Genre : Essai, Science
Editeur : W.W. Norton & Company
Année de sortie : 2017 [2016]
Nombre de pages : 275
Titre en français : Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre l’intelligence des animaux ?
Synopsis : Hailed as a classic, Are We Smart Enough to Know How Smart Animals Are? explores the oddities and complexities of animal cognition – in crows, dolphins, parrots, sheep, wasps, bats, chimpanzees, and bonobos – to reveal how smart animals really are, and how we’ve underestimated their abilities for too long. Did you know that octopuses use coconut shells as tools, that elephants classify humans by gender and language, and that there is a young male chimpanzee at Kyoto University whose flash memory puts that of humans to shame? Fascinating, entertaining, and deeply informed, Frans de Waal’s landmark work will convince you to rethink everything you thought you knew about animal – and human – intelligence.
Avis : Cette année, un de mes objectifs est de lire plus de non-fiction ; j’en ai très envie, mais je trouve souvent ces livres plus intimidants que les romans ! J’ai tout de même fini par me lancer dans la lecture de Are We Smart Enough to Know How Smart Animals Are ?, que j’ai en PAL depuis 2017 !
J’aime déjà beaucoup le titre : on ne remet pas en cause le fait que les animaux soient intelligents. Et c’est d’ailleurs ce qui m’a attiré vers ce livre ! J’entends/je lis souvent des commentaires qui dénigrent toute intelligence aux animaux de tout type, et je me suis toujours dit que ce n’était pas comme ça que je les considérais personnellement. J’avais très envie de les comprendre ! Et d’avoir de petits arguments quand je défends avec passion les animaux haha !
Je pense que je n’ai pas du tout choisi le bon moment pour lire ce livre : je l’ai commencé dans le train, avec, autour de moi, des gens qui parlaient plus ou moins fort. J’ai eu du mal à me concentrer à certains moments, je suis donc persuadée que certaines choses m’ont échappé. J’ai tout de même insisté, et j’ai adoré ce livre, malgré les circonstances de lecture !
La réponse à la question du titre est rapidement donnée : oui, nous le sommes, mais nous n’utilisons pas les bonnes méthodes pour comprendre les animaux. Ils nous montrent, tous les jours, leur intelligence ; mais celle-ci n’est pas la même que celle des hommes, elle n’a pas les mêmes buts, et elle n’est, surtout pas, dirigée vers l’homme. Ce n’est pas parce qu’un chat n’obéit pas à un être humain qu’il est inintelligent, contrairement au chien, adulé parce qu’il obéit. C’est parce que nous jugeons, en partie, l’intelligence des animaux par rapport à leur comportement avec nous que nous les taxons d’intelligent ou non. L’auteur parle d’une expérience avec des chiens et des loups ; certains pensaient que les loups étaient moins intelligents. Ce n’est pas le cas ; encore une fois, c’est une question de méthode, de milieu et, aussi, de lien. L’auteur évoque aussi différents types d’intelligence, de cognition. J’avoue que j’ai un peu de mal avec ce mot, mais, on peut le remplacer par « facultés intellectuelles », le fait de connaître, de comprendre, de résoudre des problèmes. C’est, en tout cas, comme ça que je l’ai compris tout le long du livre. J’ai adoré les moments où il descendait – gentiment quand même haha – certaines branches scientifiques qui dénigrent les animaux, leur intelligence, leurs capacités. J’ai aimé qu’il s’appuie sur de nombreux exemples, parfois des observations, parfois des expériences, sur des animaux en captivité, mais aussi concernant des animaux sauvages. J’ai aimé qu’il cite Darwin, et un grand nombre de scientifiques que, pour la grande majorité, je ne connaissais pas, et qui ont œuvré toute leur vie pour mieux comprendre les animaux, et prouver qu’ils ne sont pas des robots, des machines naturelles, sans émotion, sans intention, sans but.
