Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

The Surface Breaks de Louise O’Neill

Classé dans : Avis littéraires — 8 juillet 2018 @ 13 h 41 min

Genre : Fantasy, YAThe Surface Breaks

Editeur : Scholastic

Année de sortie : 2018

Nombre de pages : 309

Titre en français : Pas encore traduit 

Synopsis : The days of my childhood kept turning over; dissolving like sea foam on the crest of the waves. I have been counting them; the days and the nights, the weeks, the months, the years.

I have been waiting for this day. 

Deep beneath the cold, stormy sea, Gaia is a mermaid who dreams of Freedom from her controlling father. On her first swim to the surface, she is drawn towards a human boy. Gaia longs to join his carefree world, but how much will she have to sacrifice? What will it take for the little mermaid to find her voice?

Hans Christian Andersen’s world-famous fairy tale is reimagined Through a searing feminist lens by one of our most talented writers.

This is a book with the darkest of undercurrents, full of rage and rallying cries: storytelling at is most spellbinding. 

 

Avis : Enfin, je prends le temps de rédiger cette chronique !! Salomé, de la chaîne Kiss the Librarian, adore cette auteure et m’a donné envie de la découvrir !

J’ai entendu/lu tellement d’avis négatifs que j’ai fini par me demander si j’allais vraiment aimer ce livre ! En fin de compte, je comprends certaines critiques, mais il y en a d’autres qui me laissent penser que ces lecteurs et moi n’avons pas lu le même roman !!

Commençons, pour une fois, par les personnagesGaia est l’avatar de la petite sirène d’Andersen : comme la jeune fille d’origine, elle veut voir le monde des hommes, et tombe amoureuse de celui qu’elle sauve d’un naufrage. Gaia est à la fois très énervante et très touchante : l’agacement est sans doute surtout provoqué par le fait que c’est une adolescente, donc elle pense que personne n’a vécu ce qu’elle vit, et que personne ne souffre comme elle souffre. Cela la pousse à faire n’importe quoi, ce dont elle se rend compte trop tard, évidemment ! Elle est tellement naïve ; mais qui ne l’était pas à son âge ? Elle est aussi complètement conditionnée par son père ; elle a adopté sa vision des femmes, tout en comprenant bien que quelque chose ne va pas, mais sans pouvoir réagir. Elle obéit, comme une fille/femme doit le faire, selon le roi de la mer. Je l’ai beaucoup aimé, et je la soutenais : j’avais envie de la voir se rebeller, la voir comprendre le monde autour d’elle, que ce soit celui de la mer ou celui des humains ! Malheureusement, étant donné son éducation, elle est complice du sexisme et de la misogynie ambiants [SPOILER] comme lorsqu’elle ne sauve pas Viola et préfère sauver Oliver parce qu’il est beau. Elle dit pourtant que Viola est féroce, pleine de vie, mais elle la regarde couler sans arrière-pensée ; peut-être parce qu’elle la considère déjà comme un obstacle entre Oliver et elle ; ou quand elle n’intervient pas alors qu’elle sait très bien que Rupert est sur le point de violer Ling, et qu’elle se rend compte que c’est ce que Zale voulait lui faire quand il s’introduisait dans sa chambre ! [FIN DU SPOILER] Difficile de lui pardonner ça, même si elle s’en veut par la suite.

Parlant de complices de la misogynie, j’ai lu quelque part qu’il y avait beaucoup de vacheries entre filles, en mode Gossip Girl, mais sous la mer. Evidemment : c’est la façon dont ont été éduquées les femmes et les sirènes, dans la compétition et la comparaison constantes. C’est une façon de mettre en avant ce problème d’éducation ! Donc, il y a de la haine entre sœurs, de la haine entre filles, mais l’auteure ne les met pas en avant parce que ça lui plaît : cela doit se trouver dans le livre parce que ça existe, et c’est ici dénoncé. Cela ne veut pas dire non plus que nous sommes dans le monde des Bisounours et que toutes les femmes doivent obligatoirement s’aimer : Gaia n’aime pas Eleanor, mais elle la comprend tout de même. Cela signifie plutôt que, quand on aime une femme, une sœur, une amie, la haine ou la compétition malsaine ne doivent pas exister. En tout cas, c’est ce que cela met en avant pour moi !

