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Archive pour décembre, 2024

Résister à la culpabilisation : Sur quelques empêchements d’exister de Mona Chollet

Posté : 28 décembre, 2024 @ 5:27 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Essai, SociologieRésister à la culpabilisation

Editeur : Zones/Lizzie

Année de sortie : 2024

Nombre de pages/minutes : 264/545

Synopsis : Harcèlement, humiliations, insultes : nous sommes bien averti.es de ces fléaux de la vie en société et nous nous efforçons de lutter contre eux. Mais il y a un cas de figure que nous négligeons : celui où l’agresseur, c’est… nous-même. Bien souvent résonne dans notre tête une voix malveillante qui nous attaque, qui nous sermonne, qui nous rabaisse ; qui nous dit que, quoi que nous fassions, nous avons tort ; que nous ne méritons rien de bon, que nous présentons un défaut fondamental. Cette voix parle particulièrement fort quand nous appartenons à une catégorie dominée : femmes, enfants, minorités sexuelles ou raciales…
Ce livre se propose de braquer le projecteur, pour une fois, sur l’ennemi intérieur. Quels sont ces pouvoirs qui s’insinuent jusque dans l’intimité de nos consciences ? Comment se sont-ils forgés ?
Nous étudierons quelques-unes de leurs manifestations : la disqualification millénaire des femmes et, notamment, aujourd’hui, des victimes de violences sexuelles ; la diabolisation des enfants, qui persiste bien plus qu’on ne le croit ; la culpabilisation des mères, qui lui est symétrique ; le culte du travail, qui indexe notre valeur sur notre productivité ; et enfin la résurgence de logiques punitives jusque dans nos combats contre l’oppression et nos désirs de changer le monde.

 

Avis : Après avoir lu Sorcières et l’avoir plutôt apprécié, j’avais ajouté plusieurs livres de Mona Chollet dans ma wish-list. J’ai appris, peu de temps avant sa sortie, la publication de cet essai qui m’a tout de suite intéressée. Je l’ai écouté sur Spotify avant de le prendre en physique pour en avoir un exemplaire à la maison.

Comme beaucoup, sans doute, et comme l’autrice elle-même, je suis sujette à la culpabilité. C’est vraiment un des plus gros boulets que je me traîne au quotidien. Je suis capable de culpabiliser pour tout et il est donc très facile, pour quasi n’importe qui et même sans le vouloir, de faire en sorte que je me sente mal. A la lecture du titre de ce nouvel essai, évidemment, j’étais à la fois intriguée et pleine d’espoir : serait-ce possible que quelqu’un ait trouvé la solution à ce problème qui me pourrit la vie ? D’un côté, oui ; de l’autre, pas vraiment.

Ce livre fait partie de mes préférés de l’année parce qu’à sa lecture, à plusieurs reprises, je me suis sentie comprise, même si je ne suis pas forcément d’accord avec absolument tout ce qu’écrit l’autrice. Dès le début, avec la voix que décrit Mona Chollet, celle qu’elle entend dans sa tête, je me suis dit que j’étais au bon endroit pour me sentir un peu moins mal ou, en tout cas, pour me sentir moins seule. L’autrice prend le parti d’évoquer ce sujet par le prisme du féminisme, en parlant principalement de la culpabilisation des femmes, de l’origine de ce phénomène et de sa propagation dans d’autres sphères de la société. J’ai eu peur, au début, qu’elle se concentre exclusivement sur le rôle du clergé catholique dans la culpabilisation des femmes ; c’est un argument qui revient régulièrement, mais qui est accompagné d’autres. Autrement dit, l’autrice ne se contente pas de « taper » sur la religion, elle va plus loin. Je ne suis pas toujours d’accord avec elle sur certains aspects de cet argument – notamment quand elle explique que ce sont les préceptes mêmes de la religion qui incriminent la femme – mais cela n’a pas gêné ma lecture parce qu’elle se concentre assez peu dessus.

L’autrice passe aussi par la « diabolisation de l’enfant« , qui occupe l’entièreté du chapitre 2 et qui m’a parfois laissé perplexe – non pas pour les propos tenus par l’essayiste, mais pour ceux des psychologues et pédiatres qu’elle cite. J’ai trouvé que certains exemples étaient à la limite de la maltraitance, voire en sont tout à fait : on peut ne pas être partisan d’une éducation « positive » telle qu’on la voit mise en avant et qui semble parfois dériver si l’on ne comprend pas ses préceptes ou comment la mettre en place, mais certaines recommandations citées semblent aberrantes.

