Manderley for ever de Tatiana de Rosnay
Editeur : Albin Michel – Héloïse d’Ormesson
Année de sortie : 2015
Nombre de pages : 437
Synopsis : « J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley. » C’est par cette phrase que commence Rebecca, le roman de Daphné du Maurier porté à l’écran par Alfred Hitchcock.
Depuis l’âge de douze ans, Tatiana de Rosnay, passionnée par la célèbre romancière anglaise, fait de Daphné du Maurier un véritable personnage de roman. Loin d’avoir la vie lisse d’une mère de famille, qu’elle adorait pourtant, elle fut une femme secrète dont l’œuvre torturée reflétait les tourments.
Retrouvant l’écriture ardente qui fit le succès d’Elle s’appelait Sarah, vendu à plus de neuf millions d’exemplaires à travers le monde, Tatiana de Rosnay met ses pas dans ceux de Daphné du Maurier le long des côtes escarpées de Cornouailles, s’aventure dans ses vieux manoirs chargés d’histoire qu’elle aimait tant, partage ses moments de tristesse, ses coups de cœur, ses amours secrètes.
Le livre refermé, le lecteur reste ébloui par le portrait de cette femme libre, bien certaine que le bonheur n’est pas un objet à posséder mais un état d’âme.
Avis : Je voulais, depuis un moment, en savoir plus sur l’auteure d’un de mes romans préférés, Rebecca ! Je n’ai pas eu l’occasion de lire ce livre pendant l’étude de l’œuvre, mais je me suis dit qu’il n’était jamais trop tard !
Cette année, j’ai lu The Invention of Angela Carter d’Edmund Gordon. Je ne pensais pas être si émue par la vie d’une femme que je ne connaissais pas du tout et, pourtant, à la fin, je pleurais comme si j’avais perdu une amie. Eh bien, j’ai eu la même expérience avec Manderley for ever de Tatiana de Rosnay !
J’adore Rebecca et je voulais lire d’autres livres de Daphné du Maurier, histoire de retrouver cette ambiance troublante, ce thème du double, ce gothique sombre. Mais je voulais aussi découvrir la vie de l’auteure, comment elle en est venue à écrire ses livres, quelle a été son inspiration. Je n’ai pas été déçue ! Tatiana de Rosnay m’a emportée en Angleterre, au XXe siècle, pendant la Seconde Guerre mondiale, après la guerre ; partout, pendant toute la vie de Daphné ! J’étais dans le livre, et je n’avais pas envie de le finir parce que je voulais rester auprès des « personnages » ! J’ai découvert Daphné, une femme solitaire, complètement obsédée par son monde intérieur, imaginaire, capable de s’enfermer dans une pièce pour écrire écrire écrire jusqu’à ce que le livre soit terminé et qu’elle puisse l’oublier et passer à une autre œuvre tout aussi sombre. Mais elle est aussi joyeuse, heureuse même, voyageuse, aimante, tendre, passionnée auprès de ses ami(e)s et de ses amants ! Jamais, jamais l’auteure ne la juge, elle ou sa façon de vivre et de s’isoler, quelque chose que certains auraient pu prendre pour de la négligence envers sa famille ; sa seule façon de commenter, c’est à travers ce que Daphné elle-même pense, ses propres interrogations. L’écriture, c’est son travail, sa passion, son mode de vie. C’est comme respirer, cela lui permet de se décharger de quelque chose en elle qui pourrait la ronger, la hanter. J’ai adoré découvrir son inspiration, d’où elle tire ses personnages, ses maisons, ses intrigues !
J’ai aussi adoré découvrir sa famille, ses amis, les relations qu’elle entretenait avec chacun d’eux. Elle semble avoir été une femme fascinante, intimidante parfois, mais pourtant toujours joyeuse et pleine de vie ! Elle ne supportait visiblement pas la fadeur, ou les règles ; elle inventait les siennes, et se fichait de ce que les autres pouvaient en penser. Elle était aussi timide, ce qui m’a surprise. J’ai appris beaucoup de choses, par exemple, l’existence du procès pour Rebecca ! Elle a aussi souffert d’un manque de reconnaissance injuste : elle était considérée comme un auteur romantique, alors qu’elle ne l’était pas du tout ! Rebecca était à la fois une bénédiction et une malédiction ; ironiquement, Mrs. de Winter l’a hantée toute sa vie après qu’elle lui a donné naissance !
Depuis que j’ai lu son plus célèbre roman, je suis obsédée par le fait de trouver mon propre Manderley. C’est comme si elle m’avait contaminé avec sa passion pour Menabilly. Découvrir son obsession pour cette maison m’a à la fois réconfortée et effrayée. Le manoir lui a jeté un sort, et elle ne peut pas s’en débarrasser, quoi qu’elle fasse. Elle préfère même « Mena » aux gens, et je peux tout à fait la comprendre parfois !
Tatiana de Rosnay, contrairement à Edmund Gordon pour Angela Carter, ne spoile pas les œuvres de Daphné du Maurier ! Elle ne spécule pas non plus ; elle explique que tout ce qu’elle écrit lui vient soit des mémoires de l’auteure, soit d’autres biographies, comme celle de sa fille, Flavia Leng (Daphne du Maurier: A Daughter’s Memoir) ou celle de Margaret Forster (Daphne du Maurier). Elle a voyagé à Londres, à Menabilly, à Kilmarth, comme dans une sorte de pélerinage, dans les pas de Daphné ; c’était très émouvant. De plus, j’ai aimé son écriture !
Micro bémol : il m’a manqué quelques petites choses, même si je ne sais pas exactement quoi. Parfois, je me disais : « Tiens, j’aurais aimé savoir ce qu’elle ressent là » ou « Quelque chose manque ici, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus ! ». Mais cela n’a absolument pas gâché mon plaisir, et ce livre fait définitivement partie de mes préférés !
La fin était aussi émouvante que pour Angela Carter. J’ai eu l’impression de perdre une amie. C’était affreux, j’ai pleuré comme un bébé … Les dernières années de la vie de Daphné du Maurier sont tellement dures …
Donc, une belle biographie, touchante et instructive, qui nous donne envie de lire absolument toutes les œuvres de l’auteure ! On se sent proche d’elle, on entre dans son intimité, et on la quitte à regret …
2 commentaires »
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Je n’ai pas encore lu Rebecca. Seulement, La Maison sur le rivage. Et, puis, cette biographie, que j’ai trouvé passionnante. Découvrir la jeune fille, l’autrice, la femme, la mère. Du mal à tourner la dernière page. Encore plus de mal à trouver une lecture après. Du coup, j’ai opté pour une valeur sûre, un Jane Austen
En attendant de craquer pour quelques Daphné du Maurier…
Rebecca, c’est vraiment toute une ambiance !!
C’est vrai que c’est dur d’enchaîner avec autre chose après ! J’ai eu du mal aussi. C’est sûr, avec un Jane Austen, tout va bien !