Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour juillet, 2018

Dangerous Women édité par George R. R. Martin et Gardner Dozois

Posté : 31 juillet, 2018 @ 10:11 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle Dangerous Women

Editeur : HarperVoyager

Année de sortie : 2014

Nombre de pages : 784

Titre en français : Dangerous Women divisé en deux tomes, un pour les auteurs masculins, un pour les auteurs féminins

Synopsis : George R. R. Martin and Gardner Dozois have put together a towering anthology of specially-commissioned stories from the most stellar names in fiction including work by several Sunday Times bestselling authors.

These tales of dangerous women include a Red Country story from Joe Abercrombie, an Outlander story by Diana Gabaldon, a story by Megan Lindholm (who also writes as Robin Hobb) and one from Lev Grossman set in the world of The Magicians.

The collection also features a new and unpublished 100 page novella by George R. R. Martin set in the world of A Song of Ice and Fire (adapted by HBO as the award-winning television series Game of Thrones). The novella, entitled « The Princess and the Queen », will reveal the origins of the Targaryen Civil War, otherwise known as « The Dance of the Dragons », a war that split a then-fledgling Westeros in two, pitting Targaryen against Targaryen and dragon against dragon.

As Gardner Dozois writes in his introduction, « Here you will find sword-wielding women warriors, intrepid women fighter pilots and far-ranging spacewomen, deadly female killers, formidable female superheroes, sly and seductive femmes fatale, female wizards, hard-living Bad Girls, female bandits and rebels, embattled survivors in Post-Apocalyptic futures, female Private Investigators, stern female hanging judges, haughty queens who rule nations and whose jealousies and ambitions send thousands to grisly deaths, daring dragonriders, and many more. »

 

Avis : J’avais adoré Rogues (Vauriens (sortie le 31 octobre !!)) édité, lui aussi, par George R. R. Martin et Gardner Dozois ; j’ai donc décidé de ne pas perdre le rythme en lisant Dangerous Women !

Ces nouvelles sont toutes censées présenter des femmes dangereuses, et, selon moi, elles atteignent leur but ; mais je ne les ai pas toutes appréciées. D’abord, petit éloge de l’introduction ! Elle nous rappelle l’existence de femmes dangereuses dans l’Histoire aussi bien que dans les mythes, qu’elles étaient aussi bien bonnes que mauvaises, ni des anges ni des démons. Gardner Dozois (l’auteur de cette introduction) regrette une certaine représentation des femmes en littérature et vante le fait qu’elles soient devenues dangereuses dans la plupart des genres – il met tout de même l’accent sur la Fantasy et la SF. Il nous rappelle, enfin, que cette anthologie n’est pas seulement SFF, mais présente d’autres genres !

Passons aux nouvelles en elles-mêmes !

_« Some Desperado » (« Desperada ») de Joe Abercrombie (Fantasy)

L’histoire d’une jeune femme (Shy) qui fuit un groupe d’hommes et se retrouve acculée dans un village fantôme. J’ai préféré la nouvelle que Joe Abercrombie a écrite pour Rogues. Ici, on retrouve quand même du rythme et de l’action, mais j’ai été moins transportée, je ne suis pas entrée dans l’univers proposé. Je suis tout de même intriguée par la mention de « sang fantôme ». Problèmes : quelques répétitions (et cela se remarque beaucoup dans un récit court) et des tics de langage agaçants. Shy est clairement une femme dangereuse, mais ce n’est pas mon style de nouvelle préféré !

_« My Heart Is Either Broken » (« Soit mon cœur est gelé ») de Megan Abbott (thriller)

L’histoire d’une femme dont l’enfant est kidnappé. Cette nouvelle m’a vraiment donné envie de lire des romans de cette auteure ! Le suspense était au rendez-vous, j’étais intriguée, et, même si cela peut sembler prévisible, en fin de compte, l’auteure nous garde dans le doute jusqu’à la fin ! L’histoire est VRAIMENT perturbante, étant donné qu’elle traite de la relation entre une mère et son enfant. La fin était assez effrayante 

_ »Nora’s Song » (« La Chanson de Nora ») de Cecelia Holland(historique)

L’histoire d’Aliénor, la fille d’Aliénor d’Aquitaine qui rêvait de devenir chevalier, et même roi, afin de protéger son amie. J’ai appris pas mal de choses, étant donné que je ne connais pas grand-chose d’Aliénor d’Aquitaine et de sa famille. J’ai adoré le point de vue, celui de Nora/Aliénor ; elle est touchante par sa naïveté et son innocence. Elle ne comprend pas ce qui se passe autour d’elle, les complots et les conflits. Le titre rappelle La Chanson de Roland, une chanson de geste médiévale citée dans le texte parce qu’elle inspire Nora. Cette histoire m’a donné envie d’en savoir plus !  

_ »The Hands That Are Not There » (« Les Mains qui n’y sont pas ») de Melinda Snodgrass (SF) fait partie de la série Imperials (préquel) 

L’histoire d’un homme qui raconte ce qui lui est arrivé à un autre homme qu’il rencontre dans un bar. A priori, vous ne voyez pas trop où est le rapport avec la femme dangereuse ; étant donné que je ne veux pas vous spoiler, je ne vous dirai rien ! J’ai adoré l’univers et les personnages (surtout Sammy !), ainsi que les réflexions (sociales, ou concernant la façon dont la femme est traitée par la société). J’ai adoré la fin[SPOILER] Les hommes humains ne dominent plus du tout la situation ; mais, à cause de leur arrogance, et de leur manque de discernement, ils ne se rendent même pas compte qu’ils sont envahis ! [FIN DU SPOILER] J’avais envie d’un roman une fois la nouvelle achevée ; qu’elle ne fut pas ma joie d’apprendre qu’il en existe un : Imperials, book 1 : The High Ground

_ »Bombshells » (« Cocktail explosif ») de Jim Butcher(Fantasy) fait partie de la série The Dresden Files (Les Dossiers Dresden) (tome 13.5)

J’ai TELLEMENT envie de lire la série, et depuis si longtemps !! Malheureusement, cette nouvelle spoile un événement important arrivé dans le tome 13 … Mais sachez que l’on suit Molly Carpenter, l’assistante d’Harry Dresden, dans une enquête qui va la mettre en danger ! J’ai ADORE l’univers – qui s’apparente pour moi à celui des Shadowhunters, mais pour adultes ! -, le fait que la mythologie nordique soit utilisée, les créatures paranormales ! L’héroïne est badass, je l’ai adorée elle aussi ! La seule chose qui m’a agacée, c’est le fait qu’elle spoile le tome 13 de la série (sachant que je n’ai pas encore commencé à la lire …), mais tant pis ! J’ai tout de même hâte de découvrir The Dresden Files !  

_ »Raisa Stepanova » de Carrie Vaughn (historique)

L’histoire d’une jeune femme aviatrice pour l’armée russe pendant la Seconde Guerre mondiale. J’ai adoré découvrir cet élément peu connu de la SGM : le fait que les femmes aient été autorisées à piloter des avions pour l’URSS. Mais, je n’ai pas du tout apprécié l’héroïne, Raisa. Elle est trop dramatique, très jalouse. Et j’ai détesté la façon dont l’auteure insiste sur le fait que c’est une femme, et qu’elle ne pleure pas, comme les autres femmes … Agaçant. 

_ »Wrestling Jesus » (« Catcher Jésus ») de Joe R. Lansdale (? ; ce n’est pas surnaturel ; je dirai contemporain)

L’histoire de Marvin, un jeune homme incapable de se défendre, qui rencontre un vieil homme catcheur. Encore une fois, dans ce petit résumé, on se demande où est la femme ! Eh bien, sans trop vous en dire, c’est une manipulatrice, une séductrice qui attire les hommes à cause de leur désir et de leurs pulsions sexuelles. Cette nouvelle tourne autour du sexe et de la possession, du fait de ne pas pouvoir se détacher de quelqu’un, même quand il est nocif pour vous. Ce n’était pas mon genre préféré, mais je me suis tout de même attachée à X-Man et Marvin. 

