Ainsi philosophait Amélie Nothomb de Marianne Chaillan
Editeur : Albin Michel
Année de sortie : 2019
Nombre de pages : 203
Synopsis : Amélie Nothomb, morte? Elle ne se souvient de rien. Voici pourtant qu’une dénommée Plectrude lui annonce la sinistre nouvelle. Elle lui révèle également qu’une identité posthume est attribuée à chacun au terme d’une cérémonie. L’un ira au paradis des cinéastes et l’autre au paradis des boulangers, par exemple. L’éternité est moins longue lorsqu’on échange autour d’une passion commune… Amélie s’attend donc à retrouver Stendhal et Virginia Woolf au paradis des écrivains. Sutpeur! Elle se retrouve au paradis des philosophes, aux côtés de Platon et de Nietzsche! S’agit-il d’une erreur? En faisant appel de cette décision, Amélie va subir un drôle de Jugement dernier au cours duquel viendront témoigner les illustres gloires de la philosophie, depuis Spinoza jusqu’à Sartre.
Ecrit « à la manière » d’Amélie Nothomb, ce contre philosophique de Marianne Chaillan est un voyage aussi drôle que méditatif qui invite le lecteur à découvrir autrement l’œuvre de la romancière mondialement célèbre.
Avis : Je ne connaissais pas l’existence de ce livre avant d’entendre Amélie Nothomb en parler dans une vidéo ! Je me suis dit que le concept était très intéressant, et je me suis empressée de demander un service presse à la maison d’édition, qui a gentiment accepté de m’envoyer Ainsi philosophait Amélie Nothomb !
Je dois d’abord l’avouer : je suis « fan » d’Amélie Nothomb ; j’ai lu la majorité de ses livres, et la plupart m’ont beaucoup plu ! C’est une écrivaine accessible, gentille, et ouverte d’esprit ! Je n’adore pas toutes ses œuvres, mais celles que j’adore se trouvent assez haut dans le classement de mes livres préférés, notamment Journal d’Hirondelle, Biographie de la faim et Hygiène de l’assassin. Je trouve qu’Amélie a une imagination très fertile, décalée ; rien ne ressemble à un de ses romans ! Elle écrit très bien, d’une manière que je considère souvent comme poétique ; elle apprend des choses à son lecteur et le fait toujours réfléchir ! Ses œuvres sont intelligentes ! Donc, l’idée d’un livre qui ferait le lien entre elle et certains philosophes : autant vous dire que j’étais emballée !!
Et je n’ai pas été déçue ! Tout d’abord, j’ai adoré que ce livre soit en fait de la non-fiction déguisée en fiction. Pour ne pas brusquer le lecteur, pour ne pas lui faire lire un essai, Marianne Chaillan décide de reprendre la manière d’écrire d’Amélie Nothomb. Et on peut dire que c’est une réussite ! J’ai adoré cette histoire, ce cadre ! Amélie, personnage du roman, se trouve au paradis, assignée à celui des philosophes au lieu de celui des auteurs de littérature. Elle fait appel et, à son procès prennent part dix grands philosophes, qui vont analyser dix de ses livres. La lecture est fluide, rapide, et tout est compréhensible ! En effet, on pourrait penser qu’étant donné qu’on touche à la philosophie, les concepts sont compliqués, et donc que l’on ne comprend pas toutes les idées. Mais Marianne Chaillan, après avoir employé certaines notions, fait expliquer à ses philosophes leurs idées avec des exemples faciles à comprendre. Elle fait donc exactement ce que fait Amélie Nothomb sans s’en rendre compte : elles rendent toutes deux la philosophie accessible, l’une par la fiction ou la non-fiction – selon ses œuvres –, l’autre par une analyse poussée et qui fait parfois écho au ressenti des lecteurs. En effet, à la lecture de certains passages, je me suis rendu compte que j’avais compris certaines idées philosophiques en lisant l’œuvre de l’écrivaine, sans pour autant être capable de mettre des mots clairs et précis sur ce que j’avais ressenti. D’autres fois, Marianne Chaillan apporte un éclairage tout à fait nouveau sur les œuvres, je pense notamment au Fait du Prince, que je n’avais pas du tout lu de cette façon ! Et quelle joie de voir certains de mes livres préférés être analysés !
Je trouve également l’idée de ce livre excellente car, il faut l’avouer, Amélie Nothomb est souvent décriée, que ce soit par certains universitaires ou par certains lecteurs – parfois sans que ceux-ci l’aient lu d’ailleurs ! Marianne Chaillan montre ici que l’écrivaine a beau écrire quatre romans par an et n’en publier qu’un, celui-ci est riche d’idées, souvent original, et fait réfléchir pour qui gratte un peu la surface. Voir de grands philosophes expliquer à quel point ils ont apprécié leur lecture d’Amélie Nothomb, la nommer leur successeur, la reconnaître comme une des leurs, les voir dire « lisez tel roman pour comprendre mon idée » : comme c’était satisfaisant ! Pour autant, le procès de l’écrivaine ressemble plus à un éloge qu’à une défense contre les critiques, ce que j’ai également énormément apprécié ! Les analyses de Marianne Chaillan ne sont pas forcées, et on sent son amour à la fois pour l’œuvre d’Amélie et pour les philosophes que l’on rencontre. Ainsi philosophait Amélie Nothomb donne donc autant envie de relire les œuvres de l’écrivaine que de lire les œuvres des philosophes !!
La fin est digne d’un roman d’Amélie ! La chute est inattendue, surprenante ! Et cette mise en abîme : j’adore !!
Petit plus : j’ai adoré les jeux de l’autrice, du genre, reprendre le début des Catilinaires de Cicéron en écrivant « Jusqu’à quand abuseras-tu de ma patience Sartre ? Jusqu’à quand ta fureur nous poursuivra-t-elle ? » Ou voir de petites références littéraires/culturelles par-ci par-là ! Elle a aussi apporté de petites touches d’humour bienvenues !
Attention : pour ceux qui n’auraient pas lu les œuvres analysées, l’autrice spoile la fin. Je fais la remarque pour ceux que ça pourrait gêner. Je vous conseille donc de lire d’abord les livres d’Amélie, puis de vous plonger dans celui de Marianne Chaillan !
Donc, j’ai adoré ce voyage au pays des philosophes ! Tout était bon : l’écriture, l’histoire-cadre, les idées ! A lire, que vous soyez fan d’Amélie ou non !