Un si beau siècle : la poésie contre les écrans d’Olivier Frébourg
Éditeur : Éditions des Équateurs
Année de sortie : 2021
Nombre de pages : 152
Synopsis : « Quand le monde est trop bruyant, je recours à la poésie. Elle ralentit le cours torrentiel du temps. Un petit gramme de stances ou de sonnets est moins toxique que le Prozac. Le ravage de la beauté est un incendie contemporain. Le paysage abrasé, détruit. L’installation de la laideur. Là où la beauté disparaît, la contemplation et le silence s’effacent, la vie se réduit. »
Avis : Je remercie les Editions des Equateurs pour m’avoir envoyé ce service presse !
Le titre de ce livre m’a tout de suite attirée ; j’étais un peu plus sceptique à propos du sous-titre. J’avais un peu peur que ce soit un pamphlet extrême qui diabolise les écrans et Internet dans leur globalité.
Eh bien, c’était malheureusement exactement cela.
J’étais parfois d’accord avec certaines idées : le rappel de la beauté de la poésie, le fait que ce soit un art qui permet de se ressourcer, qui inspire, qui permet de rêver et de penser autrement. De plus, l’auteur cite de nombreux poèmes au cours de son « essai » : j’ai eu envie de replonger dans les recueils de Baudelaire, d’Apollinaire, ou de découvrir de nouveaux poètes.
Mais, en réalité, on peut difficilement appeler ce livre un essai. L’auteur ne fait que donner son avis sur un sujet qu’il ne maîtrise pas du tout. Aucune donnée, aucun fait, aucune source – excepté pour une ou deux citations et les vers repris. Je m’attendais davantage à un essai centré sur des études sérieuses, et non simplement l’opinion élitiste d’un homme qui fait des réseaux sociaux et des écrans les démons de notre temps. Entre généralisation, platitudes et centralisation autour des hommes blancs, ce livre est le plus désagréable que j’ai eu à lire cette année et ma seule déception chez les Editions des Equateurs jusqu’à maintenant.
J’ai l’impression que l’auteur est nostalgique d’un temps qui n’a jamais existé : un temps où tout le monde lisait de la poésie et s’en trouvait élevé. J’adore la poésie ; c’est sans doute le genre littéraire que je préfère, même si ce n’est pas celui que je lis le plus souvent. Mais il ne me viendrait pas à l’idée de mépriser ceux qui n’en lisent pas, qui ne l’apprécient pas, qui n’y plongent pas pour échapper au monde. Il ne me viendrait pas non plus à l’idée de mépriser les personnes qui utilisent les écrans, peu importe leur degré d’utilisation. Il ne me viendrait pas à l’idée d’hurler au scandale parce que la jeunesse ne se révolte plus – ce qui est faux. Et comment peut-on encore glorifier la guerre et les héros mythologiques dans leurs attributs guerriers ? Ces valeurs ne sont pas les miennes.
Donc, une énorme déception et même un coup de gueule. Une belle dose de mépris de la part d’un auteur qui ne semble pas partager la vie des personnes qu’il méprise.