Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Du thé pour les fantômes de Chris Vuklisevic

Classé dans : Avis littéraires — 18 juin 2023 @ 17 h 25 min

Genre : Fantasy Du thé pour les fantômes

Editeur : Denoël (Lunes d’encre)

Année de sortie : 2023

Nombre de pages : 439

Synopsis : Agonie est sorcière. Félicité, passeuse de fantômes.
Le silence dure depuis trente ans entre ces deux filles de berger, jusqu’au jour où la mort brutale de leur mère les réunit malgré elles.
Pour recueillir ses derniers mots, elles doivent retrouver son spectre, retracer ensemble le passé de cette femme qui a aimé l’une et rejeté l’autre.
Mais le fantôme de leur mère reste introuvable, et les témoins de sa vie, morts ou vivants, en dessinent un portrait étrange, voire contradictoire.
Que voulait-elle révéler avant de mourir ?
Qui était vraiment cette femme fragmentée, multiple ?
Leur quête de vérité emmènera les sœurs des ruelles de Nice au désert d’Almeria, de la vallée des Merveilles aux villages abandonnés de Provence, et dans les profondeurs des silences familiaux.

Entrez dans le salon de thé.
Prenez une tasse chaude à l’abri de la pluie.
Écoutez leur histoire.

 

Avis : J’ai reçu ce livre en service presse de la part de la maison d’édition, que je remercie ! Je l’ai demandé grâce à ma lecture de Derniers jours d’un monde oublié : j’avais très envie de découvrir un autre roman de l’autrice !

Dès le titre, le lecteur se voit proposer un programme alléchant, rendu encore plus intrigant par la couverture, tout en poésie macabre. L’idée m’a tout de suite attirée ; j’ai trouvé tout un tas d’éléments originaux SPOILER 1 les pouvoirs différents des sœurs ; cela les éloigne tout en les rendant, en quelque sorte, complémentaires. Il est impossible de confondre ces jumelles-là ! Tout cela est saupoudré de secrets de famille bien enfouis, un trope que j’adore en littérature, mais qu’il n’est pas évident d’introduire correctement ; l’autrice parvient à le faire sans encombre. Elle réussit également à utiliser un autre procédé que j’apprécie : l’enchâssement de récits, le fait qu’il y ait un narrateur qui, ici, est un personnage mineur de l’intrigue qu’il raconte à un autre personnage.

Venons-en donc aux protagonistes et à ceux qui les entourent ! Félicité et Agonie sont donc les jumelles que nous allons suivre. Ma préférée est la seconde : SPOILER 2 Quant à Félicité, j’ai parfois eu un peu de mal avec elle au début ; j’ai fini par l’adorer, elle et tout ce qu’elle apporte au récit, notamment le côté théilogie ! Cet aspect est aussi mis en valeur par mon second personnage préféré : Marine. Elle avait absolument tout pour plaire : la bibliothèque/les archives, l’endroit qu’elle s’aménage pour recevoir ses invités et, donc, la théilogie ! J’avais tellement envie d’en apprendre plus sur cette nouvelle discipline ! J’ai presque trouvé dommage que ce ne soit pas davantage creusé – mais ce n’était pas le but du roman, qui l’aborde déjà suffisamment pour nous faire comprendre la science du thé et le lien avec les fantômes. Dernier personnage que j’adore : Vera SPOILER 3

Comme dans le premier roman de Chris Vuklisevic, j’ai apprécié son écriture, que j’ai trouvé belle, parfois même poétique, notamment quand elle utilise une forme de vers libre, mais aussi quand elle écrit « simplement » en prose. Par exemple, j’ai adoré l’idée d’outrenom que j’ai trouvé très poétique SPOILER 4

Au fil des pages, le lecteur comprend qu’il est face à une épopée familiale dont les secrets sont peu à peu égrenés en révélations glaçantes. L’horreur est diluée dans une atmosphère semi-enchanteresse mais elle est tout de même bien présente : le rejet d’Agonie et ce qui lui arrive SPOILER 5 ; l’ombre de Carmine SPOILER 6, sa façon d’être mère SPOILER 7 ; SPOILER 8. Pour autant, le côté enchanteur est également bien présent : Marine et les thés, le passage de fantômes inoffensifs qui n’ont rien de terrifiant, Vera SPOILER 9, le kintsugi. Cela donne un aspect bien particulier à ce roman, entre l’inquiétude et la merveille pour finir en apothéose SPOILER 10.

