’héroïne, celles auxquelles je n’avais pas pensé ou auxquelles je n’avais jamais fait attention, celles que j’avais effleuré sans les creuser.

La conclusion, en se penchant sur L’Enfant maudit, permet d’expliquer la réception de la pièce par les fans d’Hermione face à leur personnage préféré désormais adulte. J’ai trouvé que cela couronnait très bien un ouvrage riche et fouillé, malgré son petit nombre de pages. En effet, l’auteur émaille son essai de multiples références et citations pour appuyer ses théories et idées.

 

Donc, j’ai adoré retrouver Hermione dans cette œuvre ; j’ai passé un excellent moment tout en apprenant des choses. Et, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps : j’ai à nouveau envie de relire toute la série !

Into the deep de Sophie Griselle #plib2023

Classé dans : Avis littéraires — 11 novembre, 2022 @ 7:20

Genre : Science-fictionInto the deep

Editeur : Snag

Année de sortie : 2022

Nombre de pages : 498

Synopsis : À plus de onze mille mètres de fond, la fosse océanique des Mariannes, au large de l’océan Pacifique : l’endroit le plus profond sur Terre…

C’est là que Sam Luzarche, jeune océanologue, découvre une créature qui pourrait bien remettre en question tout ce qu’il croyait savoir sur la science, sur les fonds marins et, en définitive, sur lui-même.

 

Avis : Into the deep m’a été envoyé par la maison d’édition ; je le lis également dans le cadre du Plib 2023 !

Je ne partais pas très enthousiaste dans la lecture de ce roman ; c’est une amie qui m’a motivée et j’ai fini par me lancer !

J’ai beaucoup aimé l‘histoire générale, l’intrigue en elle-même : tout le mystère autour de l’île et de la fosse par extension, ce qui est arrivé, ce que l’on imagine, comment on peut l’interpréter. J’avais deviné une grande partie des révélations finales, mais cela n’a pas gâché ma lecture ; au contraire, je pense que j’aurais plutôt été déçue si je m’étais trompée ! J’aimais beaucoup la tournure que prenait l’histoire, elle serait retombée comme un soufflet pour moi si elle s’était avérée différente ! J’ai bien sûr adoré qu’on traite des SPOILER 1 J’ai également apprécié le décor, le fait que les personnages se trouvent sur un bateau près des côtes, donc dans une forme de huis-clos un peu moins oppressant que s’ils se trouvaient en pleine mer. Cela crée également un effet de groupe que j’adore toujours autant, même si, ici, il n’est pas tellement exploité.

En revanche, j’ai eu énormément de mal avec les personnages. Seuls quelques-uns d’entre eux ont trouvé grâce à mes yeux, comme Adam et Louis, mais j’ai détesté tous les autres. Je tiens d’abord à dire que le fait qu’un protagoniste soit détestable n’a pas d’impact sur mon appréciation du livre : dans The Secret History, absolument tous les personnages sont à vomir, et c’est un de mes livres préférés. Donc le fait que Sam et Henri soient abominables ne m’a pas forcément dérangée dans ma lecture, là n’est pas le problème. Ce qui m’a beaucoup gênée, c’est le fait que tous les personnages sont des stéréotypes. Sam est le jeune homme ténébreux et torturé qui fait du mal à tout le monde autour de lui mais auquel on pardonne systématiquement parce qu’il a souffert dans son enfance. Cela ne fonctionne pas pour moi : il est juste geignard et j’ai eu énormément de mal avec sa voix narrative, sachant que le roman est écrit à la première personne. Il ne fait que se plaindre et gémir tout en étant incohérent. Combien de fois ai-je levé les yeux au ciel parce qu’il se lamentait une énième fois sur son sort ? Ophélie est la jeune femme douce et belle qui peut et qui veut le faire changer, qui lui est toute dévouée et qui se fait piétiner toutes les cinq minutes. Mais c’est insupportable ! SPOILER 2 Le pire reste Henri. S’il n’était qu’un sombre salaud, tout irait bien. SPOILER 3

D’autres éléments m’ont gênée au cours de ma lecture, par exemple les petites fautes de français qui parsèment le texte et qui sont, notamment, des expressions fautives. Ce n’est pas grand-chose, mais cela m’arrêtait parfois au cours de route. Enfin, Into the deep a souffert de la comparaison avec Into the Drowning Deep de Seanan McGuire que j’ai lu cet été. En effet, le décor est le même, ce sont aussi des scientifiques qui étudient une créature au-dessus de la fosse des Mariannes. L’histoire et le sous-genre littéraire ne sont, en revanche, pas les mêmes : l’autrice américaine en a fait une science-fiction horrifique. 

 

Donc, un bon roman dont l’intrigue est intéressante, mais dont les personnages sont trop stéréotypés pour me plaire.

 

SPOILER 1 sirènes ! Ce sont des créatures fascinantes et j’adore que les auteurs reprennent leurs mythes pour en donner une explication scientifique ! Il n’y avait aucune surprise pour moi quant à l’identité de la créature – sans doute parce que j’avais déjà lu un roman dont l’action se déroulait au niveau de la fosse des Mariannes et qui, justement, traitait des sirènes !

SPOILER 2 Le fait que leur relation perdure, qu’Ophélie ne le lâche jamais, qu’elle continue à souffrir et les descriptions que Sam fait d’elle m’ont tellement agacée ! « Ah, je suis si méchant avec elle, elle mérite tellement mieux … » : MAIS OUI ! J’avais tellement envie qu’elle parte !! Et le fait qu’elle reste encore à la fin a fini par me la rendre antipathique.

SPOILER 3 Mais le fait que lui soit accordé la rédemption parce qu’en fin de compte il sauve son « fils » et sa petite amie de la noyade et qu’il meure en les sauvant ? Non. C’est un des procédés que je ne supporte plus dans la fiction, qu’elle soit écrite ou filmique. Le personnage, par ce trope, n’affronte finalement pas les conséquences de ses actes et fait éprouver de la compassion au lecteur/spectateur. De plus, cela peut ne pas sembler cohérent avec le personnage du père, le stéréotype du scientifique sans scrupules et sans sentiments. A la fin, j’avais l’impression d’un homme bourru, incapable d’exprimer son amour pour son fils adoptif : ce n’était absolument pas le ressenti que j’avais tout le long du roman.

 

#ISBN9782490151783

123456...165
 

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