Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar
Editeur : Folio
Année de sortie : 2009 [1958]
Nombre de pages : 347
Synopsis : Cette œuvre, qui est à la fois romance, histoire, poésie, a été saluée par la critique française et mondiale comme un événement littéraire. En imaginant les Mémoires d’un grand empereur romain, l’auteur a voulu « refaire du dedans ce que les archéologues du XIXe siècle ont fait du dehors ». Jugeant sans complaisance sa vie d’homme et son œuvre politique, Hadrien n’ignore pas que Rome, malgré sa grandeur, finira un jour par périr, mais son réalisme romain et son humanisme hérité des Grecs lui font sentir l’importance de penser et de servir jusqu’au bout. « … Je me sentais responsable de la beauté du monde », dit ce héros dont les problèmes sont ceux de l’homme de tous les temps : les dangers mortels qui du dedans et du dehors confrontent les civilisations, la quête d’un accord harmonieux entre le bonheur et la « discipline auguste », entre l’intelligence et la volonté.
Avis : Ce livre m’a été prêté il y a une éternité haha, et je le lis ENFIN ! (faut dire qu’il me faisait un peu de l’oeil ces derniers temps !)
Je ne sais pas pourquoi j’ai attendu si longtemps pour lire ce livre : j’ai adoré. Que ce soit l’écriture, que peu d’écrivains ont si belle, le sujet, le personnage : tout était grandiose. J’ai eu l’impression d’entendre la voix d’Hadrien à travers la plume de Marguerite Yourcenar, c’était authentique, c’était parfait !
Il faut dire (rappeler ?) que j’adore la mythologie et l’histoire antique, donc je pensais déjà que je ne pouvais qu’apprécier cette lecture. Mais j’avoue que je ne pensais pas adorer à ce point. C’était formidable de suivre la vie d’Hadrien racontée par lui-même à son petit-fils adoptif Marc Aurèle ! J’ai adoré découvrir sa façon de voir le monde, la vie, la politique, sa philosophie, ses voyages, ses réflexions. Il ne nous montre pas que ses qualités, mais aussi ses défauts, les grandes erreurs de sa vie, qu’il voit venir en raconter a posteriori. J’ai aimé connaître ses proches, ceux qu’il aimait. Mais aussi, j’ai adoré voir la vie romaine de l’intérieure, leur façon de voir les choses, la vie. Par exemple, leur façon de considérer le suicide est loin d’être la même que la nôtre, et c’est là qu’on voit comme nous nous sommes éloignés du modèle/de l’idéal romain. Nos religions monothéistes ont anéanti les religions polythéistes de l’époque, qui se répondaient pourtant parfaitement, qui se correspondaient la plupart du temps, et qui s’adaptaient. L’idéal de tolérance et de communauté que porte Hadrien a été détruit, d’abord par les Juifs, qui ne voulaient pas tolérer d’autres dieux que le leur, puis par les Chrétiens. Hadrien comprend le comportement de chacun, se met à la place de tous, mais appelle tout de même les Juifs qu’il a en face de lui des fanatiques, parce qu’ils refusent tout compromis, toute alliance avec l’Empire. Il s’attriste face à leur choix, mais refuse, à son tour, de les forcer à quoi que ce soit. Personnellement, dans mes années d’école, j’ai toujours eu la vision des méchants Romains qui persécutent les pauvres monothéistes, qu’ils soient juifs ou chrétiens : ils leur volent leurs terres, et ne cessent de les torturer parce qu’ils ont une religion différente. Mais cette vision me semble clairement faussée maintenant que j’ai lu ce livre ! Toujours plusieurs versions à une histoire, n’est-ce pas ?!
Bref : le modèle romain n’est plus suivi, et Hadrien parle déjà d’une époque qu’il ne connaîtra pas, et qui n’aura rien à voir avec la sienne, faite de fanatismes, d’ignorances, de guerres. Malgré le fait que ce soit ici un « personnage », et non l’homme en tant que tel qui parle à Marc Aurèle, j’ai eu beaucoup d’admiration pour Hadrien. Il est sage, reconnaît ses erreurs, et tente au maximum de préserver la paix et les libertés et droits de tous. J’ai noté de nombreuses citations, et je veux absolument un exemplaire, histoire de l’annoter de partout !! Aussi, grand thème du livre : l’amour, nécessaire à Hadrien, et qu’il perd tragiquement.
La fin m’a beaucoup émue … Ce dernier paragraphe … Bouh !!
Donc, un excellent roman, qui permet de découvrir la vie d’Hadrien, ses potentielles pensées, mais aussi la vie romaine, la politique de l’Empire, et ce modèle romain aujourd’hui disparu.
4 commentaires »
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Merveilleux livre
Dernière publication sur Rougepolar : The end
Tellement d’accord
J’ai du le lire pour mon cour de français (je suis en 1ère) et franchement j’ai adorée! AU début j’avais du mal à entrer dans l’histoire, etc mais une fois qu’on y ait c’est excellent!! Mon passage préféré est de loin celui du sacrifice d’Antinoüs (j’en ai carrément pleuré) mais également la fin. Les dernières pages m’ont données des frissons!
C’est vrai que ce peut être un peu compliqué d’entrer dans l’histoire mais, une fois que c’est fait, on est emporté ! C’est vrai qu’avec le recul, la scène du sacrifice d’Antinoüs, avec la fin, est la plus vivace dans mon esprit ! Ravie que ce livre ait réussi à te conquérir !