Alfie de Christopher Bouix #plib2023
Editeur : Au diable vauvert
Année de sortie : 2022
Nombre de pages : 440
Synopsis : Alfie est une lA de domotique dernière génération. Il filme tout, note tout, observe tout. Implanté depuis peu dans le foyer d’une famille moyenne, il aide au quotidien et propose sa gamme de service à haute valeur ajoutée tout en essayant de comprendre cette étrange espèce : les humains.
Mais un soir, tout bascule.
Que signifient ces mensonges, ces traces de lutte, cette disparition ?
Alfie est dubitatif. Est-ce lui qui délire ?
Ou un meurtre a-t-il été commis dans cette famille sans histoires ?
Avis : J’ai lu ce livre dans le cadre du Plib 2023, puisqu’il est un des finalistes ! Je n’avais pas spécialement envie de le lire avant le prix ou même avant sa sélection pour la finale : la couverture ne m’attirait pas du tout, bien que le résumé, lui, soit intrigant.
J’ai immédiatement été emportée par ce roman ! J’ai adoré le format assez original de la narration, puisque le lecteur se trouve dans la « tête » d’Alfie, l’intelligence artificielle qui est installée dans la maison d’un couple. Cela donne, dès le début, un ton humoristique centré sur le décalage entre êtres humains et IA, puisqu’Alfie ne comprend pas certaines choses dans le quotidien de la famille, quand le lecteur, lui, saisit tout de suite de quoi il s’agit. Cet humour se fonde, notamment, sur le langage, ce que j’ai particulièrement apprécié : en effet, cela permet, aussi, de se rendre compte de l’emploi que nous faisons de certains mots, expressions ou images. Alfie ne comprend que le sens propre, jamais le figuré, ce qui donne des réponses ou des situations incongrues. Cela permet aussi d’aborder les relations, l’interprétation et la compréhension, ce que j’ai trouvé passionnant !
Le côté humoristique n’empêche pas un ton plus sombre de se développer au fur et à mesure que l’intrigue progresse. En effet, j’ai également beaucoup aimé la réflexion sur les IA, leur développement, mais aussi sur leur intrusion dans nos vies, ce qu’elles peuvent faire ou pas, comment le côté abusif d’un élément positif peut se révéler négatif. Le mystère, qui arrive assez tardivement dans le roman, s’appuie en partie sur cet élément, ce que j’ai trouvé assez intelligent. SPOILER 1 Pour autant, même si le côté mystérieux commence tard, je n’ai pas trouvé cela gênant – j’avais même, en commençant le roman, oublié qu’il y avait ce type de fil d’intrigue dans le roman ! Cela peut, toutefois, paraître un peu long à certains, alors même que le roman se lit très rapidement ! En effet, malgré ses 440 pages, je l’ai dévoré, j’ai eu l’impression qu’il en faisait moitié moins, peut-être en raison du format et de la brièveté des chapitres.
Une petite remarque négative quand même : j’ai été un peu déçue de constater que ce roman spoile Le Meurtre de Roger Ackroyd que je n’avais pas encore lu ! J’ai bien senti que ça allait arriver, mais je ne pouvais pas m’arrêter et je n’avais surtout pas envie d’interrompre la lecture pour carrément lire un autre roman dans son entièreté !
Concernant la fin, j’ai adoré le côté ironie du sort SPOILER 2
Donc, un roman que j’ai adoré, avec lequel j’ai passé un très bon moment ! Entre réflexion sur l’IA, le langage, les relations, humour décalé et format original, il avait tout pour me plaire !
SPOILER 1 En effet, on pourrait penser que le livre tombe d’un écueil à un autre en passant du développement positif des IA pour aider au quotidien à l’IA trop intrusive et potentiellement dangereuse, mais ce n’est pas le cas. Au contraire, on flirte toujours avec cette frontière et le mystère rend cela d’autant plus intéressant. En effet, sans Alfie, aurait-on pu deviner que l’incident était, en réalité, un meurtre ? Aurait-on pu en déceler un second ? Aurait-on pu réunir suffisamment d’indices ? Quelque part, le lecteur oscille, lui aussi, entre le « côté » d’Alfie et celui des êtres humains et regretterait presque qu’ils soient découverts. De plus, Alfie se révèle être un narrateur potentiellement peu fiable. En effet, comme il a scanné de nombreux romans policiers, le lecteur doute de la véracité de ce qu’il avance : a-t-il été en contact avec trop d’œuvres de fiction qu’il ne sait plus différencier la réalité de ce qui ne l’est pas ? Imagine-t-il tout ce qu’il soupçonne ? Ou, au contraire, est-il le seul à voir clair dans le jeu des personnages ? Le fait qu’il soit une IA peut aussi renforcer cette suspicion chez le lecteur : il serait, alors, plus enclin à la faute, alors même qu’il est programmé pour ne pas en commettre. En fin de compte, Alfie avait raison, mais avait loupé quelque chose.
SPOILER 2 avec la solitude d’Alfie alors même qu’il vient de dire à Robin qu’il ne serait plus jamais seul. Cette phrase semblait vraiment menaçante ; pourtant, avec ce que je disais sur le langage, Alfie, qui, à ce moment-là du roman, vient d’être rebooté, parle de manière littérale. C’est Robin (et le lecteur avec lui) qui peut interpréter cela de cette façon ou qui peut ressentir un vague malaise tout en ayant conscience qu’Alfie ne le menace pas vraiment.
#ISBN9791030705614
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