Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir

Classé dans : Avis littéraires — 16 juillet 2018 @ 16 h 41 min

Mémoires d'une jeune fille rangée Genre : Mémoires 

Editeur : Folio 

Année de sortie : 2017 [1958]

Nombre de pages : 473

Synopsis : « Je rêvais d’être ma propre cause et ma propre fin ; je pensais à présent que la littérature me permettrait de réaliser ce vœu. Elle m’assurerait une immortalité qui compenserait l’éternité perdue ; il n’y avait plus de Dieu pour m’aimer, mais je brûlerais dans des millions de cœurs. En écrivant une œuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence. En même temps, je servirais l’humanité : quel plus beau cadeau lui faire que des livres ? Je m’intéressais à la fois à moi et aux autres ; j’acceptais mon « incarnation » mais je ne voulais pas renoncer à l’universel : ce projet conciliait tout ; il flattait toutes les aspirations qui s’étaient développées en moi au cours de ces quinze années. » 

 

Avis : J’ai lu ce livre pour l’agrégation, mais il était déjà dans ma wish-list depuis longtemps !

Il y a quelques années (trois ans il me semble !), j’ai lu Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir. Il est temps que je le relise, parce que je n’ai pas pris de notes, et que je ne m’en souviens pas dans les détails ; mais ce dont je me souviens, c’est de l’importance que ce livre a eu pour moi à l’époque. Il a réveillé en moi un féminisme encore à moitié dormant. Je pensais le retrouver dans Mémoires d’une jeune fille rangée, et je dois avouer que j’ai été déçue, sur le coup, de constater que ce n’était pas le cas. Ce livre est plus une partie d’autobiographie qu’un mémoire pour moi ; il débute avec la naissance de Simone de Beauvoir et s’achève sur l’obtention de son agrégation, après avoir raconté son enfance et son adolescence jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte. On peut y trouver quelques réflexions sociales et féministes, des ébauches de ce qui deviendra l’œuvre de l’auteure ; mais ce n’est pas le centre du livre. L’auteure évoque la Première Guerre mondiale, mais ne donne pas d’avis dessus, et ne s’y attarde pas. Elle signale, au contraire, qu’à l’époque, les idées qui seront les siennes n’ont pas encore mûries en elle, qu’elle n’y pense pas du tout pour certaines, parce qu’elle est concentrée sur sa vie intérieure. En effet, Mémoires d’une jeune fille rangée nous raconte plutôt l’éveil de Simone de Beauvoir, son passage d’enfant à adulte, son évolution spirituelle, mais aussi physique. Ce pourrait être qualifié de roman d’apprentissage si c’était de la fiction : l’auteure s’ouvre à la philosophie, à la littérature, et découvre des théories et des idéologies qui deviendront les siennes ou contre lesquelles elle se battra par la suite. Le livre évoque aussi ses amis, ses études, sa famille, sa perception du monde à l’époque : pour elle, enfant, il n’y a pas de différence entre garçon et fille. Elle ne se sent pas inférieure et n’est pas rabaissée ; c’est par la suite qu’elle comprend que les filles ne peuvent pas « s’amuser » comme les garçons, et qu’elles doivent être mariées vierges. Toute son adolescence, Simone de Beauvoir ne comprend pas la raison de ces différences, et désapprouve fortement les mœurs légères des garçons, notamment à cause de son éducation catholique. Dieu est un guide pour elle, jusqu’à ce qu’elle tombe en désaccord avec lui ; malgré tout, elle reste empêtrée dans des préjugés et des tabous religieux qui l’empêchent de vivre pleinement, et notamment, de développer sa sexualité, ou même de parler de cela autour d’elle. Cela explique sa pudibonderie, et le fait qu’elle juge sans cesse, tout et tout le monde. Il était, en fin de compte, très intéressant de découvrir la jeune fille qu’était la femme que l’on pense connaître, l’adolescente derrière l’image que l’on a forgée de Simone de Beauvoir. 

Ma déception initiale s’est vite dissipée quand je me suis rendu compte que la Simone du livre et moi avions pas mal de points communs. Je me suis fortement identifiée à elle, et j’ai retrouvé mes problèmes dans les siens. C’était assez réconfortant de voir qu’une femme comme elle était passée par les mêmes étapes/épreuves que moi ! (J’arrête de parler de moi maintenant !) L’auteure nous parle beaucoup ici de ses tourments d’adolescente ; tout se fait par cycles répétitifs, entre désespoir et euphorie. Ces cycles sont aussi visibles dans ce qu’elle pense d’elle : tantôt arrogante, tantôt perdue, elle semble fragile. Le moindre événement peut tout remettre en question. La jeune Simone de Beauvoir veut également trouver le sens de sa vie, un but à atteindre ; elle veut servir à quelque chose, accomplir de grandes choses. Elle nous parle de son amour de la littérature, des auteurs qu’elle lit, de ce qu’ils lui apportent ; mais aussi de ses amis. J’ai adoré Zaza : leur amitié semble un peu guindée, étant donné qu’elles se vouvoient, mais la jeune fille tient une place très importante dans la vie de Simone de Beauvoir. Bien que sa présence soit hachée parfois, elle est là du moment de la rencontre à la fin. Je cherchais aussi le moment où l’auteure allait rencontrer Jean-Paul Sartre : de loin, il semble visiblement très snob !

L’écriture était très bonne, et l’auteure se laisse parfois aller à des descriptions poétiques de la nature. Elle nous donne son point de vue sur le mariage, la maternité, l’amour, le couple. Enfin, il était drôle de la voir passer l’agrégation alors que je dois, justement, lire cette œuvre pour le concours – je ne sais pas si ça me fera autant rire une fois que je serai devant ma copie !

 

Donc, un début d’autobiographie qui permet de découvrir une jeune femme en devenir, qui s’éveille intellectuellement mais aussi physiquement. 

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