Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour décembre, 2018

Wayward Children, book 3: Beneath the Sugar Sky de Seanan McGuire

Posté : 29 décembre, 2018 @ 1:11 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Fantasy Beneath the Sugar Sky

Editeur : Tor

Année de sortie : 2018

Nombre de pages : 174

Synopsis : Beneath the Sugar Sky, the third book in the Hugo and Nebula Award-winning Wayward Children series, takes us to the colorful world of Confection, where the lollipop flowers and cotton candy clouds belie the darkness below.

When Rini lands with a literal splash in the pond behind Eleanor West’s Home for Wayward Children, the last thing she expects to find is that her mother, Sumi, died years before Rini was even conceived. But Rini can’t let Reality get in the way of her objective – not when she has an entire world to save!

Good thing the student body is well-acquainted with quests… 

 

ATTENTION : SPOILERS SI VOUS N’AVEZ PAS LU LES TOMES PRECEDENTS

 

Avis : J’attendais d’être plus proche de la sortie de In an Absent Dream, le quatrième tome de la série, pour lire ce tome …

… et, en fait, j’aurais peut-être dû le lire plus tôt : j’aurais été dans l’histoire, dans l’univers, et je n’aurais pas eu à me refamiliariser avec certains personnages du premier tome. Cela ne m’a pas pour autant empêcher de vraiment apprécier ma lecture ; j’ai simplement trouvé Every Heart a Doorway et Down Among the Sticks and Bones meilleurs, sans doute parce qu’ils me touchaient plus, parce qu’ils étaient plus tournés vers des univers qui me fascinent. J’ai aimé retourner dans cet univers – si je peux l’appeler ainsi ! – et, surtout, de plonger dans différents mondes, ce qui n’est pas le cas dans les tomes précédents ! J’espère que les livres suivants se focaliseront sur d’autres mondes encore, histoire de creuser plus profondément, et de découvrir la Carte dont parle Kade ! On en sait déjà un peu plus sur elle, sur les catégories de mondes, mais j’ai envie d’en savoir encore plus ! Autre chose que j’aime dans les livres de l’auteure : son écriture. J’adore le jeu qu’elle instaure parfois avec le lecteur ! C’est aussi pour cela que, même si ce tome n’est pas vraiment à la hauteur, j’ai envie de continuer la série, et de lire d’autres livres de Seanan McGuire. 

J’ai aimé suivre les personnages, mais je dois avouer que je les avais un peu oubliés depuis Every Heart a Doorway ! Ils permettent d’aborder des sujets différents ; l’héroïne de ce tome, Cora, permet de traiter de la grossophobie. Le narrateur, et le personnage, compare la façon dont elle est traitée en général, dans notre société, et dans le pensionnat de Miss West. C’est ce que j’aime souvent chez les personnages de Seanan McGuire : ils sont uniques, et tous très différents les uns des autres. J’ai apprécié la découvrir, et son monde a l’air fascinant – un monde sous-marin, comme ça donne envie !! Mais, malheureusement, j’ai trouvé qu’elle était, finalement, placée au second plan par rapport à d’autres personnages. Elle ne fait que suivre les autres, et n’est pas persuadée d’avoir envie d’une aventure. Tellement que j’ai dû aller chercher le livre pour retrouver son prénom ! Le lecteur est plus susceptible de se souvenir de Rini, qui est omniprésente dans le synopsis ! Fille de Sumi, personnage mort dans le premier tome, elle est venue dans le monde « normal » pour comprendre pourquoi elle s’efface peu à peu. Quand elle apprend que Sumi est morte il y a quelques années, elle décide de se lancer dans une quête folle pour la ressusciter. Dit comme ça, ça a l’air vraiment tiré par les cheveux ; ça l’est tout autant à la lecture du roman ! Mais c’est « possible » grâce aux catégories des mondes, et à leur mode étrange de fonctionnement. Cela peut passer pour de la facilité ; pour autant, j’ai trouvé ces dénouements impossibles passionnants !

J’ai aussi sans doute moins apprécié ce livre parce que le monde que nous explorons ici ne serait pas du tout le mien si je trouvais une porte ! Mon préféré reste Down Among the Sticks and Bones ! J’ai tout de même hâte de lire In an Absent Dream !

 

Donc, un très bon troisième tome, bien écrit, mais qui me laisse un peu sur ma faim !  