J’ai aussi lu quelque part que ce livre était misandre, c’est-à-dire, qu’il mettait en avant une haine des hommes, à l’inverse de la misogynie, qui est la haine des femmes (j’emploie le mot « haine » parce qu’étymologiquement, c’est ce que signifie la racine miso-). Je ne suis pas du tout d’accord. C’est vrai que certains personnages masculins sont clairement dépeints comme des crétins (pour rester polie !) ; mais ils ne le sont pas tous ! Gaia est simplement tombée amoureuse du mauvais garçon, et s’en rend compte trop tard. [SPOILER] Il semble aussi que sa mère soit tombée amoureuse d’un homme bien, Alexander. En tout cas, c’est plutôt positivement qu’il est présenté.[FIN DU SPOILER] En même temps, Gaia essaie de se mentir à elle-même : elle voit les défauts d’Oliver, et les écarte comme s’ils n’avaient aucune importance. Donc, la faute n’est pas seulement celle du jeune homme ; elle ne réagit pas non plus, parce qu’elle sait qu’elle a fait une erreur, et ne veut pas l’admettre. [SPOILER] Si on regarde bien, il est évident qu’Oliver est toujours amoureux de Viola, et que Gaia n’a aucune chance. Ce n’est pas son apparence qui l’intéresse ; il ne va pas profiter d’elle, et s’excuse quand il tente de l’embrasser, même si c’est ce qu’elle veut. Il couche avec Flora parce qu’elle ressemble à Viola, et parce qu’il peut apprendre à la connaître vraiment, contrairement à Gaia, qui n’a plus de voix. Il ne comprend manifestement pas que Gaia est amoureuse de lui, étant donné qu’il la considère plus comme une sœur. Gaia confesse également qu’elle aurait préféré tomber amoureuse de George, un des meilleurs personnages du livre ! Mais Louise O’Neill a décidé de rester fidèle au conte d’origine, donc la jeune fille ne peut pas tomber sur le prince charmant ! [FIN DU SPOILER] Donc, je ne pense pas que ce livre soit misandre : George et Oliver ne sont pas parfaits, mais ils ne sont pas non plus des monstres haineux qui veulent détruire les femmes. Des personnages de ce type se trouvent dans le roman, et sont insupportables, comme on peut s’y attendre. Eux pensent que les femmes existent pour leur plaisir uniquement. Rupert semble être un pro du viol. Le roi des mers considère ses filles comme des objets de décoration qui l’honorent, qui doivent lui obéir, et qu’il peut vendre au plus offrant. Contrairement à Rupert et à Zale, le roi des mers est [SPOILER] effrayé par les femmes et leurs pouvoirs. Il est véritablement misogyne dans le sens où il déteste les femmes, et veut les rabaisser, les remettre à leur place, parce qu’il sait qu’elles peuvent être dangereuses. Je pense qu’il sait qu’elles ne sont pas inférieures, mais il veut qu’elles le soient. [FIN DU SPOILER] Zale est peut-être le pire (difficile de choisir haha) : il ne connaît pas l’amour (comme les deux autres), et veut la plus belle chose pour lui seul (oui, « chose » voulant dire ici « épouse »). Il se fiche qu’elle soit bien plus jeune que lui, ou qu’il ait semé la zizanie entre elle et ses sœurs en choisissant l’une, puis l’autre, comme des meubles. Et alors ses « non » … Il doit sans doute entendre oui à la place … Mais ce n’est pas pour autant que le livre est misandre : ce type d’homme existe, il ne faut pas se mentir. Quant aux Salkas ou Rusalkas, certes, elles demandent justice pour ce qu’elles ont vécu ; mais ce sont avant tout des figures de vengeance. Elles pourraient correspondre aux Furies romaines ou aux Erinyes grecques, chargées de tourmenter les coupables de crimes familiaux ; sauf qu’ici, elles se vengent des crimes contre les femmes. Elles peuvent aussi être associées aux Sirènes de L’Odyssée, qui tuent les marins en les noyant après les avoir attirés grâce à leurs chants. 

