Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour juin, 2024

Tout est sous contrôle de Christopher Bouix

Posté : 22 juin, 2024 @ 11:22 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Tout est sous contrôleGenre : Science-fiction

Editeur : Au diable vauvert

Année de sortie : 2024

Nombre de pages : 388

Synopsis : À qui profite le bonheur ?
Bienvenue dans un monde parfait. Ici la vie heureuse s’étale quotidiennement sur le réseau HappyApp, où l’indice de bonheur individuel donne accès à ce que la société réserve aux meilleurs. Offres premiums, métier et logements hauts-de-gamme, et surtout parentalité, désormais réservée aux citoyens les plus épanouis.
Jeunes, beaux, amoureux, jusqu’où Juliette et Néo Lanhéry seront-ils prêts à aller pour y accéder ?

 

Avis : J’ai lu Alfie l’année dernière pour le Plib et j’avais tellement aimé que j’avais voté pour lui : c’était un immense coup de cœur ! J’étais donc ravie de rencontrer l’auteur aux Imaginales et de lire son nouveau roman, Tout est sous contrôle !

J’ai lu quelque part que ce livre pouvait être pris pour une utopie ; ce n’est pas du tout ma façon de le voir ! En effet, dans un futur plutôt proche, il existe une application appelée HappyApp qui mesure l’indice de bonheur de chaque citoyen. Selon celui-ci, ils ont droit de vivre dans certains quartiers, ils ont des offres promotionnelles et, surtout, SPOILER 1 Toutes les données de chacun sont accessibles par le gouvernement et la police. Plus je lisais, et plus je me disais : « Mais quel enfer ! » C’était à la fois glaçant, terrifiant et parfois très ironiqueSPOILER 2 Contrairement au ton utilisé dans Alfie, ici, il n’y a pas d’humour ou, en tout cas, pas d’allégement de l’atmosphère par un décalage linguistique ou autre. Ici, lorsque la littérature est utilisée - par le biais de Racine -, c’est pour souligner le tragique de la situation, toute l’ironie grinçante de la société mise en place par le gouvernement.

Je ne veux pas trop en dire ici pour vous laisser découvrir le roman par vous-mêmes, mais l’on comprend assez rapidement que tout n’est pas si rose dans ce monde soi-disant parfait et que les personnages ne sont pas aussi lisses qu’ils semblent l’être. Commençons par Juliette, qui paraît être l’héroïne. Si elle a l’air assez calme et maîtresse d’elle-même, dès la première rencontre, le lecteur comprend qu’il lui est arrivé quelque chose et qu’elle n’est pas aussi heureuse qu’elle le prétend. SPOILER 3 Son mari, Néo, est psychologue. Il adore le paraître, conserver une apparence de bonheur parfait et de compétence supérieure. Il est l’un des personnages que j’ai le moins aimé, sans aller jusqu’à le détester. SPOILER 4 Le lecteur fait aussi la rencontre de Sibylle, qui elle aussi semble avoir quelques soucis, notamment dans sa relation avec sa mère, Véra. SPOILER 5 Un des seuls personnages que j’ai véritablement apprécié est Mina. Policière débutante, elle m’a semblé sincère, compétente et bienveillante tout en étant lucide concernant HappyApp ou le métier qu’elle a choisi de faire. SPOILER 6 La palme du personnage détestable revient à SPOILER 7 

La fin, quant à elle, est à l’image du livre : SPOILER 8

 

Donc, un roman que j’ai aimé, mais qui m’a un peu déprimée. Je lui préfère tout de même Alfie, qui n’est pas forcément plus léger, mais dont le ton est un peu moins sombre grâce à l’humour décalé et à la narration originale.

 

 

SPOILER 1 ils ont le droit de pouvoir se reproduire. En effet, jusqu’à 30 ans, les femmes ont le droit de demander à ce que la puce qui les rend infertiles soit désactivée pour avoir un enfant. Passés 30 ans, elles ne peuvent plus en avoir. Quelle joie, n’est-ce pas ? Bien sûr, pour accéder à ce privilège, il faut atteindre un certain indice de bonheur, monter un dossier, vivre dans un quartier privilégié et tout faire pour continuer à être (?) le plus heureux possible, comme poster un maximum de « contenus heureux » sur HappyApp.

SPOILER 2 En effet, le lecteur se rend rapidement compte, comme c’est déjà le cas sur les réseaux sociaux, que les gens ne postent pas toute leur vie sur HappyApp mais seulement ce qui va leur permettre de paraître plus heureux. Ainsi toute la politique du gouvernement est-elle biaisée : il prétend vouloir le bien de tous, le bonheur de tous alors même que cette course au bonheur les rend malheureux ou fous. Entre la voix intérieure de Sibylle qui fait froid dans le dos, l’agaçante naïveté de Juliette et le sang-froid meurtrier de Néo, aucun des personnages n’est vraiment positif : tous pensent pouvoir améliorer leur vie en gagnant des points, ce qui les pousse à commettre des actes ignobles.