Emmi et Leo, tome 2 : La Septième vague de Daniel Glattauer

Posté : 24 décembre, 2018 @ 1:05 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Romance La septième vague

Editeur : A vue d’œil 

Année de sortie : 2011 [2009]

Nombre de pages : 341

Titre en VO : Alle sieben Wellen

Synopsis : Leo Leike était à Boston en exil, le voici qui revient. Il y fuyait la romance épistolaire qui l’unissait en esprit avec Emmi. Elle reposait sur trois principes : pas de rencontres, pas de chair, pas d’avenir. Faut-il mettre un terme à une histoire d’amour où l’on ne connaît pas le visage de l’autre ? Où l’on rêve de tous les possibles ? Où l’on brûle pour un(e) inconnu(e) ? Où les caresses sont interdites ? « Pourquoi veux-tu me rencontrer ? » demande Leo, inquiet. « Parce que je veux que tu en finisses avec l’idée que je veux en finir » répond Emmi, séductrice. Alors, dans ce roman virtuose qui joue avec les codes de l’amour courtois et les pièges de la communication moderne, la farandole continue, le charme agit. Leo et Emmi finiront de s’esquiver pour mieux … s’aimer ! 

 

Avis : J’ai beaucoup aimé le premier tome, Quand souffle le vent du nord, qui m’avait surpris ! Je ne suis pas une grande amatrice de romances, mais celle-ci est bien passée ! La fin est très frustrante, j’avais donc très envie de lire la suite …

… sur le moment. Et c’est ce que j’aurais dû faire. Le fait d’attendre plusieurs mois n’a pas aidé ce deuxième tome à arriver à la hauteur de son prédécesseur. Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais j’ai été déçue. Plus que déçue : insensible. Je me foutais de l’histoire d’Emmi et Leo, sans doute parce que je savais comment elle allait finirLa Septième vague était pour moi moins intéressant, présentait moins de réflexions ; était, tout simplement, moins bon. La seule scène que j’ai particulièrement appréciée : celle dans laquelle Emmi [SPOILER POTENTIEL] explique à Leo, qui, visiblement, n’en était pas conscient, qu’elle n’appartient à personne, et donc, que Bernhard n’avait pas à lui donner la permission de coucher avec elle, et que lui, Leo, n’avait pas le droit de se taire et de décider à la place d’Emmi. [FIN DU SPOILER] Mais, sinon, j’ai trouvé ce tome répétitif, assez agaçant : j’avais envie qu’ils en viennent au fait !! [SPOILER] Depuis le premier tome, c’est évident : ils vont finir ensemble ! Même Emmi lance des appels à Leo, tellement évidents !! Toute l’explication de la septième vague : mais elle n’attend qu’un signe de lui, qu’une acceptation de sa part !! [FIN DU SPOILER] Rien ne m’a surprise : [SPOILER] j’avais deviné qu’Emmi avait divorcé depuis longtemps !! [FIN DU SPOILER]

En fin de compte, je pense que ce deuxième tome n’était tout simplement pas nécessaire. Plus j’y pense, et plus je me dis : tout ça pour ça ?! Le premier tome était intéressant, parce qu’il apportait pas mal de réflexions ; mais celui-ci, je ne trouve pas. C’est un peu dur, mais je l’ai trouvé inutile. L’auteur aurait pu rajouter quelque chose de satisfaisant à la fin du premier tome, et c’était suffisant.

 

Donc, un tome dispensable, assez décevant. 

Neige de Maxence Fermine

Posté : 21 décembre, 2018 @ 1:56 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Contemporain (?)Neige

Editeur : Points

Année de sortie : 2001 [1999] 

Nombre de pages : 96

Synopsis : A la fin du XIXe siècle, au Japon, le jeune Yuko s’adonne à l’art difficile du haïku. Afin de parfaire sa maîtrise, il décide de se rendre dans le sud du pays, auprès d’un maître avec lequel il se lie d’emblée, sans qu’on sache lequel des deux apporte le plus à l’autre. Dans cette relation faite de respect, de silence et de signes, l’image obsédante d’une femme disparue dans les neiges réunira les deux hommes.

Dans une langue concise et blanche, Maxence Fermine cisèle une histoire où la beauté et l’amour ont la fulgurance du haïku. On y trouve aussi le portrait d’un Japon raffiné où, entre violence et douceur, la tradition s’affronte aux forces de la vie. 