_ »Neighbours » (« Les Voisines ») de Megan Lindholm (réalisme magique/contemporain)

L’histoire d’une vieille dame qui assiste à un événement qui la hante par la suite. Cette nouvelle est vraiment touchante, et je me suis beaucoup attachée à Sarah : les choses qui lui arrivent sont pénibles à lire. Le récit aborde également un sujet difficile : notre façon de nous occuper des personnes âgées. J’ai aimé la touche de réalisme magique, elle était bienvenue [SPOILER] étant donné qu’elle offre une fin plus heureuse à Sarah que ce qui était prévu ! [FIN DU SPOILER]

_ »I Know How to Pick ‘Em » (« Je sais comment les choisir ») de Lawrence Block (thriller)

L’histoire d’une rencontre entre un homme et une femme. Il y avait quelque chose de TRES perturbant, dérangeant dans cette nouvelle. J’étais mal à l’aise, à cause de cet élément, mais aussi parce que c’est l’histoire d’une liaison, et que c’est assez graphique (ce n’est pas détaillé mais il est assez facile de s’imaginer les scènes !) Je ne m’attendais pas à voir ce genre de nouvelles dans cette anthologie. Je comprends que certaines personnes l’aient trouvée peu satisfaisante : [SPOILER] la femme dangereuse devient une victime quand l’homme qu’elle veut (apparemment) manipuler la tue ; mais le lecteur n’a jamais confirmation qu’elle voulait effectivement se servir de cet homme pour tuer son mari. Elle n’a pas l’occasion de se justifier avant de mourir. [FIN DU SPOILER] J’ai tout de même été surprise par le rebondissement de situation à la fin ! 

_ »Shadows for Silence in the Forests of Hell » (« Des ombres pour Silence dans les forêts de l’Enfer ») de Brandon Sanderson (Fantasy)

L’histoire de Silence qui vit près de forêts maléfiques dans lesquelles elle va devoir se rendre la nuit. Je m’attendais à ce que cette nouvelle soit un coup de cœur ; mais ce ne fut pas le cas. Au début, j’ai eu du mal avec le style de l’auteur, mais j’ai adoré l’univers et l’histoire ! C’était original et captivant, mais aussi assez répétitif ; peut-être que cela se voit moins dans un roman, et que le style de Sanderson ne se prête pas tellement à la nouvelle. Je suis tout de même contente d’avoir découvert l’auteur, et je lirai d’autres de ses œuvres !  

_ »A Queen in Exile » (« Une reine en exil ») de Sharon Kay Penman(historique)

L’histoire de Constance de Hauteville, reine d’Allemagne puis impératrice du Saint Empire romain germanique, épouse d’Heinrich von Hohenstaufen. Enfin, ma première lecture coup de cœur ! J’ai appris beaucoup de choses sur des personnages historiques et une époque dont je ne connaissais pratiquement rien. J’ai adoré Constance, son histoire, et la note de l’auteure à la fin était bienvenue pour comprendre en quoi cette nouvelle peut être placée dans ce recueil ! Je lirai sans doute un de ses romans par la suite !  

_ »The Girl in the Mirror » (« La Fille du miroir ») de Lev Grossman(Fantasy) se situe dans l’univers de la série The Magicians (Les Magiciens)

L’histoire d’une élève dans une école magique qui décide de jouer une mauvaise blague à un de ses camarades. Encore une histoire que je pensais adorer, et qui n’a pas eu l’effet escompté sur moi ! Je m’attendais à bien plus ! Tout d’abord, les personnages sont odieux, ce qui, comme vous le savez si vous connaissez mon amour pour The Secret History (Le maître des illusions), n’est absolument pas un problème ! J’ai, évidemment, adoré le décor de l’histoire, une école magique (un de mes tropes préférés !) Franchement, tout était réuni pour que j’aime ! Mais je trouve que l’auteur n’en dit pas assez : le lecteur n’apprend rien sur l’école, ni sur la magie. Après, c’est sans doute parce que tout est déjà expliqué dans la série principale ; mais j’ai tout de même été déçue. Le pire, c’est tout de même le fait que l’on n’apprenne ABSOLUMENT RIEN sur cette fille du miroir ! La fin est très frustrante ! Je lirai The Magicians, et j’espère en voir plus !  

_ »Second Arabesque, Very Slowly » (« Deuxième arabesque, très lentement ») de Nancy Kress(SF)

L’histoire d’une vieille dame dans un monde post-apocalyptique ; elle se rappelle la beauté du monde, ce qu’en disait sa grand-mère. C’était très beau, et mon deuxième coup de cœur de l’anthologie ! Le monde post-apocalyptique est bien décrit et cohérent, et l’action est assez logique. J’ai pensé à Station Eleven en lisant : [SPOILER] ce pouvait quasi être un préquel au roman, avec la danse comme art plutôt que le théâtre et la musique ! L’art donne de l’espoir et rappelle la beauté dans un monde en ruines, et certaines personnes sont prêtes à tout pour le conserver et le protéger ! [FIN DU SPOILER] J’ai aimé la narratrice, le fait qu’elle ne soit pas tout à fait impliquée mais pas non plus à l’écart de ce qui arrive, le fait qu’elle se souvienne de ce que lui racontait sa grand-mère à propos de l‘ancien monde et de ses merveilles. J’étais assez émue à certains moments ! On peut également trouver une réflexion sociale sur les femmes et leur sexualité, la façon dont elles sont considérées en raison de leur fécondité. J’aimerais des romans dans cet univers ! 

_« City Lazarus » (« La Ville Lazare ») de Diane Rowland(SF)

L’histoire d’un policier, Danny, qui va rencontrer une femme à la Nouvelle Orléans, une ville désormais rongée par la corruption et la misère à cause de l’assèchement de son fleuve. Danny est un personnage que j’ai détesté : il est violent avec les animaux (et je me fiche que ce soit ensuite exploité comme une métaphore plus tard dans la nouvelle) et les femmes. L’histoire était aussi prévisible. La façon dont la corruption est représentée m’a semblé réaliste, et j’ai aimé cette femme dangereuse ; mais ce n’était décidément pas une de mes nouvelles préférées ! 

_ »Virgins » (« Novices ») de Diana Gabaldon (historique) situé dans l’univers d’Outlander 

J’ai envie lire la série depuis très longtemps ; et cette nouvelle a ravivé mon intérêt ! Le lecteur suit Jamie Fraser dans une aventure avec son ami Ian. Quelques défauts d’abord : au début, je ne comprenais pas certains mots, visiblement dans un dialecte écossais. Cela a rendu mon entrée dans l’histoire un peu difficile. Mais je m’y suis habituée. Même si la nouvelle est la plus longue du recueil, elle se lit facilement et plutôt rapidement grâce à l‘écriture fluide de l’auteure.  Bientôt, j’étais immergée avec les personnages. J’ai compris pourquoi la violence de la série TV était comparée à celle que l’on peut trouver dans Game of Thrones : les scènes de viol sont assez violentes, et difficiles à lire – comme on peut s’y attendre ! J’ai aimé la touche d’humour, et j’ai été émue par certains passages. Mais j’ai été agacée par le fait que Jamie ne comprend pas du tout Rebekah : elle est considérée comme un objet par son grand-père, quelque chose dont il peut disposer à sa guise. 

