Circe de Madeline Miller
Editeur : Bloomsbury
Année de sortie : 2018
Nombre de pages : 333
Titre en français : Circé
Synopsis : In the house of Helios, god of the sun and mightiest of the Titans, a daughter is born. But Circe has neither the look nor the voice of divinity, and is scorned and rejected by her kin. Increasingly isolated, she turns to mortals for companionship, leading her to discover a power forbidden to the gods: witchcraft.
When love drives Circe to cast a dark spell, vengeful Zeus banishes her to the remote island of Aiaia. There she learns to harness her occult craft, drawing strength from nature. But she will not always be alone; many are destined to pass Through Circe’s place of exile, entwining their fates with hers. The messenger god, Hermes. The craftsman, Daedalus. A ship bearing a golden fleece. And wily Odysseus, on his epic voyage home.
There is danger for a solitary woman in this world, and Circe’s independence draws the wrath of men and gods alike. To protect what she holds dear, Circe must decide whether she belongs with the deities she is born from, or the mortals she has come to love.
Breathing life into the ancient world, Madeline Miller weaves an intoxicating tale of gods and heroes, magic and monsters, survival and transformation.
Avis : Depuis que ce livre est sorti, j’ai une envie folle de le lire !
En effet, Circe a tout pour me plaire : une héroïne qui se bat pour sa vie et son bonheur, de la mythologie en veux-tu en voilà, une flopée de réflexions sur la condition et la place de la femme, et de la magie ! Mais, allons-y doucement !
Tout sonnait juste, que ce soit la personnalité de Circé, l’écriture (et donc, sa voix, puisque le livre est écrit à la première personne avec son point de vue), ce qui lui arrive. Tout était logique, cohérent avec les mythes et ce que l’on sait de la mythologie grecque, de leur façon de dépeindre et de considérer les femmes. Cela ne veut pas dire que c’est agréable de lire que les nymphes sont considérées comme des choses à attraper pour assouvir les désirs des dieux ou des hommes sans leur consentement, ou que les magiciennes étaient reniées alors même qu’elles aidaient leur aimé. Mais ce n’est pas fantaisiste ou irréaliste.
J’ai adoré Circe : elle m’a émue, j’étais avec elle tout le long du livre. J’avais quasi envie d’entrer dedans ; je me sentais chez moi avec elle, ce qui m’arrive assez rarement, et seulement avec des personnages qui ont ce quelque chose en plus. Je pense qu’elle est devenue, grâce à ce roman, un de mes personnages mythologiques préférés ; j’ai toujours voulu en savoir plus sur elle depuis que j’ai lu L’Odyssée, et je suis heureuse qu’un livre lui soit finalement consacré ! Elle était incomprise et rejetée de tous ; son immortalité en tant que déesse lui a permis de grandir et de trouver une forme de sagesse. Elle a compris les règles du monde dans lequel elle vit, même si celles-ci lui semblent injustes et ne lui conviennent pas. J’ai, en revanche, eu du mal avec Ulysse. Je ne le supporte pas. Déjà, je n’aimais pas beaucoup L’Odyssée ; mais après avoir lu The Penelopiad (L’Odyssée de Pénélope) de Margaret Atwood, c’était fini ! Comme la majorité des (tous ?) les héros grecs, ses hauts faits sont, en fait, des actes barbares ou cruels. Malgré le fait que Circe soit séduite, elle voit bien sa violence, sa colère. [SPOILER] On voit enfin sa véritable personnalité à la fin, à travers les histoires de Télémaque et Pénélope. Celle-ci m’a fait penser à The Penelopiad (eh oui, encore !) où Ulysse est juste un homme violent transformé en héros par les aèdes et leurs chansons. L’épisode des servantes pendues se trouve dans les deux romans.[FIN DU SPOILER] J’ai adoré Dédale, et j’aurais voulu le voir plus longtemps. Il est un baume, un repos dans la vie de Circe. Bien sûr, il n’y a pas beaucoup plus de « bons » personnages ici. La majorité d’entre eux sont cruels, et il est difficile de les apprécier. Pasiphaé, Aeétès ou Hélios, pour ne citer qu’eux ! Pas d’amour ici, seulement de l’avidité et de l’envie. Mais, pour la majorité des personnages féminins, Circe comprend, en fin de compte, leurs motivations ; bien sûr, cela ne les absout pas !