SPOILER 3 Au contraire : Juliette a besoin de HappyPills pour se sentir bien, ce qui prouve l’échec total du gouvernement pour « forcer » ses citoyens à être heureux – ou, plutôt, les dirigeants se moquent complètement du bien-être de leurs administrés. Le lecteur découvre plus tard que Juliette a fait partie d’un programme natal et qu’elle a perdu son fils, Adam. J’ai trouvé assez durs les passages pendant lesquels elle pense à lui et c’est d’autant plus affreux qu’elle prenne ses pilules. Son mari, Néo, ne semble pas comprendre son chagrin et la « force » à passer à autre chose tout en « prenant soin » d’elle.

SPOILER 4 Ou peut-être que si ? Avec un autre personnage, c’est vraiment celui qui me reste en tête et que j’exècre pour sa petitesse et sa médiocrité. Je me suis même demandé, à un moment donné, s’il avait vraiment fait des études de psychologie : il est d’un ridicule qui pourrait être risible s’il n’était pas dangereux. En effet, entre sa femme qui prend des pilules pour nier son deuil sous sa prescription, une de ses patientes qui tue son mari après une séance avec lui parce qu’il est incapable de voir ou de comprendre son mal-être profond et son analyse de tout le monde autour de lui sans comprendre qu’il est lui-même profondément névrosé ou profondément anesthésié au niveau des sentiments, Néo m’a semblé très narcissique et incapable de comprendre les gens autour de lui, ce qui est tout de même dommage pour un psychologue. Le fait qu’il refuse de porter secours à Katia lorsqu’elle est attaquée me l’a définitivement rendu antipathique : était-ce de la lâcheté ? de la peur ? Dans tous les cas, il me répugne profondément, comme son pédantisme à vomir.

SPOILER 5 Elle finit par se persuader qu’elle pourra reprendre le contrôle de sa vie si sa mère meurt et fomente un plan pour la tuer sans être incriminée. Elle pourrait paraître brillante grâce à cela ; elle est surtout psychotique et tellement concentrée sur son objectif qu’elle ne se rend pas compte qu’elle se met en danger. J’ai eu un petit problème de vraisemblance avec elle à un moment donné : je me suis dit que le couple n’allait pas comprendre sa façon de communiquer. Peut-être était-ce juste moi, mais j’étais persuadée que son plan allait rater dès le début, la faisant passer pour une idiote ou quelqu’un d’encore plus illuminée qu’elle ne l’était déjà. A certains moments, j’ai ressenti de la peine, de la pitié pour elle ; mais c’est aussi un personnage qui accuse les autres de son manque de volonté et de réussite. Sibylle pense sincèrement que, si elle ne « réussit » pas sa vie, c’est à cause de sa mère. Elle est persuadée que son meurtre la libèrera. La perception des personnages autour d’elle nous montre qu’elle affabule et, même, qu’elle fait peur à ceux qui l’entourent, comme Victor, qu’elle s’imagine amoureux d’elle alors qu’il la trouve simplement étrange et qu’il se montre juste poli.

SPOILER 6 Imaginez donc mon horreur quand j’ai compris qu’elle avait été dupée, puis qu’elle est effectivement morte, étant donné qu’elle ne se trouve pas dans l’épilogue et que l’on ne sait pas ce qu’elle est devenue. C’était, véritablement, le seul personnage positif avec Ming. Et sa fin donne une saveur très amère au roman : rien de positif ne ressort du livre, très pessimiste.

SPOILER 7 Tim ! Quelle horreur que ce personnage ! Evidemment, il est construit pour ça. C’est le méchant type, sans but, sans objectif qu’être violent et faire le mal. Il est presque caricatural : drogué, anarchique, asocial, meurtrier, misogyne, violeur, tout y passe. On se sent sale rien qu’à être dans sa tête. Je pensais que le personnage que j’aimerais le moins serait Marc pour son côté « vieux flic qui a tout compris de la vie et qui l’apprend à la nouvelle » ; c’était avant de découvrir Tim. Et même Néo est pire que Marc ; il y avait quelque chose de presque touchant dans ce policier complètement désillusionné. En revanche, sa création – un algorithme qui permettrait de trouver les criminels avant qu’ils commettent leur crime à l’aide de mots clés détectés par l’IA – est terrible et terrifiante. En effet, le roman nous montre bien que les véritables criminels se jouent des contraintes ou les contournent, comme c’est le cas de Juliette et Néo quand ils fomentent le meurtre de Véra.

SPOILER 8 cruelle et ironique. Ming a été condamnée – ce que je n’ai pas tellement compris : en fin de compte, elle n’avait pas l’intention de tuer Max. N’ont-ils pas vérifié par la suite qu’elle était bien « coupable » ? Cela veut-il dire que, sur de simples présomptions, les citoyens peuvent être arrêtés et condamnés ? Mina, seul personnage un peu idéaliste et foncièrement positif, est morte. Juliette rencontre Véra qui, comme sa fille, à la fin, va la menacer et la faire chanter, enfermant de nouveau « l’héroïne » dans un cercle vicieux qui la conduira à commettre, peut-être, d’autres actes criminels. Comble de l’ironie : comme avec Sibylle, Juliette ne comprend pas tout de suite ce qui arrive, persuadée que Véra est quelqu’un de bien et, surtout, c’est elle qui, désormais, a une voix intérieure semblable à celle de la femme qu’elle a tuée.