 

Avis : Alors … Ce livre est dans ma PAL depuis mai 2017, il était donc temps que je le lise !!

Mais, après ces 96 pages, je suis perplexe. Sceptique. Je vois les commentaires, et je me dis que j’ai dû louper quelque chose. Et puis, je décide de mettre des mots sur ce que je ressens. Les bonnes choses d’abord : il est vrai que, parfois, l’écriture est poétique. Je dis bien, parfois. Et certaines réflexions sont intéressantes, sur la poésie par exemple, sur le mélange des arts. Et on passe au négatif

D’abord : certains tropes/clichés qui m’ont fait lever les yeux au ciel. Ce livre est classé dans les romans, mais il m’a semblé lire une sorte de conte. Quelques exemples : [SPOILER POTENTIEL] instalove – je ne peux vraiment plus supporter ça, que ce soit en littérature adulte, jeunesse ou YA ! – et le fait que le « héros » ne doit pas juger selon les apparences – ce qu’il fait au « début » du livre. Mais, attendez, ce gars est censé être poète ! Comment peut-il en être un s’il juge selon les apparences ?! Ce n’est pas très logique pour moi. [FIN DU SPOILER] Vient ensuite le fait que les femmes ne sont présentes que pour leur apparence ou leur sexualité. On adore. L’une d’elle n’est là que pour servir de « baiser » – pardonnez-moi le verbe, mais c’est ça ! – au personnage principal. Les deux autres sont mises sur un piédestal, idéalisées : elles sont si belles, si parfaites … et si plates en tant que personnages. Elles ne sont jamais développées. L’une d’elle, Neige, sert de muse au poète et au peintre en plus de l’aspect amour éternel – attention ici : je ne suis pas du tout contre une petite dose d’amour éternel. Mais là … non. En gros, les femmes sont là pour être prises, ou aimées, et c’est tout. [A partir de là, je commence à comprendre que je n'ai pas aimé ce livre, haha.] Les autres personnages sont un peu (?) des caricatures. Yuko est tellement arrogant ! Il sait tout, il a tout vu, il est unique, et, évidemment, le poète de l’Empereur ne peut pas l’aider à s’améliorer, enfin ! Et même si le synopsis décrit sa relation avec Soseki comme immédiatement respectueuse, et qu’ils sont liés, et blablabla, je n’ai pas DU TOUT ressenti ça ! Sa première impression est qu’un vieil homme [SPOILER] et, encore une trope/un cliché : aveugle [FIN DU SPOILER] ne peut pas l’aider ! Il est plutôt méprisant à première vue, en tout cas pour moi ! Quant à Soseki, il est le cliché du vieux mentor sur le point de mourir, et qui n’attend qu’une chose pour le faire.

Puis, en ce qui concerne la poésie. Je pensais, peut-être, qu’il y en aurait plus dans le livre. Je dois avouer, je ne suis pas du tout une experte en haïku – je suis même carrément novice : je n’ai jamais lu de recueils, je sais juste ce que c’est ! J’en ai lu quelques-uns, mais vraiment très peu ! – et donc, je m’attendais à … quelque chose ! Il y a, dans Neige : sept haïkus écrits par des auteurs japonais connus, trois écrits par Yuko, et un écrit par le narrateur, pour achever le livre. J’ai aimé la façon dont l’art (le mélange des arts notamment), et l’inspiration étaient présentés – il faut de l’amour, ou de la souffrance pour écrire par exemple – mais, quelque chose m’a dérangée, et je n’arrive pas à déterminer quoi exactement. Ce livre est aussi très répétitif. Ce n’est pas de la poésie pour moi. Et, enfin : d’accord, l’action se déroule au Japon. Mais, il n’y a pratiquement rien sur le Japon ! Certes, on peut noter la présence de poésie japonaise, de cerisiers en fleur, de samouraï et d’empereur, et quelques endroits sont mentionnés. Mais je pensais apprendre quelque chose à propos du pays, voir certains éléments être mis en avant. En fin de compte, c’était très superficiel, un effleurement. Mais peut-être est-ce dû à la taille du livre ! Il est tellement court ! (trop ?) 

 

En fin de compte, il semblerait que je n’ai pas du tout aimé ce livre, une fois que je mets des mots sur ce que j’ai ressenti. Dommage ! 