_ »Hell Hath no Fury » (« L’Enfer n’a pire furie ») de Sherrilyn Kenyon (paranormal/fantastique (low Fantasy))

L’histoire de Cait qui accompagne ses amis à la recherche d’un trésor situé dans un endroit réputé hanté. Cette histoire m’a donné des frissons ! Avec le titre et la petite description, j’aurais dû me douter qu’il ne fallait pas que je la lise le soir ! C’était effrayant : une forêt, des fantômes, et cette scène avec la caméra (j’ai pensé à la fin d’Insidious qui m’avait donné des cauchemars) !! J’ai adoré Cait et Jamie, ainsi que les « leçons » à la fin de la nouvelle. J’ai aimé que les Indiens d’Amérique soient mis en avant, et cette citation[SPOILER] « peu importe l’espèce concernée, le genre le plus meurtrier est toujours le féminin. Les hommes se battent jusqu’à en mourir. Les femmes l’emporteront dans la tombe, et trouveront un moyen de revenir. » [FIN DU SPOILER] 

_ »Pronouncing Doom » (« Annoncer la sentence ») de S. M. Stirling(SF) fait partie de la série Emberverse

L’histoire d’une communauté dans un monde post-apocalyptique dans lequel il est compliqué de rendre la justice. Il était un peu difficile pour moi d’entrer dans la nouvelle ; je me suis rendue compte, avec cette anthologie, que j’avais parfois du mal avec le post-apocalyptique ! Certains mots irlandais que je ne connaissais pas sont utilisés, donc il est préférable de lire cette nouvelle avec quelques notions de culture irlandaise. Une réflexion sur la justice dans un monde en ruines se met en place, et j’ai aimé comment elle était amenée. Les habitants n’ont plus les moyens de suivre les lois de l’ancien monde, et doivent en forger de nouvelles, ce qui n’est pas chose facile, surtout pour celui qui doit les faire appliquer ! Je savais déjà comment tout allait finir, mais cela reste une très bonne nouvelle ! Je lirai le roman situé dans le même univers, Dies the Fire

_ »Name the Beast » (« Nommer la bête ») de Samuel Sykes(Fantasy) situé dans le même univers que la série Aeons’ Gate 

L’histoire d’une « femme », Kalindris, qui se voit obligée par son « mari » d’apprendre à sa fille à chasser. Je suis obligée d’employer des guillemets étant donné que ces êtres ne sont pas humains. Ce sont des shicts, des créatures violentes parce qu’elles ont pour but de tuer toute vie se trouvant dans la forêt. J’ai adoré l’univers, et j’aimerais beaucoup l’explorer davantage avec les romans de l’auteur ! Cela m’a fait penser à Avatar, sauf qu’ici, au lieu de préserver la vie, les shicts la détruisent. Le père est insupportable ; j’ai adoré Kalindris ! J’ai eu du mal à apprécier l’enfant, et j’ai tout à fait compris les réactions de l’héroïne. J’en veux plus !! 

_ »Caretakers » (« Les Aides-soignantes ») de Pat Cadigan(thriller ?)

L’histoire d’une femme dont la mère se trouve à l’hôpital ; sa sœur plus jeune vient vivre chez elle et rend visite à leur mère tous les jours. J’ai eu énormément de mal avec la narratrice. Elle était détestable, je n’ai pas pu la supporter ! En revanche, j’ai aimé la relation entre les sœurs (notamment la raison pour laquelle l’héroïne est agaçante). C’était assez prévisible, mais cela reste une bonne nouvelle. 

_ »Lies My Mother Told Me » (« Les Mensonges que me racontait ma mère ») de Caroline Spector (Fantasy) fait partie de la série Wild Cards  

L’histoire de Michelle confrontée à quelqu’un qui peut voler les pouvoirs des As. COUP DE COEUR !!! C’était GENIAL !! Rien qu’en voyant les mots « Wilds Cards », j’avais envie de commencer la série ; mais alors là, avec cette nouvelle, j’ai carrément envie de m’y mettre tout de suite !! L’univers est fascinant, ainsi que la façon dont les pouvoirs se révèlent ! L’idée qu’ils soient le résultat d’une maladie était intéressante, ainsi que les notions d’As et de Jokers. Je me suis attachée à Michelle, Joey et Adesina ! Attention, sujet difficile : le viol incestueux

_ »The Princess and the Queen, or, the Blacks and the Greens » (« La Princesse et la Reine, ou les Noirs et les Verts ») de George R. R. Martin (Fantasy) situé dans le même univers que A Song of Ice and Fire (Le Trône de fer)

L’histoire de la guerre qui a déchiré la famille Targaryen, la Danse des Dragons, qui a opposé le clan de la reine Alicent, les Verts, à celui de la princesse Rhaenyra, les Noirs. J’ADORE le personnage de Rhaenyra depuis ma lecture de The World of Ice and Fire ! Héritière légitime de son père, le roi Viserys I, elle est trahie par sa belle-mère Alicent, qui place son fils aîné, Aegon, sur le trône à sa place. Commence alors la guerre. Evidemment, cette nouvelle était excellente, mais je ne suis absolument pas objective quand il s’agit de Martin, et encore moins du Trône de fer. J’aime tout ce qui s’en rapproche ! Mais alors, lire une histoire détaillée de la Danse des Dragons, je ne peux rien demander de mieux ! La nouvelle est racontée de la même façon que « The Rogue Prince, or, a King’s Brother » dans Rogues, ou que The World of Ice and Fire : c’est comme si un maistre de la Citadelle avait écrit un compte-rendu de la guerre, et que l’auteur nous le restituait. Bien sûr, ayant lu les deux œuvres mentionnées ci-dessus, je connaissais déjà la fin, je savais déjà qui tuait qui, qui mourrait quand et comment ; mais cette histoire donne plus de détails, que ce soit à propos des personnages, de leurs intentions, de leurs actions, ou des événements. J’adore toujours autant Rhaenyra, je suis toujours un Noir !! Ce qui m’a le plus frappée : les dragons et les descriptions de leurs combats. J’étais plus attristée par la mort d’un dragon que par celle d’un personnage humain ! Une meilleure manière d’attendre Fire & Blood (sortie VO et VF le 20 novembre !)

 

Donc, une très bonne anthologie ; j’ai découvert de nouveaux auteurs que j’ai hâte de lire à nouveau. Les nouvelles que j’ai préférées ont tiré le recueil vers le haut, mais j’ai été déçue de constater que celles que je m’attendais à aimer ne sont pas celles que j’ai effectivement aimées ! Il ne me reste plus que Warriors dans la bibliothèque ! 

The Summer Without Men de Siri Hustvedt

Posté : 19 juillet, 2018 @ 8:06 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : ContemporaineThe Summer Without Men

Editeur : Sceptre

Année de sortie : 2011

Nombre de pages : 216

Titre en français : Un été sans les hommes 

Synopsis : Out of the blue, your husband of thirty years asks you for a pause in your marriage to indulge his infatuation with a young Frenchwoman. Do you:

a) assume it’s a passing affair and play along

b) angrily declare the marriage over

c) crack up

d) retreat to a safe haven and regroup?

Mia Fredricksen cracks up first, then decamps for the summer to the prairie town of her childhood, where she rages, fumes, and bemoans her sorry fate as abandoned spouse. But little by little, she is drawn into the lives of those around her: her mother and her circle of feisty widows; her young neighbour, with two small Children and a loud, angry husband; and the diabolical pubescent girls in her poetry class. By the end of the summer without men, wiser though definitely not sadder, Mia knows what she wants to fight for and on whose terms.

Provocative, mordant, and fiercely intelligent, The Summer Without Men is a gloriously vivacious tragi-comedy about women and girls, love and marriage, and the age-old war between the sexes – a novel for our times by one of the most acclaimed American writers. 

 

Avis : C’est Salomé de la chaîne Kiss the Librarian qui m’a rappelé l’existence de ce livre ! Il était dans ma wish-list depuis une éternité ; en le voyant à la BU, je me suis dit que c’était l’occasion !

Et heureusement que je l’ai emprunté parce que j’ai ADORE The Summer Without Men !! Que ce soit l’intrigue, l’écriture, les réflexions, tout : j’ai tout adoré !

D’abord, je ne savais pas que ce livre était féministe, et les réflexions du personnage/narrateur étaient bienvenues !! Elle défend l’égalité homme/femme à l’aide d’arguments scientifiques et autres (quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que des scientifiques, encore aujourd’hui, tentent de prouver l’infériorité de la femme !), elle défend Jane Austen et d’autres femmes écrivains, elle parle des différences sociales et culturelles entre homme et femme – parce que ce n’est pas parce que nous sommes égaux que nous ne sommes pas différents – ; mais elle ne tombe jamais dans la généralisation. Elle nuance toujours son propos avec « most of » (la plupart) ou « some » (certains). Il est clair que Mia/l’auteure (?) s’énerve parfois en évoquant ces sujets, mais je peux tout à fait la comprendre : cela m’énerve, moi aussi, que l’on me sous-estime parce que je suis une femme. Ce n’est pas ni une tare, ni une maladie, ni un rabaissement. L’intrigue n’enlève rien au féminisme du livre : quelqu’un qui trompe son conjoint, cela peut arriver à une femme ou à un homme, c’est indépendant du sexe de la personne, tout comme l’amour. Ce n’est pas parce que Mia parle de l’amour qu’elle porte à son mari qu’elle n’est pas féministe ; elle a aimé cet homme pendant trente ans. Si elle avait été avec une femme, et que celle-ci l’avait trompée, elle réagirait de la même façon.