Les Furtifs d’Alain Damasio

Posté : 9 juin, 2024 @ 5:37 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Science-FictionLes Furtifs

Editeur : Folio SF

Année de sortie : 2021 [2019]

Nombre de pages : 929

Synopsis : Ils sont là, parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes ? Plutôt l’exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet pierres, déchets, animaux ou plantes pour alimenter leurs métamorphoses incessantes. Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme, Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l’Éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka – volatilisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l’armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Peu à peu, ils apprendront à apprivoiser leur puissance de fuite et à renouer, grâce à eux, avec ce vivant que nos sociétés excommunient.

 

Avis : La Horde du contrevent se trouve dans ma PAL depuis longtemps mais, intimidée, je n’ose jamais me lancer. Un collègue m’a conseillé de commencer par Les Furtifs, plus accessible selon lui.

Si, pendant les premières pages, j’ai eu du mal avec la langue, je ne peux que reconnaître la virtuosité de l’auteur qui manie les mots comme bon lui semble tout en gardant leur sens. Pour chaque personnage, le langage et sa forme s’adaptent : j’avais plus de mal avec Nèr, non pas à cause du vocabulaire plus grossier qu’il utilise, mais à cause de sa façon très saccadée de penser. J’ai fini par m’y faire et par laisser le récit m’attirer de plus en plus loin dans le roman.

J’ai adoré l’idée des furtifs et le message porté à travers eux d’une nature sauvage mais pas forcément brutale ou violente, d’une vie sans traces, sans technologie et dans la transformation constante. J’ai également trouvé leur existence poétique et leur lien avec la musique touchant. Je me suis plutôt attachée aux personnages : j’ai aimé Saskia et Sahar, j’ai apprécié Lorca et Agüero, Toni m’a fait rire – seul Nèr ne m’a pas autant touchée. J’ai trouvé l’histoire du couple à la recherche de leur fille, Tishka, émouvant et beau dans leur détermination et leur courage mais aussi SPOILER 1 J’ai beaucoup aimé les passages à propos de la nature, de la façon dont les êtres humains la traitent, de la façon dont ils semblent ne pas comprendre la valeur de la vie, de toute vie, y compris celle d’autres êtres comme eux. Certaines scènes sont très émouvantes ; j’ai vraiment quelques larmes, j’ai annoté, souligné quelques phrases pour ne pas les oublier. Je dois aussi dire que ce roman est très vraisemblable : j’ai clairement eu l’impression que tout cela pouvait arriver ! Les moments où les politiciens s’expriment ou ceux durant lesquels les journalistes prennent la parole m’ont fait grincer des dents tant je pouvais y croire ! A ce sujet, les dialogues et la façon de parler des personnages sont authentiques, sonnent vrai et n’ont rien d’artificiel.

Bien sûr, connaissant un peu l’auteur, le livre ne pouvait qu’être politique dans une large mesure. Et, en effet, les personnages sont en lutte contre un état presque totalitaire qui prive les citoyens de liberté. Dans ce futur, l’utopie est loin : (spoiler léger pour ceux qui ne voudraient rien savoir) l’Education Nationale a disparu, laissant les enfants dans les rues, sans enseignement ; certains quartiers sont réservés aux citoyens premium ou privilège, occasionnant des amendes pour ceux qui n’ont pas le droit de les emprunter ; la publicité est partout, toujours et les moindres faits et gestes des habitants sont connus pour peu que ceux-ci portent une bague. Les villes ont été rachetées par des grandes entreprises. (fin du spoiler léger) Bref, nous sommes très loin d’un pays qui appartient à ses habitants, d’une ville saine ou d’un gouvernement qui se préoccupe de ses citoyens. L’argent règne en maître et la vie privée n’existe presque plus.

A ce modèle, l’auteur oppose celui des communes autogérées, des ZAG (Zone Auto-Gouvernées) et des personnages ivres de liberté. J’ai apprécié ces passages auprès d’eux, mais je me suis aussi demandé si ce n’était pas également une utopie. J’y ai vu une forme d’idéalisme qui ne me gêne pas forcément, mais que j’ai pris pour tel. Et c’est en me rendant compte de cela et, surtout, avec la fin du roman, que je me suis un peu détachée du livre. En effet, j’ai eu l’impression que l’auteur voulait tant délivrer un message qu’en fin de compte, je n’étais plus dans une fiction, je ne lisais plus de littérature, mais je lisais un texte porteur d’une idée que je devais assimiler. C’était, pour moi, de la littérature engagée : je n’ai rien contre, mais ce n’est pas ce que je préfère. Et j’ai ainsi eu l’impression de m’éloigner de la science-fiction, que le message était trop gros, prenait trop de place par rapport à l’histoire. Autre « bémol » : la fin m’a semblé un peu décalée par rapport au livre ; j’ai eu, à nouveau, du mal à entrer. Enfin, le livre est très long : il m’a tenue pendant un moment mais peut-être que la fin, tellement étrange en fin de compte, m’a fait décrocher au dernier moment. C’était, pour autant, une très bonne lecture et je continuerai à lire l’auteur !

 

Donc, un très bon roman, prenant et ingénieux, qui traite de la nature et de politique, mais qui, de par sa longueur, n’a pas réussi à me tenir tout à fait jusqu’à la fin.

 

SPOILER 1 dans leur acceptation de la petite une fois qu’ils ont compris qu’elle avait changé « définitivement ».