Mes chapitres préférés sont les derniers. Ils traitent de la productivité et des dérives du militantisme. Ils m’ont, honnêtement, fait prendre conscience d’un poids sur mes épaules. Je ne suis, à nouveau, pas forcément d’accord avec tout ; mais je me suis retrouvée dans le portrait dressé par l’autrice, dans cette envie de se détendre, de se laisser un peu aller parfois – de cette peur aussi de se laisser trop aller. Et je me suis rendu compte que les références de l’essayiste sont des textes que j’ai moi-même ajoutés à ma wish-list parce que le sujet m’intéresse – celui de la productivité à outrance, du fait de ne plus regarder autour de soi, de se désoler de contretemps qui nous empêchent de travailler alors même que la vie n’attend que d’être contemplée et vécue, d’une forme d’exploitation qui nous épuise mais à laquelle on consent parce qu’il « faut » travailler pour vivre. Quant au militantisme, j’ai vraiment eu l’impression d’une bouffée d’air frais : l’autrice reprend des idées qui me sont déjà venues, comme la culpabilisation de l’individu, la traque des moindres faux pas de ceux qui nous entourent et la responsabilisation à outrance de chacun quand ce sont les gros groupes, les multinationales, les gouvernements qui ont le pouvoir d’agir de manière beaucoup plus concrète. Je ne dis pas qu’il ne faut pas faire d’efforts à l’échelle de l’individu, mais il ne faut pas être naïf non plus. Et je suis assez agacée par les conseils appuyés sur comment se comporter en bon petit citoyen soucieux de la planète quand je vois l’absence totale de prise en charge des élus ou des PDG d’entreprises. Le message est clair, lucide et doux : faire ce que l’on peut avec nos moyens, mais ne pas se leurrer et devenir un insupportable agent de surveillance pour ceux qui nous entourent. J’en garde aussi la profonde conviction que se juger et juger les autres ne nous apportent que du ressentiment, de la colère et de la mélancolie ; est-ce vraiment dans ce bain nauséabond que l’on veut vivre ?

Dernière remarque : j’ai fini par acheter un exemplaire après la lecture audio – la narratrice est très douée, d’ailleurs ! – parce que j’étais frustrée de ne pas avoir accès à la bibliographie. Il s’avère qu’il n’y en a pas dans l’ouvrage, ce que je trouve dommage ; toutes les références ne sont citées qu’en notes de bas de page, ce qui fait que j’ai dû toutes les relire pour retrouver les textes qui m’avaient interpellée !

 

Donc, un essai qui m’a fait réfléchir, qui m’a appris des choses, que j’ai apprécié découvrir et que je recommande chaudement !

La Chatte de Colette

Posté : 17 décembre, 2024 @ 9:16 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : ClassiqueLa Chatte

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2022 [1933]

Nombre de pages : 167

Synopsis : Lorsque débute leur vie commune, Alain et Camille sont deux amis d’enfance que tout en apparence rapproche mais que leurs secrètes rêveries divisent.  » Mon mariage, reconnaît Alain, contente tout le monde et Camille, et il y a des moments où à me contente aussi, mais…  » Ce qu’Alain aime en Camille, c’est une beauté idéalisée faite d’immobilité et de silence. Aussi est-il déconcerté par son exubérance. Comme l’arrivée d’une saison nouvelle, la découverte de leur intime division le met à la merci d’autres rêves. Et c’est alors que le drame se noue. La chatte Saha sera désormais pour Alain la chimère sublime qui domine sa vie et pour Camille la rivale détestée contre laquelle aucun procédé n’est trop brutal.

 

Avis : Un beau texte qui traite de la relation entre l’homme et l’animal, qu’elle soit positive (Alain et Saha) ou négative (Camille et Saha).

En effet, ce récit nous présente Alain qui adore Saha, une chatte qu’il a adoptée alors qu’elle était chatonne. Le jeune homme va épouser Camille, jeune femme qui va l’entraîner loin de la demeure familiale et avec laquelle il va construire un nouveau foyer, sans Saha.

Je ne pensais pas être aussi touchée par ce court roman en le lisant mais, si le début a été un peu laborieux – je n’étais pas du tout dedans -, je suis peu à peu entrée dans le texte jusqu’à l’annoter, souligner des phrases qui me semblaient particulièrement belles ou vraies, et j’ai fini par vraiment l’apprécier. Si bien que je pense le relire pour en tirer tout ce que je peux, parce que cette première lecture n’a pas été entièrement satisfaisante, étant donné ce début dont je parlais.

Au fur et à mesure des pages, j’ai découvert un roman tendre qui met à l’honneur cet amour particulier que l’être humain ressent pour un animal qui vit auprès de lui. Certaines phrases m’ont particulièrement touchée, notamment sur la brièveté de la vie de Saha, qu’Alain veut rendre la plus belle possible.

J’ai eu beaucoup de mal avec le personnage de Camille, qui semble jalouse de Saha – et j’ai adoré qu’Alain lui dise que ce n’est pas le même amour, ce qui m’a semblé sous-entendre SPOILER 1. J’ai détesté la scène où SPOILER 2

En revanche, j’ai adoré la fin dans laquelle, SPOILER 3


Donc, un court roman surprenant par son sujet, mais aussi très bien écrit et qui m’a donné envie de découvrir d’autres œuvres de l’autrice.

 

SPOILER 1 que l’amour qu’il éprouve pour sa chatte est pur, alors que celui qu’il éprouve pour la jeune femme est souillé par leurs interactions sociales et sexuelles.

SPOILER 2 Camille tente de tuer Saha en la lançant par la fenêtre !! J’ai eu peur qu’elle meure ou qu’Alain ne comprenne pas ce qui était arrivé et que cela recommence jusqu’à ce qu’elle réussisse !

SPOILER 3 en un jeu de miroirs, Alain devient chat et Saha devient humaine. C’était vraiment la fin parfaite, montrant la relation tout à fait fusionnelle de ces êtres de deux espèces différentes et que les autres êtres humains ne comprennent pas parfois.

 

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