My Dark Vanessa de Kate Elizabeth Russell
Editeur : HarperAudio
Année de sortie : 2020
Temps d’écoute : 15h
Synopsis : Exploring the psychological dynamics of the relationship between a precocious yet naïve teenage girl and her magnetic and manipulative teacher, a brilliant, all-consuming read that marks the explosive debut of an extraordinary new writer.
2000. Bright, ambitious, and yearning for adulthood, fifteen-year-old Vanessa Wye becomes entangled in an affair with Jacob Strane, her magnetic and guileful forty-two-year-old English teacher.
2017. Amid the rising wave of allegations against powerful men, a reckoning is coming due. Strane has been accused of sexual abuse by a former student, who reaches out to Vanessa, and now Vanessa suddenly finds herself facing an impossible choice: remain silent, firm in the belief that her teenage self willingly engaged in this relationship, or redefine herself and the events of her past. But how can Vanessa reject her first love, the man who fundamentally transformed her and has been a persistent presence in her life? Is it possible that the man she loved as a teenager—and who professed to worship only her—may be far different from what she has always believed?
Alternating between Vanessa’s present and her past, My Dark Vanessa juxtaposes memory and trauma with the breathless excitement of a teenage girl discovering the power her own body can wield. Thought-provoking and impossible to put down, this is a masterful portrayal of troubled adolescence and its repercussions that raises vital questions about agency, consent, complicity, and victimhood. Written with the haunting intimacy of The Girls and the creeping intensity of Room, My Dark Vanessa is an era-defining novel that brilliantly captures and reflects the shifting cultural mores transforming our relationships and society itself.
Avis : Vous savez, je pense, que je ne suis pas une grande fan de l’audio : je n’aime pas qu’on me raconte une histoire, je préfère la lire moi-même, visuellement, sur le papier ! Et pourtant, Scribd m’a tenté avec cet audiobook de My Dark Vanessa, donc je me suis à nouveau laissé tenter …
Je peux résumer en un mot ce que j’ai ressenti après avoir lu ce livre : nausée. Ecouter la narratrice raconter son histoire me donnait envie de me rouler en boule dans un coin, noyée dans mes larmes. J’aurais pu m’y attendre si j’avais correctement lu le synopsis : mais j’en ai un peu marre de me faire spoiler tout un roman en lisant la quatrième de couverture, donc j’ai décidé de lire ce livre à l’aveugle ! Je savais simplement que l’on allait traiter de la liaison entre une élève et son professeur, et que le mot « controverse » avait été employé pour parler de ce livre. J’étais donc intriguée, assez pour retenter l’expérience audio !
Comme je me suis sentie mal en lisant ce roman … [SPOILER] Je ne savais pas que Vanessa ne reconnaîtrait pas que sa relation avec Strane est abusive. Je ne pensais pas qu’elle serait complètement écrasée par le poids de cette relation à ce point, incapable de construire quoi que ce soit et incapable de s’éloigner de lui. Je ne savais pas qu’il serait si dur d’assister à la descente progressive aux enfers d’une jeune fille de 15 ans – oui, je ne savais pas non plus qu’elle avait 15 ans – rêveuse et ambitieuse, démolie jusqu’à être désillusionnée, alcoolique et sans la carrière qu’elle s’était imaginée, refusant encore et toujours d’admettre qu’elle a été abusée. C’était le plus dur : l’entendre nier, essayer de se convaincre que c’était une histoire d’amour – elle dit même cette phrase à un moment donné, ça m’a donné envie à la fois de pleurer et de balancer mon téléphone à travers la pièce ! Il a détruit sa vie et elle ne s’en rend pas compte – ou, plutôt, elle ne veut pas s’en rendre compte – jusqu’à ce que dix-sept ans soient passés ! Elle m’a brisé le cœur … [FIN DU SPOILER]
Certaines scènes étaient particulièrement difficiles à lire : [SPOILER] comme je l’ai dit, Vanessa ne le reconnaît pas, mais Strane la viole. Elle ne veut pas avoir de rapport avec lui, elle a la chair de poule quand il s’approche d’elle, elle ne ressent que du dégoût pour lui dans ces moments-là ! Clairement, c’est de l’abus, et ce sont des viols répétés. [FIN DU SPOILER] J‘avais envie de vomir et d’entrer dans le livre pour tuer Strane. [SPOILER] Je n’ai même pas réussi à ressentir de la sympathie pour lui quand il se suicide. Zéro, rien du tout. [FIN DU SPOILER]
De plus, la relation arrive si tôt dans la vie de Vanessa [SPOILER] que cette liaison et Strane la forment, la façonnent, font d’elle la femme qu’elle devient. Ses goûts littéraires – le roman préféré de Vanessa est Lolita parce que Strane lui a fait lire ; rien que là, j’avais envie de TUER cet homme à mains nues ! -, les hommes qu’elle séduit, la façon dont elle pense, tout vient de lui. C’est d’autant plus difficile pour elle de se détacher de lui et de reconnaître qu’il a été manipulateur et abusive : comment renoncer à tout ce qui fait d’elle qui elle est ? J’ai eu envie de le déterrer et de le massacrer à nouveau ! Petite m**** ! [FIN DU SPOILER]