La Fille de Diké, tome 1 : Une maison de feu de Silène Edgar

Posté : 9 juin, 2024 @ 3:30 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : FantasyUne maison de feu

Editeur : Bragelonne

Année de sortie : 2023

Nombre de pages : 321

Synopsis : On dit que le Chaos, quand il veut un enfant, pousse une femme à engendrer le jour de Diké. Et sa fille après elle, et ainsi de suite pendant six générations… Et lorsque naîtra la septième, naîtra alors la vraie fille du Chaos. Et celle-ci sera bleue comme la nuit, et celle-ci sera pleine de la force du ciel, et celle-ci mettra la terre en colère. Sous le soleil de Monos, une petite planète volcanique, s’étale un gigantesque marais parsemé d’îles et d’atolls.
Polis, l’île centrale, abrite le couple sacré et les familles des Descendants. Leurs pouvoirs ancestraux maintiennent l’Equilibre et tiennent le Chaos à distance durant les 49 ans de la Ronde. Mais lors de la cinquantième année, l’ombre de la planète Mavros se répand et vient le temps de la guerre. Une guerre qui semble encore lointaine à la naissance de Aïone. Et pourtant, à peine parue, l’extraordinaire enfant à la peau bleu profond et aux cheveux de feu semble être à l’origine d’une cascade de bouleversements.
Au même instant, le volcan de l’île se réveille. A son contact, ses frères Gê et Aether sont profondément transformés : ils se mettent à voir l’avenir, à sentir le poids de l’air, le mana couvrant leur île, à commander au vent ou à voir l’infini… Commence alors un cycle de calamités à l’ampleur surnaturelle – séismes, tempêtes meurtrières, sécheresse, coulées de lave – et tous s’interrogent : la petite fille à la couleur de nuit, qui grandit à une vitesse phénoménale, est-elle un élément d’Equilibre ou de Chaos ? Le couple sacré et les mages de guerre de l’île centrale accepteront-ils son existence ? Aïone, Gê et Aether, aux dons enviables, seront-ils enlevés à leur village ? Qui aura le pouvoir calmer le Maëlstrom au coeur du volcan ? Des réponses pourraient-elles être trouvées dans les archives du village ? Et si Aïone n’avait pas été la première extraordinaire enfant à naître ?

 

Avis : Ce livre était déjà dans ma wish-list quand j’ai rencontré l’autrice à Trolls et Légendes : elle m’a dit de persévérer dans la lecture parce que les premières pages pouvaient paraître assez opaques en raison de la mythologie mise en avant ici et souvent peu connue des lecteurs.

Effectivement, j’ai d’abord eu un peu de mal à tout comprendre en entrant dans l’œuvre ; mais cela ne l’a rendue que plus originale ! J’ai aimé suivre les personnages dans les épreuves qu’ils ont à affronter après la naissance d’Aïone, une enfant différente des autres et qui annonce un temps funeste … ou pas ? Tout est question d’interprétation et de compréhension. J’ai beaucoup aimé les différentes capacités des personnages, l’idée du noa et du mana mais aussi celle de l’Équilibre, de l’harmonie des choses entre elles. SPOILER 1 Pour autant, le lecteur sent que quelque chose couve, comme les protagonistes, et que, malgré les efforts pour équilibrer, il est possible que tout dérape. J’ai également aimé le dépaysement qu’a représenté ce roman pour moi : c’est une autre culture que j’ai découverte, avec de nouveaux mots inconnus, tout en apportant une dose de magie ancestrale et élémentale.

Malgré mon appréciation de l’histoire, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages ; je les aime bien, j’ai envie de continuer à lire leurs aventures, mais je n’ai pas tissé de véritable lien avec eux. Peut-être ai-je lu le roman au mauvais moment, pendant une période où je n’arrivais pas à me laisser entraînée par la fiction. Toujours est-il qu’à cause de ce détachement, j’ai un peu moins apprécié mon expérience de lecture. Même les scènes émouvantes n’ont pas réussi à me toucher véritablement – peut-être parce que je m’étais spoiler en feuilletant le roman !

J’ai tout de même acquis le deuxième tome très rapidement et je pense le lire cette année afin de compléter la trilogie – publiée en deux tomes pour une raison que j’ignore – et de découvrir la fin de l’histoire d’Aïone et de ses proches !

 

Donc, un bon roman de fantasy original qui ouvre au lecteur un monde qu’il ne connaît peut-être pas, mais qui n’a pas réussi à m’attirer totalement. J’espère vraiment vivre le tome suivant !

 

SPOILER 1 Il nous est révélé, plus tard dans le roman, que l’Equilibre n’est pas ce que les habitants pensaient, que ce n’est finalement pas religieux ; j’ai, pour autant, beaucoup aimé les passages lors dequels les personnages, comme Noun, qui le sentent, vivent une expérience étrange qui les pousse à équilibrer la vie sur l’île.

