The Summer Without Men de Siri Hustvedt
Editeur : Sceptre
Année de sortie : 2011
Nombre de pages : 216
Titre en français : Un été sans les hommes
Synopsis : Out of the blue, your husband of thirty years asks you for a pause in your marriage to indulge his infatuation with a young Frenchwoman. Do you:
a) assume it’s a passing affair and play along
b) angrily declare the marriage over
c) crack up
d) retreat to a safe haven and regroup?
Mia Fredricksen cracks up first, then decamps for the summer to the prairie town of her childhood, where she rages, fumes, and bemoans her sorry fate as abandoned spouse. But little by little, she is drawn into the lives of those around her: her mother and her circle of feisty widows; her young neighbour, with two small Children and a loud, angry husband; and the diabolical pubescent girls in her poetry class. By the end of the summer without men, wiser though definitely not sadder, Mia knows what she wants to fight for and on whose terms.
Provocative, mordant, and fiercely intelligent, The Summer Without Men is a gloriously vivacious tragi-comedy about women and girls, love and marriage, and the age-old war between the sexes – a novel for our times by one of the most acclaimed American writers.
Avis : C’est Salomé de la chaîne Kiss the Librarian qui m’a rappelé l’existence de ce livre ! Il était dans ma wish-list depuis une éternité ; en le voyant à la BU, je me suis dit que c’était l’occasion !
Et heureusement que je l’ai emprunté parce que j’ai ADORE The Summer Without Men !! Que ce soit l’intrigue, l’écriture, les réflexions, tout : j’ai tout adoré !
D’abord, je ne savais pas que ce livre était féministe, et les réflexions du personnage/narrateur étaient bienvenues !! Elle défend l’égalité homme/femme à l’aide d’arguments scientifiques et autres (quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que des scientifiques, encore aujourd’hui, tentent de prouver l’infériorité de la femme !), elle défend Jane Austen et d’autres femmes écrivains, elle parle des différences sociales et culturelles entre homme et femme – parce que ce n’est pas parce que nous sommes égaux que nous ne sommes pas différents – ; mais elle ne tombe jamais dans la généralisation. Elle nuance toujours son propos avec « most of » (la plupart) ou « some » (certains). Il est clair que Mia/l’auteure (?) s’énerve parfois en évoquant ces sujets, mais je peux tout à fait la comprendre : cela m’énerve, moi aussi, que l’on me sous-estime parce que je suis une femme. Ce n’est pas ni une tare, ni une maladie, ni un rabaissement. L’intrigue n’enlève rien au féminisme du livre : quelqu’un qui trompe son conjoint, cela peut arriver à une femme ou à un homme, c’est indépendant du sexe de la personne, tout comme l’amour. Ce n’est pas parce que Mia parle de l’amour qu’elle porte à son mari qu’elle n’est pas féministe ; elle a aimé cet homme pendant trente ans. Si elle avait été avec une femme, et que celle-ci l’avait trompée, elle réagirait de la même façon.
L’intrigue est un peu le cliché de la « chick-lit » : une femme se fait tromper par son mari. Mais aucun cliché ici. Mia, après le départ de son mari, fait une dépression nerveuse, tombe dans la folie et, une fois sortie de l’hôpital, décide de passer l’été dans sa vie natale, auprès de sa mère, entourée de femmes. Ce livre traite de maladie mentale : en plus de cette crise après le départ de son mari, Mia est sujette à des peurs « irrationnelles », telle une présence qu’elle sent derrière la porte, ou la peur d’être abandonnée. Je me suis complètement identifiée à elle : si cela m’arrivait, je ressentirai sans doute la même chose. Mon premier instinct ne serait pas de me battre, mais de me laisser porter par le chagrin. Et, encore une fois, ce n’est pas une question de féminisme : quand on aime quelqu’un si fort, et qu’on entretient une relation fusionnelle pendant trente ans, même si ce n’est pas un mari/une épouse, mais un parent ou un ami, quand il part, on se brise, et il est difficile de remonter la pente. Mia fait face à une perte, une sorte de deuil, et elle ne peut pas se lever tranquillement le matin comme si de rien n’était, en effaçant trente ans de sa vie. J’imagine bien la douleur de se dire que l’autre peut le faire quand on ne semble pas même capable de vivre sans lui ! Pour autant, ce livre n’est pas déprimant ! Au contraire : une fois que Mia est arrivée à Bonden, et malgré ses peurs, elle reprend goût à la vie. Elle passe du temps avec sa mère, les amies de celle-ci, sa voisine : leurs conversations étaient rafraîchissantes, touchantes. Je me sentais bien dans ce groupe de femmes – ce n’est plus un secret que j’adore les romans dans lesquels il y a des groupes, je me sens intégrée !