En fin de compte, il est un peu dommage que je n’ai pas réussi à entrer dans le roman dès le début, notamment à cause d’autres lectures que je faisais à côté et du peu de temps que j’avais pour lire en papier. En effet, le premier chapitre m’a happée tout de suite, me donnant envie de poursuivre la lecture malgré tout. Ce qui est sûr, c’est que ce roman est, comme son prédécesseur, une réussite et que j’ai déjà hâte de lire la prochaine œuvre de l’autrice ! 

 

Donc, un très bon roman mêlant horreur et enchantement autour de secrets familiaux terribles, porté par des personnages attachants ou insupportables, dans tous les cas complexes comme je les aime !

 

SPOILER 1 comme les artefacts phantopréhensibles, les multiples jumelles ennemies – le fait que cette confrontation coure dans la famille, qu’elle se poursuive de génération en génération, alimentée par le traitement des filles par leur mère -,

SPOILER 2 elle est l’archétype de la sorcière – niveau apparence, pouvoirs « maléfiques » et rejet par la société dans son ensemble, que ce soit ses parents ou les habitants qui se trouvent près d’elle -, mais elle n’a pas une mauvaise nature. Elle s’accepte « sorcière », mais elle reste touchante, ne fait pas de mal à d’autres sciemment. Si l’on y regarde de plus près, pour moi, ce sont sa grand-mère et sa mère qui sont de véritables sorcières au sens « maléfique » du terme.

SPOILER 3 J’ai adoré tout ce qui l’entoure, le fait qu’elle ait « dompté » ses pouvoirs, qu’elle les ait acceptés et vive avec eux pour en faire profiter d’autres. J’ai aussi aimé ce qu’elle apporte à ses sœurs individuellement : l’acceptation de soi et la possibilité, comme elle, d’utiliser ses pouvoirs au lieu de les subir pour Egonia ; la compréhension que sa mère est avant tout une femme, un individu, et qu’elle a caché des éléments de sa vie à tout le monde sans tout à fait le vouloir pour Félicité. Celle-ci a, en effet, beaucoup de mal à comprendre les agissements de sa mère et a accepté qu’elle s’est fait manipuler depuis l’enfance, mais aussi que sa mère cache un secret trop horrible pour qu’elle l’expose face à ses filles. En fin de compte, vu ce qui arrive dans le roman, j’ai eu l’impression que Félicité perdait beaucoup quand Egonia « gagnait » pas mal. En effet, alors même qu’elle est censée vivre une vie « parfaite », Félicité souffre aussi des différences que fait sa mère entre elle et sa jumelle pour plusieurs raisons : elle culpabilise, elle tente de compenser, mais aussi de concilier les deux natures explosives qui l’entourent, ne vivant donc jamais vraiment la vie d’une enfant innocente et insouciante.

SPOILER 4 grâce à l’image de la rivière, du lit puis de l’océan, mais aussi dans le fait que c’est un reflet du nom, une partie de son destin. Chaque personnage ne réagit pas de la même façon à la révélation de son outrenom, sans doute en raison de la nature de celui-ci. Pour Egonia, la question est assez complexe puisqu’elle n’est pas nommée comme le voudrait sa mère : Agonie. Dans le roman, on ne sait pas quel est son outrenom et quel est son nom ; j’aime à imaginer qu’Egonia est son outrenom, la sorcière atteignant ainsi une plénitude et une pleine puissance qui lui siéent à merveille. Quant à Félicité, le lecteur a compris qu’elle l’avait découvert d’elle-même : Clé, pour le passage qu’elle permet aux fantômes, mais aussi les réconciliations qu’elle peut opérer au sein même de sa famille. J’ai aimé la boutade autour de l’outrenom d’Adélaïde, personnage insupportable, profondément Laide à l’intérieur. Enfin, Carmine et son Cri correspondent parfaitement à ce personnage incroyable, voué à la destruction par le « cadeau » de sa mère à ses jumelles, mais aussi par sa différence de traitement entre ses filles.

SPOILER 5 que ce soit l’attaque d’un homme du village qu’elle subit ou son vieillissement prématuré lorsqu’elle assume sa destinée de sorcière

SPOILER 6 qui reflète le fait qu’elle est, en réalité, « habitée » par toutes les femmes qu’elle a été pendant sa très longue vie 

SPOILER 7 à la fois son côté manipulateur avec Félicité et la maltraitance d’Egonia

SPOILER 8 la petite Carine qui rit à la fin ; le puits …

SPOILER 9 et son jardin, 

SPOILER 10 J’ai beaucoup aimé la fin, le fait que les jumelles aient travaillé ensemble, qu’elles vivent ensemble – les voir interagir pendant le roman était un vrai plaisir. J’ai eu mal au cœur d’apprendre que Félicité, puis Vera meurent, laissant Egonia seule ; mais j’ai adoré qu’elle soit présente dès le début de l’œuvre sans que le lecteur le sache.

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