L’intrigue est un peu le cliché de la « chick-lit » : une femme se fait tromper par son mari. Mais aucun cliché ici. Mia, après le départ de son mari, fait une dépression nerveuse, tombe dans la folie et, une fois sortie de l’hôpital, décide de passer l’été dans sa vie natale, auprès de sa mère, entourée de femmes. Ce livre traite de maladie mentale : en plus de cette crise après le départ de son mari, Mia est sujette à des peurs « irrationnelles », telle une présence qu’elle sent derrière la porte, ou la peur d’être abandonnée. Je me suis complètement identifiée à elle : si cela m’arrivait, je ressentirai sans doute la même chose. Mon premier instinct ne serait pas de me battre, mais de me laisser porter par le chagrin. Et, encore une fois, ce n’est pas une question de féminisme : quand on aime quelqu’un si fort, et qu’on entretient une relation fusionnelle pendant trente ans, même si ce n’est pas un mari/une épouse, mais un parent ou un ami, quand il part, on se brise, et il est difficile de remonter la pente. Mia fait face à une perte, une sorte de deuil, et elle ne peut pas se lever tranquillement le matin comme si de rien n’était, en effaçant trente ans de sa vie. J’imagine bien la douleur de se dire que l’autre peut le faire quand on ne semble pas même capable de vivre sans lui ! Pour autant, ce livre n’est pas déprimant ! Au contraire : une fois que Mia est arrivée à Bonden, et malgré ses peurs, elle reprend goût à la vie. Elle passe du temps avec sa mère, les amies de celle-ci, sa voisine : leurs conversations étaient rafraîchissantes, touchantes. Je me sentais bien dans ce groupe de femmes – ce n’est plus un secret que j’adore les romans dans lesquels il y a des groupes, je me sens intégrée ! 

Mia est un personnage qui m’a touchée. Une fois qu’elle peut se relever, elle se reprend en mains et ça fait plaisir à voir/lire ! Elle tente de voir ce qu’il lui reste si elle efface son mari de l’équation ; bien sûr, il y a tout un tas de choses, et elle tente de tout reconstruire. Elle affronte ses vieilles peurs, comme la présence et l’absence dont elle parle, ou le fait qu’elle n’ait pas le succès dont elle rêvait – elle semble alors très amère, et semble se cacher derrière de l’arrogance. Ce n’est pas un personnage tout blanc ; l’auteure nous montre ses défauts et ne la sacralise pas comme la femme blessée et trompée. Au fil des pages, elle semble grandir, sortir de la dépression, et réfléchir à la situation, ce qu’elle n’était pas capable de faire au début. J’ai aimé toutes les femmes présentes dans ce roman : elles étaient comme des couvertures réconfortantes, des épaules sur lesquelles pleurer. Toutes sont touchantes à leur manière, que ce soit par leur histoire présente, par leur perte, par leur situation. J’ai particulièrement aimé AbigailLaura et Lola. Bea également, même si elle est un peu moins présente. Le réconfort qu’elles apportent à Mia leur est rendu par l’héroïne quand elles en ont besoin. Je ne peux pas vous parler de ce que je ressens pour Boris [SPOILER] je peux comprendre que Mia lui pardonne après un moment, étant donné qu’elle a compris ce qu’il vivait. Elle aurait pu vivre la même chose. Mais, « faire une pause » ?!! Vraiment ?!! Comme elle le dit au début du roman : il pense qu’il peut revenir quand il veut, qu’elle l’attendra ! [FIN DU SPOILER] Puis, sérieusement, je ne peux pas supporter l’adultère. Quitte-la avant d’en arriver là, ne la blesse pas plus en la trompant !

La fin reste ouverte selon moi, même si on peut deviner ce qui arrive une fois le livre fermé. Je l’ai trouvé satisfaisante, et n’aurait pas aimé qu’il finisse autrement ! 

Ce livre traite de sujets lourds, et pas seulement concernant les relations homme/femme, la société et le féminisme. S’y trouve aussi : la vieillesse, le fait de vieillir (pas traité de la même façon, même si les deux sujets se rejoignent), la mort, le suicide, le chagrin, le deuil, le passage du tempsla brièveté de la vie, mais aussi la sexualité, le harcèlement (scolaire, et autre), l’amitié, la nature humaine et les relations entre frères et sœurs

J’aime la poésie, et c’était une joie pour moi de constater que le roman est parsemé d’extraits ou de poèmes entiers ! Il y a également de nombreuses références à différents poètes, que je ne connaissais pas pour la plupart ! J’aurais adoré assister à cette classe de poésie ! Mia, en plus d’être poétesse, est professeur ; le roman évoque ses études et les théories littéraires qu’elle a rencontrées. Je ne suis pas fan de certaines d’entre elles, et je suis contente qu’elles n’aient pas été abordées plus en détail !

J’ai adoré l’écriture, parfois opaque, parfois fluide. J’ai adoré le jeu du narrateur avec le lecteur (un de mes procédés préférés !) et comment, au moment où je me disais que ça commençait à être long, la narratrice écrit : (attention, c’est ma traduction, pas celle de l’édition française ; je vous demande votre indulgence haha) « Bientôt, vous vous dites, nous arriverons à un croisement ou à une bifurcation sur la route. Il y aura de l’ACTION. Ce sera plus que la personnification d’un très cher mais vieillissant pénis, plus que les digressions extravagantes de Mia à propos de ci ou de ça, plus que des présences et des Personnes et des Amies Imaginaires, ou des gens morts ou des Pauses ou des hommes en coulisse, pour l’amour du ciel, et une de ces vieilles dames ou des ces poétesses en herbe ou la douce et jeune voisine ou la version d’Harpo Marx de quatre ans ou même petit Simon vont FAIRE quelque chose ». C’était tout à fait le bon moment !! J’ai aussi aimé les adresses au lecteur, comme si ce n’était plus la narratrice qui nous parlait mais l’auteure. Je me suis alors sentie proche d’elle ; ce n’était plus juste un nom sur une couverture, mais une femme avec qui je pouvais dialoguer. J’ai pratiquement rempli mon carnet de citations tirées de ce livre, tant j’étais frappée, soit par la beauté de la phrase/du paragraphe, soit par la vérité que j’y trouvais. Un petit exemple en rapport avec ce dont je viens de vous parler : (encore ma traduction perso) « Un livre est une collaboration entre celui qui lit et ce qui est lu et, au mieux, cette réunion est une histoire d’amour comme aucune autre ». C’est exactement ce que The Summer Without Men m’a fait ressentir.

 

Comme souvent pour mes livres coup de cœur, j’ai l’impression de ne pas du tout avoir rendu service à ce roman en en faisant une chronique ; j’ai l’impression de ne pas avoir tout dit, ou de l’avoir mal dit. Et il est tellement dur de faire passer son sentiment à travers des mots (sujet aussi abordé dans le livre d’ailleurs !) J’aimerais que tout le monde le lise, et j’ai peur que certains n’aiment pas ; j’ai envie de transmettre mon amour, et j’ai envie de protéger ce que j’aime. Paradoxe, quand tu nous tiens !! 

 

Donc, j’ai adoré ce livre : il m’a parlé, il m’a touchée, je me suis reconnue dans certaines situations et réflexions. J’étais émue aux larmes à certains moments. Je suis persuadée que je le relirai !! 

Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir

Posté : 16 juillet, 2018 @ 4:41 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Mémoires d'une jeune fille rangée Genre : Mémoires 

Editeur : Folio 

Année de sortie : 2017 [1958]

Nombre de pages : 473

Synopsis : « Je rêvais d’être ma propre cause et ma propre fin ; je pensais à présent que la littérature me permettrait de réaliser ce vœu. Elle m’assurerait une immortalité qui compenserait l’éternité perdue ; il n’y avait plus de Dieu pour m’aimer, mais je brûlerais dans des millions de cœurs. En écrivant une œuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence. En même temps, je servirais l’humanité : quel plus beau cadeau lui faire que des livres ? Je m’intéressais à la fois à moi et aux autres ; j’acceptais mon « incarnation » mais je ne voulais pas renoncer à l’universel : ce projet conciliait tout ; il flattait toutes les aspirations qui s’étaient développées en moi au cours de ces quinze années. » 

 

Avis : J’ai lu ce livre pour l’agrégation, mais il était déjà dans ma wish-list depuis longtemps !

Il y a quelques années (trois ans il me semble !), j’ai lu Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir. Il est temps que je le relise, parce que je n’ai pas pris de notes, et que je ne m’en souviens pas dans les détails ; mais ce dont je me souviens, c’est de l’importance que ce livre a eu pour moi à l’époque. Il a réveillé en moi un féminisme encore à moitié dormant. Je pensais le retrouver dans Mémoires d’une jeune fille rangée, et je dois avouer que j’ai été déçue, sur le coup, de constater que ce n’était pas le cas. Ce livre est plus une partie d’autobiographie qu’un mémoire pour moi ; il débute avec la naissance de Simone de Beauvoir et s’achève sur l’obtention de son agrégation, après avoir raconté son enfance et son adolescence jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte. On peut y trouver quelques réflexions sociales et féministes, des ébauches de ce qui deviendra l’œuvre de l’auteure ; mais ce n’est pas le centre du livre. L’auteure évoque la Première Guerre mondiale, mais ne donne pas d’avis dessus, et ne s’y attarde pas. Elle signale, au contraire, qu’à l’époque, les idées qui seront les siennes n’ont pas encore mûries en elle, qu’elle n’y pense pas du tout pour certaines, parce qu’elle est concentrée sur sa vie intérieure. En effet, Mémoires d’une jeune fille rangée nous raconte plutôt l’éveil de Simone de Beauvoir, son passage d’enfant à adulte, son évolution spirituelle, mais aussi physique. Ce pourrait être qualifié de roman d’apprentissage si c’était de la fiction : l’auteure s’ouvre à la philosophie, à la littérature, et découvre des théories et des idéologies qui deviendront les siennes ou contre lesquelles elle se battra par la suite. Le livre évoque aussi ses amis, ses études, sa famille, sa perception du monde à l’époque : pour elle, enfant, il n’y a pas de différence entre garçon et fille. Elle ne se sent pas inférieure et n’est pas rabaissée ; c’est par la suite qu’elle comprend que les filles ne peuvent pas « s’amuser » comme les garçons, et qu’elles doivent être mariées vierges. Toute son adolescence, Simone de Beauvoir ne comprend pas la raison de ces différences, et désapprouve fortement les mœurs légères des garçons, notamment à cause de son éducation catholique. Dieu est un guide pour elle, jusqu’à ce qu’elle tombe en désaccord avec lui ; malgré tout, elle reste empêtrée dans des préjugés et des tabous religieux qui l’empêchent de vivre pleinement, et notamment, de développer sa sexualité, ou même de parler de cela autour d’elle. Cela explique sa pudibonderie, et le fait qu’elle juge sans cesse, tout et tout le monde. Il était, en fin de compte, très intéressant de découvrir la jeune fille qu’était la femme que l’on pense connaître, l’adolescente derrière l’image que l’on a forgée de Simone de Beauvoir. 

Ma déception initiale s’est vite dissipée quand je me suis rendu compte que la Simone du livre et moi avions pas mal de points communs. Je me suis fortement identifiée à elle, et j’ai retrouvé mes problèmes dans les siens. C’était assez réconfortant de voir qu’une femme comme elle était passée par les mêmes étapes/épreuves que moi ! (J’arrête de parler de moi maintenant !) L’auteure nous parle beaucoup ici de ses tourments d’adolescente ; tout se fait par cycles répétitifs, entre désespoir et euphorie. Ces cycles sont aussi visibles dans ce qu’elle pense d’elle : tantôt arrogante, tantôt perdue, elle semble fragile. Le moindre événement peut tout remettre en question. La jeune Simone de Beauvoir veut également trouver le sens de sa vie, un but à atteindre ; elle veut servir à quelque chose, accomplir de grandes choses. Elle nous parle de son amour de la littérature, des auteurs qu’elle lit, de ce qu’ils lui apportent ; mais aussi de ses amis. J’ai adoré Zaza : leur amitié semble un peu guindée, étant donné qu’elles se vouvoient, mais la jeune fille tient une place très importante dans la vie de Simone de Beauvoir. Bien que sa présence soit hachée parfois, elle est là du moment de la rencontre à la fin. Je cherchais aussi le moment où l’auteure allait rencontrer Jean-Paul Sartre : de loin, il semble visiblement très snob !

L’écriture était très bonne, et l’auteure se laisse parfois aller à des descriptions poétiques de la nature. Elle nous donne son point de vue sur le mariage, la maternité, l’amour, le couple. Enfin, il était drôle de la voir passer l’agrégation alors que je dois, justement, lire cette œuvre pour le concours – je ne sais pas si ça me fera autant rire une fois que je serai devant ma copie !

 

Donc, un début d’autobiographie qui permet de découvrir une jeune femme en devenir, qui s’éveille intellectuellement mais aussi physiquement. 

Three Dark Crowns, book 2: One Dark Throne de Kendare Blake

Posté : 11 juillet, 2018 @ 4:45 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Genre : Fantasy One Dark Throne

Editeur : HarperTeen 

Année de sortie : 2017

Nombre de pages : 448

Titre en français : Pas encore traduit

Synopsis : In the sequel to the New York Times bestselling Three Dark Crowns, which of the three sisters will prevail?

With the shocking events of the Quickening behind them and the Ascension Year underway, war is in the air for the three queens. Katharine, once the weakest sister, is curiously stronger than ever before. Arsinoe, after discovering the truth about her powers, needs to figure out how to use this secret to her advantage. And Mirabella, the elemental sister thought to be the certain queen, faces attacks that put those closest to her in grave danger.

Time is running out, and the triplets aren’t the only ones who will benefit from a victory. Friends and foes alike are trying to force the hands of the sisters, pushing them toward an unbelievable ending.

In the riveting sequel to Kendare Blake’s Three Dark Crowns, Fennbirn’s deadliest queens must confront the last thing standing in their way of the crown: each other. 

 

Avis : J’avais très très envie de lire ce livre une fois que ma lecture de Three Dark Crowns achevée ; malheureusement, il a mis un siècle à arriver chez moi !!

Si vous n’avez pas lu Three Dark Crowns, cette chronique peut éventuellement contenir des spoilers. 

One Dark Throne est définitivement à la hauteur de mes attentes, et à la hauteur du premier tome, même si quelques petites choses m’ont agacée – mais pas au point de gâcher ma lecture, heureusement !

