House of Names de Colm Tóibín
Editeur : Penguin Viking
Année de sortie : 2017
Nombre de pages : 262
Titre en français : Pas encore traduit
Synopsis : ‘They cut her hair before they dragged her to the place of sacrifice. Her mouth was gagged to stop her cursing her father, her cowardly, two-tongued father. Nonetheless, her muffled screams were heard. »
On the day of his daughter’s wedding, Agamemnon orders her sacrifice. His daughter is led to her death, and Agamemnon leads his army into battle, where he is rewarded with glorious victory.
Five years later, he returns home and his murderous action has set the entire family – mother, brother, sister – on a path of intimate violence, as they enter a world of hushed commands and soundless journeys through the palace’s dungeons and bedchambers. As his wife seeks his death, his daughter, Electra, is the silent observer of the family’s game of innocence while his son, Orestes, is sent into bewildering, frightening exile where survival is far from certain. Out of their desolating loss, Electra and Orestes must find a way to right these wrongs of the past, even if it means committing themselves to a terrible, barbarous act.
House of Names is a story of intense longing and shocking betrayal. It is a work of great beauty, and daring, from one of our finest living writers.
Avis : Etant donné que j’adore la mythologie, je ne pouvais que lire House of Names !
Ce roman relate l’histoire de la famille d’Agamemnon ; il se voit ordonner le sacrifice de sa fille Iphigénie par les dieux pour que le vent cesse afin de partir faire la guerre à Troie, aux côtés de son frère Ménélas, afin de récupérer sa femme, Hélène. Cela ne plaît pas du tout à sa femme, Clytemnestre, qui tente tout pour l’empêcher. Elle rentre vaincue avec Oreste, son fils, auprès de sa seconde fille, Electre. Je connaissais déjà l’intégralité du mythe, donc les surprises n’en étaient pas, et je n’ai peut-être pas pris autant de plaisir qu’un lecteur qui ne connaîtrait pas l’histoire ; mais j’ai tout de même appris quelques détails que j’ignorais – sachant tout de même que l’auteur a ajouté des éléments pour faire du mythe un roman. J’ai aimé relire cette histoire sous la forme d’un long récit construit, en suivant différents personnages. Depuis que je connais cette partie de la mythologie, j’adore ce mythe. Quand je l’ai lu pour la première fois, je me suis tout de suite rangée du côté de Clytemnestre et Iphigénie – comme je me range toujours du côté des Troyens pour la guerre de Troie. J’ai détesté Agamemnon à cause de son geste, de son absence de sentiment et de courage ; mais aussi Oreste [SPOILER] pour les représailles contre sa mère [FIN DU SPOILER]. J’ai toujours adoré la version du mythe dans lequel Iphigénie est sauvée par Artémis qui la substitue à une biche et lui permet de devenir une de ses suivantes. Malheureusement, dans la version de Tóibín, elle meurt.
J’ai adoré les passages à la première personne consacrés à Clytemnestre et Electre ; j’ai beaucoup moins apprécié ceux qui suivaient Oreste, notamment parce qu’il était à la troisième personne, et sans doute aussi à cause de mon antipathie initiale pour le personnage. J’étais beaucoup plus immergée dans l’histoire quand la narration était interne. De plus, je n’ai pas aimé la première partie consacrée à Oreste : sa violence naissante est dérangeante, et je n’ai pas supporté la scène avec les chiens – peut-être que c’est étrange, mais je peux lire des scènes de violence contre des hommes, pas contre des animaux ! J’ai préféré les parties qui le suivaient dans la seconde partie du livre.
Je me suis identifiée à Clytemnestre et Electre : elles sont compréhensibles, même si elles ne sont pas pardonnables. Je ressentirai sans doute la même chose que Clytemnestre face au sacrifice de ma fille pour des dieux en qui je ne crois pas, ou que je considère comme cruels et sourds aux suppliques des hommes. Etant donné que je me suis distanciée de la religion il y a quelques temps, je peux tout à fait comprendre sa colère, l’absurdité qu’elle voit dans cette mort inutile et inhumaine pour une raison qu’elle juge inférieure à la vie de sa fille, mais aussi sa propre distanciation avec la religion et sa haine de la lâcheté de son mari. Concernant Electre, je peux aussi la comprendre : sa mère ne se rapproche pas d’elle dans leur perte commune, ne lui explique rien de ce qui est arrivé. La fille de Clytemnestre la tient pour responsable de la mort d’Iphigénie ; elle ne fait rien pour s’en faire une alliée, la montant peu à peu, au contraire, contre elle, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Mais, en lisant les parties d’Oreste, j’ai eu énormément de mal à continuer à aimer Clytemnestre et Electre. En effet, chaque personnage est manipulateur, excepté le fils, qui est plutôt le manipulé. Enfant, il est écarté des décisions importantes, et ne comprend pas ce qui se passe autour de lui ; mais, adulte, il est carrément utilisé. C’est assez agaçant étant donné qu’il ne réagit pas, et se laisse complètement faire. Je ne suis pas parvenue à m’attacher à lui, ni à l’apprécier !
Malgré l’absence d’attachement aux personnages ou la distance qui s’est installée avec certains, il était fascinant de replonger dans cette histoire de trahisons et de meurtres. L’escalade de la violence est impressionnante, quand on se rend compte d’où elle part : un vent qui retarde la flotte du roi. A partir de sa décision de sacrifier sa propre fille, toutes les pièces de la destruction se mettent en place, et la famille est, en quelque sorte, maudite. Elle finit par imploser.
Niveau éléments secondaires, j’ai aimé la pudeur et l’absence de description directe quand il s’agit de sexualité. Le lecteur devine ce qui arrive : c’est subtil mais compréhensible. J’ai aussi aimé l’ajout de fantômes ; cela apporte quelque chose de nouveau à l’histoire. J’ai notamment adoré la façon dont ils sont considérés, le soutien qu’ils représentent pour un des personnages : ces passages étaient beaux. En revanche, j’ai attendu l’arrivée des Erynies en vain ; j’aurais aimé voir cette partie du mythe dans le roman !
Donc, il manque quelque chose à ce livre pour être une excellente lecture, mais je suis heureuse d’avoir lu ce mythe sous la forme d’un roman !! Je le recommande à ceux qui le connaissent comme à ceux qui voudraient le découvrir pour la première fois !!
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