Demandez-leur la lune d’Isabelle Pandazopoulos
Editeur : Gallimard (Scripto)
Année de sortie : 2020
Nombre de pages : 204
Synopsis : Pour Lilou, Samantha, Bastien et Farouk, le passage en seconde générale vient d’être refusé. Dans un de ces coins de France où même Internet ne passe pas, de quel avenir peuvent-ils rêver ? C’est alors qu’Agathe Fortin croise leur route. Jeune prof de français passionnée, elle propose de les préparer à un concours d’éloquence. C’est la première fois que quelqu’un croit en eux.
Avis : Je ne connaissais pas l’existence de ce livre avant qu’il me soit offert par mon amie Aurore ; je la remercie à nouveau !
Après avoir fini My Dark Vanessa, je vous laisse imaginer mon état : complètement déprimée. J’avais besoin d’un rayon de soleil dans toute cette noirceur : est alors arrivé Demandez-leur la lune ! Quatre adolescents vont être inscrits à un concours d’éloquence par leur professeure de français. En tant qu’élève, j’ai participé à des concours d’éloquence ; en tant que professeure, je ne peux qu’imaginer la patience qu’il faut pour motiver les élèves. Mais alors, quand ils sont en échec scolaire et ne veulent pas s’inscrire à l’origine …
Dès le premier chapitre, ce roman m’a happée. Je me suis sentie à la fois proche des élèves, dont le lecteur a le point de vue, et d’Agatha Fortin, la professeure – forcément, c’est mon métier, comment ne pas me sentir proche d’elle ? La fin, notamment, m’a semblé vraiment juste en ce qui la concerne : [SPOILER] elle a aidé ses élèves, elle a été là pour eux quoi qu’il leur arrive et elle s’efface à la fin, elle sort de leur vie, comme avec tous les autres élèves qu’elle a eus avant. Quelle tristesse tout de même, mais une tristesse douce parce que le lecteur sait qu’elle a réussi et qu’elle les laisse en meilleur état qu’elle ne les a trouvés ! [FIN DU SPOILER]. Lilou, Samantha, Bastien et Farouk sont tous touchants à leur manière, sont tous blessés par un élément de leur passé ou de leur vie qui les hante et les empêche d’avancer. Ces adolescents permettent à l’autrice d’aborder quatre thèmes tout à fait différents : je trouve que c’est un risque, en si peu de pages, de vouloir évoquer des sujets aussi complexes et importants. Pourtant, l’autrice s’en tire avec brio : le lecteur est ému, la situation des quatre adolescents le fait réfléchir, le pousse à se rendre compte de ses préjugés et à les dépasser.
[SPOILER] Il fallait, en effet, du courage pour oser traiter de maladie mentale avec la mère de Samantha, de terrorisme avec le frère de Lilou, d’héritage avec Bastien et de migrants avec Farouk. Certaines scènes sont difficiles à lire : la mère de Samantha qui se met à délirer devant tous les parents d’élèves, le lecteur sachant très bien que cela va arriver puisque Samantha a vu des signes avant-coureurs mais est incapable de faire quoi que ce soit pour aider sa mère. Le moment où le titre de séjour de Farouk arrive à expiration et où il est incapable d’expliquer pourquoi il doit rester sans mettre en danger sa famille en Turquie. La fugue de Bastien qui veut continuer à aller à l’école alors que son père lui dit que cela ne sert à rien étant donné qu’il doit reprendre son entreprise. L’isolement de Lilou et sa famille de la communauté parce que son frère est parti faire le djihad en Syrie. Toutes ces situations sont émouvantes et bien traitées par l’autrice : sans rajouts, sans tire-larmes – même si j’ai pleuré, évidemment ! [FIN DU SPOILER]
Restent à louer l’écriture, que j’ai trouvé d’excellente qualité, et le fait que ce roman est très inspirant. Il me rappelle pourquoi j’ai choisi ce métier, pourquoi je l’aime et pourquoi je vais continuer à l’exercer !
Donc, une petite pépite qui fait pleurer et rire en 200 pages !
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