J’aime toujours les personnagesArsinoe est toujours ma sœur préférée, et pas seulement parce qu’elle vit chez les naturalistes. Elle est plus simple, plus abordable que ses sœurs, mais aussi courageuse, et prête à tout pour survivre, même à utiliser une magie interdite sur l’île. Je m’identifie bien plus à elle qu’à Katharine ou Mirabella. Les propos de cette dernière l’ont fait réfléchir ; elle commence à remettre en question tout ce qui lui a été appris pendant son enfance. Sa romance est plus simple et plus saine que celle des deux autres également – et c’est un point non négligeable !! J’aime toujours autant Jules, même si, ici, au fil des pages, elle paraît différente. Blessée par l’acte de Joseph, elle s’endurcit, et devient plus rude[SPOILER] cela peut aussi être dû à son « war gift » ![FIN DU SPOILER] Sa puissance ne fait que se décupler, malgré les cicatrices laissées par l’attaque supposée de Katharine. [SPOILER] Depuis le début de la série, je me demande si elle n’est pas destinée à être plus que simplement la gardienne d’Arsinoe, si ce n’est pas elle qui est destinée à devenir reine tant elle est puissante, bien plus que les trois sœurs ! Le synopsis du troisième tome me laisse penser que je n’ai pas tout à fait tort ! De plus, la malédiction qui la frappe la rend encore plus puissante et exceptionnelle ; elle ne peut pas demeurer un « personnage secondaire », elle devient plus importante ![FIN DU SPOILER] J’adore toujours Camden, évidemment ! Je me suis réconciliée avec Mirabella : après tout, elle ne savait pas que Joseph n’était pas libre, et elle souffre elle aussi du fait qu’elle l’ait partagé, pendant un temps, avec Jules. Elle est plutôt un personnage qu’on admire pour son courage, pour sa force et sa détermination. Pour autant, elle est tellement persuadée, depuis toute petite, d’être la reine élue, qu’elle ne pense pas même pouvoir perdre contre ses sœurs ; cela lui confère une sorte d’aura, mais aussi une forme de naïveté, notamment à la fin. Comme d’habitude, j’adore le fait que les animaux ait une certaine place dans le livre : quand il leur arrive quelque chose, ça me fait quasi plus de peine que pour les humains !! Je me suis (un peu) réconciliée avec Joseph. Je le détestais tellement dans le premier tome !! [SPOILER] C’est surtout grâce à sa mort, à la fin du livre ; j’étais aux bords des larmes ! Je ne sais pas si c’est plus pour lui ou plus pour Jules, qui le perd définitivement … (ou encore, pour la réaction de Camden …) [FIN DU SPOILER] Sa rédemption lui vient de son honnêteté et de son courage, puisqu’il affronte ses erreurs et sa faiblesse. Cela n’aurait quand même dû jamais arriver, évidemment, et il est difficile de lui pardonner ; mais à partir du moment où Jules ne lui en veut plus, je ne vois pas comment je continuerai à le haïr avec la même force. J’adore toujours Billy ! Il est le seul garçon sain dans toute cette histoire, c’est dingue !! Et fidèle, heureusement ! Il est mignon, et capable de tout pour protéger Arsinoe, même si cela doit le mettre en danger. En revanche, Nicolas est juste insupportable, et j’ai vu en lui exactement ce qu’un autre personnage, [SPOILER] Pietyr [FIN DU SPOILER] voit. Il est pervers et a clairement soif de sang, c’est malsain ! Katharine ne voit pas du tout cet aspect de lui, ou fait peut-être semblant de ne pas le voir, ou d’apprécier. Elle a beaucoup changé par rapport au personnage que l’on rencontre dans le premier tome ; c’est expliqué (un peu trop tard à mon goût) à la fin du livre. Vu son attitude ici, la majorité des lecteurs finit sans doute par la détester ; j’ai eu énormément de mal à ressentir de la haine pour elle pour ma part. Elle a échappé à la mort, et quelque chose d’étrange s’est passé en elle ; elle n’est plus la même, mais, je suis sûre qu’il reste quelque chose de l’ancienne Katharine. De plus, si elle n’est pas empoisonneuse, quel est son don ? [SPOILER] Etant donné qu’elle utilise énormément les flèches et les couteaux, et qu’elle vise avec une précision affolante, je me suis demandé si elle n’était pas « war-gifted », comme Jules ; mais rien n’a encore été dit sur son véritable don. [FIN DU SPOILER] Son changement de comportement apporte un nouveau mystère au sein de l’histoire : que cache vraiment Fennbirn ?

L’année de l’Ascension est assez cruelle [SPOILER] mais l’on comprend bien, à la fin, que ce n’est pas Katharine qui a tenté d’empoisonner ses sœurs, mais William Chatworth, histoire que tout soit terminé plus rapidement, et que son fils épouse la reine couronnée ! [FIN DU SPOILER] et pleine d’action ! Le lecteur et les personnages se rendent aux quatre coins de l’île pour finir à Indrid Down pour le grand final ! L’intrigue évolue comme je pensais qu’elle le ferait : [SPOILER] il était évident qu’Arsinoe et Mirabella allait finir par s’unir contre Katharine ; mais le fait que les reines mortes précédemment la possèdent la rend aussi moins haïssable. Elle n’agit pas de son propre chef, elle est guidée dans ses actions par l’amertume des anciennes perdantes. Elle pourrait donc, une fois libérée, s’unir à ses sœurs. [FIN DU SPOILER] La romance est réaliste, et ne m’a pas agacée (alléluia). Elle est aussi nécessaire, étant donné que les héroïnes sont reines et auront besoin d’un roi-consort pour leur couronnement. J’ai adoré l’amitié entre certains personnages, [SPOILER] notamment celle qui se forme entre Mirabella et Billy ; je l’ai trouvée touchante [FIN DU SPOILER], mais elle était plutôt mise à l’écart dans ce tome par rapport à ce que j’ai ressenti dans Three Dark Crowns. Evidemment, Jules est toujours prête à se sacrifier pour Arsinoe, et inversement ; mais l’intrigue est plus concentrée sur ce qui leur arrive personnellement, et ce n’est pas liée à l’amitié. Il me semble que l’on voit aussi moins Bree et Elizabeth ; pas la peine d’évoquer Katharine, qui n’a tout simplement pas d’amis. Les réflexions sociales sont toujours présentes dans l’œuvre, notamment le sexisme avec certains personnages masculins, comme Nicolas et William, ou le « girl-hate« , étant donné que les sœurs doivent s’entretuer pour régner et, avant cela, humilier les autres le plus possible. Mais elles me semblent moins mises en avant, en tout cas, en ce qui concerne la dernière ; je ne peux pas dire la même chose du sexisme vu l’importance que prennent soudain certains personnages vers la fin !

Les petites choses qui m’ont agacée :

_[SPOILER] Mirabella qui propose à Billy de devenir son roi-consort juste après la mort supposée d’Arsinoe. C’est tellement peu réaliste : trop rapide, trop formel. Elle aurait pu garder sa secret, ou juste lui en parler pour plus tard, quand elle sera, effectivement, reine ! [FIN DU SPOILER]

_le secret de Katharine. Honnêtement, quoi qu’il se soit passé dans ce trou, elle l’aurait raconté à Natalia, parce qu’il est clair qu’elle est différente, que cela se voit, et qu’elle ne peut pas cacher la vérité sur ses pouvoirs à une femme qu’elle considère comme sa mère. En tout cas, c’est comme cela que je vois son personnage. Elle n’a personne à qui se confier, donc il me semble logique qu’elle lui parle. De plus, le livre est écrit à la troisième personne, donc l’information peut être retenue un moment, mais pas tout le bouquin !! Bon, cela donne un petit mystère en plus, mais ça m’agaçait tellement de ne pas savoir, et que l’on me rappelle assez souvent que je ne sais pas !

_l’attirance de Katharine pour Nicolas. Cela me paraît un peu incohérent avec son nouveau personnage ; mais, comme je le disais, elle est seule, donc il peut servir d’échappatoire. Et je ne peux pas le supporter !! 

_le fait qu’Arsinoe garde son secret. Je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas révélé à tout le monde ; ce serait tellement plus simple ! Bon, du coup, cela enlèverait pas mal de scènes de rebondissement, mais quand même ! Sans doute le secret est-il gardé pour raison politique ; mais j’aurais adoré le voir éclater et voir l’impact de la bombe sur toute l’île ! C’est ce à quoi je m’attendais après la fin du premier tome !