Memento Mori, anthologie des Imaginales 2024

Posté : 2 juin, 2024 @ 8:00 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle, Fantasy, Science-fiction, Dystopie, FantastiqueMemento Mori

Editeur : Au diable vauvert

Année de sortie : 2024

Nombre de pages : 301

Synopsis : Anthologie de la 23° edition des Imaginales

MEMENTO MORI vu par
Christopher Bouix, David Bry, Alain Damasio, Lionel Davoust, Jeanne-A Debats, Jean-Laurent del Socorro, Thomas Gunzig, Ariel Holzl, Justine Niogret, Philippe Pastor, Julia Richard, Thomté Ryam, Plume D. Serves, Anna Triss, Chris Vuklisevic

« Au gré des imaginations des auteurices qu composent ce recueil, nous verrons la limite de la mort s’éloigner, s’apprivoiser. Comme si le fait de parler, échanger, discuter à propos de la plus ancienne et viscérale peur de l’humanité, nous permette de nous senti pousser des ailes, gonflées d’un nouvel espoir. »
Gilles Francescano, directeur artistique des Imaginales, préface

 

Avis : J’ai pris cette anthologie aux Imaginales et je me suis dit que j’allais la lire de suite afin de prolonger un peu mon expérience du festival.

L’introduction est écrite par Gilles Francescano : elle présente efficacement le recueil tout en n’en disant pas trop. Elle est intrigante et donne envie de poursuivre immédiatement avec les premières nouvelles.

Je vais vous faire un retour pour chacune d’entre elles !

Le recueil s’ouvre sur un poème de Chris Vuklisevic appelé « Memento Mori ». Je trouve que c’est assez atypique d’ouvrir une anthologie de la sorte, et aussi assez original. En effet, la poésie n’est pas la forme la plus appréciée par les lecteurs. J’ai trouvé quelques vers particulièrement beaux, mais j’ai plus de mal avec les vers libres, étant très attachée aux rimes et au rythme de la poésie codée, plus classique. J’ai aussi aimé les images utilisées par l’autrice, notamment celle des corbeaux.

Christopher Bouix est l’auteur de la première nouvelle, « Une magnifique et soudaine histoire d’amour ». Il est l’auteur d’Alfie que j’ai lu pour le Plib et pour lequel j’ai voté dans la catégorie adulte : j’avais adoré ! J’étais aux Imaginales pour prendre son nouveau roman, Tout est sous contrôle, qui devrait bientôt être lu ; j’étais contente de voir son nom ici ! Je suis toujours impressionnée par la fluidité de l’écriture, le fait qu’il soit si facile de s’y glisser. Comme dans ces romans, l’auteur nous propose à la fois une histoire SF et une satire sociale, celle d’un monde qui ne sait plus quoi faire d’une partie de sa population SPOILER 1. Je vous laisse la surprise, mais j’ai trouvé la chute énorme ! SPOILER 2

Suit « Le Sage de la montagne » de Jean-Laurent Del Socorro, nouvelle dont l’auteur m’a dit ne pas être fier quand je lui ai fait signer l’anthologie. J’ai trouvé le sujet intéressant notamment, comme c’est toujours le cas avec cet auteur, parce que j’ai appris des choses sur une période et un aspect historique que je ne connaissais pas du tout et parce qu’elle répond au thème de l’anthologie de manière plutôt originale – mon but était de voir en quoi chacune des entrées tordait ou entrait dans le moule du concept de « memento mori ». J’ai aimé que le croisé soit arrogant et SPOILER 3 Pour autant, j’ai eu un peu de mal à accrocher à l’histoire elle-même et aux personnages, gardant toujours les deux à distance et n’entrant jamais vraiment dans le récit.

Vient ensuite « Nous aurons des lits plein d’odeurs légères » de Thomas Gunzig, nouvelle pour laquelle j’étais déjà bien disposée puisque son titre est extrait d’un poème de Baudelaire, « La Mort des amants », que j’ai reconnu tout de suite ! Ce récit est, lui aussi, une satire de notre société actuelle dans laquelle le travail perd de son sens, les médias nous abreuvent d’horreurs et la vie sociale finit par disparaître. Il est à noter que je déteste l’utilisation de drogues dans les fictions que je lis mais, ici, comme il n’y a pas d’effets proches de celles qui existent chez nous, cela m’a moins dérangée – ce qui me dérange profondément, c’est la perte de contrôle et les dégâts physiques et psychiques que l’usage engendre. J’ai aimé la fin, même si je l’ai trouvée un peu désespérante. SPOILER 4

Anna Triss vient ensuite avec « L’amour à mort », une nouvelle que j’ai trouvé plutôt intéressante même si quelques éléments dans le style d’écriture m’ont un peu gênée – je ne saurais pas exactement dire quoi, c’est plutôt un ressenti et une forme d’écriture qui me gêne vaguement mais qui ne m’empêche pas de lire. J’ai aimé – et j’avais deviné – que SPOILER 5 mais j’ai été un peu dérangée par ce qui arrivait au cours du récit – ce qui était le but, je pense. J’avoue avoir été assez intriguée par la série qui est liée à la nouvelle !