The Surface Breaks traite donc de misogynie et de sexisme, ainsi que du viol ; mais aussi de l’éducation que nous donnons aux garçons et aux filles. Oliver est persuadé qu’il a toujours raison, et qu’une fille est honorée quand il lui adresse la parole. Il pense aussi que sa mère est une garce (le terme est bitch dans le roman), que c’est à cause d’elle si son père est devenu « fou ». Il est horrible, mais le pire est qu’il ne s’en rend pas compte : c’est normal pour lui. Cela ne veut pas dire que tous les garçons sont comme lui ; et Oliver n’est franchement pas le pire ! Il est un exemple, un personnage, et non un prétexte à généralisation ! Il ne mérite pas de mourir, ou de souffrir, ou quoi que ce soit du genre ; ce n’est pas sa faute si la petite sirène est tombée amoureuse de lui. Il ne sait même pas qu’elle l’aime ! Son vrai défaut est de considérer les femmes comme inférieures, et que ce soit normal. Concernant l’éducation des filles : qu’est-ce que c’est paradoxal !! Quand elles sont enfants, la vie leur est présentée comme un conte de fées dans lequel elles vont rencontrer un prince charmant qui les aimera éternellement. La grand-mère de Gaia racontait, à elle et à ses sœurs, des histoires de véritable amour éternel. Donc, elle a rêvé de cet amour parfait, du garçon parfait, du Prince Charmant. Et, quand elles grandissent, il leur faut comprendre que ces contes sont simplement des histoires, que ce n’était pas réel, que ça n’existe pas, que la majorité des hommes ne sont pas des princes charmants, qu’elles ne trouveront pas toutes l’amour, et qu’étant des princesses, elles ne choisiront pas leur mari. Elles ne sont pas préparées à la « vraie vie », donc elles semblent fragiles et inférieures aux garçons qui, eux, n’ont jamais rêvé d’amour. Elles sont naïves, et on se moque d’elles. Evidemment, on leur dit qu’elles doivent faire attention à leur apparence pour plaire ; les garçons, eux, se fichent de prendre soin de leur apparence !

J’ai aimé découvrir les deux mondes, sous la mer, et à la surface. Ils se ressemblent beaucoup : les femmes sont, pour la plupart, méprisées, et les hommes dominent le monde. Mais les femmes commencent à prendre un peu de pouvoir, petit à petit. Eleanor est un bon exemple pour la surface, même si elle est regardée de haut par ses associés masculins, qui lui expliquent, par exemple, des choses qu’elle sait déjà, puisqu’elle est directrice de son entreprise ! Ceto est l’exemple pour la mer : puissante et effrayante, elle est réputée impitoyable. [SPOILER] C’est parce qu’elle est plus puissante que son frère, le roi des mers, qu’elle a dû quitter le palais ; il avait visiblement peur d’elle, et elle a préféré garder sa liberté plutôt que de se soumettre à lui. Il semble qu’elle ait une vie formidable ; mais elle a été contrainte de quitter sa famille, ses amis, pour vivre à l’écart de tout le monde, entourée de Salkas, décrite comme la Sorcière des mers, comme une mauvaise femme, comme une tueuse. Elle est un symbole pour le roi : elle lui permet de traumatiser les bébés-sirènes afin de les forcer à lui obéir. Elle ne semble pas particulièrement heureuse de sa situation sociale ; mais elle reconnaît qu’elle est plus libre qu’aucune autre sirène. [FIN DU SPOILER] J’ai adoré sa manière de rééduquer Gaia, même si c’est très rapide, et d’un coup, en quelques répliques seulement – ça ne semble pas très naturel du coup. Au moins, elle lui permet de voir les choses autrement, et la force à réfléchir !

J’ai adoré les discussions et les réflexions sociales du roman : je trouve que la réécriture du conte s’y prête parfaitement ! J’ai réécrit de nombreuses citations, que ce soit sur les femmes, les hommes, les relations entre eux, la façon dont la société veut qu’ils soient ou qu’ils agissent. Les femmes ne peuvent pas être fortes, les hommes ne peuvent pas pleurer, par exemple. L’histoire n’était pas un prétexte ; elle permettait, au contraire, d’illustrer les idées mises en avant par l’auteur, et d’aborder certains sujets, comme ceux dont j’ai parlés précédemment, mais aussi le poids et l’homosexualité. Contrairement à ce que j’ai lu, il n’y a pas de « fat-shame » ou d’homophobie, loin de là ! La société que présente l’auteure est une société qui refuse que les femmes soient autre chose que minces, et qui rejette l’homosexualité ; mais jamais l’auteure ne fait comprendre qu’elle approuve, jamais elle ne laisse entendre que c’est normal, au contraire !