_une des décisions les plus énervantes du livre : [SPOILER] le fait qu’Elizabeth choisisse de devenir une prêtresse, et abandonne, pour cela, Pepper !!!! SERIEUX ?!!! Et quand elle annonce ça à Mirabella et Bree, zéro réaction de leur côté, si ce n’est un léger énervement qu’Elizabeth ne les ait pas averties avant ! Quelqu’un pense à Pepper ou ?!! [FIN DU SPOILER]

Enfin, la mort fait son entrée dans la série, et quelle entrée !! L’auteure n’a pas peur de tuer des personnages importants ! [SPOILER]J’ai eu du mal à lire la mort de Natalia jusqu’au bout – et le détail de son cou à la fin … Si injuste, et si peu cohérent avec son personnage … On se serait attendu à quelque chose de grandiose, elle-même le pense quand elle se rend compte qu’elle va mourir ! J’étais vraiment triste, et je me suis rendue compte que je l’appréciais en fin de compte. J’ai ressenti à peu près la même chose pour Joseph – le fait qu’il ne réponde plus aux baisers de Jules à un moment donné … Mais je n’ai pas ressenti grand-chose à la mort de Nicolas, malgré l’horreur de ce qui lui arrive. Il aurait fait un roi terrible ! Son attitude était sexiste et autoritaire envers Katharine, qui est au-dessus de lui dans la hiérarchie. Mais il est vrai que sa mort est affreuse, et qu’elle alimente le mystère autour de Katharine ! [FIN DU SPOILER] 

J’ai vraiment hâte de lire Two Dark Reigns qui sort le 4 septembre !! Je n’ai pas trop longtemps à attendre, heureusement, et je peux toujours lire Queens of Fennbirn entre temps !

 

Donc, un deuxième tome à la hauteur, bourré d’actions ; je ne suis pas toujours d’accord avec les décisions des personnages, mais ce n’est pas pour autant que je ne les apprécie pas. Hâte de lire la suite ! 

The Surface Breaks de Louise O’Neill

Posté : 8 juillet, 2018 @ 1:41 dans Avis littéraires | 6 commentaires »

Genre : Fantasy, YAThe Surface Breaks

Editeur : Scholastic

Année de sortie : 2018

Nombre de pages : 309

Titre en français : Pas encore traduit 

Synopsis : The days of my childhood kept turning over; dissolving like sea foam on the crest of the waves. I have been counting them; the days and the nights, the weeks, the months, the years.

I have been waiting for this day. 

Deep beneath the cold, stormy sea, Gaia is a mermaid who dreams of Freedom from her controlling father. On her first swim to the surface, she is drawn towards a human boy. Gaia longs to join his carefree world, but how much will she have to sacrifice? What will it take for the little mermaid to find her voice?

Hans Christian Andersen’s world-famous fairy tale is reimagined Through a searing feminist lens by one of our most talented writers.

This is a book with the darkest of undercurrents, full of rage and rallying cries: storytelling at is most spellbinding. 

 

Avis : Enfin, je prends le temps de rédiger cette chronique !! Salomé, de la chaîne Kiss the Librarian, adore cette auteure et m’a donné envie de la découvrir !

J’ai entendu/lu tellement d’avis négatifs que j’ai fini par me demander si j’allais vraiment aimer ce livre ! En fin de compte, je comprends certaines critiques, mais il y en a d’autres qui me laissent penser que ces lecteurs et moi n’avons pas lu le même roman !!

Commençons, pour une fois, par les personnagesGaia est l’avatar de la petite sirène d’Andersen : comme la jeune fille d’origine, elle veut voir le monde des hommes, et tombe amoureuse de celui qu’elle sauve d’un naufrage. Gaia est à la fois très énervante et très touchante : l’agacement est sans doute surtout provoqué par le fait que c’est une adolescente, donc elle pense que personne n’a vécu ce qu’elle vit, et que personne ne souffre comme elle souffre. Cela la pousse à faire n’importe quoi, ce dont elle se rend compte trop tard, évidemment ! Elle est tellement naïve ; mais qui ne l’était pas à son âge ? Elle est aussi complètement conditionnée par son père ; elle a adopté sa vision des femmes, tout en comprenant bien que quelque chose ne va pas, mais sans pouvoir réagir. Elle obéit, comme une fille/femme doit le faire, selon le roi de la mer. Je l’ai beaucoup aimé, et je la soutenais : j’avais envie de la voir se rebeller, la voir comprendre le monde autour d’elle, que ce soit celui de la mer ou celui des humains ! Malheureusement, étant donné son éducation, elle est complice du sexisme et de la misogynie ambiants [SPOILER] comme lorsqu’elle ne sauve pas Viola et préfère sauver Oliver parce qu’il est beau. Elle dit pourtant que Viola est féroce, pleine de vie, mais elle la regarde couler sans arrière-pensée ; peut-être parce qu’elle la considère déjà comme un obstacle entre Oliver et elle ; ou quand elle n’intervient pas alors qu’elle sait très bien que Rupert est sur le point de violer Ling, et qu’elle se rend compte que c’est ce que Zale voulait lui faire quand il s’introduisait dans sa chambre ! [FIN DU SPOILER] Difficile de lui pardonner ça, même si elle s’en veut par la suite.

Parlant de complices de la misogynie, j’ai lu quelque part qu’il y avait beaucoup de vacheries entre filles, en mode Gossip Girl, mais sous la mer. Evidemment : c’est la façon dont ont été éduquées les femmes et les sirènes, dans la compétition et la comparaison constantes. C’est une façon de mettre en avant ce problème d’éducation ! Donc, il y a de la haine entre sœurs, de la haine entre filles, mais l’auteure ne les met pas en avant parce que ça lui plaît : cela doit se trouver dans le livre parce que ça existe, et c’est ici dénoncé. Cela ne veut pas dire non plus que nous sommes dans le monde des Bisounours et que toutes les femmes doivent obligatoirement s’aimer : Gaia n’aime pas Eleanor, mais elle la comprend tout de même. Cela signifie plutôt que, quand on aime une femme, une sœur, une amie, la haine ou la compétition malsaine ne doivent pas exister. En tout cas, c’est ce que cela met en avant pour moi !

J’ai aussi lu quelque part que ce livre était misandre, c’est-à-dire, qu’il mettait en avant une haine des hommes, à l’inverse de la misogynie, qui est la haine des femmes (j’emploie le mot « haine » parce qu’étymologiquement, c’est ce que signifie la racine miso-). Je ne suis pas du tout d’accord. C’est vrai que certains personnages masculins sont clairement dépeints comme des crétins (pour rester polie !) ; mais ils ne le sont pas tous ! Gaia est simplement tombée amoureuse du mauvais garçon, et s’en rend compte trop tard. [SPOILER] Il semble aussi que sa mère soit tombée amoureuse d’un homme bien, Alexander. En tout cas, c’est plutôt positivement qu’il est présenté.[FIN DU SPOILER] En même temps, Gaia essaie de se mentir à elle-même : elle voit les défauts d’Oliver, et les écarte comme s’ils n’avaient aucune importance. Donc, la faute n’est pas seulement celle du jeune homme ; elle ne réagit pas non plus, parce qu’elle sait qu’elle a fait une erreur, et ne veut pas l’admettre. [SPOILER] Si on regarde bien, il est évident qu’Oliver est toujours amoureux de Viola, et que Gaia n’a aucune chance. Ce n’est pas son apparence qui l’intéresse ; il ne va pas profiter d’elle, et s’excuse quand il tente de l’embrasser, même si c’est ce qu’elle veut. Il couche avec Flora parce qu’elle ressemble à Viola, et parce qu’il peut apprendre à la connaître vraiment, contrairement à Gaia, qui n’a plus de voix. Il ne comprend manifestement pas que Gaia est amoureuse de lui, étant donné qu’il la considère plus comme une sœur. Gaia confesse également qu’elle aurait préféré tomber amoureuse de George, un des meilleurs personnages du livre ! Mais Louise O’Neill a décidé de rester fidèle au conte d’origine, donc la jeune fille ne peut pas tomber sur le prince charmant ! [FIN DU SPOILER] Donc, je ne pense pas que ce livre soit misandre : George et Oliver ne sont pas parfaits, mais ils ne sont pas non plus des monstres haineux qui veulent détruire les femmes. Des personnages de ce type se trouvent dans le roman, et sont insupportables, comme on peut s’y attendre. Eux pensent que les femmes existent pour leur plaisir uniquement. Rupert semble être un pro du viol. Le roi des mers considère ses filles comme des objets de décoration qui l’honorent, qui doivent lui obéir, et qu’il peut vendre au plus offrant. Contrairement à Rupert et à Zale, le roi des mers est [SPOILER] effrayé par les femmes et leurs pouvoirs. Il est véritablement misogyne dans le sens où il déteste les femmes, et veut les rabaisser, les remettre à leur place, parce qu’il sait qu’elles peuvent être dangereuses. Je pense qu’il sait qu’elles ne sont pas inférieures, mais il veut qu’elles le soient. [FIN DU SPOILER] Zale est peut-être le pire (difficile de choisir haha) : il ne connaît pas l’amour (comme les deux autres), et veut la plus belle chose pour lui seul (oui, « chose » voulant dire ici « épouse »). Il se fiche qu’elle soit bien plus jeune que lui, ou qu’il ait semé la zizanie entre elle et ses sœurs en choisissant l’une, puis l’autre, comme des meubles. Et alors ses « non » … Il doit sans doute entendre oui à la place … Mais ce n’est pas pour autant que le livre est misandre : ce type d’homme existe, il ne faut pas se mentir. Quant aux Salkas ou Rusalkas, certes, elles demandent justice pour ce qu’elles ont vécu ; mais ce sont avant tout des figures de vengeance. Elles pourraient correspondre aux Furies romaines ou aux Erinyes grecques, chargées de tourmenter les coupables de crimes familiaux ; sauf qu’ici, elles se vengent des crimes contre les femmes. Elles peuvent aussi être associées aux Sirènes de L’Odyssée, qui tuent les marins en les noyant après les avoir attirés grâce à leurs chants. 