L’une de mes nouvelles préférées de l’anthologie est celle de Lionel Davoust, « Pour se rappeler Mirigor ». Elle traite de deuil et d’amitié homme-animal – rien que les deux thèmes combinés me touchent. C’était à la fois doux et triste, très beau et agaçant quand on voit les conventions humaines et la difficulté de SPOILER 6

Puis, c’est au tour de Julia Richard de nous offrir une « Nec-Romance » que j’ai trouvé – le terme est un peu étrange – assez rafraîchissante ! J’ai adoré son côté SF, son côté gothique et sa réécriture « partielle » de SPOILER 7 J’ai aimé l’écriture, la fluidité des dialogues et l’histoire en général. Cela m’a donné envie de tenter Paternoster de la même autrice – mais pas Carne, j’ai trop de mal avec le cannibalisme !

J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture d’Ariel Holzl avec « La saison de la sorcière ». Le titre m’a tout de suite parlé : en me lançant le défi Writober l’année dernière, j’ai construit la plupart de mes nouvelles autour d’une sorcière. J’ai trouvé la nouvelle très belle, pour l’écriture donc, que je trouve poétique et que j’ai adoré voir se raffiner au fil des romans que sort l’auteur, et pour la fin. SPOILER 8 Elle a rejoint mes préférées avec les récits de Christopher Bouix et Lionel Davoust !

Vient ensuite « L’Arrière-Pays » de Philippe Pastor. Si le concept m’a intriguée SPOILER 9, j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans le récit. Le désert est un décor qui ne m’intéresse pas tellement, comme cette espèce d’errance d’un personnage seul que l’on devine SPOILER 10

Puis, Justine Niogret nous offre son « Hay cielos pa’l buen caballo » que mon niveau d’espagnol ne me permet pas de traduire tout à fait mais dont je comprends à peu près l’idée. Si, à nouveau, nous nous trouvons dans une forme de désert et, donc, dans un endroit que je n’affectionne pas dans mes fictions, j’ai suffisamment aimé le style d’écriture pour au moins apprécier la nouvelle. Ce n’était donc pas mon type d’histoire, mais c’était tout à fait ce que j’aime au niveau de la forme. J’ai également aimé cette fin en suspens qui peut être aussi frustrante pour d’autres lecteurs. J’ai trouvé, en fin de compte, que c’était une assez forte image de la vie – je ne peux pas dire « belle », puisque c’est assez horrible en fin de compte – : SPOILER 11

J’ai découvert, grâce à cette anthologie, Plume D. Sevres avec « Apparences du pire ». D’abord, j’adore les narrations à la deuxième personne : je trouve que c’est une façon originale et risquée d’impliquer le lecteur dans une histoire dont il fera partie, malgré lui parfois. L’autrice traite d’un sujet d’actualité : la violence faite aux femmes et aux personnes transgenres. J’ai, pour autant, trouvé que le point de vue était plus intéressant que ce qu’il laisse penser au début de la nouvelle. SPOILER 12 En fin de compte, l’autrice nous propose l’histoire par le filtre d’un narrateur et de personnages qui ne sont pas fiables, ce qui nous pousse à nous poser des questions sur notre version des faits, sur le fait que l’on embellisse, que l’on se victimise, que l’on en rajoute et, surtout, que l’on cherche un bouc émissaire ailleurs, quelqu’un sur qui déposer nos traumatismes pour ne plus avoir à les affronter ou pour les exorciser puisque ceux qui les ont causés ne sont pas punis. Cela dit, nous pouvons aussi voir la fin comme SPOILER 13

Le « Looping » de David Bry, très bien écrit, comme tous ses textes, m’a laissé un goût assez amer étant donné la cruauté de son histoire. SPOILER 14 C’est aussi un récit profondément triste, comme sait si bien les construire l’auteur. Surtout, la fin SPOILER 15

Jeanne-A Débats, quant à elle, nous emmène aux Enfers et nous pose la question : « Est-ce ainsi que vivent les AsphodAIles ? ». L’histoire est assez horrible par sa proximité, pour moi, avec SPOILER 16 Cela dit, je l’ai peut-être trouvée un peu trop complexe pour une nouvelle. J’ai eu l’impression que l’autrice nous donnait trop d’informations trop vite ; elles n’ont pas réussi à me parvenir tout à fait, ce qui a occasionné un certain détachement de ma part. Pour autant, j’ai très envie de lire d’autres de ses œuvres !

« Le grand oral » de Thomté Ryam est très court, mais plutôt efficace. Le concept est intéressant et « redevenu » original, pour moi, du fait qu’il soit de moins en moins utilisé. SPOILER 17

L’anthologie s’achève sur « Le trépasseur, le tlot et la grenade » d’Alain Damasio. J’ai récemment terminé Les Furtifs, pour lequel une chronique arrive prochainement. J’ai retrouvé ici l’écriture de l’auteur, très travaillée et très particulière, que j’apprécie et qui, donc, m’a portée pendant ces quelques dernières pages. J’ai trouvé la nouvelle touchante, prenante et j’ai beaucoup aimé la fin ! SPOILER 18

 

 

Donc, j’ai beaucoup aimé cette anthologie que j’ai trouvée bien construite. Elle m’a fait découvrir de nouveaux auteurs et j’ai aimé voire adoré la majeure partie des nouvelles qui la composent, ce qui n’est pas toujours le cas pour ce genre d’ouvrages !

 

 

 

SPOILER 1 et qui propose un concept horrible pour mettre fin à la surpopulation.

SPOILER 2 La cruauté de la fin m’a laissée sans voix : comment peut-on vendre ainsi une expérience de mort en mentant comme un arracheur de dents à une femme qui a décidé de mourir ?!