Beauregard, tome 1 : Magies secrètes d’Hervé Jubert

Posté : 10 décembre, 2018 @ 2:11 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Fantasy Magies secrètes

Editeur : Le Pré aux Clercs (Pandore) 

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 313

Synopsis : L’empereur de Sequana veut faire disparaître la magie de sa cité et persécute les êtres féériques. Ils trouvent refuge dans l’hôtel de Beauregard, un détective de l’étrange qui travaille officiellement pour le pouvoir. Depuis quelque temps, des sorts sèment le chaos dans la cité. Une entité maléfique répand la terreur, personne n’est à l’abri. Armé de sa canne-épée, assisté de la jolie Jeanne aux étranges pouvoirs, Beauregard enquête dans les ruelles et les palais de la capitale, transformée en théâtre de cauchemars. 

 

Avis : J’ai emprunté Magies secrètes à la bibliothèque. Le résumé me disait bien : « détective », « êtres féériques », enquête !

Mais, je suis un peu sceptique. J’ai adoré l’univers : Sequana, une pseudo Paris, peuplée d’humains et d’êtres appelés féériques (c’est-à-dire, magiques). Un ministère des Affaires étranges, un empereur appelé Obéron, marié à Titania, des vampires, des farfadets. De quoi faire quelque chose de grandiose. J’ai également adoré les nombreuses références historiques, mythologiques et littéraires. Il y en a tellement que j’étais aux anges pendant un long moment ! Vous avez déjà eu quelques exemples avec Obéron et Titania (A Midsummer Night’s DreamLe Songe d’une nuit d’été), mais nous pouvons aussi trouver des écrivains /artistes cachés sous d’autres noms ou qui gardent leur nom (je vous le mets en spoiler, au cas où vous voudriez garder la surprise) comme [SPOILER] LaBrunie, qui est en fait Gérard de Nerval ; Gustave Doré, que l’on devine un moment avant qu’il soit nommé ; Polidori. Quant aux personnages, nous trouvons aussi Udolphe, qui peut rappeler Les Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe. [FIN DU SPOILER] La même chose avec la mythologie, puisque le nom d’Orphée est mentionné ; côté histoire [SPOILER] Haussmann, déguisé en Hoffmann, qui peut aussi rappeler l’auteur ! [FIN DU SPOILER] L’intrigue est située dans une réalité alternative, et c’est le genre de choses que j’adore ! En fin de compte, Magies secrètes m’a fait penser à Anno Dracula que j’ai lu il n’y a pas très longtemps, et que j’ai adoré !! 

Mais voilà, malgré tous ces aspects positifs, certaines choses n’ont pas fonctionné, contrairement à ce qui est arrivé pour Anno Dracula. Tout d’abord, le livre est très confus : il y a trop d’infos, et pas assez de pages pour entrer dans le récit. Le système de notes de bas de page est intéressant, je l’ai rarement vu dans une fiction, et encore moins dans un roman fantastique/Fantasy. Mais, au fil du temps, cela m’a empêché de me plonger entièrement dans l’histoire. Elles sont nombreuses, et parfois vraiment longues ! C’est vraiment dommage. Autre petit problème avec les notes de bas de page, et les références en général : elles sont assez élitistes. Tout le monde n’a pas les connaissances préalables pour comprendre le texte, et le lecteur peut se sentir exclu de l’histoire, ce qui n’est pas forcément le but. Pour savoir que [SPOILER] LaBrunie est Nerval, il faut savoir que « la nuit sera blanche et noire » est une citation de sa lettre d’adieu à sa tante, écrite la veille de sa mort ; les noms de femmes qu’il prononce dans le rêve de Beauregard sont aussi des indices, puisque ce sont ses « filles du feu ». [FIN DE SPOILER] Et c’est le cas pour la grande majorité des références ! 

