Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour février, 2019

La Nuit des temps de René Barjavel

Posté : 6 février, 2019 @ 2:26 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Genre : SF La Nuit des temps

Editeur : Pocket 

Année de sortie : 1971 [1968]

Nombre de pages : 381

Synopsis : Dans un grand paysage polaire aux teintes pastel s’agitent des taches de couleurs vives, ce sont les membres d’une mission des Expéditions Polaires françaises qui font un relevé du relief sous-glaciaire. L’épaisseur de la glace atteint ici plus de mille mètres et ses couches profondes datent de 900 000 ans. Pourtant un incroyable phénomène se produit : les appareils sondeurs enregistrent un signal provenant du niveau du sol. Aucun doute n’est possible : il y a un émetteur sous la glace !

La nouvelle éclate comme une bombe. Que vont découvrir les savants et les techniciens qui, venus du monde entier, creusent la glace à la rencontre du mystère ?

LA NUIT DES TEMPS, c’est à la fois un reportage, une épopée et un grand chant d’amour passionné. Le présent et le passé s’y mêlent, y affrontent leurs espoirs et leurs craintes et y jouent le sort du monde. Traversant le drame universel comme un trait de feu, le destin d’Elea et de Païkan les emmènent tout droit vers le grand mythe légendaire des amants bienheureux et maudits, à côté de Roméo et Juliette, Tristan et Yseult, de tous ceux que même la mort n’a pas réussi à séparer. 

 

Avis : J’ai vérifié sur Livraddict : ce livre est dans ma PAL depuis début février 2014 … 5 ans pour le lire !! Abusé !!

La Nuit des temps est le premier livre de Barjavel que je lis ; j’ai aussi L’Enchanteur dans ma PAL, et une amie m’a prêté Le Grand secret. Après cette lecture, j’ai vraiment hâte de tenter d’autres livres !! 

Je peux d’abord vous dire qu’il peut se lire très rapidement : si je n’avais pas eu de travail, et si je n’avais pas voulu prendre mon temps pour lire, je l’aurais fini en un ou deux jours. L’écriture est très facile à comprendre, très entraînante, et parfois même très belle. La brièveté des chapitres aide aussi à donner un bon rythme à la lecture ! Le lecteur est transporté au Pôle Sud, où se situe l’action. Je dois avouer que je n’ai pas été charmée tout de suite : le décor n’était pas mon préféré, et certaines choses m’ont fait tiquer – un peu sexiste, et la façon de décrire les personnes de couleur était limite. J’ai essayé de dépasser ça pour apprécier pleinement l’histoire. 

Je ne sais pas exactement quand je suis tombée amoureuse, mais c’est arrivé. J’ai fini par me faire au décor, et même, par l’aimer, par apprécier sa beauté, et ce qu’il révèle. Je pouvais sentir le froid pendant la lecture : une scène en particulier m’a glacée, et m’a dégoûtée en même temps ! Concernant le temps du récit : je pense qu’on peut dire qu’on se trouve dans le futur ? C’est un peu difficile à dire, mais la technologie des personnages semble plus avancée que la nôtre, par exemple, la Traductrice !! Et, du coup, j’ai aimé le lien entre passé et futur : la civilisation passée que l’on découvre est bien plus avancée que nous, et, pourtant, bien plus « jeune ». J’ai aimé la réflexion sur la vieillesse et la jeunesse des mondes/civilisations. J’ai adoré découvrir la civilisation perdue : c’était à la fois fascinant, beau, et aussi triste. Nouvelle réflexion : les hommes ne sont pas toujours capables de voir plus grand qu’eux. Ils ne pensent qu’aux territoires, aux possessions ; ils sont capables de détruire la terre, simplement pour qu’un autre ne l’est pas. La guerre, cette idiotie. Gondawa semble idyllique : [SPOILER] pas d’idéologies, pas de religions, pas de véritable argent. Les gens, grâce à leur clé personnelle, peuvent avoir ce qu’ils veulent, quand ils le veulent. Ils ont des crédits sur leur clé, assez pour les besoins primaires, mais aussi pour le loisir ! La sexualité n’est pas une honte ou un tabou ; le travail n’est pas une corvée ; on ne peut pas avoir d’enfants accidentellement, si on ne le désire pas vraiment ; les gens vivent en harmonie avec la nature et ont tout grâce à l’énergie universelle. Les hommes et les femmes ont l’air égaux. Quel paradis … [FIN DU SPOILER] 