The Surface Breaks traite donc de misogynie et de sexisme, ainsi que du viol ; mais aussi de l’éducation que nous donnons aux garçons et aux filles. Oliver est persuadé qu’il a toujours raison, et qu’une fille est honorée quand il lui adresse la parole. Il pense aussi que sa mère est une garce (le terme est bitch dans le roman), que c’est à cause d’elle si son père est devenu « fou ». Il est horrible, mais le pire est qu’il ne s’en rend pas compte : c’est normal pour lui. Cela ne veut pas dire que tous les garçons sont comme lui ; et Oliver n’est franchement pas le pire ! Il est un exemple, un personnage, et non un prétexte à généralisation ! Il ne mérite pas de mourir, ou de souffrir, ou quoi que ce soit du genre ; ce n’est pas sa faute si la petite sirène est tombée amoureuse de lui. Il ne sait même pas qu’elle l’aime ! Son vrai défaut est de considérer les femmes comme inférieures, et que ce soit normal. Concernant l’éducation des filles : qu’est-ce que c’est paradoxal !! Quand elles sont enfants, la vie leur est présentée comme un conte de fées dans lequel elles vont rencontrer un prince charmant qui les aimera éternellement. La grand-mère de Gaia racontait, à elle et à ses sœurs, des histoires de véritable amour éternel. Donc, elle a rêvé de cet amour parfait, du garçon parfait, du Prince Charmant. Et, quand elles grandissent, il leur faut comprendre que ces contes sont simplement des histoires, que ce n’était pas réel, que ça n’existe pas, que la majorité des hommes ne sont pas des princes charmants, qu’elles ne trouveront pas toutes l’amour, et qu’étant des princesses, elles ne choisiront pas leur mari. Elles ne sont pas préparées à la « vraie vie », donc elles semblent fragiles et inférieures aux garçons qui, eux, n’ont jamais rêvé d’amour. Elles sont naïves, et on se moque d’elles. Evidemment, on leur dit qu’elles doivent faire attention à leur apparence pour plaire ; les garçons, eux, se fichent de prendre soin de leur apparence !

J’ai aimé découvrir les deux mondes, sous la mer, et à la surface. Ils se ressemblent beaucoup : les femmes sont, pour la plupart, méprisées, et les hommes dominent le monde. Mais les femmes commencent à prendre un peu de pouvoir, petit à petit. Eleanor est un bon exemple pour la surface, même si elle est regardée de haut par ses associés masculins, qui lui expliquent, par exemple, des choses qu’elle sait déjà, puisqu’elle est directrice de son entreprise ! Ceto est l’exemple pour la mer : puissante et effrayante, elle est réputée impitoyable. [SPOILER] C’est parce qu’elle est plus puissante que son frère, le roi des mers, qu’elle a dû quitter le palais ; il avait visiblement peur d’elle, et elle a préféré garder sa liberté plutôt que de se soumettre à lui. Il semble qu’elle ait une vie formidable ; mais elle a été contrainte de quitter sa famille, ses amis, pour vivre à l’écart de tout le monde, entourée de Salkas, décrite comme la Sorcière des mers, comme une mauvaise femme, comme une tueuse. Elle est un symbole pour le roi : elle lui permet de traumatiser les bébés-sirènes afin de les forcer à lui obéir. Elle ne semble pas particulièrement heureuse de sa situation sociale ; mais elle reconnaît qu’elle est plus libre qu’aucune autre sirène. [FIN DU SPOILER] J’ai adoré sa manière de rééduquer Gaia, même si c’est très rapide, et d’un coup, en quelques répliques seulement – ça ne semble pas très naturel du coup. Au moins, elle lui permet de voir les choses autrement, et la force à réfléchir !

J’ai adoré les discussions et les réflexions sociales du roman : je trouve que la réécriture du conte s’y prête parfaitement ! J’ai réécrit de nombreuses citations, que ce soit sur les femmes, les hommes, les relations entre eux, la façon dont la société veut qu’ils soient ou qu’ils agissent. Les femmes ne peuvent pas être fortes, les hommes ne peuvent pas pleurer, par exemple. L’histoire n’était pas un prétexte ; elle permettait, au contraire, d’illustrer les idées mises en avant par l’auteur, et d’aborder certains sujets, comme ceux dont j’ai parlés précédemment, mais aussi le poids et l’homosexualité. Contrairement à ce que j’ai lu, il n’y a pas de « fat-shame » ou d’homophobie, loin de là ! La société que présente l’auteure est une société qui refuse que les femmes soient autre chose que minces, et qui rejette l’homosexualité ; mais jamais l’auteure ne fait comprendre qu’elle approuve, jamais elle ne laisse entendre que c’est normal, au contraire !

Concernant la réécriture en elle-même, on peut dire qu’elle est très bien faite. La plupart des éléments du conte sont repris : un père autoritaire qui déteste les humains, une mère absente, un désir de liberté et de découvrir ce monde interdit pour l’héroïne, la naïveté de celle-ci, la collection d’objets humains ramassés dans les épaves, le naufrage, la sorcière, le sort, la voix, etc. Etant donné que c’est mon conte préféré, j’ai adoré chercher les ressemblances et les différences dans le roman !! 

J’ai aimé la fin, étant donné que, [SPOILER] enfin, Gaia se rebelle ! La petite sirène d’origine ne pouvait pas le faire, et serait sans doute devenue une Salka, non pas parce qu’elle le pouvait et parce qu’elle le voulait, mais plutôt parce qu’elle n’avait pas d’autre choix. [FIN DU SPOILER] Je me souviens de mon choc en lisant le conte d’origine ; je n’ai pas été aussi choquée ici, et je pense qu’un élément [SPOILER] les pouvoirs de Gaia, et le fait qu’elle tue son père avec [FIN DU SPOILER] n’était pas réaliste : le développement est beaucoup trop rapide, et cela vient un peu de nulle part. [SPOILER] D’accord, Ceto vient de lui dire que les femmes avaient des pouvoirs, et qu’elles les avaient perdus à cause de la domination des hommes ; mais comment Gaia peut-elle les invoquer et les utiliser aussi rapidement et avec autant d’efficacité ? [FIN DU SPOILER] C’était tout de même une très bonne fin, qui rebooste, sans aucun doute !

Un bémol ne me permet pas de faire de ce livre un coup de cœur : les nombreuses répétitions, que ce soit à propos de l’intrigue ou de certains sujets !

 

Donc, j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre : il traite de sujets lourds, de l’inégalité entre les sexes, de sexisme, de misogynie, de viol, mais aussi d’éducation, ce qui peut nous permettre de changer le monde. La réécriture est fidèle ! Je lirai d’autres livres de Louise O’Neill avec plaisir !! 

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