J’ai appris énormément de choses à propos de différents animaux. Et je précise tout de même que, si l’auteur emploie des termes compliqués, il les explique, et que tout est compréhensible ! Frans de Waal s’occupe plus spécifiquement des primates ; grâce à lui, j’ai enfin compris la différence entre singes et primates, entre monkeys, apes et primates. En français, on ne fait pas tellement la différence, si ce n’est qu’on ajoute « grands » devant « singes » ; mais on les place dans la même catégorie que les ouistitis en gros. Ici, l’auteur nous rappelle dans quelle catégorie se trouvent les primates : les hominoïdes. Je ne connaissais pas du tout ce terme !! Pour autant, l’auteur ne nous parle pas uniquement des animaux dont il s’occupe, et donc, ceux qu’il connaît le mieux. Il évoque aussi les oiseaux, notamment les corvidés, donc la famille des corbeaux, corneilles, pies, etc ; certains animaux marins, comme les orques, les pieuvres, les dauphins ; et d’autres encore, comme les chauves-souris, les rats, ou même les guêpes ! Je savais certaines choses, comme le fait que les dauphins et les chauves-souris utilisent l’écholocation ; mais j’en ai tout de même appris plus sur cette capacité impressionnante ! J’ai été très surprise d’apprendre que, par exemple, les guêpes se reconnaissent par les marques qu’elles portent sur la tête ; c’est là que je me suis rendu compte que j’avais encore du chemin à faire, puisque je suis encore percluse de préjugés ! En revanche, je n’ai pas été surprise d’en apprendre plus sur les capacités des primates : j’ai déjà vu un reportage sur Koko par exemple.
Une chose qui m’a agacée au fil de la lecture : l’hypocrisie de certains scientifiques qui veulent absolument rabaisser les animaux pour prouver que l’homme est unique, une exception dans la chaîne de l’évolution, supérieur en tout point. Ce qui est drôle – ou pas –, c’est qu’au lieu de prouver cette supériorité, ces scientifiques donnent du grain à moudre aux éthologues comme Frans de Waal : ils n’utilisent pas les mêmes méthodes pour tester les enfants et les singes par exemple ; ils mettent les animaux sous pression, ce qui les rend incapables de faire quoi que ce soit le moment venu ; ils ne font pas des tests adaptés à l’espèce. Tout cela donne des résultats biaisés, incorrects, et il faut tout recommencer ! Au contraire, j’ai adoré la méthode des éthologues : imaginer ces hommes suivis par des myriades d’oiseaux m’a réchauffé le cœur, tout comme les imaginer jouer avec des singes, tester leurs capacités tout en les brusquant jamais. Frans de Waal explique qu’on ne peut pas obtenir de résultats probants en violentant les animaux, et je suis cent pour cent d’accord. Sa logique de respect et d’amour est belle à lire : on sent qu’il a de l’estime pour tous les animaux qu’il rencontre. Agacée aussi par ces gens qui critiquent le travail des éthologues sans être eux-mêmes des spécialistes. Mais pourquoi vouloir à tout prix que l’homme soit unique ?! J’ai adoré ces parties où Frans de Waal explique la peur des scientifiques face à des animaux intelligents ; comme s’ils avaient peur d’être rejoints un jour ! J’ai aussi adoré les moments où l’on évoque la spécificité de l’homme sans pour autant élaborer, puisque ce n’est pas le sujet du livre ; car oui, tout de même, l’homme a quelque chose de spécial. Mais ce n’est pas pour autant qu’il est surpuissant, et qu’il doit être arrogant.
A la fin du livre, je me pose encore tout un tas de questions ! Par exemple, Frans de Waal parle de la taille du cerveau qui a une influence sur la capacité cognitive de l’espèce : que fait-on des cerveaux plus gros que les nôtres dans ce cas ? Cela veut-il dire qu’objectivement et scientifiquement, nous ne sommes pas « les plus intelligents » ? Qu’il existe des intelligences plus complexes que celle de notre cerveau ? J’ai tellement envie d’en savoir plus !! La bibliographie fournie par l’auteur est énorme ; je vais donc m’y plonger pour voir si je peux dénicher des perles compréhensibles à mon niveau !
Donc, un livre rafraîchissant, qui m’a fait du bien, et qui m’a appris énormément de choses ! Hâte de lire les autres œuvres de Frans de Waal !