Mia est un personnage qui m’a touchée. Une fois qu’elle peut se relever, elle se reprend en mains et ça fait plaisir à voir/lire ! Elle tente de voir ce qu’il lui reste si elle efface son mari de l’équation ; bien sûr, il y a tout un tas de choses, et elle tente de tout reconstruire. Elle affronte ses vieilles peurs, comme la présence et l’absence dont elle parle, ou le fait qu’elle n’ait pas le succès dont elle rêvait – elle semble alors très amère, et semble se cacher derrière de l’arrogance. Ce n’est pas un personnage tout blanc ; l’auteure nous montre ses défauts et ne la sacralise pas comme la femme blessée et trompée. Au fil des pages, elle semble grandir, sortir de la dépression, et réfléchir à la situation, ce qu’elle n’était pas capable de faire au début. J’ai aimé toutes les femmes présentes dans ce roman : elles étaient comme des couvertures réconfortantes, des épaules sur lesquelles pleurer. Toutes sont touchantes à leur manière, que ce soit par leur histoire présente, par leur perte, par leur situation. J’ai particulièrement aimé Abigail, Laura et Lola. Bea également, même si elle est un peu moins présente. Le réconfort qu’elles apportent à Mia leur est rendu par l’héroïne quand elles en ont besoin. Je ne peux pas vous parler de ce que je ressens pour Boris [SPOILER] je peux comprendre que Mia lui pardonne après un moment, étant donné qu’elle a compris ce qu’il vivait. Elle aurait pu vivre la même chose. Mais, « faire une pause » ?!! Vraiment ?!! Comme elle le dit au début du roman : il pense qu’il peut revenir quand il veut, qu’elle l’attendra ! [FIN DU SPOILER] Puis, sérieusement, je ne peux pas supporter l’adultère. Quitte-la avant d’en arriver là, ne la blesse pas plus en la trompant !
La fin reste ouverte selon moi, même si on peut deviner ce qui arrive une fois le livre fermé. Je l’ai trouvé satisfaisante, et n’aurait pas aimé qu’il finisse autrement !
Ce livre traite de sujets lourds, et pas seulement concernant les relations homme/femme, la société et le féminisme. S’y trouve aussi : la vieillesse, le fait de vieillir (pas traité de la même façon, même si les deux sujets se rejoignent), la mort, le suicide, le chagrin, le deuil, le passage du temps, la brièveté de la vie, mais aussi la sexualité, le harcèlement (scolaire, et autre), l’amitié, la nature humaine et les relations entre frères et sœurs.
J’aime la poésie, et c’était une joie pour moi de constater que le roman est parsemé d’extraits ou de poèmes entiers ! Il y a également de nombreuses références à différents poètes, que je ne connaissais pas pour la plupart ! J’aurais adoré assister à cette classe de poésie ! Mia, en plus d’être poétesse, est professeur ; le roman évoque ses études et les théories littéraires qu’elle a rencontrées. Je ne suis pas fan de certaines d’entre elles, et je suis contente qu’elles n’aient pas été abordées plus en détail !
J’ai adoré l’écriture, parfois opaque, parfois fluide. J’ai adoré le jeu du narrateur avec le lecteur (un de mes procédés préférés !) et comment, au moment où je me disais que ça commençait à être long, la narratrice écrit : (attention, c’est ma traduction, pas celle de l’édition française ; je vous demande votre indulgence haha) « Bientôt, vous vous dites, nous arriverons à un croisement ou à une bifurcation sur la route. Il y aura de l’ACTION. Ce sera plus que la personnification d’un très cher mais vieillissant pénis, plus que les digressions extravagantes de Mia à propos de ci ou de ça, plus que des présences et des Personnes et des Amies Imaginaires, ou des gens morts ou des Pauses ou des hommes en coulisse, pour l’amour du ciel, et une de ces vieilles dames ou des ces poétesses en herbe ou la douce et jeune voisine ou la version d’Harpo Marx de quatre ans ou même petit Simon vont FAIRE quelque chose ». C’était tout à fait le bon moment !! J’ai aussi aimé les adresses au lecteur, comme si ce n’était plus la narratrice qui nous parlait mais l’auteure. Je me suis alors sentie proche d’elle ; ce n’était plus juste un nom sur une couverture, mais une femme avec qui je pouvais dialoguer. J’ai pratiquement rempli mon carnet de citations tirées de ce livre, tant j’étais frappée, soit par la beauté de la phrase/du paragraphe, soit par la vérité que j’y trouvais. Un petit exemple en rapport avec ce dont je viens de vous parler : (encore ma traduction perso) « Un livre est une collaboration entre celui qui lit et ce qui est lu et, au mieux, cette réunion est une histoire d’amour comme aucune autre ». C’est exactement ce que The Summer Without Men m’a fait ressentir.
Comme souvent pour mes livres coup de cœur, j’ai l’impression de ne pas du tout avoir rendu service à ce roman en en faisant une chronique ; j’ai l’impression de ne pas avoir tout dit, ou de l’avoir mal dit. Et il est tellement dur de faire passer son sentiment à travers des mots (sujet aussi abordé dans le livre d’ailleurs !) J’aimerais que tout le monde le lise, et j’ai peur que certains n’aiment pas ; j’ai envie de transmettre mon amour, et j’ai envie de protéger ce que j’aime. Paradoxe, quand tu nous tiens !!
Donc, j’ai adoré ce livre : il m’a parlé, il m’a touchée, je me suis reconnue dans certaines situations et réflexions. J’étais émue aux larmes à certains moments. Je suis persuadée que je le relirai !!
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