L’Ecume des jours de Boris Vian
Éditeur : Le Livre de Poche
Année de sortie : 2013 [1947]
Nombre de pages : 335
Synopsis : Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d’amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C’est un conte de l’époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féerique et déchirant.
Dans cette œuvre d’une modernité insolente, livre-culte depuis plus de soixante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d’un nénuphar, le cauchemar va jusqu’au bout du désespoir.
Seules deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l’amour absolu et la musique des Noirs américains …
Avis : J’ai lu ce livre pour la première fois au lycée, l’année du bac ; il y a donc un peu plus de six ans !
Honnêtement, je me souvenais simplement que c’était bien écrit et poétique d’une façon assez étrange, et que je n’avais jamais lu un livre de ce genre ! En effet, on pourrait classer L’Ecume des jours dans le réalisme magique, branche de la Fantasy que je ne connaissais pas du tout à l’époque – et dont je ne suis pas du tout une experte aujourd’hui !
J’ai beaucoup aimé cette relecture ! J’ai vraiment été touchée par ce qui arrivait aux personnages et, surtout, par la façon dont Boris Vian décrit et fait ressentir les choses. C’est une histoire étrange, qui vire vers l’absurde, notamment avec des scènes si aberrantes qu’elles en deviennent presque comiques ! On peut également y voir une critique acerbe de notre société : les gens sont jetables, certains sont prêts à dépenser tout leur argent pour des idées qui ne les réchauffent pas le soir sous la couette, et qui poussent leurs proches au désespoir. Si le début peut paraître léger, drôle parfois, on vire rapidement vers le tragique, le rire jaune, la chute totale. L’humour de l’œuvre – qui m’a vraiment fait rire à certains moments – est compensée par des moments de plus en plus noirs. [SPOILER] La fin est affreuse : personne ne trouve son bonheur. Plusieurs sont morts, et seul Colin reste, et encore ! La dernière scène laisse entendre que les derniers personnages toujours en piste veulent mettre fin à leurs jours ! [FIN DU SPOILER] Enfin, j’ai aimé les jeux de mots, les néologismes, et les inventions étranges qui parcourent l’œuvre !
L’Ecume des jours, c’est aussi une histoire d’amour ; ou plutôt, deux histoires d’amour. Depuis le temps que je vous dis que ce n’est pas mon style … et pourtant, je ne cesse de vous parler d’histoires d’amour que j’ai adorées. Il faudrait que je précise : je n’aime que certains types d’histoires d’amour bien précis. Celui qui se trouve dans ce livre en fait partie. Colin et Chloé s’aiment éperdument, et la déchéance de ce couple m’a fait mal au cœur. La maladie vient faire irruption dans leur vie : symboliquement, on ne sait pas véritablement à quoi elle correspond, mais elle pourrit la vie des personnages. Le désespoir s’installe peu à peu, et le lecteur finit par douter : Chloé va-t-elle survivre ? Quant à l’histoire entre Alise et Chick, elle est elle aussi en danger, à cause d’un autre type de « maladie ». [SPOILER] En effet, la passion de Chick est plus qu’une passion : c’est une obsession. Elle devient de plus en plus envahissante, jusqu’à le consumer complètement. Il en oublie Alise, ses amis, tout le reste. L’argent n’est qu’un moyen pour lui d’acquérir plus d’objets liés à Jean-Sol Partre, et non d’améliorer sa vie. [FIN DU SPOILER]
Bémol : peut-être le fait qu’on se concentre exclusivement sur le point de vue masculin ? Certes, Alise est férue de Jean-Sol Partre, mais, au fil du roman, le lecteur a plutôt l’impression que c’est un léger intérêt, pas du tout une passion dévorante comme celle de Chick. Chloé, même si elle est très attachante, n’est pas un personnage très développé : elle est importante pour l’amour que Colin lui porte. Le roman reste focalisé sur lui, et sur la déchéance des personnages masculins.
Donc, un très beau roman, qui se place sans doute parmi ceux qui m’ont le plus marquée.
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