SPOILER 3 qu’on finisse par le renvoyer à cette arrogance de manière assez ironique puisque c’est parce qu’il croit aux légendes sur les ismaéliens qu’il va aider à forger de nouveau cette légende pour des siècles !

SPOILER 4 Pour retrouver du lien social, le personnage principal finit par se donner la mort.

SPOILER 5 cette jeune femme que le personnage masculin rencontre est la Mort et que l’espèce de prédiction autour de sa vie marquée par la mort était quasiment auto-réalisatrice puisqu’il tue pour protéger la jeune femme, la ramène chez lui, l’épouse et tue ensuite pour que personne ne la convoite.

SPOILER 6 rendre hommage à ces animaux qui vivent avec nous et dont nous sommes plus proches que la plupart des autres êtres humains. Il arrive aussi que ceux qui aiment profondément leurs animaux soient cruellement moqués pour cet amour inconditionnel qu’ils ressentent ; j’avoue n’avoir que mépris pour ces gens incapables de sortir de leur point de vue étriqué sur la valeur de la vie et l’amour et qui se permettent de faire ressentir colère, honte ou chagrin à des êtres qui, eux, se sont ouverts.

SPOILER 7 Frankenstein ! Cette fois, la créature n’est pas un nouveau-né perdu abandonné par son créateur, mais un être en décomposition qui donne l’illusion à ceux qui ont partagé leurs souvenirs avec lui que l’infante est toujours vivante quand elle est en train de pourrir sur pied. Assez glauque, mais très réussi !

SPOILER 8 Je l’ai vue comme un doux hommage, un beau souvenir que la sorcière laisse. J’ai également beaucoup aimé la façon dont les os des petits viennent chercher la jeune femme avec douceur, ce qui contraste bien avec la violence brutale qu’ils utilisent avec son assassin.

SPOILER 9 une sorte d’arrière-pays de la mort, comme une antichambre avant le grand saut, une espèce de purgatoire peut-être, dans tous les cas, un endroit intermédiaire où l’on semble attendre qu’elle arrive tout en cherchant une issue,

SPOILER 10 en train de mourir, ce que j’ai trouvé intéressant, mais dont les visites dans l’arrière-pays semblent des boucles sans fin. C’était sans doute le but recherché, mais ce n’est pas ce que j’apprécie dans mes lectures.

SPOILER 11 même si elle ne donne rien à certains, ils s’y accrochent avec la force du désespoir quand on menace de leur ôter.

SPOILER 12 en effet, on pourrait penser que la narratrice, « tu », est une victime de violences et va donc faire de son mieux, au cours du récit, pour surpasser son traumatisme et revenir vers une vie plus saine pour elle, notamment en tentant d’avoir des relations apaisées avec des personnes qui ne seraient ni toxiques ni violentes. Le récit aurait toujours été fort, mais il n’aurait pas forcément été aussi original ou aussi vraisemblable que ce que l’autrice choisit de nous montrer. A la fin, notre narratrice, alors qu’elle-même a recours à la violence, même si elle n’est ni physique ni verbale parce qu’elle n’est pas directe, est à son tour marquée et se rend compte que les femmes qu’elle côtoie et en qui elle croyait sont aussi « sales », aussi souillées que les hommes auxquels elle reprochait leurs violences et qu’elles aussi utilisent des secondes peaux pour cacher leurs marques. Cette narratrice préfère rester dans le déni lorsque le récit s’achève, avec son « pitié, oublie » et se rend compte qu’elle est devenue le monstre qu’elle voyait chez les autres.

SPOILER 13 particulièrement pessimiste : à peu près tout le monde, sauf la jeune femme transgenre qui a servi de bouc émissaire, est le tortionnaire de quelqu’un. Les rôles ne sont plus facilement distribués comme dans les simplifications « homme = violent ; femme = sœur » ; la nouvelle renvoie au côté sombre de tout individu.

SPOILER 14 La solitude, le rejet, l’impossibilité de vivre avec sa culpabilité enferment le personnage principal dans une spirale qui le mènera à la mort après un dernier looping de liberté.

SPOILER 15 est glaçante : cette capitalisation sur le jeu de son ami qui vient de mourir ne fait que rendre Lucas odieux alors même qu’il a refusé son aide à Jasper, allant même jusqu’à lui dire qu’il l’avait prévenu !

SPOILER 16 Matrix. Les êtres humains semblent nés dans une matrice qui leur fait vivre une vie virtuelle sans qu’ils aient conscience, exactement, de ce que cette existence implique.

SPOILER 17 L’auteur imagine l’antichambre de l’au-delà, le moment où les âmes vont être jugées pour être ensuite envoyées au Paradis ou en Enfer. Toutes les confessions semblent réunies pour attendre leur parution devant le tribunal céleste. Le narrateur arrive avec un néonazi – c’est ainsi qu’il est appelé – qui se défend ardemment, clamant son innocence auprès de tous ceux qui se trouvent à proximité. La chute n’en est pas tout à fait une pour moi, même si elle fonctionne : un de ses amis, qu’il a trahi, arrive lui aussi dans cette antichambre, ce qui semble sceller le destin du jeune homme – semble seulement, étant donné qu’un ange avait déjà révélé ce qui lui arriverait au narrateur.