Il y a d’autres problèmes, liés à l’histoire et aux personnages. Pour le récit : Beauregard est censé résoudre une affaire qui met en danger l’Empire, qui lui-même met en danger la féérie. Mais, avec le développement de l’univers, et de la ville de Sequana, qui est, en réalité, clairement le personnage principal, l’intrigue passe au second plan, et le lecteur ne se soucie pas que le détective parvienne à résoudre le problème ou non. Les actions s’enchaînent sans cohérence parfois, le lecteur ne s’y retrouve pas toujours. Quant aux personnages, ils sont assez caricaturauxpeu développés, encore une fois, à cause du développement de l’univers et de la ville. Beauregard m’a semblé beaucoup plus âgé que ses 20 ans, ce qui rend le personnage peu cohérent. Il est aussi assez typique en tant que personnage principal masculin : séduisant, qui collectionne visiblement les femmes, un peu un Sherlock Holmes qui sait qu’il va réussir à résoudre l’enquête en un claquement de doigt ; mystérieux, intelligent, supérieur en quelque sorte. Jeanne n’a l’air d’être dans le livre que parce qu’il faut un personnage féminin principal. Elle est certes mystérieuse parce que le lecteur – et les autres personnages d’ailleurs – ne connaît pas son passé ; et elle possède apparemment une capacité spéciale. Mais elle n’a finalement rien de plus. Elle n’est là que pour éveiller quelque chose chez Beauregard, qui se sent attiré par elle, et en même temps, pas vraiment – ?? – ; pour devenir son apprentie, alors qu’elle n’a rien de féérique, et qu’il doute de son talent ; mais aussi pour être le jeune personnage féminin fière, un peu rebelle. Albert est le sorcier mentor, qui aime beaucoup le détective, mais qui l’engueule comme un père à chaque fois qu’il fait quelque chose de dangereux. Isis est la femme séduisante, ténébreuse, déesse sans âge, éternellement jeune. Bref, tous étaient stéréotypés, des personnages attendus, sans grande originalité. On peut aussi trouver quelques clichés, dont un qui m’a fait lever les yeux au ciel vers la fin … Dernier bémol : le terme « femelle » employé pour évoquer les femmes. Il m’a hérissé le poil à chaque fois qu’il est apparu !  

 

Donc, de belles promesses, mais une petite déception tout de même, à cause d’un sur-développement d’un côté, avec l’univers et la ville, un sous-développement de l’autre, concernant les personnages et l’histoire. J’ai adoré les références, mais elles peuvent rebuter, comme les notes de bas de pages. Je continuerai tout de même la série, en espérant que ce soit mieux ! 

Blonde de Joyce Carol Oates

Posté : 6 décembre, 2018 @ 5:49 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : ContemporaineBlonde

Editeur : Le Livre de Poche 

Année de sortie : 2012 [2000]

Nombre de pages : 1110

Titre en VO : Blonde

Synopsis : Alors, en début de soirée, ce 3 août 1962, vint la Mort, index sur la sonnette du 12305 Fifth Helena Drive. La Mort qui essuyait la sueur de son front avec sa casquette de base-ball. La Mort qui mastiquait vite, impatiente, un chewing-gum. Pas un bruit à l’intérieur. La Mort ne peut pas le laisser sur le pas de la porte, ce foutu paquet, il lui faut une signature. Elle n’entend que les vibrations ronronnantes de l’air conditionné. Ou bien … est-ce qu’elle entend une radio là ? La maison est de type espagnol, c’est une « hacienda » de plain-pied ; murs en fausse brique, toiture en tuiles orange luisantes, fenêtres aux stores tirés. On la croirait presque recouverte d’une poussière grise. Compacte et miniature comme une maison de poupée, rien de grandiose pour Brentwood. La Mort sonna à deux reprises, appuya fort la seconde. Cette fois, on ouvrit la porte. 

De la main de la Mort, j’acceptais ce cadeau. Je savais ce que c’était, je crois. Et de la part de qui c’était. En voyant le nom et l’adresse, j’ai ri et j’ai signé sans hésiter

 

Avis : Cela fait une éternité que je « dois » lire Blonde ; il est dans ma PAL depuis août 2012 ! Et c’est enfin chose faite !

Qu’est-ce que ce livre est cruel … Si vous cherchez un livre pour vous remonter le moral, je vous déconseille fortement celui-là ! Mais, commençons par le commencement !

