Le pianiste de Wladyslaw Szpilman
Editeur : Pocket
Année de sortie : 1998
Nombre de pages : 267 + 28
Titre en VO : The Pianist: The Extraordinary Story of One Man’s Survival in Warsaw, 1939-45
Synopsis : Septembre 1939 : Varsovie est écrasée sous les bombes allemandes. Avant d’être réduite au silence, la radio nationale réalise sa dernière émission. Les accords du Nocturne en ut dièse mineur de Chopin s’élèvent. L’interprète s’appelle Wladyslaw Szpilman. Il est juif. Pour lui, c’est une longue nuit qui commence …
Quand, gelé et affamé, errant de cachette en cachette, il est à un pouce de la mort, apparaît le plus improbable des sauveteurs : un officier allemand, un Juste nommé Wilm Hosenfeld. Hanté par l’atrocité des crimes de son peuple, il protègera et sauvera le pianiste.
Après avoir été directeur de la radio nationale polonaise, Wladyslaw Szpilman a eu une carrière internationale de compositeur et de pianiste. Il est mort à Varsovie en juillet 2000. Il aura fallu plus de cinquante ans pour que l’on redécouvre enfin ce texte étrangement distancié, à la fois sobre et émouvant.
Avis : Ce livre m’a été prêté il y a longtemps, et je l’ai ENFIN lu !
Difficile d’ »évaluer » ce livre, étant donné que c’est l’autobiographie de l’auteur : il relate sa vie pendant la Seconde Guerre mondiale, à Varsovie. J’ai lu quelque part que le style d’écriture était assez sec, que c’était plutôt impersonnel ; je ne pense vraiment pas que ce soit le cas. J’ai été choquée, horrifiée, par ce que j’ai lu, même si j’ai déjà lu des mémoires sur la guerre, sur la déportation, ou sur les nazis. Et si l’auteur est qualifié d’écrire de manière impersonnelle, c’est peut-être parce qu’il n’en fait pas des tonnes. Il n’en rajoute pas, mais il n’embellit pas non plus ; il dit simplement ce qui est arrivé, en nous faisant part de son état d’esprit, de son désespoir. Une des scènes qui m’a glacée est celle du départ de sa famille dans un wagon à bestiaux : il ne sait pas où ils vont, mais il est convaincu qu’il ne les reverra jamais. Et la réaction de son père … Rien que d’en parler, je me sens mal.
Ici, le lecteur ne voit pas la vie dans les camps, mais la vie à Varsovie, entre 1939 et 1945, ce qui est arrivé aux Juifs, ce que les nazis ont fait, comment Wladyslaw Szpilman a survécu. On voit donc l’espoir, l’attente, l’angoisse, l’incrédulité au fil des années et des actions entreprises par les nazis. Le pire était sans doute de lire les assauts dans les maisons/bâtiments, ou la façon dont ils exécutaient les gens sans aucune raison, apparemment juste pour le plaisir. Leur cruauté était vraiment difficile à lire, difficilement imaginable, et difficile à comprendre : elle n’a aucun sens ! L’auteur nous révèle aussi que les nazis n’étaient pas les seuls à faire la loi dans le ghetto de Varsovie, ou en Pologne en général ; il parle notamment d’Ukrainiens ou de Lituaniens. Aussi, ce livre brise le mythe de la solidarité entre les Juifs pendant la guerre : certains collaborent, d’autres ne veulent rien avoir à faire avec les plus pauvres. Est aussi mentionnée la non-intervention des Juifs d’autres pays. L’espoir que l’auteur et ses proches plaçaient dans les puissances européennes fait mal au cœur : ils sont convaincus que la France et l’Angleterre ne vont pas tarder à mettre fin à l’avancée nazie. Elles sont idéalisées, et leur défaite sonne le glas pour les habitants du ghetto.
J’ai aimé lire les extraits du journal, tenu pendant la guerre, de Wilm Hosenfeld à la fin du Pianiste : ils permettent de découvrir un peu l’homme qui a sauvé Wladyslaw Szpilman, qui lui a permis de tenir jusqu’à l’arrivée des secours. Il a été considéré comme un Juste en 2009 : il jugeait malhonnête et déshonorable ce que faisaient les nazis, mais n’osait pas se rebeller ouvertement contre le régime. On peut sentir, dans les extraits, qu’il se sent lâche de ne pas réagir, mais qu’il ne peut pas pour autant tout à fait obéir, d’où l’aide qu’il apporte à l’auteur.
On présente souvent ce livre, et le film qui en est tiré, comme une autobiographie dans laquelle l’auteur est sauvé grâce au fait qu’il est pianiste. Je ne pense pas vraiment que ce soit le cas : même s’il n’avait pas joué pour Wilm Hosenfeld, celui-ci ne l’aurait sans doute pas tué. Pour autant, je comprends que l’auteur, à l’époque, pensait devoir sa vie à la musique ; étant donné qu’il ne savait pas à qui il avait affaire, sinon que c’était à un Allemand, il devait penser que, s’il ne jouait pas, le nazi le tuerait. J’ai eu mal au cœur d’apprendre que M. Szpilman n’a pas pu retrouver la trace de son bienfaiteur pour le sauver après la guerre. La place de la musique est, évidemment, non négligeable dans le livre, puisque l’auteur s’accroche à son travail, puis à son avenir de pianiste pendant la guerre ; il veut notamment protéger ses mains, et il apprend ses partitions par cœur.
Donc, une autobiographie qui permet d’avoir un autre point de vue sur la guerre, de se trouver en plein cœur de Varsovie, dans le ghetto, et de suivre un homme prêt à tout pour survivre, malgré le désespoir d’avoir perdu les siens. Je regarderai l’adaptation !