Ce que j’ai particulièrement aimé chez Vanessa, c’est qu’elle n’est pas un personnage fait pour être aimé : c’est une adolescente qui pense qu’elle est plus intelligente que tout le monde, que personne ne la comprend. Elle colle vraiment bien à l’esprit adolescent. Cela peut agacer ; j’ai personnellement trouvé que ça la rendait d’autant plus attachante. Nous sommes tous passés par cet âge adolescent, nous savons comme il est compliqué de s’adapter à ce nouveau corps, à cette place future dans la société, à tous ces changements physiques, psychologiques et sociaux qui interviennent. J’ai plutôt eu envie de la prévenir, de la prendre dans mes bras, parfois de la secouer aussi, je l’avoue. Mais j’ai ressenti davantage de compassion que d’énervement pour elle. [SPOILER] Même plus tard, alors qu’elle n’a plus 15 ans, dix-sept ans plus tard, elle semble toujours arrogante, toujours convaincue que personne n’a compris Strane à part elle, convaincue qu’elle tenait les rênes de la relation, qu’elle n’était pas manipulée mais qu’elle manipulait Strane, qu’elle pouvait en faire ce qu’elle voulait. Ce sentiment de contrôle est factice quand elle a 15 ans et quand elle en a 32. Le lecteur s’en rend compte lors d’une visite chez Ruby, la psychologue de Vanessa : la jeune femme lui raconte enfin tout et la psychologue est ahurie, non pas par ce que lui apprend Vanessa, mais par la façon dont elle considère cette relation. C’est pendant ce passage que Vanessa dit : I need it to be a lovestory, ce qui laisse le lecteur comprendre qu’elle sait que ce n’en est pas une, mais ne veut pas le savoir. [FIN DU SPOILER] Le lecteur comprend donc que cette arrogance est une attitude : de cette manière – et de cette manière SEULEMENT -, Vanessa est une narratrice peu fiable : elle se dépeint, mais elle ne creuse jamais. Pourquoi pense-t-elle qu’elle était plus intelligente ? Qu’est-ce que cette pensée cache ?
Lire ce livre en audio a clairement apporté quelque chose en plus à ma lecture : j’avais d’autant plus l’impression que Vanessa me racontait son histoire, c’était perturbant et d’autant plus horrible, touchant et DUR ! J’ai adoré la voix de la narratrice : elle m’a fait pleurer quand sa voix s’est cassé lors d’un passage …
[SPOILER] Il y a de l’espoir à la fin : Vanessa n’oubliera jamais Strane et ce qui lui est arrivé, cela fait à jamais partie d’elle. Mais elle peut avoir une vie. Elle commence une nouvelle vie : elle a reconnu ce qui est vraiment arrivé et elle tente de construire quelque chose sur de nouvelles bases. Le livre se termine alors qu’elle est encore en thérapie et qu’elle tente de devenir responsable : elle adopte un chien, ce qui illumine visiblement ses journées, malgré les moments de détresse qui reviennent. J’ai aimé que cette fin ne soit pas utopique ou invraisemblable : parce que Vanessa adopte un chien, elle oublie Strane et va courir dans les champs en criant son bonheur. J’ai aimé que ce soit juste, mais qu’il y ait quand même de l’espoir. Ce livre était quand même terriblement déprimant à lire, il fallait qu’il se termine sur une note positive pour le lecteur, un pas en avant pour Vanessa. [FIN DU SPOILER]
[SPOILER] Je pense que je comprends la controverse : certains peuvent lire ce livre en se disant que Vanessa n’a pas été violée parce que, d’après ce qu’elle dit, elle est consentante. Rien qu’en lisant la première scène pendant laquelle Strane et elle ont un rapport, on comprend bien qu’elle ne l’est PAS. D’autres peuvent se dire que c’est nuancé, que ce n’est pas assez clair, qu’il aurait fallu que Vanessa exprime clairement qu’elle a été abusée, qu’elle porte plainte, qu’elle réagisse. Mais je trouve, au contraire, que ce roman incarne à merveille l’état de l’adolescent : il ne sait pas encore ce qui est la norme, il ne sait pas ce qui est limite, ce qu’est le consentement et il fait confiance à un adulte. Strane est un adulte, une figure d’autorité : il devient la norme pour Vanessa, ce qui rend l’abus et le viol d’autant plus IMPARDONNABLES ! Et ce n’est clairement pas non plus une question d’intelligence : Vanessa réfléchit à ce qui lui arrive et c’est si horrible de penser que ce n’est pas ce qu’elle imaginait qu’elle préfère faire confiance à Strane et le suivre ! [FIN DU SPOILER]
Donc, je ne peux pas dire que j’ai adoré ce livre, ce serait étrange, étant donné toutes les émotions négatives que j’ai ressenties en le lisant. Il m’a bousculée et il restera avec moi un moment.
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