Concernant les personnages : je n’ai pas su m’attacher à Simon. Du tout. Sans doute parce qu’il est, en fait, extérieur à cette histoire, qu’il n’est pas si important, et qu’il voudrait avoir de l’importance. Peut-être aussi [SPOILER] parce qu’il tombe amoureux d’Elea instantanément. Et que l’instalove … ce n’est pas mon truc. Il ne la connaît pas du tout ; il est attiré par elle physiquement, et par sa fragilité sans doute. Elle est seule au monde et a besoin d’un repère ; il a décidé que ce serait lui. [FIN DU SPOILER] En fait, il m’a agacée. Vraiment. En revanche, j’ai adoré Elea. Elle m’a touchée. Je l’ai comprise. J’ai aimé son histoire et celle de Païkan. D’ordinaire, je n’aime pas les romances ; mais ici, elle ne m’a pas dérangée, au contraire ! J’ai aimé voir leurs liens, ce qu’ils ressentent, la façon qu’ils ont de ne faire qu’un. Le mot « amour » n’est pas suffisant pour exprimer ce qu’ils ressentent. Cela nous arrive aussi, parfois : trois mots ne peuvent pas résumer tout ce que nous sommes l’un pour l’autre. Les scènes qui racontent leur histoire sont mes préférées, parce que le lecteur apprend à les connaître, mais aussi parce qu’il découvre, par la même occasion, Gondawa. J’ai aussi aimé le personnage de Coban, même si le lecteur n’apprend pas grand-chose sur lui en fin de compte. [SPOILER] Je pense que sa mort permet le triomphe de l’amour. Païkan parvient à rejoindre Elea, et ils pourraient vivre 900 000 ans après la destruction de leur civilisation ; malheureusement, elle pense que l’homme qui est près d’elle est Coban, et pas son bien-aimé. Leur mort est une tragédie digne de Roméo et Juliette ! On pourrait clairement y voir une réécriture ; mais, la romance est meilleure que celle de l’originale. En effet, pas de coup de foudre, pas de tragédie adolescente, pas d’exacerbation exagérée : ici, leur amour est sincère, et a passé l’épreuve du temps. C’est un premier amour parce qu’il n’y a que des premières amours en Gondawa. L’amour, en fin de compte, est plus important et plus fort que la connaissance et la civilisation. Je ne sais pas trop ce que j’en pense ; je comprends les deux points de vue. Et je suis aussi d’accord avec le fait qu’une vie n’est pas plus importante qu’une autre, que ce n’est pas l’intelligence qui fait toute la valeur de quelqu’un. [FIN DU SPOILER] Petite remarque concernant Hoover et Leonova : le premier est assez insupportable au début, puis j’ai appris à l’apprécier. Sa façon de se comporter me semble plus être une sorte de façade. Quant à elle, elle est la seule femme qui ne soit pas secrétaire ou femme de ménage dans le groupe de scientifiques. Impressionnant ! 

J’ai été choquée par la fin !! Je ne m’y attendais pas !! [SPOILER] Tout ce que le lecteur a lu n’a abouti à rien ! On pourrait presque se dire : « Tout ça pour ça ?! » La civilisation de Gondawa est à nouveau perdue, avec toutes ses connaissances – ou l’est-elle vraiment ? La toute dernière scène avec le fils des Vignont pourrait impliquer qu’il y a un moyen de les sauver, et leur monde et connaissances avec eux ! De plus, l’équation de Zoran a été envoyée à quelqu’un : à qui ? où est-elle ? peut-on la déchiffrer ? [FIN DU SPOILER]

 

Donc, ce fut une très bonne lecture, à la fois divertissante et pleine de réflexions ! J’ai hâte de découvrir d’autres livres de l’auteur !

 

Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata

Posté : 1 février, 2019 @ 11:46 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Contemporaine Les Belles Endormies

Editeur : Le Livre de Poche 

Année de sortie : 2005 [1961]

Nombre de pages : 125

Titre en VO : Nemureru Bijo 

Synopsis : Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu’il franchit le seuil des Belles Endormies ? Ce roman, publié en 1961, décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent passer une nuit aux côtés d’adolescentes endormies sous l’effet de puissants narcotiques.

Pour Eguchi, ces nuits passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir des femmes de sa jeunesse, et de se plonger dans de longues méditations. Pour atteindre, qui sait ? au seuil de la mort, à la douceur de l’enfance et au pardon de ses fautes. 