SPOILER 18 J’aime l’idée de la grenade qui me fait penser à Perséphone ; j’aime l’idée de cette plante qui ne mourra que quand les souvenirs et l’amour du personnage mourront, j’aime cette idée de souvenirs à récupérer pour conserver une trace vivace de l’être aimé après sa mort. Mais je trouve aussi cette idée assez cruelle : les trépasseurs risquent leur vie, les souvenirs peuvent ne pas ressurgir comme espéré, le sentiment de solitude et d’abandon pour ceux qui restent peut donc être d’autant plus vivace que la dernière tentative pour « ressusciter » une partie de l’être aimé à échouer.

Capitale du Nord, tome 1 : Citadins de demain de Claire Duvivier

Posté : 2 juin, 2024 @ 5:13 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Citadins de demainGenre : Fantasy

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2023 [2021]

Nombre de pages : 371

Synopsis : Amalia Van Esqwill est une jeune aristocrate de Dehaven issue d’une puissante famille progressiste. Dans le but de moderniser la ville et d’en chasser les dernières traces d’obscurantisme, ses parents lui ont offert, ainsi qu’à d’autres enfants de la citadelle, une instruction fondée sur les sciences et les humanités. Mais un jour, Amalia découvre que son fiancé a retrouvé la trace d’un ancien rituel magique, et qu’il est bien décidé à le reproduire.
Alors que la tension accumulée dans les faubourgs explose et qu’une guerre semble prête à éclater dans les colonies d’outre-mer, la magie refait son apparition dans la ville si rationnelle de Dehaven. Et malgré toute son éducation, Amalia ne pourra pas empêcher le sort de s’abattre sur ceux qui lui sont chers.

 

Avis : J’ai pris ce premier tome en même temps que Le Sang de la cité, puisque les deux trilogies sont complémentaires. Les auteurs m’ont conseillé de commencer par celle de Guillaume Chamanadjian, puis d’alterner les tomes jusqu’à la fin – notamment pour suivre la sortie poche des romans. J’ai donc commencé cette série tout en ayant très envie de plonger tout de suite dans Trois lucioles !

Au départ, le synopsis de Citadins de demain m’intéressait plus que celui du Sang de la cité : le côté politique me semblait davantage mis en avant et j’aimais l’idée de suivre des personnages de noble extraction.
Et si, effectivement, l’histoire m’a plu, j’ai eu plus de mal avec l’écriture. En effet, j’ai eu des difficultés à me faire à l’usage du passé simple, notamment dans les dialogues. Cela donnait un rendu assez rigide et peu naturel qui me sortait régulièrement du roman. J’ai donc moins accroché à cette nouvelle trilogie.

Pour autant, j’ai apprécié certains éléments :
– le fait que les personnages soient nobles, comme je l’ai dit, mais aussi la tentative de leurs parents de les élever différemment pour, en fin de compte, SPOILER 1 ;
– le côté politique, qui m’a pourtant semblé, finalement, moins prononcé que dans Le Sang de la cité, même si on le sent poindre dans SPOILER 2 ;
– le SPOILER 3, présent à sa manière grâce au miroir d’Hirion, un objet mystérieux qui SPOILER 4.
Je ne sais pas trop ce que je pense de l’introduction de Yonas : j’ai eu l’impression, pendant un moment, qu’il SPOILER 5. J’ai eu peur d’un SPOILER 6 qui n’arrive jamais vraiment et j’ai été un peu surprise de SPOILER 7. Surprise parce que c’était dit à mi-mots, comme sans oser, et que ça restait ouvert à interprétation SPOILER 8.

Je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, même si j’en affectionne certains particulièrement, comme la mère d’Amalia, Aliss. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle j’ai moins aimé ce tome ; je n’ai pas forcément besoin de m’attacher à qui que ce soit, mais c’est mieux pour l’impact recherché par certaines scènes, notamment la dernière : j’ai eu l’impression de la vivre de très loin, de manière détachée. C’était SPOILER 9.

Donc, un bon premier tome que je m’attendais à aimer davantage, mais qui m’a suffisamment intriguée pour que je lise la suite, que j’ai déjà dans ma PAL !

 

 

SPOILER 1 leur demander d’entrer dans un moule qu’ils finiront par refuser, évidemment

SPOILER 2 l’agitation qui secoue peu à peu certains quartiers

SPOILER 3 Nihilo de Gemina

SPOILER 4 semble avoir des propriétés étranges sur son porteur ; est-ce que ce ne serait pas lui qui rend le jeune homme fou au point de le pousser à commettre des meurtres en série ?

SPOILER 5 pouvait être le frère caché d’un de ses camarades, notamment avec l’histoire que raconte le père d’Amalia à sa fille

SPOILER 6 potentiel triangle amoureux

SPOILER 7 l’évocation subtile de la sexualité entre les trois jeunes gens

SPOILER 8 jusqu’à ce qu’Amalia en reparle à Hirion

SPOILER 9 très violent sans crier gare ; je ne sais pas si j’ai aimé. Le côté surprenant, peut-être ; la façon dont tout arrive, un peu moins. C’était très abrupt et assez horrible – l’idée de ce peigne … -, puis rideau.

 

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