J’ai adoré la façon dont les dieux sont montrés ! Ils ne sont pas parfaits, et leur immortalité ne leur apporte pas de sagesse, mais plutôt une maîtrise accrue de la cruauté. D’ordinaire, ces dieux cruels sont Zeus ou Apollon ; j’ai été surprise de voir Athéna ou Hermès décrits de cette façon. Il existe une frontière claire entre Olympiens, Titans et hommes. Les Titans ne sont pas mieux : ils vivent pour eux-mêmes exclusivement. Leur but est de trouver la gloire, que leur réputation soit assurée, et que les hommes leur offrent prières, libations et sacrifices. D’un autre côté, Circe mentionne les nymphes et les dryades comme elles sont vues par les dieux et les hommes : des fruits à cueillir, à dévorer. Et peu importe si elles pleurent tant qu’elles se changent en pierre ou en fleur ; elles ne vivent que pour le plaisir des autres, ce qu’indique leur nom même. Parlant de nom, petite parenthèse : j’ai adoré découvrir la signification de mots grecs dans le roman !! Revenons aux nymphes : même si Circe l’est en partie, elle est plus forte, et parvient à survivre aux choses qui lui arrivent. Cela amène des réflexions sur la femme et sa condition, sa place, à la fois dans la société et la mythologie grecque. Circe peut-elle s’élever au-dessus de cela ? Peut-elle être reconnue ? Est-elle différente ?
J’ai aussi adoré voir les mythes différemment, ou en découvrir de nouveaux !! Je n’en connaissais pas certains ! Par exemple : comment Scylla est devenue un monstre ? Pourquoi Circe vit-elle sur une île ? Qu’est-il arrivé à Ulysse une fois rentré à Ithaque ? Qu’est-il arrivé à Pasiphaé une fois son mari Minos mort ? J’ai adoré connaître les réponses !!
J’ai adoré la fin !! C’était parfait !! [SPOILER] Enfin, Circe trouve sa place ; elle peut être heureuse avec celui qu’elle aime. Elle peut quitter son île pour vivre vraiment, et pour explorer. Elle est puissante et sage, et, même si la peur revient, elle sait, maintenant mortelle, qu’elle retrouvera ceux qu’elle aime dans les enfers. [FIN DU SPOILER] J’ai hâte de lire The Song of Achilles (Le chant d’Achille), et tous les livres que Madeline Miller publiera par la suite sur la mythologie !!
Donc, un excellent livre, qui nous fait découvrir, si on ne la connaissait pas, la magicienne Circe !
6 commentaires »
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Tu as tout dit !!!
Ce roman est magnifique, j’avais l’impression d’avoir vécu aussi longtemps que Circé. J’ai adoré les thèmes abordés, l’évolution pertinente de Circé, les divers mythes, les différentes rencontres
Je suis de ton avis pour Ulysse, je le trouve hypocrite. Il ne montre pas sa vraie personnalité à Circé par peur de se faire défoncer
Mais pour moi, étant donné que je n’ai pas encore lu le roman de Margaret Artwood, c’était surprenant de découvrir qu’il était aussi violent et négligeant envers Pénélope et Télémaque alors que dans l’Odyssée (ou du peu que j’en avais lu quand j’étais au lycée – je compte le lire dans son intégralité prochainement pour me faire un avis plus global) il veut tout faire pour les retrouver.
D’ailleurs, j’ai adoré comment Madeline Miller fait apparaître Circé sous un nouveau jour. A tort, je me rappelle la considérer comme une voleuse et séquestreuse de maris alors que, au final, Ulysse est aussi coupable dans l’histoire ! Mais bon, je ne réfléchissais pas trop au lycée non plus ^^’
Les romans de Madeline Miller sont un pur régal !
Yeah !! \o/ j’avais peur de ne pas avoir assez mis en avant ses avantages !
Je vois qu’on a aimé les mêmes choses !
Et je n’aimais déjà pas Ulysse dans L’Odyssée et dans The Penelopiad ; il me sortait par les yeux ! Mais justement, dans L’Odyssée, il peut se faire d’autre femmes, mais Pénélope est coupable parce qu’elle a des prétendants, et qu’elle aurait pu leur céder. Aussi, il fait tuer les esclaves/servantes qui ont couché avec les prétendants, alors qu’elles n’avaient pas le choix, elles se sont fait violer ! Donc, difficile de l’apprécier xD mais c’est vrai qu’il avait l’air moins violent dans l’oeuvre d’Homère !
Oui, j’ai pensé à ça aussi en voyant un roman sur Circé ! Je suis comme toi, je ne réfléchissais pas tellement au lycée, surtout pas comme ça xD
J’ai vraiment hâte de lire The Song of Achilles !!
Mais si, t’inquiète, tu mets bien en avant les points positifs !
C’est toujours ça dans les vielles histoires, le mec peut aller tremper le biscuit où bon lui semble alors que la femme doit rester fidèle… UGH.
Je me rappelle effectivement de cet épisode où il tue les prétendants de Pénélope ainsi que leurs esclaves sexuelles ! Mais c’est un gros naze, qu’espérer de plus?
J’ai préféré Dédale, même à Télémaque, il était si bon !
ça me rassure alors !
C’est tellement agaçant !! :O
C’est pas faux !
Ah oui, Dédale, je l’ai adoré ! Le paragraphe où elle apprend sa mort et où elle le place parmi les étoiles, c’était si beau <3
J’ai adoré. Circé est tellement belle et complexe. Bonne lecture.
Oui, c’était formidable ! Et j’ai aussi beaucoup aimé Le Chant d’Achille de la même autrice. Belles lectures à toi aussi !