Romantic Outlaws: The Extraordinary Lives of Mary Wollstonecraft & Mary Shelley de Charlotte Gordon
Editeur : Windmill Books
Année de sortie : 2016 [2015]
Nombre de pages : 547
Titre en français : Pas encore traduit
Synopsis : ‘Brave, passionate, and visionary, they broke almost every rule there was to break.’
English feminist Mary Wollstonecraft and author Mary Shelley were mother and daughter, yet these two extraordinary women never knew one another. Nevertheless, their passionate and pioneering lines remained closely intertwined, their choices, aspirations and tragedies eerily similar.
Both women became famous writers and wrote books that changed literary history, had passionate relationships with several men, were single mothers out of wedlock; both lived in exile, fought for their position in society, and interrogated ideas of how we should live.
Romantic Outlaws takes the reader on a vivid journey across revolutionary France and Victorian England to explore in this ground-breaking dual biography the author of A Vindication of the Rights of Woman and the author who wrote Frankenstein – mother and daughter – a pair of visionary women, who should have shared a life, but who instead share a powerful literary and feminist legacy.
Avis : Après Angela Carter et Daphné du Maurier, c’est au tour de Mary Shelley et de Mary Wollstonecraft !
Je me suis rendu compte, après la lecture de The Invention of Angela Carter et de Manderley for ever, que j’adorais lire des biographies ! Je me sens souvent très proche de l’autrice dont je découvre la vie, et cela me donne encore plus envie de lire ses œuvres – que, parfois, je ne connais pas ! Donc, en voyant Romantic Outlaws à la BU de ma fac, je n’ai pas résisté longtemps ! J’ai étudié Frankenstein pour mes mémoires, et j’étais curieuse de découvrir la vie de son autrice, ainsi que de la mère de celle-ci, dont j’ai entendu parler, mais dont je ne savais pas grand-chose. Remarque d’ailleurs : je trouve original d’écrire une biographie croisée ! On se rend compte de l’influence de Mary Wollstonecraft sur la vie de sa fille, alors même que Mary Shelley n’a jamais connu sa mère, et on s’implique tout autant dans la vie de l’une que dans la vie de l’autre. Je trouve aussi très émouvant de consacrer une biographie à deux femmes qui n’ont pas eu l’opportunité de se rencontrer, alors même qu’elles sont si proches, si liées ; c’est une si belle idée ! Pour ne rien gâcher, j’ai trouvé l’écriture très bonne, et cela m’a donné envie de lire d’autres biographies de l’autrice !
J’ai été happée par ce livre, transportée à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe ! J’ai adoré découvrir la vie de ces femmes, je me suis sentie proche d’elles, proche de leur personnalité et de leurs idées. En revanche, combien j’ai détesté les hommes à leurs côtés !! Et quelle indignation j’ai ressentie à plusieurs reprises !! Il m’est actuellement impossible de lire quoi que ce soit de Byron, Shelley ou Godwin !! Peut-être plus tard, quand je me serai calmée ; mais là, ils peuvent rester le plus loin possible de mes étagères. Comme j’étais agacée aussi de retrouver la polémique selon laquelle Mary Shelley n’aurait pas écrit Frankenstein ! Et comme j’ai aimé la façon dont la biographe nous explique comment il est impossible que ce soit son mari qui l’est écrit, tout cela en utilisant à la fois les écrits personnels des auteurs/autrices, mais aussi en analysant leur style littéraire, leur façon de voir la vie, la personnalité des personnages, et le ton de l’œuvre.
Autre chose que j’ai adoré : Charlotte Gordon n’idéalise pas Mary Wollstonecraft et Mary Shelley. Au contraire, comme Tatiana de Rosnay dans Manderley for ever, elle nous dévoile les défauts des jeunes femmes, leurs erreurs, mais aussi leurs contradictions. Elle ne cherche pas à embellir certains aspects de leur vie qui pourraient déplaire au lecteur contemporain ; elle reconnaît que cela peut rebuter le lecteur, lui faire, éventuellement, remettre en cause ce qu’il pensait, et elle explique en quoi ces aspects sont normaux, en quoi il est difficile pour nous, à notre époque, de juger ces jeunes femmes. Ainsi, le lecteur découvre la réaction de Mary Wollstonecraft face à l’attitude d’Imlay, le fait que Mary Shelley soit manipulée par une de ses amies, etc. D’autres passages sont aussi difficiles à lire : mon cœur s’est brisé plusieurs fois face aux pertes des Mary … mais aussi face au rejet de la société qu’elles rencontrent. Mary Wollstonecraft est une féministe à une époque où les femmes sont très peu considérées ; Mary Shelley est une femme qui a osé braver les interdits par amour. Toutes deux ont connu des périodes pendant lesquelles elles étaient rejetées de tous, même de leurs proches !! (oui, c’est toi que je regarde Godwin !!) J’ai aimé aussi que l’autrice nous parle de mental health (je l’écris en anglais parce que je trouve que c’est moins connoté qu’en français, « santé mentale », qui fait clairement « folie », alors que mental health désigne aussi bien l’anxiété, la mélancolie, que la folie) : le lecteur comprend rapidement que la mélancolie de Mary Wollstonecraft s’est transmise à sa fille, et qu’elles sont toutes deux en proie aux doutes, aux angoisses, aux mauvais pressentiments. Cela peut aller très loin pour elles, surtout quand elles ne sont pas aidées par leurs proches !
Et à leur mort … Comme pour les biographies précédentes, j’ai eu l’impression de perdre deux amies, deux femmes proches de moi. Je n’avais pas envie de terminer le livre parce que je savais ce qui allait venir : j’avais envie de rester encore un temps avec elles. Mais alors, le pire vient après leur mort : la façon dont elles sont maltraitées, dont elles sont rejetées, dont LEURS PROPRES PROCHES participent à ce rejet, à cet oubli !!! Elles ont failli être oubliées complètement à cause de bêtises sans nom : par exemple, le PROPRE MARI de Mary Wollstonecraft qui ruine sa réputation quelques mois après sa mort seulement ! Ou la façon dont les proches de Mary Shelley l’ont traitée après la mort de son mari !!
J’aurais encore tant à dire ; mais le but est de vous donner envie de lire, pas de tout vous raconter. Malheureusement, cette biographie n’a pas encore été traduite ; mais on va garder l’espoir qu’elle le soit un jour ! Ces femmes étaient de véritables héroïnes, leur vie est digne d’un roman et, parfois, ce livre se lit comme un roman tant on est happé par l’ambiance, proche ou révolté par les personnages. Mary Wollstonecraft et Mary Shelley devraient être reconnues pour ce qu’elles sont : de grandes autrices, de grandes penseuses, des pionnières, des féministes, de grandes femmes. Il est grand temps !
Donc, une excellente biographie, dont je vais me procurer un exemplaire, histoire de l’annoter de partout !
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