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I found myself in Wonderland.

Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata

Classé dans : Avis littéraires — 1 février 2019 @ 23 h 46 min

Genre : Contemporaine Les Belles Endormies

Editeur : Le Livre de Poche 

Année de sortie : 2005 [1961]

Nombre de pages : 125

Titre en VO : Nemureru Bijo 

Synopsis : Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu’il franchit le seuil des Belles Endormies ? Ce roman, publié en 1961, décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent passer une nuit aux côtés d’adolescentes endormies sous l’effet de puissants narcotiques.

Pour Eguchi, ces nuits passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir des femmes de sa jeunesse, et de se plonger dans de longues méditations. Pour atteindre, qui sait ? au seuil de la mort, à la douceur de l’enfance et au pardon de ses fautes. 

 

Avis : Cela fait presque trois ans que ce livre est dans ma PAL : comme il est tout petit, je me suis dit qu’il fallait que je me lance !

Alors … après avoir refermé Les Belles Endormies, je ne savais pas trop quoi penser. J’ai ressenti un malaise du début à la fin, pour une raison très simple : un vieil homme dort avec des filles nues endormies, qui ne peuvent se réveiller parce qu’elles sont droguées. Euh … d’accord. Bon. Au lieu de dormir, pendant ces nuits passées avec de belles jeunes filles qui sentent l’enfance – haha … – il s’imagine ce que peuvent leur faire les autres « clients », les autres vieillards, ce qu’ils veulent leur faire mais qu’ils ne sont plus capables de faire, et lui s’imagine ce que LUI-MEME pourrait leur faire, ce qu’il a envie de leur faire, pour violer les règles de la maison, pour se venger de son impuissance grandissante. Ah, et il se demande aussi si elles sont vierges, tout en admettant qu’elles sont des prostituées et que, donc, non, elles ne le sont pas. Mais elles ont l’air de l’être blablabla. Un peu de colère en moi ici. Mais passons. L’intrigue, en plus de l’étrangeté d’origine de l’idée, était lente – on peut se douter qu’avec un résumé de la sorte, ce n’est pas action sur action, que ce n’est pas trépidant ! C’est plus contemplatif ; cela ne me dérange pas du tout, j’aime aussi ce genre de livres. Mais, ici, sans doute à cause de la situation dans laquelle se trouve Eguchi quand il réfléchit à son passé, tout avait un goût dérangeant

Pour autant, les réflexions sur la vieillesse étaient « belles » et assez tristes. Eguchi veut se convaincre qu’il n’est pas un vieillard, qu’il n’est pas comme les autres « clients », qu’il peut encore faire des choses avec une femme, alors qu’eux ne le peuvent plus. En gros, il explique qu’il n’a pas besoin d’aller chez les Belles Endormies, mais qu’il le fait pour se préparer. Je me suis finalement posé une question : la vie se résume-t-elle donc au sexe ? Juste au sexe ? Parce que c’est l’impression que donne Eguchi. Certes, il apprécie la beauté de ces femmes sans défense – rien que d’écrire ça, mon poil se hérisse ! – mais il revient toujours à ce qu’il pourrait leur faire, à ce qu’il a fait à d’autres femmes. Ces filles inconnues lui permettent de « revivre » son passé amoureux, de revoir les femmes de sa vie. Parfois, la narration est ambiguë : Eguchi vérifie que les filles sont vierges. Mais comment ? Et certaines scènes laissent entendre qu’il a commencé à faire quelque chose, mais qu’il renonce en cours de route. 

Une petite chose qui m’a agacée : les nombreuses répétitions. Même s’il dort avec des femmes différentes, et se souvient de femmes différentes, on retrouve les mêmes réflexions et la même absence d’action (qui présage sans doute de la future impuissance sexuelle d’Eguchi) : [SPOILER] les vieillards sont des pervers, et ces jeunes femmes ne peuvent rien contre eux, mais elles sont là pour l’argent de toute façon, donc allez, on a le droit de faire ce qu’on veut, mais non, parce que ce sont des vierges, et peut-être qu’il pourrait quand même se venger en les tuant, mais non. [FIN DU SPOILER] On retrouve le même vocabulaire, parfois même les mêmes phrases, ou des rappels, alors que le livre est si court qu’il n’en a pas besoin ! Je suppose que l’auteur a écrit Les Belles Endormies de cette façon, et que ce n’est pas à cause de la traduction ; pour autant, je pense qu’on perd tout de même un peu de la « poésie » de Kawabata. Autre petite remarque : je me suis souvent sentie somnolente pendant la lecture, sans doute à cause du décor ou de la situation ; c’était étrange !  

Et la fin … elle m’a laissée dubitative. Est-ce une sorte de vengeance ? et qui est véritablement puni ? Que doit-on en conclure ? [SPOILER] Eguchi va-t-il sérieusement se recoucher tranquillement à côté de l’autre fille comme si de rien n’était ?!! [FIN DU SPOILER] J’ai eu l’impression d’être jeté hors d’une maison en plein débat. Perturbant ! 

 

Donc, un livre que je ne peux pas dire avoir aimé, qui m’a mise mal à l’aise, et que je ne relirai sans doute pas !

 

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