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I found myself in Wonderland.

Vincent qu’on assassine de Marianne Jaeglé

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 19 février 2021 @ 13 h 26 min

Genre : HistoriqueVincent qu'on assassine

Editeur : Folio

Année de sortie : 2018 [2016]

Nombre de pages : 342

Synopsis : « Tu es trop jeune pour le savoir, ajoute-t-il à voix basse : un peintre peint non seulement avec de la couleur mais aussi avec de l’abnégation, des renoncements à soi et le cœur brisé. »

Auvers-sur-Oise, juillet 1890. Vincent Van Gogh revient du champ où il est allé peindre, titubant, gravement blessé. Il n’a pas tenté de se suicider, comme on le croit d’ordinaire. On lui a tiré dessus. Qui est responsable de sa mort ? Comment la légende du suicide a-t-elle pu perdurer si longtemps ?

Inspiré par les conclusions des historiens Steven Naifeh et Gregory White Smith, ce roman montre Van Gogh aux prises avec ceux qui l’entourent et ses démons intérieurs, et rend ainsi justice à un homme d’exception que son époque a condamné à mort.

 

Avis : Je suis tombée sur ce livre par hasard alors que je visitais un musée. Je ne l’ai pas pris sur le coup, mais il est resté dans un coin de ma tête. Quand j’ai croisé à nouveau son chemin, je n’ai pas hésité. Il est reparti avec moi !

Je ne savais pas grand-chose de Vincent Van Gogh avant de lire ce roman. Qu’il s’est coupé une oreille. Qu’il a peint La Nuit étoilée. Qu’il est un des plus grands peintres du XIXe siècle, si ce n’est le plus grand peintre, tous siècles confondus. Qu’il n’était pas reconnu de son vivant. Et qu’il s’est suicidé.

Vincent qu’on assassine propose au lecteur de se retrouver dans la tête de Vincent, mais aussi dans celle de son frère Théo, celle de Paul Gauguin et de quelques autres. Bien sûr, c’est une fiction ; cela ne m’a pas empêchée de m’attacher à Vincent, de me révolter face à la façon dont il est traité par tous sauf Théo, de sentir mon cœur se serrer face à sa solitude, son isolement, son incompréhension, sa chute. De détester, mais vraiment, détester Paul Gauguin pour son arrogance, pour sa méchanceté, pour sa jalousie.

J’ai aussi été surprise par le synopsis la première fois que je l’ai lu : Vincent ne s’est pas suicidé ? Mais, alors, pourquoi dit-on que c’est le cas ? Le roman arrive à la conclusion de manière logique. Effectivement, à entendre les autres personnages, comment aurait-il pu se tirer dessus de cette façon ? Où est l’arme ? Où sont les marques de brûlure ? C’est là que la magie de la fiction se fait sentir : ce qui arrive dans ce roman est réel pour le lecteur qui assiste au meurtre de Vincent, puis à ce qui vient ensuite avec effarement, dégoût, et un sentiment d’injustice qui lui laisse un goût amer dans la bouche.

Ici, Vincent Van Gogh est présenté comme un homme bon, qui aime profondément la nature et les gens, mais qui ne se sent pas à l’aise en société. Il ne connaît pas – ou ne comprend pas – les codes sociaux, ce qui l’empêche de se faire accepter par la majorité. Et quand je dis « l’empêche de se faire accepter », je veux dire : « pousse les autres à le haïr ». Il est haï par ceux qui l’entourent, sans que le lecteur comprenne vraiment pourquoi. Oui, il est étrange, il est peintre et il se donne complètement à la peinture. Mais j’ai eu du mal à comprendre ce déferlement dont il est l’objet. Cela paraît tellement facile et tellement … mal (le mot wrong m’est venu, je ne parviens pas à traduire ce que j’ai ressenti autrement). En plus de cela, il n’est pas reconnu pour son travail, bien au contraire : sa manière de peindre est décriée et il est considéré comme un fou incapable de subvenir à ses besoins. Quand je vous dis que ce livre m’a brisé le cœur, je ne vous mens pas : c’était si dur de constater que les gens autour de Vincent le haïssent ou se moquent ouvertement de lui, qu’il s’en rend compte, mais qu’il pardonne, sans même y penser. A cela s’ajoutent la honte et la culpabilité qu’il ressent parce qu’il est entretenu par son frère. Cela donne ce genre de passages : « — Oui. J’ai peint votre fauteuil », répond-il, espérant que Paul entendra ce qu’il s’efforce de dire malgré tout. Qu’il lui manque, que Vincent regrette ce désaccord qui s’installe et s’approfondit entre eux. » Dans le roman, sa peinture est clairement montrée comme son moyen de communication : sans jamais le dire avec des mots, il peint sa tristesse, sa joie, sa souffrance, son manque, sa honte, la façon dont il voit la vie, les gens. Au fil des pages, le lecteur le comprend ; pas certains personnages, comme Paul, qui sont convaincus qu’il a tort de peindre de cette manière, qu’il est un bon-à-rien, qu’il ne sera jamais un grand peintre.

Je pense que vous l’aurez compris : Vincent qu’on assassine est un coup de cœur qui m’a donné encore plus envie de lire la biographie de Vincent Van Gogh écrite par Steven Naifeh, ainsi qu’un roman sur la relation entre Vincent et Théo. Je n’en ai pas parlé, mais l’histoire est portée par une écriture agréable, qui m’a permis de traverser le livre plus vite que je ne l’aurais voulu. L’émotion est vibrante sur le papier, elle se transmet au lecteur, comme les œuvres du peintre nous font ressentir ses propres émotions. Ce roman est, par conséquent, un bel hommage à Vincent Van Gogh tout en étant un livre intéressant sans être passionné par le peintre.

 

Donc, un excellent roman qui permet de mettre en perspective la vie de Vincent Van Gogh mais aussi d’imaginer l’homme qu’il était vraiment.

 

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