Concernant la réécriture en elle-même, on peut dire qu’elle est très bien faite. La plupart des éléments du conte sont repris : un père autoritaire qui déteste les humains, une mère absente, un désir de liberté et de découvrir ce monde interdit pour l’héroïne, la naïveté de celle-ci, la collection d’objets humains ramassés dans les épaves, le naufrage, la sorcière, le sort, la voix, etc. Etant donné que c’est mon conte préféré, j’ai adoré chercher les ressemblances et les différences dans le roman !! 

J’ai aimé la fin, étant donné que, [SPOILER] enfin, Gaia se rebelle ! La petite sirène d’origine ne pouvait pas le faire, et serait sans doute devenue une Salka, non pas parce qu’elle le pouvait et parce qu’elle le voulait, mais plutôt parce qu’elle n’avait pas d’autre choix. [FIN DU SPOILER] Je me souviens de mon choc en lisant le conte d’origine ; je n’ai pas été aussi choquée ici, et je pense qu’un élément [SPOILER] les pouvoirs de Gaia, et le fait qu’elle tue son père avec [FIN DU SPOILER] n’était pas réaliste : le développement est beaucoup trop rapide, et cela vient un peu de nulle part. [SPOILER] D’accord, Ceto vient de lui dire que les femmes avaient des pouvoirs, et qu’elles les avaient perdus à cause de la domination des hommes ; mais comment Gaia peut-elle les invoquer et les utiliser aussi rapidement et avec autant d’efficacité ? [FIN DU SPOILER] C’était tout de même une très bonne fin, qui rebooste, sans aucun doute !

Un bémol ne me permet pas de faire de ce livre un coup de cœur : les nombreuses répétitions, que ce soit à propos de l’intrigue ou de certains sujets !

 

Donc, j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre : il traite de sujets lourds, de l’inégalité entre les sexes, de sexisme, de misogynie, de viol, mais aussi d’éducation, ce qui peut nous permettre de changer le monde. La réécriture est fidèle ! Je lirai d’autres livres de Louise O’Neill avec plaisir !! 

6 commentaires »

  1. Jennifer (La Tentation du Livre) dit :

    J’avais vu ce live circuler et son thème m’a vraiment donné envie (en plus, la couverture est juste sublime). Cela dit, j’ai eu une mauvaise expérience avec cette auteure (avec Asking for It, pour être plus précise), et comment dire… Je ne suis pas certaine de redonner un jour une chance à cette auteure.

    Pourtant je vois qu’elle met en avant plusieurs aspects intéressants, mais je crains qu’elle ne les traite pas comme je le souhaiterais.

    Je suis désolée pour moi-même :D

    • redbluemoon dit :

      J’adore cette dernière phrase xD
      C’était ma première expérience ; j’ai déjà emprunté Only Ever Yours, j’ai hâte de le lire !
      Tu peux toujours tenté, lui donner une deuxième chance ; ce serait dommage de passer à côté de quelque chose !
      Qu’est-ce qui ne t’a pas plu dans Asking for It ?

      • Jennifer (La Tentation du Livre) dit :

        Peut-être que je lui donnerai une chance, je laisse le temps décider pour moi ! Parce que là, en ce moment, je suis déçue de tout ce que je lis… C’est affreux, le bilan de l’année va être nul et archi nul xD

        A ce qui paraît, Only Ever Yours ressemble beaucoup à The Handmaid’s Tale… A voir !

        • redbluemoon dit :

          Tu me diras si tu le lis alors ! Ah, c’est dommage … J’espère que ça ira mieux dans cette deuxième partie de l’année !!
          Je te dirai ça ;)

  2. La papivore dit :

    Coucou !
    Je viens de publier ma critique de ce livre, j’ai mis un lien vers la tienne parce qu’elle la complète bien =)

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