Joyce Carol Oates nous prévient dès le début, dans une note d’auteur, qu’elle n’écrit pas une biographie de Marilyn Monroe, mais un roman tiré de sa vie, une sorte de biographie romancéefictionnalisée. Elle s’inspire donc de faits réels, mais prend, d’une certaine manière, le point de vue de Norma Jeane, se met à sa place parfois, imagine ce qu’elle a dû ressentir, comment les choses se sont déroulées exactement. L’auteure a condensé la vie de Norma pour en faire un roman, comme elle l’a fait pour elle-même quand elle a écrit The Lost Landscape (Paradis Perdu). Donc, elle ne mentionne pas toutes ses familles d’accueil, tous ses amants, ou toutes ses tentatives de suicide, mais conserve ceux qui lui paraissent le plus symbolique. Cela peut ajouter à la confusion que le lecteur ressent lors de la lecture, une impression de flou, parce qu’il se rend compte, à un moment donné, qu’il y a plus dans la vie de Norma que ce qu’il est en train de lire. Malgré mes connaissances préalables - j’ai déjà lu une biographie de Marilyn Monroe, écrite par Sandro Cassati -, et la longueur du livre, qui peut être vraiment impressionnante, je ne me suis pas ennuyée du tout !!

Comme toujours, j’ai aimé l’écriture de Joyce Carol Oates ; malheureusement, j’ai lu Blonde en français. J’ai donc perdu quelque chose du style de l’auteure, si particulier ; par exemple, son écriture est très dense, et cela a dû compliquer la traduction. Comment rendre les ing, les phrases interminables, les phrases nominales, certaines expressions ? A la lecture, cela ne fait pas naturel pour moi ; mais c’est sans doute parce que j’ai lu l’auteure en VO. Je relirai donc Blonde en anglais, quand j’en serai capable ! Malgré tout, la confusion doit se sentir dans les deux langues, et n’est pas qu’un résultat de la traduction. Elle est due au narrateur, qui ajoute des informations au fil du récit, mais surtout à Norma Jeane. Sa propre confusion imprègne le récit, et il est parfois difficile de savoir qui parle, quand, où. Pour autant, j’ai adoré ce narrateur peu fiable (unreliable narrator en anglais), et Norma Jeane comme personnage peu fiable elle aussi. Le lecteur ne sait pas toujours ce qu’il se passe, ou n’est pas au courant de tout ; puis, plus tard, dans un chapitre ultérieur, la scène est éclairée d’une façon différente, et la réalité – mais, est-ce vraiment elle ? – est révélée. De plus, la folie apparaît doucement, et prend de plus en plus de place, notamment dans les souvenirs du personnage principal. Le lecteur doute donc, tout le long de l’œuvre, de la réalité de ce qui lui est raconté !

Différents « sujets » sont mentionnés dans le livre – avec 1110 pages, on peut s’en douter ! Commençons par Hollywood, et la carrière d’acteur dans les années 40-60. A l’époque, c’est un monde cruel – je dis à l’époque mais, qui sait si ce n’est pas la même chose aujourd’hui ! Etant donné que Norma Jeane était une beauté blonde, elle était considérée comme une fille stupide, disposée ; autant appelé un chat un chat : une salope. Elle était méprisée, insultée, et très peu estimée : pas mal de personnes voyaient en elle une mauvaise actrice adepte de la promotion canapé. Pour autant, beaucoup la voulait dans leur film. Joyce Carol Oates dévoile ainsi la face cachée d’Hollywood, celle qu’on préfère oublier quand on voit des photos ou qu’on regarde des films montrant des personnages saines et souriantes. Mais ce n’est pas tout ! J’adore la façon qu’a eu l’auteure d’intégrer le cinéma à son processus d’écriture. En effet, il est omniprésent dans la narration elle-même. Certaines scènes sont décrites de manière cinématographique ; peut-être est-ce une façon de mettre en avant le fait que Norma Jeane voit sa vie à travers l’objectif d’une caméra ? Dans tous les cas, cela instaure une ambiance particulière. Ce peut aussi être une manière, pour Joyce Carol Oates, de nous rappeler, dans une sorte de mise en abîme, que son livre est une fiction, même si elle raconte la vie d’une personne réelle. La religion est également un des « thèmes » abordés. Tout d’abord, la mère de Norma ne peut pas la supporter ; puis elle est « enseignée » à la petite fille par le Dr. Mittelstadt. C’est une grande part de la vie de la jeune femme : elle guide en partie ses choix, ses intentions, et ses décisions. Mais, à partir d’un moment, sa place semble remise en question, et elle est victime de la confusion ambiante.