 

Avis : Cela fait presque trois ans que ce livre est dans ma PAL : comme il est tout petit, je me suis dit qu’il fallait que je me lance !

Alors … après avoir refermé Les Belles Endormies, je ne savais pas trop quoi penser. J’ai ressenti un malaise du début à la fin, pour une raison très simple : un vieil homme dort avec des filles nues endormies, qui ne peuvent se réveiller parce qu’elles sont droguées. Euh … d’accord. Bon. Au lieu de dormir, pendant ces nuits passées avec de belles jeunes filles qui sentent l’enfance – haha … – il s’imagine ce que peuvent leur faire les autres « clients », les autres vieillards, ce qu’ils veulent leur faire mais qu’ils ne sont plus capables de faire, et lui s’imagine ce que LUI-MEME pourrait leur faire, ce qu’il a envie de leur faire, pour violer les règles de la maison, pour se venger de son impuissance grandissante. Ah, et il se demande aussi si elles sont vierges, tout en admettant qu’elles sont des prostituées et que, donc, non, elles ne le sont pas. Mais elles ont l’air de l’être blablabla. Un peu de colère en moi ici. Mais passons. L’intrigue, en plus de l’étrangeté d’origine de l’idée, était lente – on peut se douter qu’avec un résumé de la sorte, ce n’est pas action sur action, que ce n’est pas trépidant ! C’est plus contemplatif ; cela ne me dérange pas du tout, j’aime aussi ce genre de livres. Mais, ici, sans doute à cause de la situation dans laquelle se trouve Eguchi quand il réfléchit à son passé, tout avait un goût dérangeant

Pour autant, les réflexions sur la vieillesse étaient « belles » et assez tristes. Eguchi veut se convaincre qu’il n’est pas un vieillard, qu’il n’est pas comme les autres « clients », qu’il peut encore faire des choses avec une femme, alors qu’eux ne le peuvent plus. En gros, il explique qu’il n’a pas besoin d’aller chez les Belles Endormies, mais qu’il le fait pour se préparer. Je me suis finalement posé une question : la vie se résume-t-elle donc au sexe ? Juste au sexe ? Parce que c’est l’impression que donne Eguchi. Certes, il apprécie la beauté de ces femmes sans défense – rien que d’écrire ça, mon poil se hérisse ! – mais il revient toujours à ce qu’il pourrait leur faire, à ce qu’il a fait à d’autres femmes. Ces filles inconnues lui permettent de « revivre » son passé amoureux, de revoir les femmes de sa vie. Parfois, la narration est ambiguë : Eguchi vérifie que les filles sont vierges. Mais comment ? Et certaines scènes laissent entendre qu’il a commencé à faire quelque chose, mais qu’il renonce en cours de route. 

Une petite chose qui m’a agacée : les nombreuses répétitions. Même s’il dort avec des femmes différentes, et se souvient de femmes différentes, on retrouve les mêmes réflexions et la même absence d’action (qui présage sans doute de la future impuissance sexuelle d’Eguchi) : [SPOILER] les vieillards sont des pervers, et ces jeunes femmes ne peuvent rien contre eux, mais elles sont là pour l’argent de toute façon, donc allez, on a le droit de faire ce qu’on veut, mais non, parce que ce sont des vierges, et peut-être qu’il pourrait quand même se venger en les tuant, mais non. [FIN DU SPOILER] On retrouve le même vocabulaire, parfois même les mêmes phrases, ou des rappels, alors que le livre est si court qu’il n’en a pas besoin ! Je suppose que l’auteur a écrit Les Belles Endormies de cette façon, et que ce n’est pas à cause de la traduction ; pour autant, je pense qu’on perd tout de même un peu de la « poésie » de Kawabata. Autre petite remarque : je me suis souvent sentie somnolente pendant la lecture, sans doute à cause du décor ou de la situation ; c’était étrange !  

Et la fin … elle m’a laissée dubitative. Est-ce une sorte de vengeance ? et qui est véritablement puni ? Que doit-on en conclure ? [SPOILER] Eguchi va-t-il sérieusement se recoucher tranquillement à côté de l’autre fille comme si de rien n’était ?!! [FIN DU SPOILER] J’ai eu l’impression d’être jeté hors d’une maison en plein débat. Perturbant ! 

 

Donc, un livre que je ne peux pas dire avoir aimé, qui m’a mise mal à l’aise, et que je ne relirai sans doute pas !

 

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