Asphodel de Louise le Bars
Editeur : Noir d’Absinthe
Année de sortie : 2020
Nombre de pages : 216
Synopsis : Dans Asphodel, nous parcourons les siècles, du XVIIIème à nos jours, aux côtés d’un vampire qui – poète macabre – nous conte sept meurtres de femmes ayant marqué son existence. Pourquoi les tue-t-il, elles en particulier ? Et quelle est cette mystérieuse entité qui prend vie au fil des lignes ? En nous mettant dans la peau d’un monstre fantastique, le roman aborde des thématiques féministes et nous pousse à réfléchir sur les origines du mal.
Avis : J’ai lu ce livre dans le cadre du Plib 2021 – depuis, Asphodel a été retiré du prix.
J’avais vraiment hâte de lire ce roman ! J’avais adoré Vert-de-lierre de la même autrice et je m’attendais à retrouver tout ce que j’avais aimé dans ce premier livre !
Alors, Asphodel n’est pas une déception, mais ce n’est pas non plus un coup de cœur. J’ai effectivement retrouvé l’écriture de l’autrice, très poétique, belle et imagée. Louise le Bars a un vrai talent pour les mots, c’est indéniable : c’est harmonieux, c’est vibrant. J’adore la figure du vampire, donc j’étais ravie de la voir reprise par l’autrice : ici, Asphodel est un « vrai » vampire, sans regrets, sans compassion (ou … presque ?), qui voit les humains comme des proies. Peu à peu, j’ai vu, en Asphodel, Baudelaire. C’est comme si le jeune vampire pouvait faire tout ce que le poète décrivait dans ses poèmes, pouvait assouvir ses pulsions, tout en voyant les femmes comme des fleurs du mal. Il va donc, aussi, sans dire, qu’Asphodel, comme Baudelaire, est très misogyne – ce qui ne veut, bien sûr, pas dire que l’autrice l’est. C’était assez agaçant d’être dans sa tête et de « l’entendre » parler ainsi des femmes. Il ne les considère que pour leur beauté – ou presque – et ne voient en elles que des corps – et du sang. Il pense aussi à leur esprit, à leur âme, mais il pense leur offrir un cadeau en les tuant : SPOILER 1 Le pire, c’est que, parfois, ce qu’il dit est tellement beau qu’on se laisserait aller à l’approuver … mais non.
Et là arrivent les raisons pour lesquelles ce livre ne peut être un coup de cœur. Asphodel commet des meurtres – puisque le roman nous raconte sa vie à travers sept femmes qu’il a tuées – mais aussi des viols. Décrits. Pas en détails, mais tout de même. C’était terriblement gênant à lire, peut-être encore plus avec la plume si belle de l’autrice qui sublime cet acte affreux à travers la gloire qu’en ressent Asphodel. J’ai, en fin de compte, détesté être dans la tête de cet homme : c’était vraiment une expérience … salissante en quelque sorte. Le lecteur assiste à ses crimes en sachant que ce qu’il fait est ignoble, mais le vampire se complaît dans ses actes et est persuadé de son bon droit.Cela correspond à ce que représente le vampire : il est l’agresseur, le prédateur, celui qui viole, tue et envahit. Il n’empêche que ce n’est pas plaisant à lire.
Mais ce qui, vraiment, me laisse perplexe, c’est la fin du roman. L’idée de SPOILER 2 est excellente, j’ai adoré enfin comprendre la place des intermèdes dans l’histoire – j’avais un peu de mal avec ces passages qui, certes, étaient toujours aussi bien écrits, mais que je n’arrivais pas à placer clairement dans le récit principal. Mais SPOILER 3 J’ai trouvé que cette fin cassait un peu le côté féministe de ce roman. En effet, les femmes, victimes d’Asphodel, ne sont pas seulement des proies, elles ne sont pas (toutes) passives. J’ai aimé que certaines se rebellent, que toutes (ou presque) donnent du fil à retordre à Asphodel, qu’il se pose parfois des questions sur le bien fondé de ce qu’il fait. Bien sûr, ayant seulement le point de vue du vampire, certaines façons de décrire ces femmes, de les voir ou de les comprendre sont agaçantes ; mais cela se comprend grâce au point de vue. Cela laisse voir au lecteur que ces femmes ne sont pas simplement des demoiselles en détresse attirées par l’hypnose qu’exerce le vampire sur elles. Mais cette fin … SPOILER 4 Plus je pense à elle, et plus je suis déçue par ce roman …
Donc, toujours une aussi belle écriture, mais une histoire qui n’a pas réussi à me plaire.
SPOILER 1 ces fleurs ne valent la peine qu’une fois mortes, quand elles sont à leur plein potentiel. Mouhou. Bien sûr. Pas taper, Justine, c’est un vampire.
SPOILER 2 la poupée et de l’âme
SPOILER 3 l’histoire de la mère ? 1) Elle semble incestueuse, 2) elle est misogyne, 3) elle prive son fils de son âme pour le protéger de l’amour et en fait alors un monstre qui va tuer les femmes qui auraient pu lui briser le cœur. D’accord.
SPOILER 4 Asphodel n’est pas coupable en fin de compte, même s’il se qualifie lui-même de monstre, parce que c’est sa mère qui l’a privé de son âme pour qu’il tue des femmes. Parce qu’elle a elle-même souffert de l’amour qu’elle a pu ressentir pour un homme – le père d’Asphodel – qui l’a abandonnée – je présume. Ce personnage est l’archétype de la femme vengeresse qui, au lieu de se tourner contre celui qui lui a fait du mal ou contre ceux qui continuent à faire du mal, se tourne vers les femmes pour les punir d’un méfait qu’elles n’ont pas encore commis. Parce qu’elles sont belles, attirantes, intelligentes, elles seront tuées par Asphodel.
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