Bien sûr, un autre sujet important : la sexualité. Marilyn Monroe est considérée, encore aujourd’hui, comme un sex symbol. Elle est censée avoir eu un nombre presque incalculable d’amants, et était parfois qualifiée de nymphomane. Bien sûr, il y a des scènes sexuelles, et la mention des amants de Norma, ou de ce qu’elle a dû faire – ce qu’on l’a forcé à faire parfois/souvent – ; mais elle n’est pas du tout présentée comme une nympho. J’en viens ainsi au personnage de Norma Jeane alias Marilyn Monroe. Oates fait le portrait d’une femme fragile, réservée, timide, qui bégaye, et n’est pas consciente de sa beauté, ou des désirs des hommes (au début, en tout cas). Elle rêve d’amour, et interprète le désir comme de l’amour, jusqu’à la toute fin ! Elle veut être mère de tout son cœur ; c’est si intense que ça en devient douloureux pour le lecteur ! C’est comme si elle voulait conjurer une malédiction lancée par sa mère ; et le seul moyen, c’est d’avoir, à son tour, un enfant. De plus, pour elle, jouer n’est pas juste un travail : c’est toute sa vie. Tout le long du livre, le lecteur a l’impression qu’elle est schizophrène : Marilyn n’est pas Norma Jeane, elle n’est que son Amie Magique, quelqu’un qu’elle adore et déteste. Les rôles qu’elle joue, les femmes qu’elle incarne, ne sont que des parties d’elle, mais pas tout à fait elle. Norma les contient, mais elles ne la résument pas en retour. Peut-être est-ce une façon de montrer que la « folie », une part de « folie », était déjà présente chez elle depuis le début, et qu’elle fut ensuite renforcée par l’usage de nombreux médicaments. Personnellement, elle m’a fait mal au cœur tout le long, malgré le narrateur peu fiable qui nous raconte son histoire. Elle semble naïve, manipulée par tout le monde, tout le temps. C’est vraiment douloureux à lire à force, parce que je me suis beaucoup attachée à elle. Elle est dépeinte comme une jeune fille douce, gentille, qui sera peu à peu détruite par ses démons, et par les personnes qui l’entourent. Parfois, je savais ce qui allait arriver, mais ce n’est pas pour autant que c’était plus facile.

D’autres personnes réelles se trouvent, évidemment, dans le texte, mais ne sont pas nommées : Joe DiMaggio, Arthur Miller, Ava Gardner, John Fitzgerald Kennedy. Cela s’ajoute aux descriptions cinématographiques : nous sommes dans un film, et ces gens sont représentés par leur fonction dramatique. Ils n’ont pas de personnalité propre – ou nous le supposons, étant donné comment ils sont appelés – et sont nommés, pour la plupart, grâce à leur travail : Actrice, Ex-Sportif, Dramaturge. Certains personnages (soient-ils réels ou non) sont très difficiles à apprécier, surtout à cause de leur violence. C’est un autre thème important dans le roman. Marilyn/Norma est l’objet de différents types de violence : sexuelle, mais aussi sociale et physique. Elle est, la plupart du temps, infligée par d’autres, beaucoup moins par elle. Elle est violée (même si c’est assez vague parfois, et rendu clair plus tard), elle est battue par un de ses maris, elle est vendue (par différentes personnes …), elle est pauvre (même si elle ramène des millions au Studio). Et, tout le long, elle dit ne pas être amère – mais comment peut-elle ne pas l’être ? Et cette violence n’est pas sporadique : elle est CONSTANTE, du début à la fin ! Et c’est aussi la raison pour laquelle ce livre est difficile à lire parfois. Parce que le lecteur aimerait que cela s’arrête, que quelqu’un, dans le livre, réagisse, et cela n’arrive jamais.

Enfin, nous arrivons à la mort de Marilyn. Il y a une théorie à ce propos : elle aurait été assassinée parce qu’elle avait une relation avec Kennedy. [SPOILER] Je pense que c’est plus probable qu’une overdose, et il semblerait que Joyce Carol Oates soit du même avis. A un moment donné, un personnage, le Tireur d’élite, apparaît, et revient de plus en plus souvent au fil du roman, jusqu’à la fin. Ce procédé est très intéressant parce qu’en un sens, cela justifie la paranoïa de Marilyn : elle était suivie, et sera tuée dans son sommeil par quelqu’un envoyé par le gouvernement, par son Prince supposé, ou par ses proches. [FIN DU SPOILER] 

 

Donc, un livre très difficile à lire, une belle claque, que je relirai sans aucun doute en VO. Un portrait de femme blessée par la vie, par les autres, et qui, pourtant, brille encore aujourd’hui. 

 

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