Room d’Emma Donoghue
Editeur : Picador
Année de sortie : 2010
Nombre de pages : 321
Titre en français : Room
Synopsis : Jack is five, and excited about his birthday. He lives with his Ma in Room, which has a locked door and a skylight, and measures eleven feet by eleven feet. He loves watching TV, and the cartoon characters he calls friends, but he knows that nothing he sees on screen is truly real – only him, Ma and the things in Room. Until the day Ma admits that there’s a world outside … Told in Jack’s voice, Room is the story of a mother and son whose love lets them survive the impossible. Unsentimental and sometimes funny, devastating yet uplifting, Room is a novel like no other.
Avis : Ce livre m’a toujours intriguée, et, en même temps, je l’ai toujours repoussé à cause de son sujet. Je me suis enfin lancée en le voyant à la BU !
Il est très dur pour moi de noter et de chroniquer Room. D’abord, à cause de son sujet : pour ceux qui ne le savent pas, le roman évoque la séquestration et le viol, ce qui est déjà assez difficile à traiter, et ce qui rend le livre difficile à lire. En plus, honnêtement, je ne sais pas pourquoi j’ai lu ce livre, ce n’est pas du tout mon genre de lecture ! J’avais donc déjà des chances de ne pas trop apprécier ; pas parce que le sujet est mauvais, mais parce que je n’aime pas du tout lire ce type de roman. Mais, en plus, Room est écrit du point de vue de Jack, un petit garçon de 5 ans ! Alors là, certains se disent : « Oui, donc, du coup, c’est super sentimental, et fait exprès pour que le lecteur pleure à chaque page face au malheur de cet enfant ». Eh bien non, justement. Pas de jolie réplique larmoyante, pas de scène à faire pleurer dans les chaumières. Ce n’est pas déchirant comme on pourrait s’y attendre. Et ce, pour quelques simples raisons : [SPOILER] d’abord, Jack n’a jamais connu que Room, que la pièce dans laquelle il est enfermé avec sa mère, et donc, il ne sait pas qu’il existe un monde bien plus vaste. Puis, sa mère lui a fait croire que seule Room était réelle ; il pense donc que tout ce qu’il voit à la télévision n’existe pas vraiment, et que lui, sa mère et Old Nick sont les seuls êtres humains au monde. Enfin, [FIN DU SPOILER] Jack est un enfant, et il est connu que les enfants sont parfois être égoïstes et sont globalement centrés sur eux ; c’est le cas aussi pour notre narrateur, qui peut se montrer très méchant avec sa mère, sans s’en rendre compte sans doute, mais le lecteur, lui, s’en rend compte !
Ce livre m’a mise tellement mal à l’aise, pas seulement à cause du sujet, mais aussi à cause de cette narration. Il a été difficile pour moi d’apprécier Jack parfois, parce que je comprenais la situation de sa mère, et qu’il n’était pas toujours d’une grande aide pour elle. Dans le même temps, il m’a fait très mal au cœur, parce qu’il ne comprend pas du tout la situation dans laquelle il se trouve, et il ne se rend pas compte qu’il blesse cruellement sa mère parfois. Il ne pense qu’à lui, mais aussi, souvent à elle, et il pense, dans son esprit d’enfant, qu’elle veut exactement la même chose que lui, que ça lui plaît aussi de faire ce qu’elle fait avec lui. Quant à la mère, j’ai sympathisé avec elle tout le long, et je me suis mise à place – ce qui est déjà terrifiant. Je comprenais ses réactions, même si elles peuvent être mal prises par certains, et je l’ai trouvée courageuse, mais aussi désespérée. Ce qu’elle est capable de faire à la moitié du roman est hallucinant. Je pense qu’une narration de son point de vue aurait été bien plus affreuse à lire que du point de vue de son fils ; on comprend ce qui arrive quand il perçoit les choses, mais lui ne comprend pas, ce qui reste un soulagement.
Le livre est divisé en deux parties : la vie dans la pièce, et ses conséquences. Au vu de leur situation, on peut comprendre la relation fusionnelle qui s’est établie entre la mère et le fils ; elle serait choquante entre deux personnes « normales », mais elle est déchirante ici. La mère s’est raccrochée à son fils de toutes ses forces, pour ne pas mourir, et lui ne connaît qu’elle dans le monde. [SPOILER] Cette relation les rend tous deux inadaptés à la vie en communauté ; en sortant de la pièce, ils sont incapables de vivre normalement, Jack a des lacunes dans certaines domaines et des problèmes de sociabilité et sa mère est incapable de supporter le monde comme il est, toujours aussi hypocrite et porté à juger tout et tout le monde sans se mettre à la place des gens. [FIN DU SPOILER]
[SPOILER] Evidemment, il existe un méchant de l’histoire, Old Nick, dont on ne sait pas grand-chose excepté son âge et la façon dont il a enlevé la mère. On sait également qu’il est arrêté après la fuite de Jack, mais rien de plus. [FIN DU SPOILER] N’entrez pas dans ce livre en vous attendant à un thriller, ce n’en est pas vraiment un !
La fin est la seule partie du livre qui m’a fait monter les larmes aux yeux – j’ai bien été indignée à certains moments de la lecture, mais je n’ai jamais vraiment été sur le point de pleurer. La partie la plus difficile de Room pour moi.
Donc, un bon livre, mais que je n’ai pas su apprécier pleinement en raison du malaise que j’ai ressenti tout le long de la lecture, sans doute à cause de la narration très particulière.
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