Lady Chatterley’s Lover de D.H. Lawrence
Editeur : Penguin (Twentieth Century Classics)
Année de sortie : 1995 [1928]
Nombre de pages : 302 + 33
Titre en VF : L’Amant de Lady Chatterley
Synopsis : ‘Ranks among the twentieth century’s most extraordinary literary achievements … [it] uniquely combines energy with elegy, pungency with delight, tradition with experiment‘ – Michael Squires
With her soft brown hair, lithe figure and big, wondering eyes, Constance Chatterley is possessed of a certain vitality. Yet she is deeply unhappy; married to an invalid, she is almost as inwardly paralysed as her husband Clifford is paralysed below the waist. It is not until she finds refuge in the arms of Mellors the game-keeper, a solitary man of a class apart, that she feels regenerated. Together they move from an outer world of chaos towards an inner world of fulfillment.
Included here, in his essay A Propos of Lady Chatterley’s Lover, are Lawrence’s own, final thoughts on male-female relationships in the modern world. This Penguin edition reproduces the newly established Cambridge text, the first edition ever to restore to Lawrence’s most famous work the words he wrote and the first to correct authoritatively the 1928 Florence edition which Lawrence personally supervised.
Avis : J’ai pris ce livre au hasard dans ma PAL : j’avais envie d’un classique et celui-ci se trouvait dans ma bibliothèque depuis plus de deux ans !
Quelque chose d’étrange s’est produit à la lecture de ce livre : je suis tombée amoureuse d’un auteur tout en n’étant pas entièrement d’accord avec lui.
ATTENTION, pour les personnes qui y sont sensibles, je vais parler du sujet du roman, c’est-à-dire, de sexe dans cette chronique. Je préfère vous prévenir !
Donc, d’un côté, le grand amour :
- J’ai adoré l’écriture de D.H. Lawrence, ce qui n’aurait pas dû être le cas, puisque je déteste quand un auteur répète souvent les mêmes expressions ou même les mêmes mots : ici, je ne sais pas pourquoi, cela ne m’a pas dérangée du tout ! J’ai, au contraire, tellement adoré l’écriture de cet auteur que j’ai envie de lire tous ses livres !
- Je suis complètement d’accord avec le message principal que D.H. Lawrence essaie de faire passer : les hommes se sont séparés de la nature et de leur cycle naturel – dans tous les domaines – et ils ont besoin de les retrouver pour mener une vie qui vaille le coup. Ce roman se concentre sur le sexe, mais on peut aller plus loin encore !
- SPOILER 1 Dans son essai, l’auteur explique que Platon, Aristote et Jésus ont détruit le côté physique de l’homme, son corps, pour faire régner l’esprit, ce qui a, en quelque sorte, estropié l’humanité.
- L’auteur dépeint une femme dont la vie sexuelle est libérée ET qui ne se sent pas coupable à cause de cela : c’est la première fois que je rencontre ce type de personnages féminins dans un roman classique ! Elles se sentent toutes coupables d’une façon ou d’une autre. Ici, pas de honte, et c’était formidable !
- Je me suis sentie très proche de ce livre et de ses personnages : j’avais l’impression que tout sonnait vrai, authentique.
Mais, d’un autre côté, je ne suis pas du tout d’accord sur certains points :
- Il n’est pas permis aux femmes de rechercher le plaisir par d’autres moyens que le phallus : c’est le « grand pont » et la seule façon pour les hommes et les femmes d’être unis. Si une femme recherche le plaisir différemment, l’homme est dégoûté et l’amour ne peut pas durer. Les pénis sont nécessaires à une vie sexuelle normale. Et l’homosexualité est considérée comme secondaire, incomplète. Haha. Mais bien sûr. C’est évident. Que serions-nous, pauvres femmes, sans le phallus ? Et comment deux femmes pourraient-elles être considérées comme un couple naturel ? Haha. Laissez-moi rire.
- Un commentaire raciste est placé dans la bouche de Mellors : il dit que les femmes noires sont comme de la boue pour les hommes blancs. JE SUIS DÉÇUE LAWRENCE, JE SUIS TRÈS DÉÇUE.
- Enfin, je me dois d’évoquer l’aspect religieux. Naïvement, et étant donné le sujet du roman, je ne pensais pas que la religion serait présente dans cette œuvre. Je me suis largement trompée. Je suis d’accord avec certaines idées qu’a D.H. Lawrence à propos de la religion dans son essai « A Propos of Lady Chatterley’s Lover« , mais je ne le suis pas tout à fait. Lawrence voit la religion comme une façon pour les hommes de revenir à la nature et au cycle naturel qui est le leur ; mais je n’en suis pas persuadée. Dans son essai, j’ai eu l’impression d’un mix de paganisme et de religion qui m’a plu, mais je ne peux pas faire confiance à l’Eglise ou croire en Dieu. C’était, pour autant, très intéressant, une fois que l’on enlève le sexisme religieux.
C’était une lecture très personnelle, pleine de contradictions pour moi. Je comprends pourquoi Lady Chatterley’s Lover était controversé à l’époque de sa publication, et je comprends même pourquoi il peut choquer encore aujourd’hui. Je suis violemment contre certains aspects du roman ; mais je ne peux pas pour autant le rejeter complètement. Je l’ai adoré, j’adore D.H. Lawrence – qui rejoint mon panthéon d’auteurs et autrices à vénérer, malgré son aversion pour Jane Austen – et je pense que je lirai tous ses livres doucement, afin de m’immerger dans son œuvre.
Donc, un roman qui m’a surprise, qui m’a secouée et qui m’a fait découvrir un nouvel auteur que j’aime (bientôt un favori ?) !
SPOILER 1 : J’ai adoré que Mellors et Clifford représentent chacun un côté de l’humanité. Mellors est l’homme naturel, le véritable homme, celui qui a besoin du corps, qui le représente. Clifford est l’homme mort : sa paralysie représente son incapacité à être un homme véritable. Pas dans le sens où il est impuissant – même si c’est aussi le cas – mais dans le sens où, même s’il avait pu l’être, il ne l’aurait pas été. Il est le bourgeois qui ne pense qu’à l’esprit, pour qui le corps est haïssable, quelque chose dont il faut s’accommoder parce qu’il est là, mais rien qui vaille vraiment la peine. Il est mort à l’intérieur, une âme morte, parce qu’il ne comprend pas le lien de l’homme avec la nature et le besoin physique des hommes et des femmes. Il est l’esprit, Mellors est le corps. Un équilibre serait formidable, mais ce n’est pas du tout ce que cherchait à trouver ce roman !